Depuis que notre petit Enzo nous a quittés, tout ce qui touche, aux plaisirs, aux loisirs, aux vacances, génère des problèmes chez moi, pas graves mais je n'ai vraiment pas besoin de ça pour mon moral... Ça peut être une coupe de cheveux ratée, ma voiture légèrement éraflée par un automobiliste indélicat alors qu'elle était bien garée, une addition particulièrement salée dans un restaurant moyen, du sable plein les yeux à la suite d'un coup de vent sur la plage et ayant nécessité l'administration d'un collyre, être la seule à me faire piquer par des moustiques lors d'un barbecue le soir chez des amis... Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres...
Je me demande si une forme de culpabilité, qui serait donc toujours présente en moi, n'intervient pas dans ces désagréments récurrents ? Peut-être analyserez-vous cette récurrence désagréable autrement ? Mais, surtout, pourriez-vous me conseiller et m'indiquer comment je dois m'y prendre pour parvenir à avoir un peu de plaisir malgré l'absence toujours aussi douloureuse de mon enfant ?
Cécile
Vous n'êtes pas dupe
Je ne suis pas psy mais il me semble que votre analyse est juste lorsque vous parlez de culpabilité, certainement inconsciente d'ailleurs. C'est comme si vous vous faisiez payer le droit au plaisir par les inconvénients que vous décrivez. Une sorte d'auto-punition en quelque sorte. Je crois que vous vivre responsable ne changera rien à votre douloureuse réalité. Je ne suis pas à votre place, bien sûr, et je trouve que vous assurez beaucoup à la lumière de tout ce que vous postez sur ces forums. Je suis sûre que les psys viendront vous donner leur point de vue de pro beaucoup plus pertinent que ne l'est le mien. J'ai lu quelque part dans ces forums ou dans un article psy de Signes & sens, qu'il existe un " affect " de " mauvaise mère " qui peut nous punir inconsciemment même si l'on a pas perdu un enfant. Peut-être est-ce de cet ordre ? En tous cas, vous ne donnez certainement pas l'impression d'avoir été une mauvaise mère, loin de là. Vous avez le droit au plaisir comme n'importe quelle femme, Luna. Vous ne faites rien de mal... Passez un très bon week-end, et surtout, faites-vous plaisir. Je suis sûre que votre enfant, là où il est n'a pas envie que vous vous punissiez pour lui... Bien au contraire !
Amitiés (dans le bien !) comme dit Gilbert, via Alexandre Jollien !
Cécile
yamina.174
Vous faites ce qu'on appelle des " faux liens "
Il faut savoir, Luna, que ce que vous décrivez, tout un chacun le subit et même si l'on n'a pas perdu d'enfant... Ça m'est arrivé il y a trois jours, alors que je n'ai pas d'enfant. J'étais sur un emplacement de parking devant un lycée et quand j'ai repris ma voiture, elle était rayée. Je ne me suis pas dit que j'avais un interdit sur le plaisir et je n'ai surtout pas cherché à victimiser en pensant à de la culpabilité que je pouvais avoir. J'ai mis en place mon autoanalyse et j'ai compris que je n'étais pas à ma place dans un des secteurs de mon activité, ce que j'ai la chance de pouvoir modifier. Je me suis dit que j'allais m'en occuper dès que possible. Vendredi, un collaborateur m'a proposé de prendre ce secteur en charge à partir de septembre car ce secteur demande un réaménagement, et je ne lui avais donc rien demandé !!! C'est le résultat libérateur de ma compréhension...
Je vous ai livré cet exemple concret car il faut se méfier de la victimisation qui nous guette tous si nous n'y prenons garde. Ce que vous avez vécu avec le décès de votre enfant est abominable mais, lorsqu'il vous arrive un désagrément dans le quotidien, ne le ramenez pas à votre drame. La vie doit continuer malgré nos épreuves et chaque leçon, aussi infime en apparence soit-elle, surgit pour que nous nous élevions. D'ailleurs, le sable qui vous a blessée physiquement au point que vous soyez obligée de mettre du collyre est une manifestation qui est arrivée pour que vous ouvriez les yeux dorénavant sur votre avenir... Chaque incarnation est douloureuse et contient bien des souffrances mais il faut trouver l'énergie de ne pas s'en arrêter sur ce qui nous fait souffrir. D'où l'intérêt de trouver des outils qui nous conviennent pour ne pas rester bloqué...
Peut-être allez-vous juger mon post peu amène et j'en serais désolée mais, dès l'instant où vous cherchez à vous interroger, et à nous interroger, pour quitter votre mal-être, il est un devoir de vous répondre avec sincérité. Du moins est-ce mon sentiment...
Bon Dimanche Luna mais je pense que votre question va générer d'autres commentaires et certainement d'autres points de vue : vous pourrez en faire la synthèse et prendre ce qui vous convient le mieux au nom de votre sensibilité...
Lucien
Un post qui m'a remis les pendules à l'heure !
Pour la première fois, j'ai compris - avec le post de Yamina - comme il est facile de tomber du côté finalement d'une auto-déresponsabilisation... C'est vrai qu'en se présentant comme victime, on a l'illusion qu'on est gentil et que les méchants c'est les autres... Du coup, on ne fait pas grand-chose pour s'améliorer et changer !
Cécile
Des précisions importantes
Yamina a effectivement - comme le dit Lucien - remis les choses à leur juste place. Son post m'a fait comprendre que l'on peut faire de faux liens et s'embourber dans un processus simpliste. Je me rends compte que je suis tombée dans le panneau en voulant aider Luna. La victimisation semble être en ce sens un piège redoutable. Et c'est vrai qu'il faut à tout prix en sortir, quoi qu'il nous arrive, même si ce n'est pas facile dans le cas de Luna.
luna_95
Après ma déception, j'ai quand même avancé...
Comme je me sens vite fragilisée quand on évoque la possibilité que je victimise, j'ai eu du mal au départ à admettre l'ensemble de vos commentaires et plus précisément celui de Yamina... J'ai eu la sensation qu'elle rajoutait de la peine à ma peine et d'être complètement incomprise. Ce qui m'a conduite à faire lire cette discussion à mon mari. C'est curieux les différences de caractère... Lui, il ne l'a pas du tout abordée comme moi et a beaucoup apprécié les posts, en me certifiant que le fil conducteur déployé allait désormais lui faire voir les événements du quotidien de façon plus constructive encore pour lui ! Comme c'est un homme très ancré, sa certitude m'a interpellée et j'ai travaillé ligne par ligne vos posts que j'ai donc repris un à un, et je commence à saisir ce que vous avez voulu m'expliquer, en sachant que finalement ça rejoint les principes fondamentaux de la spiritualité. Même si cette notion autoanalytique ne sera sûrement pas toujours évidente pour moi, je vais m'appliquer à remplacer le " Je n'ai pas de chance " par " Voici une jolie leçon chargée d'opportunité à voir "...
Toutes mes excuses pour mon côté épidermique avec un grand merci pour votre aide.
Je vous souhaite un excellent après-midi,
Luna
Orlan
Une reformulation à retenir
Petit café réconfortant à la main, je foromais un peu nonchalamment quand j'ai lu votre post Luna.
J'adore votre revirement psychologique et votre reformulation que je vais faire mienne...
Bon après-midi à vous,
Orlan
Jean
Votre couple est sacrément solide !
Ce qui me vient en lisant votre com, c'est la solidité de votre couple en matière de complémentarité. J'aurais bien aimé en être là moi aussi, mais chacun son destin. Certainement que je n'en avais pas besoin autant que vous, ce qui ne m'empêche pas d'admirer votre façon de fonctionner.
Ludo_437
Vous m'avez devancé !
Salut Orlan
Avec mes propres termes, c'est exactement ce que j'allais dire à Luna, sans le café à la main mais pas très loin de la nonchalance !!!
À +
Ludo
Orlan
Quand les grands esprits se rencontrent !
Normal Ludo que je vous ai devancé, je suis le plus âgé des deux !
Bon, blague à part, faut que j'aille bosser même si c'est calmos... Finalement, les études c'était le bon temps !!!
Amitiés,
Orlan