J'ai 45 ans et je n'ai ni amoureux ni enfant.
Jusqu'à présent, je ne pensais pas vraiment à être maman dans la mesure où ça me faisait flipper !
Depuis quelque temps, vu mon horloge biologique qui a bien tourné (!), je pense beaucoup à l'adoption.
Qu'est-ce que vous pensez de la démarche qui consiste à vouloir adopter et de l'adoption en elle-même ?
J'ai une grande confiance dans la qualité de vos réponses pour vous lire régulièrement et c'est pour cette raison que je vous sollicite sur ce sujet très sérieux...
Gilbert
Tenir compte de l'âge !
Je ne veux surtout pas être donneur de leçon, chère Sylvie-570, même si j'ai été enseignant mais vous dites qu'être maman vous faisait flipper jusqu'à maintenant. Or, en ce qui me concerne, mais je ne suis pas une femme, adopter à 45 ans me ferait flipper. J'ai 60 ans et mon dernier fils a 21 ans. Je ne suis pas sûr que s'il avait 15 ans (pleine adolescence), je pourrais gérer. Je n'ai plus l'énergie de mes 40 ans. Et encore je trouve que j'ai eu mon fils un peu tard (39 ans). Pour avoir dans mon entourage des parents qui ont adopté, je sais que ce n'est pas du tout facile. De plus, vous n'avez pas d'amoureux et risquez de vous retrouver seule par moment. Bien sûr, je ne veux pas vous décourager et je ne suis en rien contre l'adoption, bien au contraire. Mais, à mon avis, il faut envisager les conséquences à long terme et ne pas s'engager sur un coup de tête. Mais je sais que ce n'est pas votre cas, sinon vous ne seriez pas venu poser votre question. Je suivrais aussi avec grand intérêt cette discussion qui me paraît très importante.
Cécile
Vous êtes courageuse
J'avoue que je n'aurais pas le courage de me lancer dans l'aventure d'une adoption. Mais pourquoi pas, si vous le sentez véritablement ? Cependant, l'argument de lâge qu'évoque Gilbert me paraît être important à prendre en compte. D'autant que je me souviens une discussion où ce problème était évoqué pour une grossesse tardive. Bien sûr, là ce n'est pas la cas, mais j'avais été interpellé par une mère qui peut s'apparenter à une grand-mère passé la cinquantaine. Je serais mal à l'aise et je pense qu'un enfant en bas âge aussi. Mais je laisse d'autre foromers vous donner leur avis qui n'ira pas nécessairement dans le sens du mien.
Floriane
Réfléchissez bien
J'allais vous répondre concernant votre désir d'adoption mais finalement en vous relisant je me suis rendu compte que là n'était pas votre question. Vous demandez ce que l'on pense de l'adoption. En ce qui me concerne je pense que l'adoption c'est bien quand on ne peut pas avoir d'enfant, pour un couple. Et en même temps un couple qui ne peut pas avoir d'enfant naturellement n'est peut être pas fait pour avoir d'enfant.
Je crois que vous devriez interroger votre "soudain" désir d'adopter, comme par hasard au moment où votre horloge biologique vous indique que vous ne pouvez/pourrez pas en avoir naturellement. Ce n'est pas anodin. Je pense d'ailleurs en vous écrivant, à la chanson de Jean Jacques Goldman "elle a fait un bébé toute seule"...
Lakshmi
L'adoption est très encadrée
J'ai dans mes connaissances un couple qui a essayé d'adopter mais qui, à ce jour, n'y est pas autorisé. La démarche n'est pas si aisée que cela et je pense que c'est bien. Il y a tout un parcours (entretiens etc...) avant que cela soit possible. Le fait que vous soyez célibataire risque, à mon sens, d'être déjà un obstacle. Je pense que l'adoption aide des enfants abandonnés à trouver un foyer mais cela reste une sacrée responsabilité que je ne suis pas prêtre à prendre. Pourtant je n'ai pas d'enfant moi non plus (ayant fait une grossesse extra-utérine, je ne peux plus en avoir) et mon compagnon ne semble pas en souffrir. Quant à adopter, nous n'y pensons pas. Un peu comme dit Floriane, nous pensons que nous ne sommes pas fait pour être parents et que, selon les idées spirituelles que nous partageons ensemble, notre créativité se situe ailleurs. Mais c'est notre position à nous !
Isabelle
Vos différences...
"Nous avons les enfants dont nous avons besoin". Ces paroles de mon analyste durant le cheminement de ma cure me portent encore aujourd'hui, et fort probablement pour le restant de ma vie, dans la mesure où j'ai cette certitude intime, que sans eux, je n'aurais jamais eu ni le courage, ni l'énergie d'avancer encore et toujours, aussi "petits" soient mes pas et mes engagements personnels. J'ai aussi en moi bien ancré, ce que disait Françoise Dolto au sujet des parents qui n'ont pas de droits mais des devoirs, dans la mesure où aucun parent ne derait l'être par volonté consciente ou inconsciente de pouvoirs".
J'ai 50 ans, et suis mère de trois garçons. Les deux premiers ont respectivement 25 et 21 ans, autant dire qu'étant de jeunes adultes, ils vivent leur vie... Ce qui ne m'empêche pas "d'être en soucis" encore quelquefois... J'élève quasiment seule le troisième, bientôt 13 ans, depuis qu'il a 8 mois. Celui-là est arrivé un peu plus sur le tard, issu d'une seconde union, lorsqu'il est né j'avais 38 ans. Je dirais, qu'heureusement que j'avais 38 ans, et surtout que j'étais déjà mère de deux plus grands avant lui... Je ne pense pas, et ça n'engage que moi, que je l'aurais "assumé" sans ces expériences de mère et d'âge... autant qu'avec un recul d'un déjà important travail analytique d'ailleurs... Et avec toutes mes failles et mes "manquements", je ne peux que vous dire, qu'être responsable de ses propres enfants c'est une énorme responsabilité... et c'est aussi bien loin des images d'Epinal ! Même si cette relation mère/enfant reste unique en soi, je serais sans doute très immature de vous dire, qu'élever des enfants c'est un "long fleuve tranquille"... Et si 50 ans permet entre autres, d'être probablement plus posée, c'est aussi beaucoup d'énergie vis-à-vis de mon plus jeune fils, qui je l'avoue humblement, n'est pas nécessairement disponible pour "autre chose" à aujourd'hui...
Quant à l'adoption... Pourquoi pas, si tel est son destin... Mais je pense que c'est sans doute encore plus compliqué aussi... dans la mesure ou "l'appartenance première", n'existe pas déjà... Et sur l'idée que je m'en fais, je pense aussi, qu'il vaut mieux être "jeune encore" pour être plus à même de traverser tout ce que cette démarche implique... Car outre tout le cheminement plus "administratif" si je puis dire... qui prend du temps et beaucoup d'énergie sans aucun doute... La réalité d'un enfant adopté grandissant, est à mon sens encore plus "difficile" quoi qu'on en dise...
Je ne suis pas à votre place Sylvie-0570... Mais peut-être serait-il plus sage d'envisager un "enfantement" autrement... N'y aurait-il pas des possibilités d'envisager un investissement autre, par le biais "d'une aide, accompagnement" via le monde artistique par exemple, auprès de "jeunes" qui bénéficieraient alors de votre expérience professionnelle, d'une façon ou d'une autre... Alors peut-être que votre horloge biologique a sa raison d'être, juste pour vous indiquer, que le temps est venu pour vous, de "vous adopter", afin de développer des aspects créatifs et des liens autres, par vos différences...
Jean
Une double abnégation !
Je me souviens de la phrase de Khalil Gibran qui dit que nos enfants ne sont pas nos enfants qui demande déjà une abnégation importante pour essayer de la réaliser. A mon sens, lorqu'on adopte, cela doit être encore plus difficile. Mais peut-être aurons-nous l'expérience de personnes ayant adopté ?
Madeleine
L'adoption, un acte d'amour qui peut faire sens
Je pense, pardon par avance à ceux qui ont adopté et que je pourrai froisser, que l'adoption est souvent envisagée comme l'ultime solution, la dernière chance pour avoir un enfant après avoir tout essayé. On voit peu de cas d'adoption spontannée. C'est souvent parce qu'il y a quelque chose qui fait " défaut " que l'adoption est envisagée .
Je ne suis pas dans ce cas là (je suis mère d'un garçon de 20 ans) et, peut-être que je suis à côté de la plaque mais je me demande dans quelle mesure cet enfant, qui arrive dans une famille où on l'attend depuis tant d'années, n'est pas chargé d'une énorme mission. Il est l'enfant qui va rendre heureux et pallier aux manques.
C'est sûre que je connais pas la souffrance que rencontrent les personnes qui n'ont pas pu avoir d'enfant mais je sais que l'adoption n'est pas un parcours facile.
Choisir l'adoption est généreux à condition que cela ne cache pas une non-acceptation de son chemin de vie : On peut être stérile pour aller vers l'adoption et donner du sens à sa stérilité !
Gilbert
Une réflexion essentielle
Je trouve le post de Madeleine d'une grande sagesse. Adopter par défaut peut effectivement faire porter une lourde charge à un enfant. Il y a longtemps, j'étais chargé de donner des cours particulier au fils adopté d'un dentiste. Cet enfant venait de Colombie et avait tout ce qu'il voulait. En échec scolaire, ses parents adoptifs ont essayé tous les spécialistes sans véritable succès. Je ne pense pas que cet enfant soit fait pour faire les études que l'on a rêvé pour lui. A mon sens, il souffrait de ce décalage et n'était pas du tout motivé. Il décevait ses parents adoptifs mais devait aussi leur en vouloir de n'être pas ses vrais parents. J'ai perçu, au-delà des apparences, une grande souffrance de part et d'autres. Sauf que cet enfant n'avait - au conscient - rien demandé. Oui, je crois qu'il faut beaucoup d'amour et d'abnégation pour adopter ! Encore une fois, la position sociale et l'argent ne résout pas tout. Ce que j'ai retenu d'important dans le post de Madeleine, c'est qu'il me semble qu'il faut éviter cet engagement pour réparer un manque et par défaut !
cricri
Désidéaliser l'adoption avant toute démarche...
Outre le fait que les règles d'adoption soient drastiques et qu'a priori il faille être en couple, j'ai rencontré dans ma vie plusieurs personnes qui avaient été déçues, voire meurtries, par l'adoption : démarrage extrêmement difficile dès l'arrivée dans la nouvelle maison de l'adopté(e) avec refus de s'alimenter notamment, somatisations récurrentes pouvant être graves, conflits terribles à l'adolescence et un seul désir en tête, celui de quitter le plus vite possible à la majorité les parents de substitution... Le problème ce sont les médias qui mettent leur éclairage sur Angelina Jolie et Brad Pitt, le couple Halliday et ses démonstrations d'un bonheur idyllique, etc... Je prends ces exemples-là dans la mesure où je crois avoir lu que vous travaillez dans le milieu du show biz qui semble vous agacer souvent... De façon plus terre à terre, il est bien évident qu'accueillir un enfant abandonné atteste de grandes qualités de cœur mais il ne faut jamais oublier qu'un enfant grandit et que son caractère est largement pétri de ce qu'il a dû supporter avant même qu'il ait le langage et cette particularité douloureuse ressort tôt ou tard... Cet être, à l'incarnation particulière, aura tendance à projeter ce qu'il n'a pas digéré sur les personnes immédiates de son entourage, même si elles sont à son écoute et généreuses...
Personnellement, j'ai fait le choix de vous répondre avec une dramatisation car je trouve que c'est plus honnête. Quant au facteur âge, j'adhère tout à fait à ce qui a été dit... Un enfant, puis un ado demandent une énergie phénoménale... Je ne veux pas vous décourager mais je crois qu'avant de faire une démarche d'adoption, il est indispensable de la désidéaliser...
Gilbert. R. Psy...
D'accord avec Cricri
Je rejoins Crici dans le sens où une adoption est loin d'être un conte de fée. Une médiatisation de l'adoption via les gens célèbres ne nous montre que la partie visible de l'iceberg. Un enfant arrive avec tout un inconscient personnel et transgénérationnel qui peut s'avérer dans le pire des cas une véritable bombe à retardement. Dans un de ses ouvrages, Chantal Calatayud, psychanalyste et écrivain, fait allusion à un fait divers qui m'a marqué car, d'un point de vue inconscient, il s'explique tout à fait. Il s'agit d'un drame horrible . Un enfant adopté qui tue ses parents adoptifs car son inconscient avait gardé en mémoire les horreurs qu'il avait lui-même subi étant bébé. Bien sûr, il s'agit d'un cas exceptionnel mais qui va aussi dans le sens d'une désidéalisation nécessaire lorsque l'on pense à cette démarche qui est loin d'être anodine et sans conséquence future.
Sylvie-0570
J'étais en plein " délire " d'enfant !!!
Vous m'avez refroidie ! Ce n'est pas une plainte de ma part ni une réaction hostile d'ailleurs...
Je ne sais pas en fait ce qui m'a passé par la tête ???
Finalement, c'est peut-être aussi à moi d'apprécier ce que ma non-maternité m'a apporté et m'apporte... Je vais revoir sérieusement ma copie car j'ai le sentiment qu'avec cette question, j'ai franchi la ligne jaune et que j'allais entrer en plein délire d'enfant et non pas en plein désir ! D'autant que je ne suis pas sans ignorer la charge émotionnelle que constitue un enfant, ne serait-ce qu'en terme de responsabilité...
yamina.174
Le retour salvateur du bon sens...
Permettez-moi de vous dire, un peu brutalement comme à mon habitude mais ce n'est pas méchant, que votre atterrissage m'a rassurée et va rassurer plus d'un foromer ! Remarquez que je peux être capable de ce genre de lubie qui m'avait du reste traversé l'esprit il y a quelques années... Ceci dit et compte tenu du contexte sociétal difficile et inquiétant, je ne regrette pas aujourd'hui de ne pas avoir d'enfant...
clémentine-78
Il y a aussi des gens qui ne veulent pas d'enfant
C'est le cas de l'acteur Benoît Poelvoorde... J'ai lu une interview de lui sur Internet dans laquelle il laissait entendre qu'ayant eu un mauvais père, par conséquent l'aventure ne le tentait pas... C'est raisonnable...
Lakshmi
La parentalité n'est pas la clé du bonheur
Il m'a fallu passé par l'acceptation de ne pas avoir d'enfant pour comprendre que la parentalité n'est pas la clé du bonheur. Je pense que je dispose d'une liberté que j'aurais été incapable de sacrifier pour élever des enfants. Malgré les apparences, je trouve aujourd'hui que la vie est bien faite et que j'ai le destin existentiel qu'il me fallait pour évoluer. C'est normal qu'une telle pensée vous soit " passée " par la tête, Sylvie. Le tout étant de ne pas en faire une obsession, ce qui est loin d'être votre cas, si j'en juge par vos posts ici et là !
Ugo
Pas facile
Je trouve vos témoignages plein de sagesse. Parceque je pense, comme cela a été induit, qu'élever un enfant adopté est bien plus difficile qu'élever son propre enfant. Même si Khalil Gibran dit que " nos enfants ne sont pas nos enfants ", en pratique je pense aussi qu'il faut faire preuve d'un grand courage et d'une grande acceptation des différences.
J'ai dans mon entourage un couple d'amis qui a adopté un frère et sa sœur, lorsqu'ils avaient déjà quelques années. Aujourd'hui ils sont tous les deux adolescents. Mes amis ont passé des années très difficiles psychologiquement. Ils ont certainement grandit face à ces épreuves, en attendant je sais qu'ils ont bien desidealisé l'adoption.
nanou-69
La psy pour mieux le vivre !
Lorsque j'ai passé mon entretien pour être assistante d'éducation, nous étions plusieurs et j'ai sympathisé, en attendant mon tour, avec une fille. Nous avons pris un café ensemble ensuite et elle m'a expliqué qu'elle avait été adoptée et qu'elle avait eu besoin de faire une psychanalyse et que ça l'avait beaucoup aidé. C'est sans doute un peu grâce à elle que je fais aujourd'hui confiance à la psy.
Ugo
Une chance de plus
Oui, la psy a toute sa raison d'être. Vous permettez de souligner, une " foi " de plus sur ces forum, que chaque difficulté rencontrée est une chance de plus d'évoluer vers un mieux être.
Ugo
À Jean
Toutes mes excuses, Jean, pour avoir cité de nouveau Khalil Gibran. Ça m'apprendra à ne pas lire tous les com en détail !
Jean
Pas grave, Ugo :-)
Cela signifie surtout que nous sommes sur la même longueur d'ondes !