Vengeance ou revanche ?

Votre question est très intéressante, Mireille. Je crois que souvent il y a une confusion entre ces deux termes. Pour moi la vengeance renvoie au fameux " oeil pour oeil, dent pour dent ". Elle est dirigée contre celui qui nous a blessé pour le blesser à notre tour. Il s'agit d'un comportement qui n'amène rien, si ce n'est une haine grandissante des deux côtés... Les guerres qui compulsent, ce n'est finalement que ça, à mon sens.

Quant à la revanche, elle ne concerne que soi et aide à se détacher de l'agression et de l'agresseur. C'est transformer un échec en victoire sans faire de mal, sans vouloir se venger. Mais je pense que des psys viendront nous en dire un peu plus et d'une façon plus explicite. Bon début de journée !

L'explication du terme " vengeance ", transmise par Gilbert, renvoie psychanalytiquement aux travaux d'Anna Freud sur l'identification à l'agresseur. Ce sujet est abordé dans son ouvrage " Le moi et ses mécanismes de défense ". Pour faire simple, quelqu'un qui se positionne dans une dynamique de vengeance s'identifie à son bourreau. il s'agit d'une attitude névrotique qui, non seulement ne met pas fin aux répétitions agressives mais entraîne une surenchère de l'agressivité et laisse libre cours aux pulsions de mort inhérentes à tout inconscient. Il est intéressant de noter qu'Anna Freud a subi un interrogatoire de la Gestapo certainement peu agréable. Elle en a fait quelque chose en transmettant un savoir utile au plus grand nombre. En ce sens, on pourrait dire qu'elle a pris une certaine revanche, via un processus de sublimation. La revanche, en règle générale, s'étaye sur la pulsion de vie, l'agressivité " contre " se transformant en combativité " avec " (l'agression devenant un support pour évoluer). J'espère que d'autres foromeurs viendront compléter ou souligner peut-être certaines failles dans mes explications. Bon début de journée également à tout le monde !

Il me semble que la vengeance est en lien en particulier avec la sphère anale, d'où le fait même d'une projection vers l'extérieur, qui induit bien évidemment une recherche de destruction de "l'autre". Si l'on reste dans cette énergie, on fait effectivement grossir la pulsion de mort, autrement dit entretenir et faire grossir un conflit qui peut à l'extrême générer guerre, meurtre... tout ce que l'être humain est aussi capable de pire... mais qui entraîne, à plus ou moins long terme, le fait que notre instance surmoïque (le censeur et juge) personnelle, retourne cette volonté de détruire contre soi. La revanche se situe à mon sens plutôt du côté d'une pulsion génitalisée, autrement dit aussi, s'il s'agit d'un "lâcher-prise" réel, c'est aussi parce qu'on est à même d'envisager l'agression première différemment déjà. Entendre essentiellement pour soi-même, que "l'autre" est "responsable... voire irresponsable..." de ses actes, et qu'à partir du moment où l'on a dit ce qu'on en pensait, poser des limites donc en verbalisant, il lui appartient d'en faire ce que "bon" lui semble, "sa volonté destructrice" lui appartient, ce n'est pas la mienne. Autrement dit, "un tendre l'autre joue" au sens christique... c'est-à-dire sans masochisme... C'est sans aucun doute, beaucoup plus difficile de choisir cette voie bien sûr... Et si bien souvent, j'ai encore tendance à vite laisser la pulsion de mort première à prendre un peu le dessus, je préfère néanmoins, la difficulté de rester dans mon sillon de vie et continuer mon chemin... Ne serait-ce que parce que ça me permet, en définitive, d'être dans une situation personnelle bien plus confortable à gérer pour moi-même... Et puis, parce que j'ai un petit peu compris quand même... je crois... que la vie est juste... et la roue tourne toujours, pour chacun... La vengeance ne sert à personne, et ne protège pas l'Humanité... La revanche est au service du plus grand nombre aussi, dans la mesure, où si l'on s'applique pour soi à s'y inscrire encore et toujours, celà permet tout autant d'être tourner vers l'extérieur dans un sens d'évolution, qu'elle qu'en soit sa forme...

Viviane fait allusion, à propos de ce sujet sur la différence entre vengeance et revanche, au " tendre l'autre joue ". Il ne doit pas y avoir de coïncidence fortuite car je viens ce matin de lire un article qui m'a passionné dans Signes et sens : " Tendre l'autre joue, d'une éthique à une thérapeuthique " de Elsa Godart. Il fait allusion à la psychanalyse mais aussi à la logothérapie de Viktor Frankl. Le texte dépasse un peu le sujet de la discussion mais, aux vues de nos échanges passés, je pense qu'il peut intéresser certains d'entre vous. En tous cas, encore une fois, il m'a beaucoup parlé ! Amitiés.

http://www.signesetsens.com/psycho-communication-psycho-socio-comporteme...

Avec vos explications Gilbert.R et ce texte, merci Jean, je comprends que la revanche c'est donc transformer la souffrance en joie, donner du sens à la souffrance. Accepter la souffance comme un agent évolutif et il y a aussi cette notion de pardon envers l'agresseur. Par le pardon, je lâche l'agresseur pour me centrer sur moi et évoluer : la revanche. Voilà ce que j'ai compris ! Bonne journée à tous.

Avec vos différentes explications je comprends mieux l' expression " prendre sa revanche ". Car dans cette démarche salvatrice, dont il appartient à chacun de faire le choix ( peut-être est-ce là le libre arbitre ?)  il s'agit avant tout de passer par soi pour aller vers l'autre et non d'aller contre l'autre pour nourrir sa rencoeur. Je ressents la revanche comme une sorte de valeur ajoutée à la souffrance permettant sa transformation, comme il est dit plus haut. Un beau programme qui donne sens à la vie et à l'humanité ! Merci à vous tous...

Ce sujet me parle bien ! Peut-être que c'est un peu présomptueux de ma part, mais vue comment à été conçu mon fils ainé, qui a presque 40 ans maintenant et vie sa vie de façon tout à fait cohérente... Je considère, le fait que justement c'est quand même une revanche, que la vie nous a donné à lui comme à moi. En lisant vos posts, ce que j'en comprends peut-être un peu plus précisément, c'est que j'ai regardé du côté de la vie justement en gardant mon enfant (je précise, qu'il n'y a pas de jugement de ma part... c'était et c'est toujours comme une évidence qui ne se discute pas... pour moi... mais c'est vraiment un ressenti personnel)... J'aurais pû être dans une envie de vengeance... Mais, et je l'ai déjà dit ici, c'est vrai que j'ai eu la chance d'avoir des parents "ouverts et tolérants" qui m'ont toujours encouragée à voir du côté d'un faire avec... Je ne sais pas si ce que je dis va vraiment dans le même sens que ce qui a été dit dans les autres com, mais en tout cas, je prends toujours grand plaisir à réfléchir et échanger ces réflexions ici... Merci.

Je crois que je suis assez d'accord avec vos post, et du coup, je réfléchissais à cette forme d'acceptation, du libre arbitre de chacun, et je me disais, qu'au fond, d'une certaine façon, nous fabricons un bon et beau gâteau en ne nous attachant pas à la vengeance, et que la revanche serait comme la cerise au sommet... qui rend le gâteau bien plus beau et lui donne une valeur bien plus grande...