Le yoga pour enfants ?

Portrait de cerise-du-26

Ma fille de 10 ans, comme toujours à l'approche de la rentrée, se ronge beaucoup les ongles.

Une amie m'a dit que je devrais lui faire faire du yoga. Elle a vu une émission là-dessus et il paraît que cette technique marche super bien avec les jeunes quand ils sont particulièrement anxieux.

Comme je ne savais pas que le yoga pour les enfants ça existait, ça m'a laissée un peu perplexe mais ma copine a insisté en me disant que je ne risquais rien d'en faire faire à ma fille... Ce en quoi elle n'a pas tort. Mais j'aimerais quand même bien avoir des avis avant d'en parler à la petite.

Est-ce que vous pourriez me renseigner ?

Merci.

Cerise

Portrait de Gilbert

Je peux essayer de vous répondre à double titre : d'abord comme pratiquant occasionnel mais enthousiaste du yoga, ensuite comme ex-enseignant ayant proposé des jeux yoguique à mes élèves.

Première chose, mon professeur de yoga de l'époque insistait pour n'initier le yoga aux enfants qu'à partir de l'âge de 7 ans, et pas avant. Donc, 10 ans est un âge correct. Pour autant, tous les enfants (et même beaucoup !) ne supportent pas l'immobilité. Or, la spécificité du yoga réside dans la centration sur soi par l'intermédiaire de postures où l'on essaie justement de minimiser les mouvements. Il faut savoir également que toute séance de yoga débute et se termine par un travail de détente et de relaxation qui se fait le plus souvent allongé. Là aussi, il convient d'être très prudent. C'est d'ailleurs le problème de la sophrologie (issue du yoga) lorsque l'on veut à tout prix induire un état de relaxation à quelqu'un qui ne le sent pas. On peut arriver à l'inverse et angoisser plutôt que le contraire.

Toutes ces précautions prises, il est possible d'utiliser les techniques de yoga en les présentant sous forme de jeu. C'est ce que je faisais avec mes élèves - et essentiellement ceux qui le désiraient -. Ainsi, les postures ont souvent des noms qui déclenchent l'imaginaire : la salutation au soleil (qui se pratique de manière dynamique. C'est d'ailleurs la seule en yoga), le lion, la montagne, l'huitre etc.). J'ai constaté que pour des élèves agités qui acceptaient de jouer le jeu, c'était très bénéfique. Certains même s'endormaient lors des relaxations... C'est en fait qu'ils en avaient besoin et que ces enfants agités manquaient de sommeil réparateur à la maison. Je les laissais quelques minutes. J'avais la chance de travailler en atelier avec peu d'élèves et la chose était possible.

Voilà Cerise pour ce qui est du yoga pour enfant. Vous pouvez proposer à votre fille d'essayer un cours en précisant bien à l'enseignant que ce n'est qu'un essai. Mais surtout, n'imposez rien. Le yoga est une démarche perso et ne doit en aucun cas - comme tout sport d'ailleurs - être une obligation.

Ps : je suis un fan de yoga mais je ne suis pas sûr que ce soit la panacée lorsqu'on se ronge les ongles. Mais pourquoi pas ? N'oubliez pas, le plaisir avant tout à cet âge et surtout pas le devoir !

Bien à vous !

Gilbert

Portrait de yamina.174

Je sais que le yoga pour enfants existe mais j'avoue que le principe m'a toujours étonnée ! Effectivement, il me semble que cette discipline s'adresse aux adultes, un enfant ayant besoin de jouer, de bouger pour réfléchir, pour se construire, voire pour épuiser un surplus d'énergie, histoire de ne pas sombrer dans l'hyperactivité et envisager inconsciemment son avenir professionnel...

Ne serait-il pas plus raisonnable Cerise que vous envisagiez la compulsion qu'a votre fillette à se ronger particulièrement les ongles à l'approche de la rentrée ? Ne m'en veuillez pas, mais je vais tenter une interprétation...

Les ongles se situent au bout des doigts. Pour l'inconscient, doigts peut s'entendre " doit " - donc " devoirs ". Or, à l'école les devoirs s'agitent dans tous les sens... Il me semble que cette anxiété manifestée peut traduire une angoisse de mal faire. Ne lui en demandez-vous simplement pas trop en terme de scolarité et de résultats ? Il me semble que votre fille a besoin avant tout d'être rassurée mais ce n'est qu'une hypothèse bien entendu dans la mesure où je ne connais pas votre relationnel avec elle ni vos éventuelles exigences...

Portrait de Jean

J'adhère assez au point de vue de Yamina. D'autant que j'ai été un élève angoissé à chaque rentrée, mon père, ingénieur, investissant ma scolarité de très près pour que j'ai un situation équivalente à la sienne. Résutat : j'ai arrêté mes études en 3ème année de fac et j'ai changé complètement de voie à son grand désespoir. Mais mes angoisses du mois de septembre/octobre ont complètement disparu depuis ! Ce qui ne m'a pas empêché de gagner honnêtement ma vie et surtout de faire ce que j'avais envie  de faire.

Ps : je confirme également que le yoga étant avant tout une voie spirituelle ne s'adresse à mon sens qu'à des adultes. Et encore, pas à tous.

Portrait de Danièle-Dax

Comme le commentaire de Yamina me parle, malheureusement ai-je envie de dire...

Tant qu'il en est encore temps Cerise, ne vous focalisez pas outre mesure sur la scolarité de votre fille car vous aboutiriez à l'inverse de ce que vous recherchez de mieux pour elle et votre fille vous le ferait " payer " un jour ou l'autre à sa façon. J'en parle en connaissance de cause...

Avec mon mari, nous avons beaucoup poussé notre fils dans ses études et ce depuis le Cours préparatoire. Il s'est mis en échec dès la 4 ème, certes en partie à cause d'un prof de maths genre malade mental mais pas que... Commençant, grâce à ces forums d'ailleurs, a bien comprendre ce qu'est un transfert, je pense qu'il avait attiré inconsciemment cet enseignant qui le martyrisait, comme d'autres élèves mais ça je ne l'ai su que plus tard et là n'est pas mon propos... La culpabilité se mêlant à tout ça, notre ado s'autopunissait. Il voulait même arrêter ses études. Il fuguait. Heureusement, et ce fut miraculeux, tant bien que mal il a rétabli la barre et a fini par avoir son bac et à faire un IUT de transports qui lui a permis d'avoir une belle situation mais je sais qu'il nous en veut toujours inconsciemment quelque part de la rigidité à son égard. Il a toujours été très gentil et il l'est mais, par exemple, il se plaint beaucoup du coût de la vie. En fait, il a épousé une femme qui dépense beaucoup d'argent ! C'est encore une façon pour lui de raisonner en terme d'échec alors qu'il gagne très, très bien sa vie. Tout ça pour vous dire Cerise qu'avant de penser au yoga, il serait préférable que vous lâchiez un peu la bride à votre fille... Notre fils ne s'est jamais rongé les ongles mais j'ai gardé en mémoire la tristesse de son regard à l'adolescence... Je ne comprenais pas pourquoi à cette époque... J'en culpabilise encore...

Portrait de zab

Excusez-moi Danièle-Dax mais votre témoignage, même s'il,m'a beaucoup ému, m'a soulagé.

Grâce à votre exemple, je vais'prendre beaucoup de recule par rapport à mon fistonqui n'est pas le premier de la classe, loin s'en faut! Mais je vois bien que l'essentiel c'est qu´il se sente bien dans ses baskets ...

Portrait de Orlan

Je pourrais dire exactement la même chose que Zab à Danièle-Dax. Ce genre de témoignage est précieux et encore elle a eu de la chance que ça se termine bien pour son fils...

Portrait de Cécile

Si pousser son enfant à faire de brillantes études étaient le secret du bonheur pour eux cela se saurait. J'ai été très émue par le témoignage de Danièle-Dax. Sa transmission me paraît essentielle. Elle me rappelle qu'il faut se méfier de nos projections quant à l'avenir de nos enfants. Mais c'est après-coup que l'on apprend. Je voudrais dire à Danièle, qui est croyante, que Dieu a voulu que cela se passe de cette façon car nous ne maîtrisons pas le destin de nos enfants. Après avoir reconnu nos erreurs d'éducation, je pense que cela ne sert à rien de continuer à culpabiliser, sinon entretenir des regrets inutiles. Quel parent peut dire qu'il a été au top ? Profitez de ces exépriences vécues, Cerise, lâcher-prise sur la scolarité de votre fille et il y a de fortes chances que le problème des ongles se règle tout naturellement Smile

Portrait de Ludo_437

Quand je pense que sans me l'avouer véritablement bien que le sachant, je regrettais, voire je souffrais, d'avoir des parents qui ne pouvaient pas me suivre à l'école et qui, du haut de leur bon sens, ne se sont jamais pris la tête avec mes études, se disant sûrement que même si je n'avais pas un bon gros diplôme, j'aurais un travail, même à l'usine !!! Mes notes ne les intéressaient pas vraiment. Ils signaient le carnet parce que pour eux, c'était " obligatoire ", point barre !!!

Il se trouve que j'ai toujours eu de bons résultats scolaires en travaillant à mon rythme. J'ai commencé à bosser un peu plus à partir de la seconde et surtout à la fac. Mes parents savent que j'ai le désir d'être avocat mais ils ne s'intéressent pas précisément à mon parcours, ce qui fait qu'ils n'y comprennent strictement rien... Ce qui peut confirmer que s'acharner sur son enfant à la maison en matière de travail scolaire n'est pas " LA " solution...

Portrait de Orlan

Bienvenue au club Ludo !

Même absence d'intérêt de mes parents pour mes études qui rêvaient - et qui n'ont toujours pas jeté l'éponge !!! - que je prenne leur suite dans la propriété agricole ! Sauf que tout petit déjà, cette idée me faisait horreur et que j'imagine que c'est ce qui a fait que j'ai pris l'école très au sérieux dès le CP ! J'ai fait d'excellentes études sans avoir jamais été suivi pas qui que ce soit et sans le moindre cours particulier, et je suis devenu expert comptable... M'épuisant à vouloir transformer mon fils en bon élève, j'avais juste oublié que ça ne sert à rien ! Merci encore à tous de m'avoir rafraîchi la mémoire !

Portrait de Gilbert

Même si je n'ai pas fait des études d'avocat, (simplement d'insituteur) personne à la maison ne pouvait s'interesser à mes devoirs. J'aurais bien aimé, comme mes camarades de lycée, discuter avec mon père sur un sujet de philo ou de littérature. Mais à la maison, on ne parlait pas et on regardait la télé en mangeant... Une grande solitude pour moi ! Mais je crois que j'ai travaillé à l'école pour moi seul... D'ailleurs là je remercie mes parents qui s'ils étaient quasiment illétrés, m'ont toujours dit qu'il ne fallait surtout pas réussir pour leur faire plaisir mais que c'était pour moi essentiellement. Et cela, je réalise que c'était un sacré cadeau. Pas étonnant d'ailleurs que je me sois spécialisé dans l'enseignement des élèves en difficulté. Certainement pour réparer et mu par un schéma oedipien mais qu'importe, l'essentiel étant que j'ai accepté cette histoire ! Donc, en tant qu'ex-enfant et ex-enseignant, je valide ce qui vous est dit par nos amis. Lâchez juste un peu la grappe à votre fille, Cerise,  et les choses s'amélioreront, soyez-en sûre. Et ça, c'est du vrai yoga !-), du vrai lâcher-prise en quelque sorte !

Portrait de Viviane

Un très bon "rappel à l'ordre" pour moi aussi, tous ces posts ! Un "super miroir"... Un fils de presque 13 ans, qui se ronge beaucoup les ongles, à longueur d'année et qui depuis l'entrée en 6ème... ne semble pas particulièrement intéressé par ce qu'il est censé apprendre... Mais c'est en vous lisant tous, que je "réalise" mieux à quel point, je dois l'angoisser avec mes propres angoisses sur son devenir... D'autant que son entrée en 4ème cette année, correspond à l'année, où j'ai commencé à "sécher" quelques cours... pourtant, je sais très bien en tout cas au conscient... Qu'il s'agit de sa destinée, pas de la mienne... J'y vais toujours de mes projections et de mes peurs...

Portrait de Juliette

Depuis longtemps, je voulais être météorologue. Je m'étais fixé comme objectif de devenir ingénieur et donc d'aller passer le concours après la maitrise. Mais en licence, j'ai craqué. Ma mère est venue me chercher à la fac et m'a dit que les études passaient après mon bien-être. J'ai pris une année sabbatique et préparé le concours niveau bac. Je l'ai réussi et suis devenue technicien en météorologie. Depuis très longtemps, je rongeais mes ongles. J'ai arrêté en devenant météorologue. Je crois qu'effectivement, j'avais levé la pression !

Portrait de cerise-du-26

Si je n'ai pas entendu le sens de vos réponses, c'est que je suis vraiment très bête ! Mais sachez que grâce à vous, j'ai un poids énorme en moins sur mes épaules... 

Pour le Yoga, je ne vais même pas en parler à ma fille parce que je viens de comprendre que je mettais un peu la charrue avant les bœufs. C'est sûr que j'ai tendance à vouloir la voir grandir plus vite et je ne sais pas pourquoi. Là aussi il va falloir que je me calme mais je peux vous assurer que l'exemple du fils de Danièle-Dax m'a également bien ouvert les yeux...

Durant le temps qu'il reste avant la rentrée et tout au long de l'année bien entendu, je vais essayer au mieux de rassurer ma " petite " (!!!) côté scolarité. Je vois à peu près comment je vais m'y prendre sans la bloquer parce qu'elle est très sensible, même si ça ne se voit pas toujours parce qu'elle a un caractère très fort...

Vous m'avez beaucoup appris.

Je vous adresse toute ma reconnaissance et je vous souhaite une excellente fin d'après-midi,

Cerise

Portrait de Gilbert

Vous ne pouviez pas le savoir, Cerise mais " La charrue " est une posture de yoga. J'ai vraiment percuté là-dessus en réalisant que vous aviez véritablement lâcher-prise. La suite de votre post le confirme. Ce qui veut dire qu'il est possible que votre fille soit branchée par le yoga mais dans son temps à elle et à son rythme, ce qui est d'ailleurs le fondement de cette magnifique discipline : je confirme. Excellente fin d'après-midi à vous aussi. C'est comme si vous aviez bouclé la boucle. C'est fantastique, au niveau des probabilités !