Vous retardez tout !

Portrait de Chantal Calatayud

Sibylle garde un très mauvais souvenir 30 ans après son accouchement qui se passait mal. Une sage-femme, assure-t-elle, qui réglait ses comptes personnels. Une femme pas à sa place, rajoute-t-elle. À la question du pourquoi a-t-elle encore, plus d'un quart de siècle après (!), cette rancoeur, elle répond que les contractions étant extrêmement douloureuses, quand elles devenaient insupportables, elle cherchait à mettre son abdomen sur le côté. Et ladite sage-femme de lui asséner à chaque fois : " Vous retardez tout en faisant comme ça, là vous avez encore retardé d'un quart d'heure la naissance de votre bébé "...

Si on le sort de son contexte professionnel, ce récit est particulièrement explicite. Cette sage-femme, tout aussi désagréable qu'elle ait pu être, et sans le vouloir consciemment, prévenait la parturiente qu'elle avait un blocage psychologique lié à une difficulté d'acceptation. Effectivement, la non-acceptation engendre toujours un laps de temps indéterminé, miroir de la durée de cette résistance à accepter, dans le dénouement de situations douloureuses. Toutefois, ne craignons rien : les revirements favorables arriveront assurément mais avec du retard. Autant dire que tout manque de lâcher-prise, tant qu'il persistera, entraînera un inconfort. Voire plus. Car la souffrance psychique devient intolérable lorsque les évènements négatifs s'inscrivent dans la durée. Eckhart Tolle, écrivain et conférencier mondialement reconnu, dit à ce sujet : " L'intensité de la souffrance dépend du degré de résistance au moment présent ".

Cette faille humaine, indépendamment de son histoire personnelle qui joue un rôle fondamental en matière d'angoisses tout aussi personnelles, trouve de quoi se renforcer avec des arguments sociétaux qui ont l'art savant d'installer la confusion. Pour une couche de cette même société, l'acceptation serait synonyme de résignation. Alors qu'il n'en est rien. Il ne s'agit pas d'accepter pour accepter tout et n'importe quoi de principe.

Si nous revenons à la naissance difficile du bébé de Sibylle, cet enfant devait de toute façon venir au monde. Elle l'avait désiré et devait l'accueillir. Mais elle n'avait que 18 ans, sa maman était décédée depuis longtemps déjà et elle paniquait à l'idée - sans pouvoir l'exprimer avec des mots - de ne pas savoir s'en occuper, d'être une mauvaise mère. Ce qu'elle mettait en " maux ". C'est sur cette croyance erronée en son incapacité maternelle qu'elle a transformé son accouchement en une amertume qui perdure  malgré les années qui s'égrènent... Il existe de nombreux autres cas de la vie courante qui témoignent du drame de la non-acceptation présente. Ils vont de la banalité la plus déconcertante, comme les gens qui ont leur journée assombrie à cause de la météo qui ne leur convient pas (!), jusqu'à la perte d'emploi, par exemple. Il faut bien saisir ici qu'il existe des obstacles contre lesquels nous ne pouvons strictement rien. Ce qui revient à souligner que se mettre en colère, se lamenter ou déprimer, est parfaitement inutile. La seule solution évolutive et libératrice consiste à se défaire de l'état émotionnel qui accompagne le désaccord ou le désarroi. Cette solution repose sur l'acceptation de la réalité de l'existence de faits déstabilisants.

. Virginie souffre des infidélités de son mari. Elle s'est longtemps voilée la face en se disant que ça finirait par lui passer... Elle faisait comme si elle ne savait rien, ne se doutait de rien, ne voyait rien... Voici une manière courante de nier l'évidence. Le déni de la réalité consiste soit à ne pas faire, soit à adopter des attitudes contraires au bon sens sous l'emprise de sentiments contradictoires et illogiques qui empêchent d'agir convenablement. Virginie aurait dû admettre, dès qu'elle a su, le comportement de son mari : elle était une femme trahie. Le réel était inscrit dans ce passage de son existence. Cependant, en se fabriquant des illusions, elle n'agissait pas et ne réagissait pas. Elle souffrait en silence et la déprime a fini par pointer son nez. Une prise en charge psychothérapeutique a mis l'accent sur le fait qu'elle se laissait porter par les événements conjugaux difficiles et qu'elle oubliait juste que son mari pouvait la quitter pour de bon ! Elle s'est mise à chercher du travail, en a trouvé... Ce changement a surpris l'époux infidèle qui a fini par régler son problème... Dès l'instant où sa femme n'a plus dépendu de lui financièrement, ne la dominant plus, il a eu peur de la perdre ! On voit bien dans cette problématique de couple que la mise en évidence de la réalité du moment a permis à Virginie de réaliser qu'elle devait trouver un emploi pour s'épanouir... Ayant pris cette décision avec ses facultés intellectuelles et non sentimentales, elle a pu enfin entendre une nécessité fondamentale :
. Savoir - Accepter - Agir.
Mais indépendamment de l'autre.
Ainsi, dans un contexte moins douloureux, s'il pleut en cette période de vacances, rien ne sert de râler derrières ses vitres et de s'en prendre à l'entourage : il pleut, c'est la réalité à accepter pour agir différemment de ce qui avait été prévu initialement comme sortie. Il n'y a pas de quoi être déçu. Avec un peu d'imagination, un autre loisir agréable s'imposera mais, à condition, comme toujours, de laisser de côté son état émotionnel. La réalité ne convoque pas d'émotions : elle est ce qu'elle est.

. Michel, restaurateur, a fait un AVC qui, par chance, ne lui a pas laissé de séquelles graves en dehors d'une fatigue chronique. Hospitalisé, il pestait de ne pas pouvoir faire le tour de ses fournisseurs comme prévu. L'émotion était au rendez-vous. Se tenant derrière la baie vitrée de l'hôpital, il " ruminait ", furieux contre les médecins qui le gardaient en observation, quand il a vu arriver un véhicule de pompiers. Non par voyeurisme, mais il s'est senti poussé à regarder la suite de la scène.... Les hommes ont sorti un accidenté de la route qui se trouvait sur un brancard. Il a compris à ce moment-là qu'il devait vendre son restaurant et passer à la retraite. Cette vision qu'il a eue de l'accident l'a sorti de sa colère. La réalité s'imposait à lui, devant ses yeux : roulant très vite au volant de sa voiture, toujours pressé, la route pouvait le tuer s'il continuait ainsi. D'autant qu'il avait déjà eu des signes... Mais ses émotions avaient retardé son passage à la retraite, et encore, il n'avait pas à se plaindre, il s'en tirait bien... Mais que de stress, de privations, de punitions en quelque sorte, s'était-il infligé tant qu'il n'avait pas accepté le réel : son âge, 73 ans qu'il refusait...

Sans acceptation de ce qui est, nos émotions font de nous tout ce qu'elles veulent. Elles nous abusent et nous égarent. Encore une fois, le bon chemin s'imposera à nous sans exception, mais que de souffrances inutiles générées tant que nos décisions sont prises sous la domination de l'angoisse, de la peur, de la déception, de la tristesse... Le maître-mot pour en finir avec nos errances : accepter ce que nous sommes à l'instant " t " sans juger. Un bon début aussi pour accepter les autres comme ils sont et ne plus souffrir également de ce qui ne nous regarde pas....

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Commentaires

Portrait de Claire-13

Ce blog me fait comprendre pourquoi ma maman est tombée dans l'alcool. Quand mon papa est mort, elle na jamais accepté cette injustice. C'est elle qui dit toujours que c'est une injustice. C'est son mot favori même et qui m'énerve. Si elle trouve que c'est juste ce qu'elle me fait subir... Bon ça c'est encore autre chose.... Comme il lui avez laissé pas mal d'argent pour qu'elle soit tranquille le reste de ses jours, elle n'a pas réagit. Elle s'est laissé aller. Elle n'a pas su quoi faire de cette épreuve. J'ai bien essayé de lui dire qu'il fallait qu'elle travaille mais elle me répond qu'elle n'en a pas besoin.
C'est important pour moi d'avoir compris qu'il faut accepter ce qu'on ne peut pas changer, comme la mort de mon papa par exemple. Ce qui fait que les émotions négatives ne vienne plus nous polluer. Et c'est à ce moment là que les idées arrivent comme une chance pour s'en sortir. C'est un peu comme ça que j'ai fait quand il est mort. Je pleurai beaucoup et un jour je me suis dit que ça ne servait à rien et que ça ne le ferait pas revenir. Je me suis dit que pour lui faire s'il me voit d'où il est, j'allais mieux travailler à l'école. C'est ce que j'ai fait et n'empêche que cette année j'ai eu mon bac. Ce qui est important aussi et que j'ai compris, c'est que quand on ne va pas bien, dès l'instant ou on abandonne ses idées noires, les émotions ne nous commandent plus. Et que pour nous aider à les abandonner il faut faire quelque chose tout de suite, avec sa ête ou avec ses mains. Ce qui me plait également, c'est quand vous dites qu'on n'y peut rien... Donc comme on n'y peut rien autant passer à autre chose.

Portrait de zab

Quand mes deux grands garçons ont commencé à aller en boîte, je ne dormai pas de la nuit. Un jour, je me suis dit que ça ne pouvait plus durer. Seulement, au début je prenai une revue, un bouquin, mais je n'arrivais pas à fixer mon attention. J'avais des angoisses atroces. Je récupérai vers le mardi, mais le jeudi, à nouveau les angoisses se pointaient. Les fameuses émotions négatives... Et puis, allez savoir pourquoi, excédée par elles, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes. J'ai mis les choses bien à plat. J'ai réalisé que si c'était leur destinée à mes enfants de mourir en sortant de boîte, je n'y pouvais rien. Et qu'ils pouvaient se tuer en voiture ou être victimes d'un chauffard dans la journée aussi... Ou d'une maladie... Et à partir de là, j'ai dormi comme un loir. Ils ne vont plus en boîte maintenant mais j'ai le petit dernier qui dans quelques années ira. Eh bien je peux vous assurer que j'appliquerai la même méthode, surtout que je me dirai comme je me le disais pour les deux grands, que ce n'est pas moi qui pousse qui que ce soit à aller en boîte. Après tout, c'est leur désir...

Portrait de cricri

Je pense que ce thème de la non-acceptation inhérente à beaucoup d'êtres humains est d'une importance primordiale.
J'essaie de beaucoup travailler dessus. J'ai malheureusement (ou heureusement ?) de quoi : nous avons une fille (plus que majeure) qui nous pose de gros problèmes depuis toujours... Bien que très croyante, il m'est arrivé d'être très en colère après cette " injustice " comme l'appelle la maman de Claire. Après ces phases de colère, j'étais dévastée, puis je sombrais dans un état de l'ordre d'une vraie mélancolie. J'ai fini par sentir et par accepter que je me faisais du mal en agissant ainsi. Et que même - je vais plus loin - que je cherchais à faire culpabiliser ma fille qui me voyait de plus en plus abattue mais qui ne changeait pas pour autant ! Et, pour reprendre le développé du blog, j'ai vu qu'avec mes sentiments négatifs, j'allais vraiment tomber malade. J'ai pris la grande décision de laisser ma fille évoluer (ou involuer) comme sa trajectoire de vie en déciderait. Je l'ai confiée à Dieu. Je ne pouvais pas faire mieux pour elle. Et j'ai pris la décision de faire du bénévolat sérieusement, comme si c'était un emploi. À aujourd'hui, je suis convaincue que Le Seigneur m'a indiqué le chemin...

Portrait de luna_95

Je vis malheureusement depuis plusieurs mois maintenant ce que vous dites.
Je suis en pleine dépression à la suite de la mort subite de mon bébé. Je n'accepte pas son décès, même si je suis très croyante. Mais au fond de moi, je sais que je le refuse. Je sais aussi que c'est pour cette raison que je ne m'en sors pas. Tant que je ne serai pas dans l'acceptation, je ne créerai pas de solutions. Je les bloque toute seule. C'est d'autant plus dommage que je ne peux rien à la disparition de Enzo. Je suis convaincue que l'acceptation, c'est le meilleur et le plus puissant des médicaments. Il faut que je trouve la clé mais je suis certaine que je la trouverai parce qu'il en existe une pour chacun d'entre nous, quel que soit le drame (ou la difficulté) qu'il traverse. Il faut juste continuer à la chercher chaque jour. Quand je vais trop mal, je me souviens du jeu de cache-objets de mon enfance. J'adorais ce jeu parce que je gagnais souvent !

Portrait de Jean

Bonjour,

Le blog et vos commentaires me renvoient à la prière de la sérénité, attribuée, je crois, à Saint François d'Assises. Je ne peux résister à la recopier ici...

Mon Dieu,
Donnez-moi la sérénité
D'accepter
Les choses que je ne puis changer,
Le courage
De changer les choses que je peux,
Et la sagesse
D'en connaître la différence.

Portrait de Mireille-cogolin

C'est très important et essentiel même pour moi de bien comprendre qu'il n'y a pas de solution accessible tant qu'on n'accepte pas...
Je vais vraiment y travailler.
La situation terrible de Luna et la façon précise qu'elle a de décrire son blocage me renvoie à mes propres résistances...
J'ai bien compris aussi la nuance. Ce dont il est question dans ce blog concerne tous ces cas de figure auxquels on ne peut rien et qui appartiennent au passé.
Merci pour ce sujet primordial qui peut enclencher de quoi trouver sa clé.

Portrait de Nathalie-196

Vos postes m'aident pour ma fille de 19 ans qui n'est pas facile... C'est le moins que je puisse dire... Car si je comprends bien, agir c'est déjà être dans l'acceptation.
Je crois que je le faisais un peu de moi même déjà. Parce que quand elle me gonfle de trop, je fais comme si j'étais très occupée. Ou je sors mon repassage, ou je fais des vitres, ou je couds... Je ne lui répond plus et j'ai constaté plusieurs fois qu'elle finit par arrêter la dispute qu'elle recherche toujours la première et qu'elle s'en va.

Portrait de patounette

Je vais faire comme Nathalie avec ma fille de13 ans. Invivable. Je me sent de le faire parceque au moins ça meservira a quelquechose.

Portrait de Orlan

Un blog et des commentaires de fond comme je les aime !
Moi, c'est mon fils de 14 ans qui ne veut rien fiche à l'école même si c'est un bon petit gars.
Par contre, depuis que j'essaie de comprendre ce qui lui arrive, je commence surtout à bien ressentir qu'on ne peut changer qui que ce soit, à part soi... Donc que d'énergie gaspillée effectivement à se vautrer dans cette illusion. Accepter c'est de fait ne plus foutre en l'air sa santé !

Portrait de Mireille-cogolin

Depuis ce matin j'ai bien repensé à ce blog.
Je pense que si on travaille tout le temps l'acceptation, c'est à dire chaque fois qu'une difficulté surgit sur sa route, avec un entraînement pareil on peut accepter la mort plus facilement, un peu comme une transformation pour aller vers du mieux, une transformation positive...

Portrait de cricri

Je suis assez d'accord avec ce que dit Mireille. Puisque l'acceptation par essence est toujours liée à un problème, plus ou moins grave, et puisque l'acceptation a cette dimension libératrice et évolutive, elle me renvoie à l'expression connue : Un mal pour un bien, comme le suggère ce blog. Je pense qui si on se penche un peu sur son passé, on découvre tout de suite que nous avons traversé bien des situations douloureuses qui se sont révélées protectrices par la suite... Je rejoins Mireille au niveau de l'acceptation de la mort qui, si tout fonctionne à l'identique de la terre dans une autre dimension, serait elle aussi un mal apparent pour un bien encore invisible... Je suis contente d'en être arrivée à cette conclusion grâce à vous tous !

Portrait de Christine Diago-Huerta

Vos commentaires me renvoient à une interview passionnante de Lilian Thuram diffusée il y a plusieurs années à la télévision. Il y racontait son enfance, sa passion pour le football et ses entraînements intensifs. Et aussi ses problèmes de santé. Adolescent, il souffrait en effet terriblement du dos. Les différents traitements n'arrangeaient rien, la douleur était de plus en plus insupportable et son avenir sportif semblait bien compromis. Le journaliste lui demande alors comment il est arrivé à dépasser ses souffrances et connaître une carrière aussi exceptionnelle. Et là, il répond que sa douleur, un jour, il a décidé d'arrêter de la combattre, et de l'accepter, de faire corps avec elle, de la  laisser s'installer. Puisque c'était lui, c'était son identité, il allait faire avec. Ainsi a-t-il pu continuer son chemin dans "une grande plénitude".

Cet enfant chétif, ce jeune homme en souffrance, est devenu ce jour-là champion du monde. En acceptant sa limite du moment, il est passé du "Pourquoi moi?" au "Comment faire pour avancer?". On connaît la suite...

Effectivement, tant que le "pourquoi?" règne, nous restons enfermés dans nos tourments, alors que le "comment?" nous ouvre des portes et nous libère. Je vous rejoins quand vous dites que seule l'acceptation de ce qui nous est donné à vivre nous permettra de quitter nos émotions invalidantes. Emotions qui règnent en maîtres sur notre mal-être et qui ne servent qu'à retarder ce qui doit advenir car elles nous maintiennent fantasmatiquement en amont des événements et nous donnent l'illusion de pouvoir encore empêcher ce qui est déjà une réalité.

Bien entendu, certaines périodes que nous traversons nous semblent terriblement injustes et insurmontables. Notre créativité tarie et nos désirs envolés, le découragement s'installe. Agir est impossible, englués que nous sommes dans nos difficultés. La souffrance est l'unique option envisageable. Mais, je reste persuadée que le seul moyen de sortir de ces périodes, c'est de les aimer. Aussi insupportables soient-elles. C'est à cette condition que la roue tournera enfin et que la juste solution viendra à nous. Cela dit, à nous de bien ouvrir les yeux car elle ne prendra pas toujours la forme tant espérée...La lumière n'est décidément pas souvent là où nous l'attendons. C'est peut-être aussi ce que nous avons à travailler: garder confiance en la vie et accepter de nous laisser surprendre par elle. Après tout, c'est ce qui nous fait souvent dire qu'elle est bien faite...

Portrait de yamina.174

Je me sens toute petite après vos témoignages qui sont tous aussi porteurs les uns que les autres...
Je suis très heureuse d'y avoir découvert cette notion fondamentale qui consiste à ne plus mettre d'énergie dans des turpitudes que nous ne pouvons pas changer. Le témoignage que rapporte Christine Diago sur Lilian Thuram est non seulement passionnant mais un enseignement à lui tout seul.
C'est vrai qu'il semble si logique d'économiser notre énergie pour des événements que nous pouvons faire évoluer...
J'ai dans mon entourage une maman qui a une petite fille handicapée de naissance. Je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Elle avance comme tout un chacun. Quand elle promène son enfant, elle ne se soucie jamais de ce que pensent les autres. Elle n'a pas honte de son enfant. Un jour elle m'a dit, comme dans le cas de Lilian Thuram, que son enfant handicapée faisait partie de ce qu'elle avait à vivre pour grandir, elle la maman... C'est grâce à vous que je comprends ce qu'elle avait cherché à me transmettre.

Portrait de Sylvie-0570

Tous vos posts sont comme une révélation pour moi.
L'idée de me dire qu'à partir de maintenant, je n'ai qu'à objectiver ce que je ne peux pas changer pour lâcher prise sur la difficulté, le problème, pour consacrer mon énergie à ce qu'il est en mes moyens de résoudre est de l'ordre du miracle. Car jusqu'ici, je faisais carrément le contraire. Je m'évertuais notamment à vouloir faire changer les autres, donc j'ai ramassé de sacrées déceptions... Je m'échinais à vouloir vivre de façon heureuse des histoires d'amour improbables, genre le mec marié qui doit toujours divorcer et qui ne divorcera jamais ! Certains exemples que vous donnez sur ce blog sont très parlants effectivement. Notamment Lilian Thuram ou la maman de la petite fille handicapée... Qui elle, pour le coup, est bel et bien obligée de faire avec son handicap...
J'ai compris plein de choses ce soir, j'ai réalisé pourquoi j'avais bloqué certaines portes définitivement mais qui l'étaient certainement déjà à l'origine, j'ai laissé beaucoup de plumes inutilement...

Portrait de Mireille-cogolin

Ne pas accepter, c'est déjà pour la croyante que je suis, un manque de confiance en Dieu. Mais, indépendamment de cet irrespect, c'est aussi un manque d'humilité. Je veux dire qu'il faut quand même avoir l'honnéteté d'admettre qu'on ne peut pas tout changer soi même, qu'on ne peut pas tout obtenir, en somme que nous avons des limites. Selon moi et en toute modestie, je pense que
c'est alors là que Le Seigneur intervient dans toute Sa Magnificence. Il débloque la situation coincée et nous fait La Grâce de nous donner l'illusion que nous avons la clé et que c'est nous qui résolvons le problème.
Je peux prendre un exemple: il y a quelques années, j'habitais une petite localité qui ne comptait qu'un seul boulanger. Il voulait partir à la retraite mais il n'arrivait pas à vendre son commerce. Alors il a continué à travailler beaucoup trop pour son âge. Il a fini par tomber gravement malade et il a fermé sa boulangerie définitivement. J'étais très embêtée parce que j'aime le bon pain et celui qu'on trouve en grande surface ne me convient pas. J'ai donc appris à faire mon pain mais ça me
prenait quand même du temps. Un jour j'en parle à une collègue de travail qui m'indique une excellente boulangerie à une dizaine de kilomètres de là. J'y vais et la première fois où je m'y suis rendue, j'ai dû attendre un peu car il y avait du monde. J'ai découvert une affichette sur le mur où il était précisé que la paroisse du village cherchait des bénévoles... Et depuis je fais donc du bénévolat dans cette paroisse, ce que je recherchais depuis lontemps. Je n'avais jusque là jamais trouvé ce qui pouvait me convenir en bénévolat (les raisons seraient trop longues à expliquer ici). Mais ce n'est pas fini... Les mois passaient et j'étais contente et de mon boulanger et de la paroisse mais je cherchais un appartement et là encore, impossible de dénicher un appartement à mon goût. Tenez vous bien: il y a une papèterie à côté de la boulangerie. J'y rentre un jour pour m'acheter du papier à lettres et qu est ce que je vois ? Une annonce pour un appartement à vendre! J'ai pris les coordonnées, je l'ai visité, je l'ai acheté, et j'y habite maintenant. Vous devez croire qu'avec toutes mes histoires je m'écarte du sujet sur l'acceptation. Je ne le crois pas. Il me semble que c'est Jean de La Fontaine qui a écrit que "tout arrive à point à qui sait attendre"... Je comprends juste aujourd'hui ce qu'il a voulu dire avec "à qui sait attendre". Je crois comprendre que le jour où l'on accepte de ne plus fiche en l'air son énergie dans des situations que nous ne sommes pas en moyen de débloquer nous mêmes, si on "sait attendre" en mettant toute notre énergie dans des domaines que l'on peut gérer, la bonne clé nous est tendue...

Portrait de Nathalie-196

Je viens de lire le blog de Lucile Biraud dans Astro/Ésotérisme sur la transmission de pensée, que je trouve très, très intéressant. Avec ce blog ci sur l'acceptation, je ressens qu'il y a des liens...
Par exemple, si je ne peux rien faire contre un membre de ma famille qui se comporte mal ( je pense à ma fille de 19 ans qui peut être très agressive avec moi si je lui fais une réflexion pour son bien mais qui ne lui plait pas), je ne lui dis rien avec des mots, je lui dis par transmission de pensée qu'elle s'égare et ce qu'elle risque en continuant comme elle fait, je ne reste pas paralysée par le souci qu'elle me donne, je passe à autre chose mais avec ENTHOUSIASME: comme faire une activité, même le ménage, parce que j'aurai transmis à ma fille ce que j'avais à lui faire passer comme message raisonnable, je serai dans le lâcher prise. J'ai envie de dire que étant donné qu'il n'y aura pas de conflit puisque c'est une transmission sans paroles prononcées à haute voix, toute l'énergie gardée je vais pouvoir aussi l'a diriger de façon altruiste vers d'autres personnes, de ma famille ou autres, plus en adéquation avec moi, avec mes idées, que celles de ma famille, mais ce qui me semble super important avec toutes ces techniques que je trouve complémentaires, c'est que je ne laisse pas tomber ma fille pour autant...

Portrait de cricri

En travaillant sur ce thème extrêmement riche, j'ai été ramenée aussi à la deuxième lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens : " Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort "... Une transmission spirituelle qui permet de ne jamais s'avouer vaincu ou en perdition : quand on a le sentiment de défaillir et si on accepte effectivement ses limites, la solution arrive pour s'y prendre autrement, rectifier nos erreurs et calmer notre impulsivité si mauvaise conseillère...

Portrait de Isabelle

C'est très parlant "Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort" ! L'acceptation de ses limites, c'est un travail de tous les jours d'une certaine façon ! Mais quel sentiment de paix aussi, quand l'acceptation est là... Et il y a toujours une solution qui jaillit, de sucroit... Merci !

Portrait de Mireille-cogolin

Tout ça a fait émerger de moi le "Tendre l'autre joue" de notre Seigneur Jésus. Si quelqu'un me fait du mal et si au lieu de réagir plus ou moins brutalement, je tends l'autre joue, l'agresseur va entrer en culpabilité et va donc pouvoir s'interroger. Ce silence qui lui est posé et imposé par sa victime va lui permettre de réfléchir à ses propres actions déplorables et de changer le cas échéant. Ce sera aussi la place de son libre arbitre mais en lui ayant tendu l'autre joue, la victime ne juge pas et pose un acte altruiste pouvant permettre au bourreau de s'en sortir. Disons que ça lui indique déjà la voie...

Portrait de Isabelle

Oui ! "Tendre l'autre joue" c'est permettre au bourreau de s'interroger (effectivement s'il le souhaite... la balle est dans son camp...) et en même temps, je dirais là encore... de surcroit, à la victime de ne pas s'identifier à l'agresseur et donc ne pas devenir bourreau à son tour. Je suis d'accord ! C'est ce qu'a fait le Christ pour l'Humanité. Mais en tant que petite humaine, il me faut bien souvent beaucoup d'énergie pour me positionner de façon juste... Par contre, quand j'y arrive, je le vis comme une vraie libération, dans tous les sens du terme... Et ça, c'est déjà une bien belle victoire sur moi-même... C'est passionnant de discuter avec vous tous ! Merci !!!

Portrait de yamina.174

Je voudrais revenir sur cette notion si difficile de l'acceptation mais si libératrice.
En fait, tant qu'on se préoccupe de l'autre à mauvais escient, c'est-à-dire tant qu'on refuse de se ranger à l'évidence dans la mesure où chacun a un chemin de vie qui lui est propre et donc le caractère qui est en adéquation avec ce chemin (combien même il nous déplaît), nous déclenchons notre imaginaire négativement contre l'autre. À l'inverse, dès qu'on accepte que l'on ne peut pas changer autrui, même s'il s'abîme, nous déclenchons notre imaginaire pour nous et donc positivement. Pour l'avoir constaté maintes fois, c'est quasiment mathématiques ! Mais comme ça fait du bien de se centrer sur soi et d'admettre que nous ne pouvons sauver quiconque. Quand on a le sentiment de sauver quelqu'un, c'est que la personne avait déjà décidé de changer...