Comment le pardon nous libère-t-il de nos angoisses et des mauvaises compulsions de répétition ?

Portrait de luna_95

Je viens de lire le blog Psycho de Chantal Calatayud, qu'elle a intitulé " On ne peut pas s'égarer... " et, à la suite de ce blog, des foromers ont posté des commentaires qui m'ont beaucoup intéressée.

Une foromeuse, en apparence branchée Psy et Spi, a expliqué que tant que nous ne pardonnons pas à nos parents certains de leurs comportements qui nous ont fait souffrir enfant, ils compulsent toute notre vie sous des formes plus ou moins déguisées.

Me viennent à l'esprit deux questions auxquelles je n'ai pas de réponse :

1) - Comment le fait de pardonner nous libère de nos angoisses et des compulsions du traumatisme infantile ?

2) - Moi qui ai perdu un petit garçon d'une mort subite du nourrisson et qui n'arrive toujours pas à en faire le deuil, cela voudrait-il dire que je lui en veux inconsciemment de m'avoir abandonnée et qu'il faut que je commence une démarche de pardon vis-à-vis de lui pour que je puisse avancer sans continuer à souffrir de son absence ?

Mes interrogations risquent de vous paraître stupides mais si vous aviez la gentillesse de bien vouloir y répondre, je sais que ça m'aiderait beaucoup.

Je vous remercie de votre compréhension,

Luna 

Portrait de Cécile

Je viens moi aussi de lire le blog de Chantal Calatayud et la discussion passionnante que cela a déclenché. En ce qui me concerne, je me suis toujours plainte d'avoir une mère " anormale " même si elle s'est assumée socialement et a pu m'assumer. Elle était atteinte de maniaco-dépression. Je lui en ai toujours voulu, même si je m'en défendais. Tant que j'ai trouvé cela profondément injuste, j'étais la victime. Un travail sur moi m'a permis peu à peu voir les côté positifs de cette maladie. J'ai eu un déclic lorsque mon thérapeute m'a carrément dit que ma mère s'était " autorisée " sa maniaco-dépression ! A partir de là mon regard a changé et une démarche de pardon libératrice a pu s'enclencher. Ma mère n'étant plus le bouc émissaire qui entretenait ma plainte...  J'ai envie de dire que votre petit Enzo s'est autorisé à partir. Il y a une très belle phrase que j'ai entendu sur une radio chrétienne qui peut s'appliquer à un être cher disparu. " Dieu ne l'a pas rappelé à lui. Simplement, il l'a caché momentanément dans son sein ". Ainsi, la perte n'existe pas vraiment. Elle est une illusion, un jeu divin...

Bien à vous Luna, je ne suis pas psy mais j'ai eu envie de vous répondre car ce blog de Chantal Calatayud m'a beaucoup parlé aussi. Je pense que les spécialistes viendront vous donner des explications plus en adéquation avec votre attente. Très bon début de soirée à vous !

Cécile

Portrait de cricri

N'étant pas une spécialiste, je vais me hasarder prudemment à répondre à vos deux questions Luna...

Il me semble que pardonner à nos parents le " mal " qu'ils nous ont fait sans le vouloir élimine notre culpabilité et, par voie de conséquence, ne rend plus nécessaires les compulsions de répétition qui cherchaient à nous faire comprendre que la haine sous-jacente pouvait aller jusqu'à nous rendre malade... Ce qui me fait aller dans ce sens c'est que plus une situation douloureuse compulse, plus elle est anxiogène, plus nous cherchons à trouver des solutions pour nous en débarrasser, plus nous consommons d'énergie et apauvrissons nos réservoirs santé...

Pour votre petit Enzo, il se peut que sans en être consciente, vous lui en vouliez de vous avoir " abondonnée " (je reprends votre expression) car il paraît que c'est très fréquent chez les parents qui ont perdu un enfant... Il me semble donc qu'une démarche de pardon vis-à-vis de lui pourrait vous être très bénéfique à tous les deux, d'autant que certains mouvements spirituels assurent même que ce genre de pardon libère le (petit) défunt et lui permet de s'élever...

Portrait de Orlan

En y réfléchissant bien, je n'ai jamais fait de démarche de pardon vis-à-vis de mes parents et je vais le faire moi aussi dès aujourd'hui ayant un fiston dont je n'aimerais pas qu'il récolte un jour les fruits pourris qu'il n'a pas semés !

Du côté de ce fiston qui me gonfle particulièrement en ce moment, je vais procéder à l'identique, ressentant depuis ce conseil essentiel de pardonner qu'il est tout à fait possible que mes angoisses s'apaisant, il se comporte beaucoup mieux et de façon plus mature...

Ce n'est pas la première fois que je lis ce type de sagesse et je le laissais dans un coin de ma tête. C'est dans mon cœur que je vais le porter, le nourrir, le fortifier et l'appliquer dorénavant...

Portrait de Gilbert

Je suis entièrement d'accord avec vous, Orlan. J'ai un fils de 21 ans à qui je fais certainement payer mon non-pardon à mon propre père. Je vais aussi m'y atteler dès maintenant et ici !!!!

Portrait de luna_95

J'avais besoin de vos réponses qui m'ont beaucoup touchée...

Elles contiennent tellement d'intelligence du cœur, de sagesse, de logique, que je remercie le Ciel de m'avoir connectée sur les forums de Signes et Sens... J'y acquiers des connaissances et, surtout, une loyauté que j'ai rarement rencontrée dans mon existtence...

J'ai commencé ce travail de pardon sur Enzo. Au début, ce fut à mon corps défendant. Puis j'ai senti que c'était la voie de la libération  pour lui et pour moi comme vous me l'avez indiqué... Je l'ai senti de toute mon âme car, pour la première fois depuis son décès, j'ai pu accepter avec joie que le Seigneur me l'avait confié certes que quelques mois mais qu'Il aurait pu ne pas me donner le bonheur de l'avoir connu. Cet enfant, dans la Dimension où il se trouve maintenant, continue à me faire grandir spirituellement et sûrement aussi humainement. Ayant la certitude qu'Il est auprès de Dieu, je sais qu'il est bien et qu'il veille sur moi. Peut-être finalement était-ce une plus vieille âme que moi ?

Portrait de Ugo

Votre témoignage m'a profondément ému, Luna_95. " Il aurait pu ne pas me donner le bonheur de l'avoir connu. " Je viens d'intégrer, spirituellement, que le pardon est en lien avec la notion de gratitude.
Vous êtes une belle âme, je vais m'efforcer de suivre votre dimension spirituelle qui est un exemple pour moi. Car je dois dire que certaines de mes  " petites souffrances " comparées aux votres ( même si je n'aime pas trop ce terme de comparaison ) résistent encore au pardon.
Je vais donc arrêter de me plaindre et remercier le seigneur des épreuves qu'il m'offre pour grandir.

Portrait de Cécile

Votre acceptation témoigne d'une très grande sagesse, luna-95, et sachez que votre présence sur ces forums me fait beaucoup réfléchir et avancer humainement et spirituellement aussi. Alors un grand merci à vous et à Enzo, qui est, j'en suis sûre, dans le sein de Dieu...

Portrait de linda

Luna,j'avais une amie qui travaillait à l'hôpital Ste-Justine,de Montréal,elle voyait souvent des enfants cancéreux,et malheureusement,certains d'entre eux décédaient.

Toutefois,il arrivait que des parents disaient cette phrase «Je remercie la vie,d'avoir eu la chance de connaitre cet enfant,il m'a beaucoup apprit»

Merci Luna,votre témoignage est touchant

Portrait de Cécile

Merci pour votre post Linda. Il me semble que j'ai entendu parler de cet hôpital St Justine. Il fait un beau travail je crois.