Comment accepter que mon fils n'est pas comme je voudrais qu'il soit ?

Portrait de Horia

Mon ado m'en fait voir des vertes et des pas mûres et je suis exténuée. Vidée et inquiète à cause de lui. Comme toujours...

Si je suis honnête avec moi-même, je n'avais pas imaginé que mon fils pourrait un jour avoir une attirance pour des jeunes pas terribles que je préfèrerais qu'il ne fréquente pas... J'aurais voulu qu'il soit plus respecteux de lui-même et des autres, bon élève avec un projet d'études supérieures... J'ai envie de vous dire qu'il est plutôt genre tout l'inverse ! J'ai le sentiment qu'il fait en permanence le contraire de ce que j'aimerais qu'il fasse...

Je sais qu'il faut accepter les différences mais là, c'est trop, trop lourd à supporter, et pour m'intéresser à la psycho, je sais aussi que plus il me contrarie, plus ça l'encourage à faire n'importe quoi. 

Je pense que la seule chance que j'aie pour que mon fils change favorablement, c'est qu'il faut que j'accepte qu'il ne soit pas comme je voudrais qu'il soit. Mais je viens vers vous parce que je ne sais pas comment faire.

Merci de bien vouloir répondre à ma question. Je suis désespérée et usée.

Horia

Portrait de Cécile

Je n'invente rien dans mon titre. Habitué à suivre avec un très grand intérêt les discussions psycho, je n'ai fait que répéter ce que j'y ai lu. Cette phrase m'a beaucoup apaisée car j'aurais effectivement rêvé mieux pour mes enfants. Les études supérieures ? Il a bien fallu que je me rende à l'évidence et cela a bien raboté mon ego, ce ne sera pas pour cette vie (lol). Mon fils aîné a aussi eu des fréquentations très dicutables. J'ai lutté aussi, contre lui et contre moi ! Puis j'ai cessé peu à peu, me rendant compte qu'en fait je n'avais pas à vivre sa vie pour lui. Tout ce que je lui proposais ne l'intéressait pas. Alors, j'ai pensé : ok mais tu assumes. Et il a assumé. Il s'est confronté au réel et continue d'ailleurs. La différence, c'est que je lui fais confiance et arrête de voir ses défauts. La vie, le monde du travail s'est chargé et continue de lui montrer ses limites, mais aussi ses compétences. Je sais, ce n'est pas facile pour une mère mais je suis persuadée aujourd'hui (mon aîné a 25 ans) qu'il n'y a pas d'autre solution que de se recentrer sur soi. Françoise Dolto disait qu'il faut faire le deuil de son enfant à la naissance. Je suis loin d'en être là mais il me semble que j'ai fait le deuil d'une certaine idéalisation et j'ai découvert (paradoxe) des qualités que je ne connaissais pas chez mes enfants. Il me prennent en compte aujourd'hui, et ça c'est la cerise sur le gâteau. Votre fils sait inconsciemment tout ce qu'il vous " doit " même s'il s'oppose... J'ai été certainement maladroite et ne vous ai pas donné de recette mais je sais que d'autres vont venir vous apporter leur soutien. Et merci d'être là et d'être ce que vous êtes. Tout simplement !!!

Portrait de Claire M. Psychanalyste

Bonsoir Horia,

Pour ce que je comprends de votre questionnement, j’ai l’impression que vous soulevez en même temps deux problèmes :

Premièrement, vous dites que votre fils ne "se respecte pas" et "ne respecte pas les autres". Je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous entendez par là mais  s’il n’est pas correct avec les autres et se met lui-même en danger,  c’est votre rôle de parent de le rappeler à l’ordre  voire de le sanctionner, car c’est protecteur pour lui, sinon, et c’est peut être déjà le cas, les autres et la vie ne s’en chargeront d’eux-mêmes.

D’autre part, concernant les études et ses fréquentations, je partage  un peu l’avis de Cécile. Il a son chemin à suivre, au niveau relationnel et au niveau scolaire. Dites-vous que s’il ne prend pas le chemin que vous souhaiteriez qu’il prenne, c’est que ça n’est pas forcément le sien : si en discutant d’avenir avec lui, vous découvrez qu’il  a un autre projet d’avenir qui lui correspond, même s’il ne correspond pas à vos attentes, vous pouvez lui exposer vos arguments  mais lui dire que vous respectez ses choix. D’ailleurs,  s’il ne semble pas prendre en compte les conseils que vous lui avez surement déjà prodigués pour l’instant,  il a sans  doutes ses raisons : peut-être n’est-il pas prêt, à moins qu'il n'éprouve le besoin de faire les expériences qu’il fait, même s’il celles si vous apparaissent avec ce que vous êtes, votre expérience et votre regard d’adulte comme des « erreurs». Peut-être aussi  comme vous semblez le sentir, s’oppose-t-il inconsciemment car il sent  vos attentes, il y a crispation de part et d’autres alors qu’il voudrait sentir que vous l’autorisez à faire ses propres choix.

C’est une situation difficile car nous voulons en tant que parent toujours le bien de nos enfants mais peut-être que vous pouvez vous dire pour vous aider dans cette démarche  que d’accepter ses propres choix ,ses errements même, est un beau cadeau  que vous pouvez lui faire, car dans la vie, on apprend souvent à faire des bons choix en ne voulant pas répéter les mauvais que nous avons déjà faits . Si vous arrivez à raisonner ainsi, même si c’est difficile de prendre du recul en tant que parent, il sentira surement ce changement dans votre regard et il est même bien possible qu’ il vienne discuter avec vous de tout cela de manière même indirecte et plus détendue à l’avenir. De toutes façons, dites vous qu' il est rarement bon pour un enfant d'être celui que ses parents veulent qu'il soit pour vous remonter le moral.  

J’espère vous avoir un peu réconfortée Horia, et bon courage.

Portrait de nanou-69

Votre commentaire, Claire M Psy et aussi celui de Cécile sont les bienvenus aussi pour moi. Mon garçon est encore jeune mais je sais que ce genre de soucis arrivera vite, comme pour tous les parents. Merci.

Portrait de Orlan

Je sais que vous avez posté votre question dans Psycho & Coaching Horia mais je vais me permettre de vous livrer une phrase de la Sage Mâ Ananda Moyî. Cette phrase est très dure mais, paradoxalement, elle m'apaise et me recentre à la fois quand je m'inquiète face à la paresse de mon ado qui, en plus, depuis quelque temps, prend du bec ! 

. " Le mal est aussi irréel qu'une illusion, il est dû à votre propre perversité ". Je pense que les psys traduiraient le terme " perversités " par projections ", moins castrateur à mon sens ! Aussi et bien que je ne sois pas psy, je me demande s'il ne faudrait pas que vous travailliez sur vos projections. D'ailleurs vous l'induisez presque dans votre post... Personnellement, c'est ce que j'essaie de faire. Quand mon anxiété me gagne trop, j'essaie de ne pas projeter mon fils dans un avenir hypothétique, j'essaie de vivre la minute présente, de ne surtout pas déclencher mon imaginaire de manière négative ni catastrophique et, depuis peu, j'applique un conseil précieux que j'ai découvert : je m'arrête à ce que je vois... Et, désormais, ce que je ne vois pas ne m'intéresse plus !

Portrait de Jean

J'aime beaucoup cette idée de Mâ Ananda Moyî selon laquelle " le mal est aussi réel qu'une illusion ". Nous avons vraiment l'art de nous faire du mal en déclenchant notre imaginaire au-delà de ce qui est à l'instant t et que nous voyons. Encore une belle leçon pratique d'Orlan... Je prends !!!

Essayez de voir votre fils tel qu'il est lorsqu'il est avec vous... Et revenez à vous lorsqu'il n'est plus à portée de vous... Je crois que le conseil d'Orlan est surtout plein de bon sens...

Portrait de cerise-du-26

Je viens de comprendre grâce à Orlan que dans " Projeter " il y a " Projet "... Autant pour moi qui ai tendance à avoir de grands projets pour ma fille ! C'est sûr que comme le dit un peu Horia que c'est le meilleur moyen pour qu'elle fasse dans la vie le contraire de ce que j'espère pour elle ! J'aime aussi beaucoup ce qu'a transmis Cécile à propos de son fils : " Je n'avais pas à vivre sa vie pour lui "... À retenir également parce que ça j'ai vraiment une propension à l'oublier. D'autant que c'est impossible...

Portrait de cricri

Je suis une dame et une maman d'un âge certain et quand j'entends ou quand je lis des interviews de vedettes du petit ou du grand écran expliquer avec certitude les valeurs qu'elles vont transmettre à leur enfant de 2 ans (une interview lue cette nuit dans un magazine), je souris tristement car je sais qu'avec un discours pareil, elles tomberont certainement un jour de haut ! S'il suffisait de transmettre des valeurs à un enfant pour qu'il les respecte ado, puis adulte, ça se saurait... C'est le jour où nous comprenons que ce sont nos enfants qui nous transmettent, de par leurs réactions parfois violentes, asociales, récalcitrantes, inquiétantes, les vraies valeurs telles l'humilité, l'acceptation (de leurs différences), la patience, la persévérance, entre autres, que nous nous humanisons enfin un peu car le mode d'emploi, ce sont nos héritiers qui l'ont ! Je me demande d'ailleurs si nos enfants ne sont pas de plus vieilles âmes que nous ? Mais ça, c'est encore une autre histoire...

Portrait de Gilbert

Vous dites que c'est une autre histoire, Cricri et je pense que c'est vrai.  Même si nos enfants s'incarnent à travers nous, ils ont fondamentalement une autre histoire. J'ai toujours pensé et dit que mon fils - bien que n'ayant pas une " situation " envieuse au niveau professionnel - est beaucoup plus mature que je ne l'étais à son âge.  Et pourquoi pas cette idée que nos enfants seraient de plus vieilles âmes que nous ? Ils passent par nous, comme le dit le " Prophète " de Gibran mais n'ont pas nos pensées...

Portrait de Isabelle

D'accord que nos enfants sont sans doute plus "sages" par des incarnations précédentes, que nous ! Lorsque je fais un "constat" pour moi-même dans le déroulement de ma vie, je ne peux que "voir" que sans eux, et leurs façons d'être, je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui... Et avant tout dans les "bons côtés" que j'essaie d'améliorer encore... je crois qu'ils savent nous pousser sans cesse dans nos retranchements... Mais parce qu'au fond nous l'avons fait sans doute nous-même avec nos parents aussi... Ma mère me dit d'ailleurs depuis longtemps déjà, que je suis "bien plus vieille" qu'elle... Et en dehors de tout aspect discutable dit comme ça... je pense que c'est un compliment de sa part...

Portrait de Juliette

Je suis aussi convaincue que nous progressons grâce à nos enfants. Je le constate quand je regarde mon évolution depuis la naissance de ma fille. J'avais beaucoup de certitudes qu'elle a fait chuter les unes après les autres. Mais je n'avais pas pris conscience que moi aussi j'avais fait avancer mes parents et pourtant, il n'y a pas si longtemps que ça, ma mère me l'a dit. Je le comprends et l'accepte aujourd'hui. Ma fille, telle qu'elle est, est ce dont (don) j'avais besoin pour grandir.
Peut-être Horia, c'est pour vous aussi le moment d'accepter que vous avait été un agent d'évolution pour vos parents et votre fils est le votre ! 

Portrait de Lakshmi

J'ai fait allusion à ma maman âgée qui ne veut pas aller en maison de retraite. Elle assez autonome mais abandonnique aussi. J'essaie de ne pas me laisser envahir mais d'un autre côté je sais que je dois lui transmettre quelque chose d'innéfable aussi. Je rebondis ainsi sur le com de Juliette qui dit qu'elle a fait avancer ses parents, ou du moins qu'elle y a contribué. Je n'ai pas d'enfant, mais je suis sûre que ce n'est pas un hasard, peut-être pour me permettre d'accompagner ma mère jusqu'au bout... ???

Portrait de Horia

Je savais qu'en venant poster ma question ici, à la fois j'aurais des réponses sérieuses mais surtout non complaisantes de la part des foromers et c'est ce qui me plaît bien d'ailleurs.

Dès ce soir, je vais dégager les points importants de cette discussion et les lister sous forme de tableau car je voudrais arriver à les mémoriser.

Je sais que je n'ai pas ce profil psychologique de fils par hasard mais je voudrais l'accepter réellement tel qu'il est déjà pour ne pas aggraver ses mauvaises réactions comportementales et aussi pour être en accord avec le développement de ma spiritualité...

Portrait de Christel

Bonjour Horia .. Je suis un peu dans la même situation que toi avec mon ado de presque 16 ans.. mais l'adolescence n'est pas une période facile pour eux non plus et il me semble assez normal que la crise se passe à cet âge là.. Je crois qu'il faut rester vigilant tout en étant tolérant, les accompagner dans la bienveillance, même si parfois nous avons du mal à les comprendre, et essayer de garder le dialogue ... Je joins un extrait que j'adore du "prophète" de Gibran auquel Gilbert fait référence :

Khalil Gibran


Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants.
Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable.

Portrait de Cécile

J'ai eu l'occasion de voir interpréter " Le prophète " par le comédien Michel Le Royer, il y a quelques années au festival d'Avignon dans une chapelle. Ce fut une véritable révélation. Depuis ce livre ne me quitte pas. En voix off, il y avait aussi la voix de Michel Lonsdale qui faisait le narrateur. De la vraie spiritualité vivante. Je me joins à mes amis virtuels pour vous souhaiter également la bienvenue, Christel !

Portrait de Gilbert

Super, Christel, que vous ayez pris la peine de nous recopier ce texte sublime de Khalil Gibran. J'en profite pour vous remercier pour votre témoignage et surtout de vous souhaiter la bienvenue dans cette communauté de Signes & sens qui m'apporte beaucoup depuis que j'y partcipe.

Cordialement,

Gilbert

Portrait de Amélie

Et j'en profite pour dire un merci pour ce magnifique texte de Khalil Gibran... Si vous permettez Christel, aussi courage ! avec votre fils... Comme tout parent, j'ai aussi connu des difficultés... Mais maintenant qu'ils sont tous largement adultes, je trouve qu'en définitive, ils sont tous les trois, et chacun à leur façon, des individus intéressants, courageux et pleins de bonnes volontés... Ce qui est déjà pas mal !

Portrait de Christel

Merci beaucoup Gilbert Smile Je suis tombée sur ce site un peu par hasard ( même si je ne crois pas au hasard) et je pense qu'il va également m'apporter beaucoup ..

Au plaisir d'échanger .

Portrait de Gilbert

Je crois que beaucoup de personnes inscrites ici ne croient pas au hasard (rires). Quelqu'un a même cité ici la phrase d'Einstein : " Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito ". Très bonne soirée à vous et bonne lecture. Il y a de quoi entre les forums et les blogs (presqu'une centaine de textes de grande qualité réflexive). Et n'hésitez surtout pas à intervenir ou venir poser une question qui vous tient à coeur ! Wacko

Portrait de Juliette

Bonjour Christel, Soyez la bienvenue.

Merci pour le texte de Khalil Gibran, il est magnifique. J'ai aussi une ado de 17 ans, qui ne pose pas spécialement de problème, mais il est bien qu'on me rappelle que nos enfants ne nous appartiennent pas !

Bonne soirée et au plaisir de vous lire Good