Partout il est conseillé de ne jamais être négatif avec la parole : pas de jugements, pas de termes agressifs, pas de rumeurs, ne serait-ce que pour ne pas retourner les événements contre nous. Ce que je comprends parfaitement. Mais, où j'ai un problème, c'est quand il s'agit de mon mari. Je vous explique.
Nous avons un fils quadragénaire qui peut m'inquiéter car il dépense énormément d'argent. Je le sais parce qu'il me dit de temps en temps que son compte en banque ne brille pas, alors qu'il gagne très bien sa vie. Ça m'ennuie de garder tout ça pour moi. D'abord parce que c'est lourd à porter, ensuite parce que mon mari étant son père, en ne lui disant pas la réalité j'ai l'impression de le trahir.
Est-ce que lui faire part de ce que je sais, voire de ce qui m'inquiète, est contraire à une attitude spirituelle ? Est-ce que ça peut se retourner contre moi ?
La Sage Mâ Ananda Moyî écrit dans son livre qu'il ne faut pas critiquer les autres. Elle précise : " Lorsque vous cherchez la société des Hommes, rappelez-vous que votre but est de trouver ce qui en eux est bon et beau ". Elle ajoute plus loin : " La satisfaction que l'on peut trouver en appréciant les mérites d'autrui est plus grande que celle que nous éprouvons à réfléchir aux nôtres. Cette dernière attitude nous rend orgueilleux et nous conduit à rechercher les faiblesses et les imperfections de notre prochain... ".
Est-ce que vous pourriez avoir la gentillesse de me donner votre avis sur tout ça ?
Merci.
Danièle
Juliette
La part Divine
Plusieurs fois, j'ai lu sur le forum, qu'à partir du moment où l'autre (dans votre cas, c'est votre mari)ne pouvait rien y changer, cela ne servait à rien de le dire. Vous ne feriez que transmettre vos angoisses à votre mari, et là, je crois bien que ça peut se retourner contre vous. Votre fils n'a pas demandé d'aide apparemment. S'il le faisait, il serait temps de l'envoyer vers votre mari.
Je trouve très intéressant ce que dit Mâ Ananda Moyî. Aller chercher ce qui est bon et beau chez l'autre. C'est se connecter de façon positive à l'autre, aller chercher la part Divine. C'est rassurant, apaisant et cela fait chuter l'angoisse. Car je pense que le problème est là, votre fils vous ayant dit que son compte ne brillait pas, vous avez déjà imaginé le pire. Après tout, il gagne bien sa vie, en dépensant tout, il en fait profiter les autres !
Gilbert
Votre fils est plein de " ressources " !
Avez-vous l'impression qu'il se plaint, Mireille, ou cette inquiètude est-elle simplement la vôtre ? Je rejoins un peu ce qu'écrit Juliette, à savoir que votre fils ne semble pas véritablement vous demander de l'aide. Soyeux heureuse, comme le préconise Mâ Ananda Moyï, que votre fils gagne très bien sa vie. Par les temps qui courent, ce n'est pas une généralité. Ce qui veut dire qu'il a beaucoup de " ressources " en lui et pas seulement financières. Votre fils a quarante ans, et je pense qu'il est assez grand pour parler avec son père sans avoir besoin de vous comme intermédiaire.
Isabelle
Accepter quoi qu'il en soit ?
En fait, en lisant votre question Danièle-Dax, je réfléchissais au fait, qu'avec mon troisième fils de 13 ans il n'y a jamais eu de "communication" avec son père, et ce depuis que notre fils est tout petit... Je me suis posée la question, à plusieurs reprises, si celà changerait quelque chose pour notre fils, s'il y avait eu un "réel" échange à son sujet, entre son père et moi... qui permettrait au moins à notre fils, de se sentir plus "entendu"... D'une certaine façon, bien évidemment oui sans doute... Y compris que peut-être le fait d'être parents concernés des deux côtés malgré tout, peut "alléger" certaines inquiétudes parentales ? Mais au fond, est-ce que fondamentalement ça "change" quelque chose pour ce jeune homme ? J'en arrive à me dire de plus en plus souvent quand même, que notre fils a choisi sa destinée, en tout état de cause... Et moi aussi du reste... tout autant que son père d'ailleurs... "Parent isolé" n'est pas nécessairement très confortable, et il m'est arrivée à maintes reprises de vivre comme une "injustice" le "désintérêt" du père de mon fils à son sujet... Parce qu'effectivement, je peux avoir ce sentiment que quelquefois c'est lourd à porter "toute seule"... Pourtant, je "sais" que notre fils est véritablement un gentil garçon, même ado (!)..., qu'il a en lui beaucoup de générosité et qu'il fera sans doute son chemin, malgré tous mes doutes... Au fond, ce n'est déjà pas si mal en soi, que de voir aussi les jolies qualités de ce fils grandissant... Est-ce que son père les voit lui... celà le regarde lui-même... Je ne sais pas si ce que je viens de dire pourra vous "apporter" une quelconque réponse Danièle-Dax ? C'était ma "réflexion" de ce matin, sur le fait que parents en couple ou pas, au fond nous faisons avec nos propres inquiétudes, tout simplement parce que ce sont uniquement les nôtres et pas nécessairement celle de l'autre parent ? Pourtant je suis bien loin de me vivre comme un modèle en quoi que ce soit en tant que mère...
Orlan
Il ne s'agit pas de médire mais de dire !
Je suis très étonné par les commentaires précédents...
Même si votre fils est très adulte, il fait en sorte de vous dire quelques-uns de ses problèmes, ce qui est une preuve de confiance. D'autre part, votre mari est son père et lui répéter ce que vous a dit votre fils m'apparaît être de l'ordre d'un devoir. Déjà, le fait d'échanger entre vous deux permettrait certainement que vous accueilliez votre fils avec un autre regard lorsqu'il vient vous voir, sans bien entendu parler de ses problèmes. En outre, le fait de savoir qu'il s'interroge sur l'état de son compte en banque donne à constater que son surmoi fonctionne et là, l'approche de son côté dépensier devient plus positive et est à partager avec votre mari. Enfin, dire à votre mari ce qu'il en est de la réalité telle que l'a véhiculée votre fils n'a rien à voir avec une médisance ! Il ne s'agit pas ici de dire par exemple que c'est un abruti, ce qui - dans ce cas - serait une critique. Il s'agit de communiquer avec son père en toute neutralité. Et surtout, je sais qu'à titre personnel, je n'apprécierais pas du tout que ma femme me cache quoi que ce soit concernant mon fils et qu'il y aurait une explication salée entre nous si elle venait à faire ce type de rétention d'informations...
Pour bien enfoncer le clou, je vous pose une question : si votre fils vous apprenait qu'il est gravement malade, vous ne le diriez pas à son père ???
Je reste décidément interloqué lar ces commentaires !
Si quelque chose devait se retourner contre vous Danièle-Dax, ce serait de ne pas dire !
Allain
Merci Orlan de remettre de l'ordre!
En lisant les commentaires, j'ai cru que je cauchemardais!
Un rappel : le père est le représentant de l'autorité et il fait loi que je sache.
En psychanalyse, la mère "dit" au père. En plus, le fils de Daniele-Dax n'a jamais dit à sa mère de ne pas répéter son tourment financier à son géniteur. Dites-vous bien qu'il doit se douter que sa génitrice en parlera avec son mari. Si cela devait poser problème, il ne se serait pas confié à sa mère...
Sofia M
La loi paternelle est protectrice
Allain a raison. Le père fait autorité mais au bon sens du terme. D'ailleurs, ces mères qui ne disent pas, qui ne transmettent pas au responsable de cette autorité paternelle endossent une responsabilité qui peut s'avérer dommageable à l'avenir et, dans ce cas, se retourner contre elles... Ce sont des femmes qui cherchent à se mettre en séduction vis-à-vis de leur fils ou de leur fille, la fameuse " bonne mère ", et qui, de fait, posent un déni sur le père et sa fonction primordiale...
Isabelle
"Bonne mère"...
Dire au père, je crois que c'est ce que j'ai fait avec mes deux autres fils et leur père... Lorsque le troisième était encore petit, et aussi sur les premières années de l'école primaire, lorsque son père venait le chercher, à chaque fois, je disais ce qu'il y avait à dire... Mais le lien était tant distendu... J'ai fini par "renoncer" pour mon troisième fils... C'est vrai que si mon fils devait être gravement malade, j'en informerai son père... La situation étant ce qu'elle est... Inconsciemment suis-je donc dans un schéma "bonne mère"... D'autant que "bonne mère" c'est parlant pour d'autres raisons... Une interrogation à pousser plus loin pour moi sans doute...
Orlan
Une communication écrite
Même si je crois me souvenir de par mes cours d'Analyse transactionnelle que le " faire " revient plutôt au père, lorsque la communication avec le père de l'enfant est difficile, il y a toujours la possibilité pour la mère de dire ce qui la préoccupe par écrit, sans jugement vis-à-vis de l'enfant, c'est-à-dire sans utiliser d'adjectifs qualificatifs. Il s'agit juste de dresser un état des faits. Le père répond ou ne répond pas mais la mère a alors fait son travail d'information, son devoir (" deux-voir ")...
Isabelle
Merci Orlan...
Je n'avais pas du tout envisagé cette possibilité de la communication écrite, pour ne pas "rester" vis-à-vis de moi-même déjà, mais bien évidemment aussi vis-à-vis de notre fils, dans du "non-dit" qui me pose problème quoi qu'il en soit... Je viens de comprendre grâce à vous, que c'est une "clé" pour ne plus être "hystérisée" aussi sur certains non-dits du père justement... Et qu'en tant que mère, j'ai dit ce que j'avais à dire... et que je dois continuer par écrit...
Gilbert
Partager du positif
Effectivement, Orlan, comme d'hab je me suis laissé aller à l'aspect négatif, inquiétant. C'est en ce sens qu'il me semblait qu'il ne fallait pas en remettre une couche. Mais vous m'avez fait comprendre que l'on pouvait communiquer d'une toute autre manière, sans médire comme vous le signalez. Comme quoi, il est bon de réfléchir plus longuement avant de poster. C'est encore et toujours mon défaut. Mon Dieu que la relation d'aide est difficile. Heureusement que le bon sens paternel que vous évoquez n'est pas une vaine chose. Il s'agit donc de la manière de communiquer mais de communiquer, toujours et encore ! Je fais donc mon mea culpa car je sais que j'avance, de fait.
Juliette
Confusion
J'ai fait une confusion entre faire part à son mari de ses angoisses quant à ses enfants qui, ne sont liées qu'à un imaginaire qui se déclenche mal et transmettre une information réelle. Surtout, comme vous le dites Allain, son fils se doute qu'elle en parlera à son mari. Votre exemple, Orlan, quant à la maladie est plus que parlant !
Désolée, Danièle-Dax. Mais merci pour votre sujet, il me permet de lever cette confusion.
yamina.174
Le déni du " Non " et du " Nom " du père...
Les hystériques ont l'art de dénier effectivement la place si importante dans la communication du géniteur, très souvent en sourdine d'ailleurs. Mielleuses pour la plupart, elles se font les copines de leurs enfants avec beaucoup de dégâts à la clé ! Effectivement et comme le dit si justement Orlan, on peut dire sans médire.
Rappelons (!) que toute sa vie, un enfant est issu d'un binôme complémentaire : ses parents... Et, quel que soit son âge, s'il s'adresse à l'un d'entre eux, les deux géniteurs sont concernés... Par ailleurs, si le fils de Danièle-Dax n'avait pas besoin d'une compréhension psychologique, il ne serait pas venu parler de son problème à sa mère. Le fait qu'elle en parle avec son mari va applanir la situation. Je veux dire par-là que cette mère s'inquiète pour les finances de son fils, à tort ou à raison. Celui-ci cherche donc à la contrôler. Le simple fait qu'elle en parle à son mari va casser inconsciemment la recherche de contrôle du fils sur sa mère car le père " coupe ", il sépare au sens figuré et c'est en cela qu'il remet les choses à leur place. Quant à la préoccupation spirituelle de Danièle-Dax, on peut la comprendre mais elle ne dira que la vérité et ce, en toute humilité dans la mesure où en faisant appel à son conjoint, elle induira que ce fardeau est trop lourd à porter pour elle et par elle seule... C'est la reconnaissance de la posture paternelle. Dieu (le Père) ne nous a-t-Il pas demandé d'agir ainsi ? Seul le mensonge pourrait se retourner négativement contre Danièle-Dax et le non-dit fait partie du mensonge (par omission)... Ce qu'il ne faut pas faire dans ce genre de problème, c'est inventer, broder, mais pas plus en négatif qu'en positif !
Christine-zen
L'inquiétude spirituelle n'a donc pas de raison d'être
Je saisis l'inquiétude de Danièle-Dax quant à répéter du " négatif "...
Mais je viens de comprendre quelque chose qui me semble très important. Indépendamment du fait que sa mère est invitée par Dieu à dire la vérité et ce en toute occasion, on peut voir du " bon " dans l'inquiétude de son enfant et donc transmettre au père sa pseudo-confidence. Ce qui m'a fait intégrer cette nuance, c'est la position psychologique du fils qui parle de son " défaut ". Or, en parler c'est déjà vouloir changer et ça, même implicitement c'est du positif. Comme je commence à comprendre, grâce aux commentaires en Psycho notamment, ce qu'est le surmoi, je rejoins maintenant le fait que Danièle doive répéter à son mari la réalité de la conversation avec son fils. En fait, il faut aller chercher le positif sous ce qui est apparemment négatif.
Gilbert
Je lis ces commentaires avec grand intérêt !
Merci pour toutes ces précisions psy, notamment au niveau de la position hystérique. Quant au niveau spirituel, dénier le " non " et le " Nom " du père serait une erreur source de difficultés, de grosses difficultés. J'ai dans mes connaissances une personne qui déniait systématiquement le père de son enfant avec qui elle est divorcée. Suite à un travail sur elle, les choses ont évolué de belle façon alors que son fils devient majeur. J'ai l'impression qu'elle le libère véritablement en réhabilitant peu à peu ce père. Je comprends beaucoup mieux ce processus salvateur pour tout le monde.
Juliette
" Femmes soyez soumises à vos maris "
Merci Yamina pour cette piqure de rappel. Je suis issue d'une famille à lourde charge hystérique et je dois être très vigilante à ne pas dénier la place du père. Cela me fait penser à la citation biblique " Femmes soyez soumises à vos maris ". C'est un domaine où j'ai encore beaucoup de travail.
Danièle-Dax
J'aurais pu me tromper lamentablement
Vos commentaires, et même si je n'ai pas tout compris côté psycho (il faudra que je me replonge dedans avec attention), m'ont soulagée. Spirituellement, j'ai vu en revanche ce que vous vouliez signifier. C'est une interrogation que je n'aurais plus et c'est bien comme ça parce que, comme vous le dites, je risquais de prendre la mauvaise direction... Les exemples bien parlants m'ont aussi rendu service.
Merci pour vos discernements et bon après-midi,
Danièle