Ma mère me dit qu'elle pense au suicide

Portrait de Elise

Ma mère est très spéciale. Certains diraient fantasque. Des membres de ma famille disent carrément qu'elle n'est pas toute seule dans sa tête, entendez par-là zinzin...

Pas simple pour moi, fille unique et père genre plutôt passif. Sauf que je suis allée déjeûner chez mes parents ce midi avec mon amie et quand mon père et mon amie sont allés faire un tour au jardin, dont mon paternel est très fier, ma mère en a profité pour me dire qu'en ce moment elle avait des idées noires et qu'elle pensait de plus en plus au suicide ! Je suis restée éberluée et je n'ai pas su quoi lui dire, à part des banalités comme qu'elle était belle, bien entourée, bien logée et, figurez-vous qu'elle s'est mise à me crier dessus, que je ne comprenais rien à la vie, pas étonnant d'ailleurs parce que j'étais homosexuelle et que je ne savais même pas ce que c'était qu'une famille, et qu'elle comprenait pourquoi mon caniche avait préféré mourir prématurément !

J'ai cru que j'allais m'effondrer. Bien sûr je n'ai rien fait voir à mon père et sur le chemin du retour, j'ai raconté l'histoire à mon amie. Elle m'a dit texto que je n'avais qu'à " lui riposter " et que de toute façon je ne savais jamais comment riposter à ma mère !!! Déjà, je n'ai pas compris ce que la riposte venait faire là et je l'ai dit à mon amie qui a pris la mouche et qui ne m'a plus parlé jusqu'à ce qu'on arrive à la maison ! Charmant... En fait, ce qu'elle n'a pas compris ou ce qu'elle ne veut pas entendre, c'est est-ce que je dois m'inquiéter pour ma mère ? Est-ce qu'elle peut mettre ses menaces à exécution et finir par se suicider parce que ce n'est pas la première fois qu'elle m'en parle ? Quelle attitude dois-je avoir vis-à-vis de ce problème ? J'avoue que ce soir non seulement je suis complètement vidée mais je me sens paumée...

Merci pour votre aide.

Elise

Portrait de Jean

Je peux comprendre votre désarroi pour avoir eu ce type de menace de la part de proches. Elles m'ont toute fait culpabiliser mais de moins en moins quand même. La première, c'était il y a longtemps, concernait un ami. Il n'est jamais passé à l'acte et s'en est plutôt bien sorti dans la vie. J'ai appris par la suite que quelqu'un qui se suicide n'en parle pas. On est d'ailleurs souvent très étonné car personne ne s'y attendait véritablement. Pour votre mère, il s'agit - à mon sens - d'une plainte qui vise à vous faire culpabiliser. Et elle y a visiblement réussi. Elle s'est déchargée de son mal-être sur vous. Et puis, ce n'est pas la première fois qu'elle le fait. A votre place, je ne m'inquièterai pas de trop même si encore une fois je sais que ce n'est pas évident. Et au pire, je crois qu'il est pratiquement impossible d'empêcher quelqu'un qui veut vraiment se suicider. Il y a eu une discussion là-dessus où il était dit que celui qui se suicide fait en fait preuve d'une toute puissance pathologique. Il n'est bien sûr pas question de juger celui qui choisit ce geste. Par contre, il n'est pas question non plus de s'en sentir responsable...

Portrait de Juliette

Lorsque j'étais jeune, mon père me faisait régulièrement du chantage au suicide. Il avait un ami qui s'était suicidé et me disait qu'un jour, il aurait aussi le courage de le faire. Mon père est toujours vivant et pourtant toujours aussi fragile psychologiquement. J'ai fini par me dire que, de toute façon, je ne pouvais rien pour lui. Il est suivi depuis longtemps par un psychiatre et c'est très bien. Je ne pense plus du tout à ce qu'il pourrait faire et profite des moments présents avec lui. Et cela fait bien longtemps qu'il ne m'a plus parlé de suicide.

Portrait de Viviane

Je pense que ce genre de menace c'est toujours un peu effrayant quand même ! Mais je crois moi aussi, que le fait de le dire, outre la menace, induit la plupart du temps, qu'il n'y aura pas de mise en acte... (Je pense à deux individus dans mon entourage, qui eux se sont suicidés, mais n'en avait jamais parlé auparavant, à ma connaissance)... Et dans le pire des scénarios... Que pourriez-vous faire pour l'en empêcher ? Vous allez vivre avec elle 24 heures/24, histoire de la protéger d'elle-même ? D'autant, qu'elle vit avec votre père... Elle n'est pas seule au quotidien... Et pourquoi ne pas dire à votre père, ce que votre mère vous a dit d'ailleurs ? Le fait même qu'elle vous dise, en colère, que vous ne comprenez rien à la vie... est là pour vous permettre de bien entendre, qu'elle est en projection... mais le simple fait, qu'elle soit en colère, à mon sens, permet peut-être aussi d'indiquer que malgré tout, la pulsion de vie est plus importante, que ce que sa menace voudrait induire... il me semble, que pour la plupart de ceux qui passent à l'acte, la colère n'est pas extériorisée déjà, pour peu qu'il y en est encore d'ailleurs... Car j'aurai tendance à dire, que ceux qui se suicident, n'en sont plus à un "état de colère", mais plutôt sur des aspects de "mélancolies" dans un sens de "désespoirs" en quelque sorte... En tout cas, c'est comme ça que je le comprends...

Portrait de Cécile

Bonjour Elise,

Vous nous avez déjà parlé des difficultés de votre mère au niveau psychologique. Il me paraît évident qu'elle n'accepte pas votre différence et qu'elle veut vous faire payer sa non-acceptation. Elle se compare d'ailleurs à votre caniche touchant ainsi votre sentiment de culpabilité. Comme le dit Viviane, peut-être pouvez-vous en parler à votre père et ainsi ne pas prendre sur votre dos tous les malheurs de votre mère. Je ne pense pas moi non plus qu'elle passe à l'acte. Elle me semble bien trop projective pour cela...

Portrait de Gilbert

Mon frère, handicapé, a eu ce type de discours. Il est vrai qu'aucune rationalisation ne tient face à ce qui touche, comme le dit Viviane, à un aspect mélancolique. Mais le fait que votre mère en parle lui permet de mettre cet état à l'extérieur, même si cela est difficile pour l'interlocuteur qui ne peut pas grand chose, si ce n'est être là et écouter la plainte. Mon frère n'est pas passé à l'acte, si ce n'est qu'il est décédé de sa pathologie peut-être parce qu'il n'a pas oser exprimer ses colères à l'extérieur. Il était du genre très silencieux. Ce qui n'est pas le cas de votre mère...

Portrait de Lili

Bonjour Elise,

Comme les autres foromers, je crois que je peux dire que je compatis avec votre mal être vis à vis de votre mère. Mon père aussi,  un  veuf mélancolique me disait depuis mes 18 ans qu’il souhaitait se suicider, il rajoutait également qu’il le ferait  dès que moi, la dernière de ses trois filles, j’aurais fait ma vie (sous entendu, que je serais casée affectivement et que j’aurais un travail). Je pense qu’il avait sans doute peur que je m’éloigne de lui et pratiquais une forme de chantage à l’abandonnisme. En tout cas, je me suis mariée et ai trouvé un travail mais il n’est pour autant jamais passé à l’acte. Peut-être tous ces témoignages pourront-ils vous faire dédramatiser et prendre du recul par rapport à cette situation.

D’autre part, pardonnez-moi  si  je suis un peu directe, mais peut-être serait-il intérressant pour vous, de vous interroger sur ces situations qui semblent se répéter à la suite de vos visites dominicales chez vos parents, comme vous l’avez déjà évoqué dans une précédente discussion. Elles semblent être depuis plusieurs fois déjà l’occasion de provoquer une incompréhension et un conflit avec votre amie,  comme si vous laissiez votre mère indirectement et de manière peut être trop permissive s’immiscer dans l’entente de votre couple.

Vraisemblablement, comme l’ont dit les différents intervenants,  votre mère vous fait-elle un chantage inconscient, pour des raisons qui la regardent. Je trouve intéressante en tout cas l’idée suggérée d’en parler à votre père, qui si elle se sent vraiment mal est la première personne concernée et qui pourra peut être agir. En plus, cela vous permettrait de vous « décharger » de cette angoisse et peut être de vous rassurer.

Et  vous concernant, vous pourriez tenter de comprendre  pourquoi vous  permettez implicitement à votre mère de prendre en quelque sorte la place de pomme de discorde dans votre couple le dimanche soir. Cela cacherait-il quelque chose ?

J’espère vous avoir apporté quelques pistes de réflexion.

Portrait de Lakshmi

Comme Lili, j'ai l'impression que chaque fois que votre mère vous pose un souci, cela se répercute sur votre couple. Malgré les difficultés, je crois que la priorité c'est votre couple. Et puis si vous sentez que ce peut être une source de conflit lorsque vous vous confiez à votre amie, essayez de gérer vous-même le problème sans lui demander son avis. Cela éviterait peut-être d'en rajouter une couche... Mais je ne suis pas psy !

Portrait de yamina.174

En ce qui me concerne et pour avoir entendu ma mère me raconter X fois qu'une de ses grand-tantes avait passé sa vie, à partir du moment où son mari l'avait quittée pour une autre, à faire du chantage au suicide et qu'elle était morte de sa belle mort et dans son lit à 90 ans (!!!), j'ai commencé à voir le suicide autrement, même si la littérature psychanalytique, entre autres, m'a fait de son côté envisager ces menaces comme le comble de la haine dirigée vers les proches... Ceux-ci ne vivent plus mais survivent et c'est là qu'il y a quelque chose à changer...

Dans votre cas, je pense que ce serait une grave erreur d'en parler à votre père qui doit entendre quant à lui ce genre de jérémiades de la part de sa femme à longueur de journée ! Ce qui doit l'épuiser et lui ôter une grande quantité de son énergie et de sa joie de vivre, même s'il s'échappe dans son jardin. Ensuite, le fait de le lui dire, remettrait en place INCONSCIEMMENT un scénario œdipien où vous - la fille - critiqueriez votre rivale inconsciente : votre mère, critiques dont vous attendriez alors que votre père prenne votre parti... Et soyez assurée que ça ferait brûler le torchon...

En ce qui concerne votre amie et même si sa réaction vous a déplu, elle vous a livré un précieux conseil : " riposter " pour stopper ces sarcasmes car vous n'avez pas à être le bouc émissaire de votre mère. Une mère qui se respecte DOIT tout au long de son existence chercher à protéger son enfant, et non pas l'inverse, sauf - bien entendu - dans des cas extrêmes où le parent est déficient. Ce qui n'est pas le cas de votre mère, d'autant qu'elle ne vit pas seule et n'est pas sans ressources, Dieu soit loué... Si elle venait à vous menacer encore de se suicider, dites-lui qu'elle en a parfaitement le droit et passez à autre chose dans la discussion... Ce genre de " riposte ", pour reprendre encore une fois l'expression de votre amie, présente l'avantage de responsabiliser la personne au niveau de ses passages à l'acte et de lui faire comprendre implicitement que le monde continuera à tourner même sans elle... 

Portrait de Orlan

C'est dur en apparence ce que vous dites Yamina mais j'adhère à votre conseil radical... D'une part et comme ça a été dit, quand on veut se suicider on ne fait pas passer le tambour (on a plusieurs exemples de célébrités qui sont passées à l'acte définitivement sans prévenir à l'avance qui que ce soit de leur geste fatal), ensuite et quel que soit le cas de figure, on n'a pas à prendre ses proches en otage...

Portrait de cricri

Il est toujours surprenant que ces personnes qui projettent leur mal-être sur les autres, en n'y allant pas avec le dos de la cuillère, si je peux m'exprimer ainsi car le suicide ce n'est quand même pas rien..., n'aient pas le moindre désir de consulter un psy, préférant terroriser la famille... Mais cette attitude fait peut-être partie de leur pathologie ???

Portrait de Sofia M

Toute menace de suicide touche à la pulsion de mort et la pulsion de mort étant une pulsion de haine, elle n'est jamais très sympathique. Ensuite, dans cette forme de névrose majeure, le fait de chercher à contrôler l'interlocuteur est pris dans une gangue libidinale inconsciente dans laquelle les enjeux peuvent être légion. Chez la maman d'Élise, il y a sûrement de la jalousie et de la rivalité pour sa fille mais qui s'étayent sur une problématique de la toute petite enfance. Toutefois, si ce genre de profil ne consulte pas un psy c'est qu'au fil du temps, le psychisme s'est arrangé pour retirer de cette situation effectivement œdipienne ce que Sigmund Freud appelait des " bénéfices " et qui ont pu marcher en apparence car la victimisation offre ses avantages ! Malheureusement, la personne victimisante finit par se perdre dans son propre piège qui n'interpelle plus grand monde... Aussi est-elle obligée de renforcer sa posture plus que négative, déniant progressivement le principe de réalité, jusqu'au jour où l'escalade est telle que la confusion entre fantasme et réel est d'une telle force qu'elle conduit au cimetière... En même temps, en dehors de ce rappel identitaire que préconise Yamina, il est difficile de stopper la machine infernale, ne serait-ce que parce que les tentacules cherchent à rendre responsable un ou des membres de l'entourage... D'où l'intérêt effectivement de rappeler à la personne suicidaire que son corps lui appartient et que si elle veut le détruire et se détruire, c'est son histoire à elle...

Portrait de Mireille-cogolin

Le tout c'est donc toujours la même problématique : comment ne pas tomber malade à cause de ces malades (comme je le dis, le terme " malades " n'est pas péjoratif car la menace d'un suicide me semble très pathologique) et c'est de fait le problème d'Elise ?

Portrait de Lucien

Comme ça a été signalé dans cette discussion, il s'agit de rester le plus neutre possible. À ce sujet, on peut consulter la discussion fort intéressante qui a été lancée ce samedi par Vincent en Ésotérisme et Développement spirituel et qui donne des outils pertinents genre mise à distance du problème pour se protéger psychologiquement.

Dans la reprise de cette idée, Élise peut se dire - lorsqu'elle sent monter une inquiétude par rapport à sa mère - qu'elle a la chance de ne pas être suicidaire... De toute façon, il y a longtemps que je pars du principe que tout est écrit. Alors, si la destinée de cette dame c'est de se suicider, personne n'y pourra rien, et peut-être qu'elle-même n'y pourra rien... De raisonner comme ça, ça m'aide personnellement à lâcher prise, y compris pour les membres de ma famille, qui ne sont pas suicidaires, mais qui peut empêcher un drame de la circulation, une maladie, une mauvaise rencontre, un attentat dans un magasin, un fou aux commandes d'un avion, un kamikaze sur une plage... ? Ainsi, selon moi, Élise, il est nécessaire que vous lâchiez prise par rapport aux menaces de votre mère car, en plus, vous n'êtes pas la mère de votre mère...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Oui, Orlan a raison. Ce que dit Yamina peut paraître dur mais c'est la seule posture à tenir face à la pulsion de mort. Il est en effet de toute première urgence de " castrer " comme nous disons dans notre jargon. Une amie m'a raconté un jour, alors que l'un de ses très proches lui faisait le coup de la menace du suicide qu'elle a " riposté " à peu près ceci  : Ok, fais ce que tu veux. Sache que j'irai à ton enterrement, mais dès le lendemain, je reprendrai mon travail comme d'habitude... Cette confidence montre un réel lâcher prise, aussi bien psychologique que spirituel d'ailleurs (une discussion porte sur ce sujet). Inutile de vous dire que ce proche ne s'est pas suicidé... Mais je pense que s'il était passé à l'acte, cette amie aurait tenu bon et aurait fait ce qu'elle avait dit  !

Portrait de Igor.P

Je sais que ce n'est pas facile à vivre, Elise. Ma compagne me tient le même discours une fois par mois. Et j'avoue qu'à chaque fois je tombe dans le panneau.
A l'écouter dans ces moments là, la vie est un drame et en partie de ma faute biensûr. Sauf que le lendemain, après que je me sois bien inquiété et après avoir bien culpabilisé, elle se réveille en siflotant, comme si tout aller bien et que rien ne s'était passé.
Je suis d'accord avec ce qui vous a été dit, même si ce n'est pas toujours facile à tenir. Je vais aller dans ce sens parceque je m'apperçois que d'accréditer son chantage c'est encore pire, et j'y passe une grande partie de mon énergie. A plusieurs reprise elle m'a demandé ce qu'elle pouvait faire. Je lui est conseillé d'aller consulter un médecin ou un psy car je trouvais que l'affaire était sérieuse et grave. Pour m'entendre répondre sur un ton agressif qu'elle n'avait pas besoin d'aide ( alors qu'elle venait de me solliciter ! ) que personne ne pouvait la comprendre etc. Une sorte de cercle vicieux.

Maintenant j'ai des éléments supplémentaires intérressant à mettre en pratique pour ne plus me laisser vider, grace à votre post. Merci.

Portrait de Lakshmi

Si j'avais des vélléités jusqu'ici à encore tomber dans ce type de " tentacules ", comme le dit Sofia M., j'ai compris aujourd'hui qu'une personne qui fait cette menace à son entourage est une véritable pieuvre pathologique et surtout que l'on peut rien pour elle si ce n'est s'en dégager. Par ailleurs, le post d'Igor montre que même si ce n'est pas facile, il n'y a pas d'autres choix. Bon courage Igor, je vous souhaite de trouver l'énergie de sortir de cette spirale.

Portrait de Lili

Je vous remercie également pour vos commentaires Yamina, Orlan, et Sofia M,

Pour ma part, je crois que jusqu’à aujourd’hui, y compris en écrivant mon commentaire pour Elise, j’avais bien trop minimisé l’ampleur de la menace, qui est un peu plus qu’une simple menace  abandonnique, une véritable projection de haine, d’autant plus qu’elle est faite par un parent sur son enfant, et même adulte, elle s’avère terrorisante. Je m’étais endurcie à l’époque comme je pouvais, y compris en m’éloignant géographiquement de mon père mais je pense que la culpabilité m’aveuglait encore. Et riposter comme dans vos commentaires  m'aurait été impossible,  mais  vous lire me fait voir les choses autrement. En tout cas, je n’avais pas réalisé non plus (aveuglement oedipien  ? ) que cela pouvait être une réelle pathologie (il n’est jamais trop tard pour « ouvrir les yeux » )

Alors merci pour vos témoignages et bon courage à vous Elise et Igor P..

Portrait de nanou-69

Lorsque j'ai décidé de quitter le père de mon fils parce qu'il était violent et qu'il a compris que c'était définitif, il a fait aussi du chantage au suicide. Je me rends compte qu'il jouait une carte encore plus abominable que lorsqu'il montrait directement sa haine. J'ai failli craquer mais c'était lui ou moi et j'avais un enfant à protéger. Aujourd'hui les choses se sont apaisées un peu. Il a retrouvé une compagne. J'espère seulement qu'il ne répètera pas la même histoire. En tous cas pour moi, en vous lisant, je pense qu'instinctivement quelque chose en moi m'a aidée. Et je souhaite à toutes les personnes qui sont dans cette situation de chantage la même aide intérieure que moi. Amitiés à toutes et à tous !

Portrait de Elise

Si j'apprécie beaucoup ces forums d'une manière générale, je dois avouer que je ne m'attendais pas à autant de conseils pleins de sensibilité et de bon sens. Merci.

Vos commentaires m'ont canalisée et, aujourd'hui, j'ai le sentiment réel que vous m'avez donné une clef précieuse qui allie le psychologique et le spirituel. Vous m'avez fait grandir d'un coup mais il est vrai que j'aurais été incapable sans vos apports de réaliser, aussi énorme que cela puisse paraître, que le corps de ma mère lui appartient et qu'elle peut en faire ce qu'elle veut... Je ne priverai pas de le lui dire si elle recommence à me menacer de se suicider...

Portrait de Claire-13

Je voudrai dire que cette discussion m'a beaucoup apporté vu le,problème d'alcool de ma maman , même si elle  tient bien lecoup en ce moment et qu'elle ne boit que de l'eau, des jus de fruits, des soda, du coca parce que ce que je voulai vous dire c'est que j'ai bien comprit que son corps lui appartiend aussi et que si elle s'abime ça ne me rzgarde pas vraiement. 

Portrait de Orlan

Vous réagissez très bien Claire-13. Comme Élise d'ailleurs.

Par expérience, je sais que lorsqu'on a la chance de réaliser, de ressentir, même si dit comme ça ça paraît ahurissant, que le corps de l'autre ce n'est pas le mien, on a fait un pas de géant.

Ayant un adolescent qui vire façon Œdipe depuis quelques semaines, il est bien évident que je flippe un peu mais je travaille sur ces angoisses inutiles, ce qui rejoint cette discussion. Effectivement, je me dis que s'il se met à fumer, voire plus si affinités (!), je n'y pourrai rien car son corps n'est pas mon corps. Avec ma femme, nous lui avons expliqué les dangers des addictions et il nous a dit qu'il les connaissait ! Partant de là, encore une fois, son corps n'est pas mon corps... Actuellement, il me pousse en parallèle à admettre que son psychisme n'étant pas le mien et que quel que soit le chemin qu'il empruntera, je n'y pourrai rien...

Bien sûr que ce genre de raisonnements n'est pas facile à s'approprier mais il est libérateur pour tous les membres de la famille tout simplement parce qu'il s'agit de la Vérité... Raisonnements qui concernent donc aussi le chantage au suicide, qu'il soit bien ancré ou à l'état superficiel, ce qui dans son principe revient au même...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Il est vrai  nous voulons faire pour le mieux avec nos proches. Et c'est très bien. Mais comme induit dans cette discussion, le principe de réalité fait que nous ne sommes en aucun cas à la place d'un autre quel qu'il soit. Nous avons notre propre destin qui n'est en aucun cas interchangeable avec celui d'un autre, fut-il celui d'un enfant qui se mettrait en danger. On a vu parfois dans l'actualité des parents faussement fustigés parce que leur enfant a  mal tourné. Je trouve très discutable, voire pernicieux ce type de jugement facile. L'enfant prodigue de la Bible qui demande sa part d'héritage à son père pour le dilapider en plaisir débridé est un exemple que chaque parent devrait méditer. Ce père ni ne juge son enfant ni ne l'empêche de faire ce qu'il veut, même s'il pense que ce n'est pas bien. C'est d'ailleurs parce qu'il ne se sent pas jugé que ce fils a l'humilité de revenir. Mais c'est son choix, pas celui des autres.

Portrait de Ari

Superbe exemple parlant que celui que vous avez pris Gilbert R.

Dommage que ces paraboles passent de plus en plus aux oubliettes ! Elles sont mieux qu'une leçon de morale...

Portrait de Jean

Faire un bon ou un mauvais usage de son libre arbitre me semble être la manifestation de l'amour inconditionnel de Dieu, ce que la magnifique parabole biblique illustre. Et comme nous sommes fait à son image, nous avons effectivement, comme le souligne Ari, tout intérêt à nous en inspirer. En laissant à chacun la liberté d'agir à sa guise, après, bien entendu, avoir donné notre avis si toutefois celui-ci nous a été demandé.