Voir le Christ dans TOUS les humains ?

Portrait de Horia

Selon la démarche spirituelle (un peu nouvelle pour moi) que je tente de faire avec le plus d'application et de sincérité possibles, j'ai cru comprendre qu'il fallait voir le Christ dans TOUS les êtres humains.
Ça ne me semble pas évident selon qui j'ai en face de moi !
Pourquoi et surtout comment y arriver ?

Portrait de Gilbert

" Je suis la Vie " a dit le Christ. A partir de là tout ce qui est vivant devrait être considéré comme une émanation du Divin. Pas évident du tout, Horia, j'en conviens. Et je suis loin, très très loin, d'appliquer l'injonction que vous évoquez. La conception védique (indienne) est identique : il est question se saluer la Divinité qui réside en chacun. Il me semble que cela commence par prendre conscience, dans un premier temps, que le Christ vit en nous (charité bien ordonnée commençant par soi-même). Cette saine centration peut alors aider à aller vers l'extérieur, vers autrui, avec plus de paix intérieure. Certes, si quelqu'un nous agresse, c'est bien qu'il n'a pas pu ou pas voulu accéder à cette conscience. Bien que le Christ vive en lui aussi, il n'en a pas encore pris conscience. D'où ses relations projectives et parfois haineuses. Il n'est donc pas question, à mon avis, d'être un béni-oui-oui et d'accepter tout et n'importe quoi. Par contre, il est intéressant de s'interroger et de ne pas rendre coup pour coup. C'est le fameux  " tendre l'autre joue ", c'est à dire montrer une autre face de soi-même, celle qui est justement habité par le Christ. Facile à dire, rétorquerez-vous. Pourtant, tout agresseur nous donne à voir, en miroir, ce que nous avons à faire pour prendre conscience de nos propres projections . L'autre jour, un jeune homme ivre a cassé mon essuie glace arrière. Bien que cela m'ait ennuyé, je ne suis pas entré dans le recherche de conflit, ayant bien compris qu'il était plus à plaindre que moi, vu son état. Mais je suis allé plus loin et ai essayé de comprendre pourquoi j'avais attiré cet incident. Quel en était le signe ? Je n'ai pas eu de mal à trouver ! Quelques heures auparavant, je m'étais laissé aller à critiquer,peu intelligemment, le comportement d'un ethnie à laquelle appartenait ce jeune homme. Le Christ, présent en ce malheureux jeune homme, m'a simplement rappelé qu'il fallait que j'enlève la poutre dans mon propre oeil avant de regarder la paille dans l'oeil du voisin...

Portrait de Hugo Natoli Psychanalyste

Cette interrogation m'a beaucoup donné à refléchir également. Je partage tout à fait le point de vue de Gilbert sur cet autre, miroir à l'instant " t ". Voir le Christ dans tous les êtres humains c'est aussi à mon sens, comme le souligne Gilbert, accepter de ne pas être un sauveur, mais tout au plus un miroir à notre tour...

Portrait de Emma

Bonjour Horia, 

J'ai beaucoup réfléchi à votre sujet, et je pense que ce que je voulais ajouter rejoint les commentaires qui ont déjà été postés. Pour moi, réussir à voir le Christ dans tous les êtres humains passe par une absence de jugement. La grâce de Dieu est accordé à tous, ce que nous en faisons est libre à chacun, cela ne veut pas dire qu'elle n'est pas là. Mais je ne dis pas que cela est facile, bien au contraire, je pense qu'il s'agit de l'une des choses les plus difficiles dans la vie, j'y travaille tous les jours et n'y parviens que trop rarement...

Portrait de Jean

Le titre de mon commentaire n'est pas de moi. Il s'agit de celui d'un chapitre d'un livre d'Emmet Fox qu'une amie croyante m'a conseillé : " Affirmez la sagesse divine ". Ce chapitre commence par se persuader que Dieu ne veut rien d'autre que notre bien. C'est le point d'ancrage essentiel à avoir pour savoir comment on arrive à voir le Christ dans tous les êtres humains. Je recopie donc le début :

" Demandez avec persévérance la paix de l'esprit, la santé et le bonheur, car c'est la volonté de Dieu que vous ayez tout cela ". C'est la volonté de Dieu que vous ayez tout cela, Horia !

A la fin de ce petit chapitre, Emmet Fox écrit : Si quelqu'un vous importune, à sa place ne voyez que la présence de Dieu. J'essaie d'appliquer cela tout le temps et je vous assure que parfois, j'ai d'agréables surprises... Surprises qui m'encouragent d'autant plus à persévérer. Bon après midi à tous !

Jean

Portrait de yamina.174

Pour moi, c'est la chose la plus difficile qui soit. Je fais de mon mieux mais je suis facilement épidermique, donc trop facilement dans le jugement. Pourtant, j'ai acquis la certitude que si nous nous sommes incarnés c'est grâce à l'Étincelle divine qui brille en chacun de nous toute notre vie.
Cette discussion très intéressante m'a conduite à m'interroger. Je me suis demandé pourquoi je n'arrivais à accueillir la divinité qui se trouve à l'intérieur de chaque interlocuteur. J'ai fait une liste
et j'en suis arrivée à la conclusion que mes peurs sont pour beaucoup dans mes rejets. Il faut que j'arrête d'être en mécanisme de défense vis-à-vis de ma propre existence. En fait, j'ai peur de moi.
C'est cette angoisse qu'il faut que je règle. Pour être plus précise, je vais prendre l'exemple d'un
Monsieur (un homme des pays de l'Est vu son accent) qui fait la manche pratiquement tous les
jours au même endroit. Il m'agaçe au plus haut point. Je le trouve très sale. Je ne lui donne jamais
d'argent, ni jamais rien d'ailleurs et je rationalise en disant que je paie des impôts et que je donne
régulièrement dans une association caritative, que je n'ai pas à me substituer au gouvernement, que si je commence à donner de l'argent à ce mendiant il ne me lâchera plus... Mais je sais très bien au fond ce qui me dérange chez lui : il n'a pas de travail, j'ai peur du manque d'argent, voire de la clochardisation ! À moi de travailler un peu plus sur le fait que Dieu pourvoit à tous mes besoins, évidence que je ne développe pas suffisamment...

Portrait de Isabelle

Votre post Yamina est très parlant pour moi également... Et je rejoins un peu aussi celui de Hugo Natoli Psy d'ailleurs... Cette peur de moi-même et d'une incapacité (fantasmée) à ne pas subvenir à mes besoins de façon suffisament rassurante pour juguler ma peur de me retrouver à la rue... Il est vrai que cette peur n'est pas véritablement que du fantasme d'ailleurs, puisque durant mon adolescence, l'aspect difficultés matérielles à la maison, étaient réelles, et que j'ai re-traversée une situation très précaire matériellement il y a plusieurs années... Pourtant... j'en suis sortie... Et c'est vrai, que ceux qui font "la manche" me bousculent véritablement... Ce miroir-là me fait quand même encore peur... Ce qui permet d'alimenter allègrement certains profils de mon entourage, qui se font un malin plaisir à s'engouffrer dans cette faille personnelle...

En parallèle, durant mon travail analytique, mon analyste m'a "guidé" également en me répétant à plusieurs reprises, que "donner" est bon en soi, mais juste ce qu'il faut, autrement dit "ce qui déborde de la coupe" et qui rejoins tout à fait "charité bien ordonnée commence par soi-même" qui deviendra "soi-m'aime" si on s'attache à lâcher ce "complexe du sauveur" qui de toute façon masque un complexe d'infériorité visant à entretenir une jouissance démoniaque d'ailleurs...

Au fond, voir le Christ en l'autre c'est aussi s'accorder à Le voir en nous et à force (tous les jours) de "remettre le travail sur l'ouvrage", je crois malgré mes peurs et mes doutes encore présent, au fil du temps et avec beaucoup de persévérance, qu'il est possible de ne plus se sentir en insécurité... La peur, qu'elle que soit sa forme est indéniablement mauvaise conseillère et nous barre indiscutablement d'une altérité enrichissante autant que d'une vraie communication... Oserais-je dire... Au Soi...

Portrait de Hugo Natoli Psychanalyste

Bien qu'étant psychanalyste, je ne suis aucunement à l'abri du jugement, si je ne suis pas vigilant au quotidien. Et pourtant je connais les mécanismes en jeu.
Vôtre post, Yamina, montre avec évidence la possibilité de tout être humain à s'interroger " grâce " à cet autre qui nous dérange. Cet autre qui n'est finalement que le reflet de nos propres peurs et angoisses.
Après tout, si nous pouvons voir le Christ dans tous les êtres humains, nous pouvons aussi voir celui qui nous agace dans tous les êtres humains, y compris nous-même. Parceque dans ce Monsieur qui fait la manche, il y a le Christ, tous les êtres humains, vous et moi. Et c'est cela qui nous dérange, le tout étant de ne pas en être dupe au risque de se duper soi-même.
Tous vos commentaires montrent le chemin de l'humilité, le seul à mon sens, mais aussi le plus difficile, qui puisse atténuer nos jugements hâtifs...

Portrait de Horia

J'ai pris le temps de réfléchir à plusieurs situations où je juge systématiquement et vous avez raison : quand je juge c'est que j'ai peur d'attraper les défauts de ceux que je juge. Mais si je suis bien votre raisonnement, ça signifie que dans mon subconscient j'imagine que j'ai ces défauts... C'est sûr que la spiritualité bien assimilée ça doit être super mais je ne suis pas encore au bout de mes peines. Par contre je veux arriver à changer à tout prix et je commence à
structurer mes journées pour les spiritualiser davantage... Déjà je me sens beaucoup mieux, ne
serait-ce que parce que j'ai le sentiment de vouloir bien faire... Dans ce que vous avez posté j'ai pu dégager quelque chose d'important pour moi aussi : dans chaque être humain il y a une parcelle christique et c'est la première chose qu'il faut que j'ai à l'esprit quand j'ai quelqu'un en face de moi. Si je n'ai pas ce réflexe, ça veut dire que je ne respecte ni Dieu ni Christ...