Le lâcher prise spirituel ?

Bonsoir Gilbert, ta question sur le lâcher prise spirituel me fait penser à une conférence d' Alexandre Jollien avec Matthieu Ricard. Le jeune philosophe, toujours plein de sagesse et d'humour, cite l'expérience du détachement qu'il a faite un soir sous un arbre, puis le retour à sa chambre. N'arrivant pas à s'endormir, gesticulant dans tous les sens, son mental ressassant l'idée de détachement qui ne dure qu'un temps, il se demande alors de quoi devait-il se détacher ? sa réponse a été : du détachement lui-même !
Bon, je n'ai pas tout à fait répondu à ta question, mais voilà ce que ça m'inspire. Le lâcher prise spirituel est-il un lâcher prise du lâcher prise ???

C'est marrant, j'ai vu la conférence dont parle Ugo. J'ai d'ailleurs l'impression qu'Alexandre Jollien, avec son humour habituel, se moque gentiment et tout en subtilité du sérieux de Matthieu Ricard, qui n'est visiblement pas très à l'aise sur le moment. Un véritable pied de nez à un " discoureur " supposé-savoir. Le lâcher-prise spirituel, à mon sens, c'est aussi arrêter de se prendre au sérieux pour ne pas prendre le risque d'une religiosité de façade. Pour le plaisir je vous donne le lien de cette leçon de sagesse et d'humour : http://www.dailymotion.com/video/xrp9rk_la-meditation-au-quotidien-avec-...

Ps : ce que dit Matthieu Ricard à la suite me paraît terne... Mais bon, ceci n'est que mon avis !

Merci Jean pour le lien de la vidéo ! Je vais la regarder de nouveau avec grand plaisir. Je me souviens en effet de la différence de posture entre les deux hommes. Je suis d'accord avec vous sur cette notion de ne pas se prendre au sérieux. Une belle invitation à plus d'humilité.

Je viens de visionner aussi cette vidéo. Elle m'a beaucoup parlé. D'autant que je viens de lire un texte passionnant de Sofia M qu'elle a intitulé " Ne nous aveuglons pas avec la psychanalyse " adressé à une foromeuse mais par lequel je me suis senti concerné aussi. D'où le titre de mon post. Oui, lâcher prise, c'est avant tout faire preuve de beaucoup d'humilité. Et je sais que c'est très difficile pour moi tout en ne perdant pas espoir !

Je n'avais pas vu cette question et c'est dommage parce que, pour moi, il s'agit-là d'une question primordiale.

Il me semble que les personnes qui arrivent à lâcher prise en toute circonstance ont réussi leur vie... C'est en ce sens, et au risque de choquer (excusez-moi si vous êtes athée...), que pour moi il n'y a pas de différence entre le lâcher-prise psychologique et le lâcher-prise spirituel.

En psychologie, les psys diront probablement que les personnes qui parviennent à lâcher prise ont pris confiance en elle. En spiritualité, on appellera ce niveau la foi... Ce qui revient au même car je ne pense pas que l'on puisse atteindre un niveau de foi tel si notre inconscient reste agité et perturbé par des angoisses...

Jacques Lacan a transmis a peu près ceci, en parlant de la fin d'un accompagnement psy : Lorsque l'analysant dit qu'il est heureux, c'est assez... Tout dépend effectivement, pour chacun, de ce qu'il vient chercher chez le psy. En ce qui me concerne - je suis croyant  -, je ne peux dissocier la confiance en soi de la confiance en l'innéfable,  ce qui résiste à l'analyse, même menée à son terme. Le lâcher prise, oui Christine, c'est le lâcher prise !

Moi non plus je n'avais pas vu ce thème si important. Ne serait-ce que pour tenter d'atteindre un bel équilibre psychologique et ainsi une bonne santé, sans compter que ceux qui cherchent à nous en rajouter une couche ne peuvent plus parvenir, grâce à ce fameux lâcher-prise obtenu, à atteindre leur cible, ce qui constitue encore une protection supplémentaire non négligeable...

Je suis globalement d'accord avec ce que dit Christine-zen mais je me permettrai d'y ajouter ma sensibilité et mon expérience de vie...

Quand on a eu de gros chagrins, de gros soucis, il me semble qu'on a tendance à s'intéresser aux ressorts de la psychologie. A fortiori des personnes qui pouvaient se sentir un peu démunies comme moi qui écoutaient alors " religieusement " Françoise Dolto à la radio et ses recettes a priori miracles mais qui ne marchaient pas chez moi avec mes enfants ! Alors, j'achetais ses livres, tous ses livres, et quand elle passait à la télé, je regardais cette mère " idéale ", que j'aurais adoré avoir comme mère et dont j'aurais aimé avoir toutes les compétences qu'elle dispensait... Mes filles grandissaient et chacune d'elles ayant un caractère bien trempé, mon mari et moi aussi (les chiens ne font pas des chats !), notre famille échouait lamentablement, surtout quand Œdipe est passé par-là (je ne savais pas à l'époque que dans les autres familles, c'était à peu près pareil, mais mon ignorance m'a servie finalement !) ! J'étais carrément désespérée et j'agaçais sérieusement mon mari avec mes inquiétudes, lui partant du principe que dès l'instant où on est sur Terre c'est que tout un chacun a quelque chose à y faire ! Bref, comme sa philosophie de vie ne me rassurait pas, je me suis souvenue (après une sorte de phase d'athéisme, plutôt de doute d'ailleurs) qu'il y avait Dieu et que l'avantage, c'est qu'Il avait toutes les clés salvatrices... Et j'ai démarré un vrai travail spirituel, occasionnant de belles rencontres, et je continue aujourd'hui parce que je crois avoir enfin compris (nous en parlons souvent sur ces forums) que l'existence ne peut pas être un long fleuve tranquille dans la mesure où elle est une succession d'apprentissages, pour l'essentiel possibles grâce aux obstacles, voire aux incompréhensions que nous croisons... En riant, je dis souvent que je suis une étudiante en spiritualité très loin d'être diplômée ! 

Je ne crois pas m'éloigner du sujet car je voudrais dire que lâcher prise signifie certes qu'il faut accepter de monter les marches d'un escalier escarpé mais qui, et c'est ce qu'il ne faut surtout pas oublier, a des rembardes de sécurité (selon le plan divin) mais à condition de revenir à soi (notre parcelle christique) dès qu'une situation ou quelqu'un nous fait mal ou peur. À l'intérieur de soi, tout est bon puisqu'il s'agit de l'Être et non de l'avoir. Et personne, même le plus horrible des persécuteurs, n'a accès à cette zone intime... Autrement formulé, lâcher prise c'est réaliser que notre meilleur ami c'est soi, ce self qu'il faut chérir quoi qu'il en soit... Imaginons qu'un membre de notre famille soit gravement malade. Une fois que nous avons fait pour lui ce qu'il était en nos moyens de faire, il faut revenir à soi. Malheureusement, c'est cette étape que nous oublions et c'est ce qui réveille nos angoisses qui profitent alors de cet oubli de soi, de ce déni de soi-même. En se redirigeant vers soi, l'Esprit saint peut nous aider à lâcher prise parce qu'il n'y a ainsi aucune confusion avec cette personne malade qui n'a pas la même destinée que moi puisqu'à l'instant T, je ne suis pas malade. Mais tant qu'on mélange son histoire avec celle d'un autre, c'est une catastrophe que cette espèce de coït libidinal aberrant, sûrement œdipien la plupart du temps, qui nous pousse à réduire l'autre à notre image ! Dieu nous a faits tous différents et il faut respecter cette évidence. C'est cela lâcher prise. Lorsque j'ai senti que seul ce respect des différences était à considérer, je suis enfin parvenue à ne plus confondre ma trajectoire de vie et celle de mes filles. De fait, je n'ai plus trembler pour elles... Tout devenait soudain logique. Partant de là et de façon instinctive, j'ai regardé mes filles autrement. Je voyais enfin leurs belles différences, leurs superbes qualités, leurs réactions courageuses, et même si elles ont sûrement des défauts, je sais maintenant que ceux que je croirais identifier ne seraient jamais que les miens, véhiculés par des reliquats de traumatismes de mon enfance, identification qui serait donc nulle et non avenue...

J'en arrive en fait à la même conclusion que Christine-zen : tout lâcher-prise est psychologique mais, comme le dit la Sage Mâ Ananda Moyî, il n'y a dans toute manifestation que Dieu et Dieu Seul... Par conséquent, le lâcher-prise est quoi qu'il en soit et avant tout spirituel, car d'essence et d'Inspiration divines...

Quel bonheur de vous lire Cricri. Ma fille vient de partir de la maison pour ses études supérieures. Cela m'a pris beaucoup d'énergie mais je suis heureuse d'avoir fait ce que je devais faire pour elle. Mais maintenant, je vais faire ce que vous dites : revenir à moi. C'est toujours ce que j'oublie de faire. Le lâcher prise se situe là...
Je fais le lien avec la chanson "Débranche" de France Gall avec le refrain "Débranche tout, débranche tout, revenons à nous !"

J'ai écouté cinquante fois cette chanson de Michel Berger chantée par France Gall (une chanteuse et une femme accomplie à mon sens), et je viens juste de faire le lien grâce à vous Juliette avec ces paroles, plus sensible que je suis au contenant (la musique) qu'au contenu... Elle parle donc du lâcher prise. Comme quoi, ces forums sont sublimes !!! Du coup, je me la réécoute autrement. Super !

Vous avez raison, et c'est ce qui me manquait pour intégrer ce le lâcher-prise. " Revenir à soi " après avoir fait ce que l'on avait à faire. Cela fait lien avec la transmission du Dr Emmet Fox. Comme vous le dites, Cricri, allez vers Dieu c'est revenir à notre part divine.
Merci !

J'aime beaucoup aussi, Ugo, cette idée de revenir à notre parcelle christique comme le dit magistralement Cricri. J'aime bien jouer avec les lettres et je me rend compte que le mot " critique " avec le h et le s (la critique HS) donne justement le mot Christique. Hors de tout jugement. C'est peut-être tiré par les cheveux mais bon ! Lâcher prise, comme le dit Fox, c'est finalement soumettre une situation difficile à la pensée juste ce qui revient à rejeter le fardeau sur le Christ qui est en nous...