Laisser mûrir la douleur ??? Pourquoi ???

Portrait de Christine-zen

J'aime beaucoup Krishnarmuti dans les principes de Sagesse qu'il véhicule et que je trouve pratiques à appliquer en règle générale...

J'ai lu ce matin une citation de lui sûrement intéressante mais je n'en comprends pas le " Pourquoi "... Je vous la soumets...

- " Ne mettez pas d'obstacle au mouvement de la douleur. Laissez-le mûrir. "

Cette idée m'a intéressée d'autant plus en me disant que je pouvais la rendre doublement didactique  en remplaçant le terme " douleur " par " souffrance " mais ce que j'aimerais comprendre c'est où se situe l'intérêt de laisser " mûrir le mouvement de la douleur "... 

J'ai besoin, une fois de plus, de vos lumières !

Mille mercis,

Christine

Portrait de Lakshmi

J'ai lu il y a quelques années " Se libérer du connu " de Krishnamurti. A l'époque je l'ai trouvé intéressant mais effectivement pas toujours facile à comprendre. D'ailleurs votre post me donne envie de reprendre l'enseignement de ce Sage. Je n'ai pas vraiment lu ce livre de bout en bout.

Pour en revenir à votre interrogation, je ne peux que vous soumettre mon humble réflexion. Chaque fois que j'ai lutté contre ma dépression - je crois en être aujourd'hui sortie grâce à un médecin ouvert à la spiritualité -, je replongeais de plus belle. Le jour où j'ai commencé à accepter que telle était ma réalité du moment et que lutter ne faisait qu'agraver la situation, les choses se sont améliorées. Au point  que je n'ai plus besoin aujourd'hui de l'étayage médicamenteux. Bien sûr, le parcours a été long et pénible mais je crois qu'il fallait que j'en passe par là. En quelque sorte, telle était ma destinée. Cela me fait penser à un post de Gilbert, je crois, qui donne l'exemple de cette nonne Zen qui souffre d'un mal incurable et qui comprend à un moment que cette maladie est une amie mais ne s'y identifie pas. Elle ne guérit peut-être pas mais il y a comme un détachement, une désidentification salvatrice... Mes propos peuvent paraître confus, mais je crois que lorsqu'on accepte ce qui est, c'est comme une feuille d'automne, la souffrance se détache naturellement de l'arbre et tombe. Peut-être est-ce cette souffrance nécessaire dont il est question dans une autre discussion proche de ce que vous évoquez, il me semble. Tout passe en quelque sorte, et il faut essayer de ne s'attacher à rien et laisser passer... J'espère que mes commentaires ne vous ont pas trop compliqué les choses. Mais , quoi qu'il en soit, je vais essayer de retrouver ce fameux livre : " Se libérer du connu ! "... Grâce à vous !

Portrait de Gilbert

J'ai envie de mettre votre citation en résonnance avec ce que dit Krishnamurti dans " La révolution intérieure " à propos de la peur. Je cite : ... Avalez cette pilule amère et constatez les faits. Donc, ici, nous ne nous occupons pas de cet idéal de courage, ni des moyens de se libérer de la peur ou de la juguler. Nous cherchons à la comprendre car, dès l'instant où une chose est comprise, cela nous libère. C'est peut-être lorsqu'on laisse mûrir le mouvement de la souffrance sans la nier ni la combattre qu'on a une chance de la comprendre et donc de s'en libérer. Cela me fait penser aussi à la pratique psychanalytique qui ne s'attaque jamais au symptôme mais en fait son allié jusqu'à ce qu'il lâche, qu'il chute... ou pas. Mais dans ce dernier cas il est sublimé parce que compris ! Alors que s'attaquer au symptôme c'est aussi prendre le risque de le faire grossir ou de le déplacer. On parle d'ailleurs en psychanalyse de maturité psychique, je crois !

Portrait de Viviane

Est-ce que le mouvement de la douleur ne pourrait pas avoir valeur symbolique du rythme de la vie ? En ce sens, que tout est toujours en mouvement à chaque instant, et que si nous le refusons, en mettant des obstacles, par nos refus, nos dénis et nos peurs... au fond, nous bloquons l'Energie de Vie, qui ne peut permettre alors aux fruits de mûrir... Je ne sais pas pourquoi... Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec tout le cheminement, y compris par la douleur justement, d'un accouchement par les voies naturelles (désolée si j'en bouscule certains et certaines... sans péridurale)... Bien sûr que ça n'est pas "plaisant", et oui c'est douloureux mais en même temps, lors de la délivrance... la douleur s'est effacée déjà, et il y a bien alors des êtres qui témoignent, même inconsciemment, d'un état modifié, d'un changement nécessaire à l'incarnation pour que la Vie "soit" et continue dans un mouvement qui nous est propre et en même temps un mouvement qui est aussi à l'unisson de celui de l'Univers... Conscientiser pour permettre un pont vers l'inconscient, et non plus un barrage. Comme s'il fallait "accepter le corps" pour que l'âme, paradoxalement, soit à sa place initiale...

Portrait de Danièle-Dax

Il y a plusieurs mois, j'ai connu l'abomination en terme de douleur physique : un zona. Indépendamment du recours inévitable à la prise en charge médicale et comme elle n'a pas suffi, j'ai pris ma tablette et je suis allée naviguer sur des sites spiritualistes qui m'ont amenée à envisager la douleur autrement, ainsi que la souffrance morale. J'ai cru comprendre qu'il fallait accepter tous les obstacles de la vie parce que s'ils sont là, c'est qu'ils ont des choses à nous dire. Je vous avouerai qu'avec mon zona, j'ai été en colère plus d'une fois en lisant ce genre de raisonnements auxquels je n'étais pas habituée jusque-là. Comme ils m'étaient donc étrangers et que je voulais sortir de ces douleurs qui ne me laissaient pas de répit, j'ai continué mes recherches jusqu'à l'approche bouddhiste. Ainsi ai-je découvert que ces douleurs appartenaient à mon corps, qu'elles étaient chez elles et que je devais les " recevoir ". C'est vrai qu'en agissant de la sorte, elles disparaissaient un temps et me laissaient du répit... J'ai appris également que lutter contre douleurs et souffrance consomme une énergie phénoménale qui va nous manquer et ce système de lutte nous épuise et nous empêche a posteriori de faire face... Ensuite, j'ai été conduite par mon inconscient au Développement personnel qui préconise de lâcher prise devant des événements qui sont là, bien matérialisés et contre lesquels nous ne pouvons donc plus rien, principe qui permet déjà de ne pas les faire grossir et ensuite, de les voir s'affaiblir car on ne les a pas " nourris " de nos angoisses... Je me suis retrouvée par conséquent devant les portes de l'acceptation de ma trajectoire de vie... Peu à peu mon zona a lâché mais, la bonne nouvelle et même si cette somatisation a été un véritable cauchemar, c'est que je travaille maintenant des sphères spirituelles en terme d'Acceptation, ce qui chasse mes peurs... Je suis de facto entrée dans un univers que je ne soupçonnais pas jusqu'ici et qui est non seulement passionnant mais une aide d'une efficacité exceptionnelle...

Je vous ai livré mon modeste témoignage mais je voudrais ajouter que ce que j'ai pu constater en travaillant ces différentes disciplines, c'est qu'elles parlent toutes la même langue : faire confiance à soi, à son incarnation, à l'Univers et à l'Intelligence Infinie (Dieu pour moi)...

Portrait de cricri

En ce qui me concerne, il me semble que le jour où j'ai compris que l'Acceptation est le seul chemin de la délivrance, j'ai fait un grand pas en avant. Par contre et pour moi, ce chemin est le plus compliqué que j'ai rencontré. Chaque jour que fait Dieu, j'essaie d'y travailler de mon mieux, d'autant que le Seigneur me donne au quotidien les ingrédients nécessaires pour y réfléchir ! J'avance à mon petit rythme mais j'ai encore bien de mauvais réflexes. L'avantage aujourd'hui, c'est que j'arrive à me ressaisir rapidement et à me tourner vers Lui dont je sais qu'Il m'envoie ce dont j'ai besoin pour " mûrir " et quand ce fruit didactique est bien mûr, il se détache et la souffrance avec... 

Portrait de Mireille-cogolin

Ce qui m'a beaucoup aidée dans le temps nécessaire à ce mouvement de la douleur (plutôt morale en ce qui me concerne), c'est de recevoir ce Message divin fabuleux : tout n'est ni tout noir, ni tout blanc. Chaque épreuve contient sa part positive, ce qui peut nous faire supporter - même si ça reste extrêmement difficile, du moins pour moi - que la problématique puisse nous donner l'impression de s'éterniser anormalement... Personnellement, j'ai donc réalisé - même s'il m'arrive trop souvent encore de craquer - que l'important c'est de voir ce mouvement positif. Ce que j'ai pu constater, c'est qu'à force de voir davantage le positif d'une situation douloureuse plutôt que le négatif entraîne non seulement l'essoufflement, puis la disparition de l'épreuve, mais le rapprochement de plus en plus important vers Le Seigneur. J'ai pu constater aussi que lorsque je n'arrivais pas à supporter une douleur, le fait de prier Dieu de porter ce fardeau entraînait qu'Il accepte ma requête... Même si j'avais eu de mauvaises pensées au préalable...

Je peux vous donner l'exemple de grosses disputes que j'avais eues avec une collègue il y a quelques années et pendant de longs mois. Elle m'avait tellement désorientée, rendue malade, que je m'étais dit qu'à force de me faire du mal, elle finirait par s'en faire et que là, elle comprendrait ce qu'elle me faisait endurer. J'avoue que je l'avais souhaité. Eh bien, c'est ce qui est arrivé : elle a été gravement malade à cause d'un virus... Je sais qu'elle a souffert et qu'elle a eu un bien meilleur comportement avec moi par la suite. Elle a même d'ailleurs énormément changé en bien... J'avais supplié le Seigneur de m'aider en parallèle à supporter cette femme, tout en lui souhaitant une leçon très sévère. Ce qui est donc arrivé comme je vous l'ai expliqué. Mais, j'ai beaucoup réfléchi au fait que Le Seigneur, malgré mes mauvaises pensées, a bien voulu m'exaucer. J'en suis arrivée à la conclusion qu'Il me faisait comprendre avec subtilité que si je continuais à souhaiter du mal à ceux qui me faisaient du mal, j'allais moi aussi en prendre une bonne de rétorsion... Si j'ai encore ce mauvais réflexe, je m'excuse tout de suite auprès du Seigneur et je récite un Notre père... Vous allez sûrement penser que je m'auto-pardonne mais, en fait, j'agis ainsi pour prendre de plus en plus conscience de la gravité potentielle de ces méchants réflexes...

Portrait de Gilbert

Je trouve votre post très réconfortant, Cricri. Chaque jour que fait Dieu, il y a quelque chose à travailler et à réfléchir. J'ai l'impression d'ailleurs que c'est lorsque j'oublie de me tourner vers Lui qu'Il me fait une piqure de rappel. C'est d'ailleurs peut-être le principe de la vaccination. Elle est préventive mais pas véritablement agréable. Krishnamurti signifie représentation (murti) de Krishna (Dieu indien représenté souvent sous la forme d'un berger). Le Seigneur est donc véritablement mon seul Berger...

Portrait de Christine-zen

Je me doutais un peu de cette traduction que vous faites de cette citation...

Ce que j'en retiens donc c'est cette tendance négative qu'a l'être humain à bloquer le mouvement et ainsi le sens de sa vie... C'est sûr que j'en fais largement partie et que cette réaction erronée est à l'origine de ma souffrance et de la durée de cette souffrance.

Ceci étant, vous m'avez donné grandement envie de travailler cet axe qui, une fois intégré au nom de l'Acceptation, peut - je le suppose - contribuer à la disparition de nos douleurs physiques et psychologiques...

Portrait de yamina.174

Une de mes amies est bouddhiste. Un jour où je lui faisais part de maux de tête récurrents épouvantables que rien ne calmait, elle m'a conseillé de souhaiter la bienvenue à mes douleurs !!! Je n'étais pas en forme mais je peux vous assurer que j'ai trouvé l'énergie de lui demander si elle ne se moquait pas de moi ! Elle a continué très sérieusement en me disant que quand ce genre d'ennui arrive, il faut essayer de se mettre dans une position confortable et d'accueillir la douleur comme si celle-ci était chez elle, d'attendre et de constater le calme et l'apaisement de la douleur... J'en ai pris l'habitude et, hasard ou coïncidence (???), moi qui étais une vraie migraineuse, mes migraines ont disparu !!! Pour en avoir beaucoup parlé avec cette amie, qui était ravie du résultat, elle m'a dit que lorsqu'elle avait une grosse inquiétude par exemple, elle faisait à l'identique en disant : " Bienvenue inquiétude... Qu'as-tu à me dire aujourd'hui ? "... Comme ça avait marché pour la douleur, j'ai pris l'habitude de fonctionner à l'identique avec mes peurs, etc... Le résultat est tout aussi efficace et intéressant. C'est de la sorte que je suis entrée dans le monde du lâcher-prise et je n'ai pas à m'en plaindre...

Portrait de Claire-13

Avec tous les soucis'que j'ai je vais le faire. Surtout' que je lis'toujours les commentaires de Yamina et que je l'a trouve très sérieuse ...

Moi je vais'dire : bienvenue souci, et je vérai bien ...

Portrait de ségo

Moi aussi Yamina m'a donnée envie d'appliquer son conseil.

Rien que d'y penser, je sens le positif déjà en moi.

C'est simple et on peut le faire pour tout.

Je le conseillerai aussi quand je sentirai que qulequ'un a besoin d'aide ...

Portrait de Cécile

Je suis peut-être une copieuse mais idem pour moi. Je trouve cette méthode fabuleuse et en plus pleine d'humour , ce qui déjà dédramatise. Superbe !

Portrait de Juliette

Depuis un an et suite à une leucémie, mon mari pratique le Qi gong. Il dit la même chose que vous, accueillir la douleur. Vous confirmez sa pratique. Je vais donc m'y mettre aussi !