Les morts sont-ils des guides pour les vivants ?

Portrait de Mireille-cogolin

Je viens de lire un proverbe hindou qui dit que " le mort est le guide du vivant "...

 Sauf méconnaissance de ma part, cette citation me semble contradictoire avec la religion chrétienne. Ce qui me fait penser ça c'est que Le Christ a dit : " Laissons les morts ensevelir les morts "...

En fait, je suis un peu perdue. C'est vrai aussi que souvent j'imagine que mon défunt mari me guide et me protège mais peut-être est-ce une erreur de ma part d'imaginer qu'il m'aide de là où il est ?

Si vous pouviez me donner votre avis, ça m'éviterait de faire des bêtises...

Merci et bonne soirée à toutes et à tous,

Mireille

Portrait de Gilbert

Cette question que vous posez, Mireille , éveille en moi une passionnante interrogation. Tout d'abord, cette parole du Christ " Laissons les morts ensevelir les morts " : Mais qui sont ces morts (vivants ?) qui ensevelissent les morts ? A mon sens, cela veut dire - mais ce n'est qu'une hypothèse - que l'on peut être objectivement vivant en chair et en os et subjectivement soumis aux ténébres, à l'illusion. Ensuite, dans le travail spirituel, il est question de mourir à soi-même. Or, en Inde, quelqu'un qui est mort à l'illusion et considéré comme ayant accès à une autre dimension. Dans le Christianisme, on parle aussi de mourir au monde. Je ne crois pas qu'il faille prendre cette citation au premier degré mais s'interroger sur la mort. Ainsi, sans la mort point de vie. C'est ce que nous expérimentons tous au quotidien. Tout, ici-bas, a un début et une fin. Le proverbe raisonne, il me semble, au-delà. Tous les Saints reconnus par l'Eglise catholiques (et il y en a beaucoup) sont bel et bien morts humainement. Pourtant, il est dit qu'ils intercèdent en notre faveur si on les sollicite. C'est bien qu'il existe une autre dimension dans laquelle les défunts peuvent être des guides. Sans poursuivre plus loin dans le dogme religieux dont je suis loin d'être un spécialiste, j'ai parcouru un ouvrage intitulé " Ce que les morts nous disent " de Reynald Roussel (médium) préfacé par Philippe Wallon, psychiatre et chargé de recherche à l'Inserm. J'ai trouvé ce livre intéressant en matière d'ouverture sur cette question. Que savons-nous de la mort, en définitive ? Voici ce qui est écrit sur la 4ème de couv : Reynald Roussel voit les morts et communique avec eux. Depuis son enfance, les défunts font partie de son quotidien. Il retrace ici le cheminement spirituel qui l'a conduit à utiliser cette faculté pour aider ceux qui pleurent un être cher. Faculté qui lui permet aujourd'hui de transmettre aux vivants les messages que les morts lui délivrent. Avec humilité, il évoque ses expériences et les phénomènes paranormaux dont il a été témoin. " Ce que les morts nous disent " est un message d'espoir : il y a une vie après la vie...

Je n'ai aucune certitude à cet endroit mais je me dis pourquoi pas ? Mais si c'est vrai - et j'ai la faiblesse de le croire - le mort est le guide du vivant dans la mesure où il nous transmet que cette fameuse mort qui nous effraie tous n'a jamais le dernier mot et qu'une Vie autre nous attend, éternellement, une Vie qui est d'éjà à oeuvre  " ici et maintenant "...

Voilà ma petite réflexion. Je lirai avec une grande attention les autres commentaires sur votre proposition de discussion, Mireille. Je crois aussi que l'amour est plus fort que la mort et que c'est pour cela que vous imaginez que votre défunt mari vous guide et vous protège. Et quand on est dans l'amour, je ne crois pas qu'on soit dans l'erreur.

Bonne Fête de l'Assomption de Marie. Interressant d'ailleurs car il est évident que corporellement Marie n'est plus de ce monde... Et pourtant. On fête sa " Dormition " chez les orthodoxes et son " Assomption " chez les Catholiques mais qu'importe la différence de point de vue. Vue par la petite Bernadette (morte depuis longtemps), elle attire aujourd'hui même à Lourdes des milliers de pélerins et de malades à qui elles procurent du bien. N'est-ce pas là l'essentiel ?

Portrait de luna_95

Ce commentaire de Gilbert est passionnant et tellement riche qu'il m'a donné à bien réfléchir sur la question de la mort, si énigmatique, si angoissante, si pénible, réactions bien humaines certes mais certainement dénuées de bon sens puisque tout le monde meurt... 

Étant de confession catholique moi-même, il est sûr que je ne suis pas très à l'aise avec la possibilité que nos défunts nous guident. Mais, depuis que j'ai perdu mon petit garçon, j'ai tendance à l'imaginer comme me guidant, me protégeant. Toutefois, je ne lui demande rien. Même pas qu'il m'envoie la force de supporter son absence car je ne voudrais pas le perturber dans son évolution divine là où il se trouve maintenant. En fait, comme je pense tout le temps à lui, je m'intéresse plutôt aux signes et souvent, par ce biais-là, j'ai l'impression qu'il se signale à moi, ce qui me rassure et qui me fait du bien dans la mesure où je ressens que le lien n'est pas coupé avec lui...

 

Portrait de cricri

Je rejoins l'avis de Luna quant à la qualité du commentaire de Gilbert qui m'a donné moi aussi à réfléchir... 

D'un point de vue moins ontologique, je me demande si nous ne rêvons pas toutes et tous d'être accueillis, quand nous décèderons, par des disparus de notre famille que nous avons aimés... Cette hypothèse complète, pour moi, une interprétation un peu différente de celle que fait Luna. Le proverbe induit peut-être aussi que le mort nous rappelle que notre temps sur Terre est compté et que nous devons l'occuper de notre mieux et, pour les croyants, le consacrer en tout et pour tout au Seigneur... Mais les psys pourraient voir dans ma modeste analyse une angoisse de la mort et une recherche de comportements ici-bas susceptibles de plaire à Dieu, histoire de préparer notre paradis ?

Portrait de Orlan

Je reconnais de mon côté que Gilbert a assuré et ouvert, effectivement, un espace de réflexion sérieuse dans lequel je me suis plongé avec grand intérêt... Mais n'ayant pas ses connaissances, mon post va être basique, je le sais d'avance...

Toujours est-il que plus je vieillis, plus je pense à la mort... Étant plus spirituel que religieux, je brasse continuellement les lectures que j'ai faites ou que je refais. Il est certain que si pour les chrétiens, le Christ nous a lavés de nos péchés une fois pour toutes, ce qui ne nous empêche de nous conduire dans la vie de notre mieux, les bouddhistes sont beaucoup moins " faciles " et considèrent que le lien qui nous unit à Dieu en permanence doit donc être qualitatif en permanence, ce qui exige de nous que nous nous tournions autant que possible vers Lui au cours de chaque journée. Ainsi, Dieu nous guide et cherche à nous interpeller constamment. Ce qui devrait laisser dubitatif le commun des mortels quant aux morts qui nous guideraient... Ceci étant et tout comme Luna, je fonctionne aussi aux signes, notamment quand je suis en voiture, et - sans toutefois vouloir déranger mes chers disparus - lorsqu'il m'arrive de voir une écriture, une enseigne, qui me rappellent un de çeux que j'ai aimés et qui n'est plus, ça m'apaise... Ce peut être une forme de guidance finalement, une sorte de rappel au fait que tout continue après la vie et que le souci de bien faire devrait nous accompagner constamment...

Portrait de Cécile

J'aime beaucoup cette notion de signes qui revient dans plusieurs commentaires. En fait, lorsque je donne sens à un signe me rappelant un défunt de ma famille, j'essaie qu'il soit toujours positif et vivant à l'instant t. C'est peut-être une stratégie de ma part mais ça fonctionne au nom de la suite évolutive de mon existence sur terre. Après tout, ils ont passé la rivière et pourquoi ne nous feraient-ils pas des coucous joyeux ? C'est un peu, en ce qui me concerne, mon " pari pascalien ". Je préfère choisir le vivant que le morbide. Il sera toujours temps de voir lorsque je serai de l'autre côté, s'il y en a un !

Portrait de Isabelle

Ceux qui ne sont plus dans cette vie terrestre, mais qui ont pourtant fait partie de notre vie, tout comme nous avons fait partie de la leur sont alors aussi des "témoins" pour nous, que l'énergie de Dieu est en eux et qu'elle est aussi en nous... Est-ce que c'est pour cette raison que nous pouvons les penser, les voir comme nos "guides", puisqu'ils sont alors dans une "dimension" que nous avons perdue de vue, tant que nous sommes sur la terre... En fait, leurs "présence immatérielle", en tout cas que je comprends comme ça, se veut une preuve que la vie a de multiples formes et que je ne suis qu'un infime minuscule grain de poussière dans ce vaste univers mais que chaque particule de vie, a bien sa raison d'être sinon elle ne serait pas... Dans cette parfaite organisation Divine, Cette Intelligence dépasse plus que largement ma propre compréhension... Comme si "nos morts" étaient un pont pour encourager à suivre son chemin ?

Portrait de Gilbert

Vous parlez d'une parfaite organisation divine, Isabelle. Un passage de " L'enseignement de Mâ Ananda Moyî " y fait, me semble.t-il, écho. Et c'est justement celui que j'ai lu ce matin, p 140 : Tout ce qui existe partout dans le monde, arbres, plantes, insectes, reptiles ou tout autre être vivant - leur naissance est en fait notre naissance, et leur mort notre mort. Au niveau où tout est contenu en vous et où vous êtes présent en toute chose, il n'y a que l'Unique et seulement Lui... Ainsi les morts comme les vivants  formeraient une chaine solidaire à un certain degré de conscience spirituelle.

Portrait de Isabelle

Merci de signaler la page, je pourrais de mon côté lire avec plus d'attention ce paragraphe... A ce sujet, et en lien aux animaux, je fait depuis très longtemps, un "truc un peu bizarre"... Lorsque sur la route, je vois un animal "écrasé", hérisson, chat, chien... presque instinctivement depuis le temps... je me mets à "réciter" un mantra hindou... qui participerait à "accompagner" l'âme de l'animal vers une incarantion plus "évoluée"... Vous pourrez me dire qu'après tout qui suis-je pour "croire" que ma "prière" participe à cette "évolution" ? Ce que je sais, en tout état de cause, c'est qu'à chaque fois que je fais celà, il y a un "instant" de "grande paix" en moi... Alors c'est sûrement discutable à bien des niveaux... Mais j'ai décidé depuis un bout de temps... de laisser de côté, un jugement quelconque à ce sujet, et je laisse faire "mon instinct" peut-être "animal" en fin de compte...

Portrait de Gilbert

Selon les Vedas, tout être vivant est animé par une âme qui prend une forme différente selon une loi de l'évolution spirituelle. Cette âme est éternellement liée au Seigneur mais elle l'a quelque peu oublié lorsqu'elle s'incarne sous la forme d'un animal ou d'un être humain  (la forme humaine étant une chance de se souvenir). Or, un mantra est une vibration spirituelle qui aide à retrouver la vrai nature de l'âme (sat-cit-ananda : toute de connaissance et de félicité). A mon sens ce n'est pas votre instinct animal mais votre réalité spirituelle qui agit. D'où cet instant de paix ! Je vous rassure, lorsque mon frère est parti dans une autre dimension j'ai aussi récité un mantra. Et quand il m'arrive d'écraser maladroitement un escargot, ce mantra vient aussi spontanément ! Bonne connexion à vous, Isabelle !!!! 

Portrait de Christine-zen

Puisque vous êtes croyante Mireille-Cogolin, vous partez sûrement du principe que Dieu est dans tout. Aussi, si le Seigneur vous permet de penser que votre mari décédé vous guide et vous protège, il n'y a aucun mal à ça... J'aime bien d'ailleurs quand les bouddhistes assurent que Dieu est aussi bien dans la présence des personnes de notre entourage, qu'elles nous soient familières ou pas, que dans l'absence des êtres chers... J'ai mis du temps à comprendre ce processus. Aujourd'hui, je ne pourrais plus m'en passer... 

Portrait de Mireille-cogolin

En fait, c'est comme si vous me donniez la permission de procéder tel que je le sens...

Cette idée me convient tout à fait puisqu'elle ne contient pas les limites de quelque jugement que ce soit. Merci aussi à Christine-zen de m'avoir rappelé que Dieu est dans tout, partout et aussi bien dans la présence que dans l'absence... L'absence devient alors comme une illusion. Je vais davantage creuser cette direction d'ailleurs qui m'apparaît déjà comme d'un grand réconfort...

Portrait de Lakshmi

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je suis persuadé, comme le dit Christine-zen, qu'il existe une relation grâce à l'absence. Celle-ci est peut-être là pour nous faire expérimenter une sorte de distance nécessaire. C'est un peu comme les deux membres d'un couple qui ne se voient pas. Cela ne les empêche pas de s'aimer. Bien au contraire, c'est aussi l'occasion d'autre chose. Lorsque mon compagnon partait en voyage, cette absence avait du sens. Difficile d'exprimer cet état mais il s'agissait d'une espèce de confiance indépendante des sens de la vue, du toucher, de l'ouïe, de l'odorat même. Je pense que pour une personne que l'on sait ne plus jamais revoir en chair et en os, il y a quelque chose de cet ordre-là. Après tout, Dieu est difficile à percevoir. Pourtant les Sages nous assurent qu'Il existe. Mâ Ananda Moyî transmet ces choses là et, pour ma part, je lui fais confiance. Mais pas assez certainement...

Portrait de Madeleine

Mireille-cogolin, votre témoignage me touche particulièrement. Ces derniers temps avec mon mari, ce n'était pas facile mais je viens, grâce à vous, de réaliser la chance que j'ai qu'il soit là. Je dois voir la manifestation de Dieu dans sa présence et me réjouir de chaque jour. On ne sait pas pour combien de temps nous serons ensembles. Faisons de chaque jour, une chance de plus. Vous et votre mari êtes, pour moi et pour mon couple une manifestation divine. Merci Mireille-cogolin...

Portrait de Lakshmi

Cette affirmation contenue dans mon titre est de Mâ Ananda Moyî. Une promesse pour qui progresse au-delà du temps, dit-elle. Et elle continue  : Il n'existe qu'une vie réelle, celle qui est consacrée à chercher Dieu et une seule mort , qui est la mort de la mort... J'ai du boulot mais effectivement, Mireille-cogolin, comme le dit Madeleine, votre question manifeste quelque chose du divin. Merci également !