vous dites le bonheur au quotidien ?

Tout d'abord je tiens à souhaiter la bienvenue à Roland, musicien concertiste il me semble, récemment rencontré sur un autre réseau. Le sujet que vous souhaitez aborder est évidemment essentiel pour chacun d'entre nous. Il a été évoqué lors d'une précédente discussion mais je suis heureux qu'un artiste aborde ce nouvel angle de vue en faisant référence à des systèmes de pensée. J'y ai déjà répondu en tant que professionnel de la psyché sur un autre espace. Mais je suis curieux, connaissant l'extrême pertinence dénuée d'intellectualisation de beaucoup de nos foromers de Signes & sens, de voir où cette réflexion peut nous mener pour approcher ce " bonheur au quotidien ". A vos clavier.

Pour info et pour que Roland fasse plus ample connaissance avec nous, voici le lien de la discussion que j'évoquais précédemment : http://votre.signesetsens.com/node/38

Personnellement et compte tenu d'un travail assez large que je fais sur moi depuis des années en utilisant des médiations complémentaires (psychanalyse, spiritualité vivante, religion, philosophie, bouddhisme, Pensée positive...), je pense que cette notion de bonheur " au quotidien " est
importante à saisir dans la mesure où, comme le soulignent les bouddhistes avec pertinence, rien ne dure dans ce bas-monde, rien n'est stable, tout bouge en permanence : c'est d'ailleurs le fameux
concept d'impermanence si précieux pour moi effectivement, quand tout me donne l'impression d'aller mal dans ma vie, je me dis que dès demain ça peut s'arranger, d'où une bouffée d'optimisme. À l'inverse, quand tout me semble aller très bien, je me calme en me disant que tout peut aller mal demain (en apparence...) et non seulement ce raisonnement me met un peu d'humilité dans mes pensées mais il m'incite à vivre au présent.
Pour résumer, oui " la paix intérieure " engendre le bonheur mais ce bonheur se modifie tout le temps : il évolue et comme il est exigeant, nous finissons par comprendre que rien n'est jamais acquis et qu'il faut travailler sans relâche nos élans spirituels (réflexion quotidienne, lectures spécialisées, Écritures saintes, prières, centration, etc). Certains d'entre nous se découragent. C'est humain mais c'est dommage car d'expérience en expérience, l'acceptation de notre chemin de vie se renforce et cet aspect nous rend heureux...

J'aime beaucoup le commentaire de Sofia, et notamment celui qui a trait à l'humilité de comprendre que le bonheur ne dure pas. Si justement les systèmes, notamment les promesses politiques et religieuses, comprenaient cela, le monde irait mieux et le fanatisme diminuerait pour le plus grand bien de notre planète. Accepter les situations heureuses ou malheureuses en sachant que rien n'est définitif fait effectivement partie de la voie, du chemin. Un chemin " bienheureux " car il est débarassé de chimères et d'idéalisations de toutes sortes. Un chemin qui exige, comme le dit Sofia, de travailler sur soi en utilisant des médiations sans que celles-ci deviennent un but en elle-même et une panacée. Le " ici et maintenant " constitue, quant à moi, le meilleur rendez-vous pour que bonheur rime avec " bonne heure ". En tous cas, je suis très heureux de cette discussion en tapant ces mots sur mon clavier... C'est déjà pas si mal (rires !).

Trouver la paix intérieure ne nous laisse pas respirer une minute ! J'exagère à peine... Effectivement, comme nous le rappelle Sofia, les moments heureux sont de courte durée mais c'est ce qui nous permet d'avancer, de grandir, de nous enrichir, de sentir que la sagesse s'installe... En outre, il n'existe pas une seule journée où tout soit parfait parce que la perfection n'existe pas ici-bas... " Heureusement ", les bons moments nous font un peu oublier certains registres qui nous angoissent...
Ma version personnelle de la structuration de la paix intérieure est la suivante : en vieillissant et en accompagnant son quotidien d'un solide travail sur soi qu'il ne faut jamais délaisser quelles que soient les circonstances et les excuses faciles que nous pourrions opposer à ce travail, on met de moins en moins d'énergie dans ce que nous ne pouvons pas changer. Cette énergie récupérée possède un pouvoir magique : tout semble justement plus paisible... Pour la croyante que je suis, c'est ma façon d'accorder ma confiance à Dieu... Mais le diable, le tentateur, ne tarde pas à revenir au galop et patatras ! L'anxiété revient avec lui... Mais à force de remise en question, à force d'exercer sa spiritualité, on constate non seulement ses propres progrès mais les progrès de membres de notre entourage qui jusque-là pouvaient beaucoup nous inquiéter... Ceci est important à souligner... Bien sûr, pour moi, c'est l'œuvre de Dieu mais cet apaisement brigué par chacun d'entre nous rejaillit positivement sur nos proches et même l'engendre...
La paix est le résultat de la capacité que nous avons acquise à voir la guérison là où règne la maladie, à voir l'honnêteté de l'individu qui nous a volés, à voir la fidélité en lieu et place de la personne qui nous a été infidèle...
Toutes les expériences qui nous sont données à vivre et à traverser ne sont présentes que pour mettre le Bien à la place du mal... Ce remplacement du négatif par le positif est le meilleur des anxiolytiques...

Je voudrais vous faire partager une citation que j'ai eu sous les yeux aujourd'hui. Elle a pour auteur Montesquieu et parle de l'empêchement au bonheur qui consiste à se comparer à autrui...

" Si on ne voulait qu'être heureux, cela serait bientôt fait ; mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu'ils le sont "