L'expression " quitter son corps " ?

Portrait de Jean

Lors d'une discussion avec une amie, elle a abordé la dernière phrase du chanteur Joe Dassin avant de décéder : " Qu'est-ce qui m'arrive ? ". Cette amie, très concernée par la spiritualité et ayant fait une sortie de corps, a employé l'expression : " Je pense qu'il a quitté son corps ". Par ailleurs, j'ai lu sur un site internet, à propos des conflits familiaux qui ont entouré ses funérailles, que le chanteur aurait déclaré avant sa mort, certainement de façon anticipatoire : " C'est l'âme qui compte, peu m'importe ce qu'on fait de mon corps. ”. Que pensez-vous de cette expression " quitter son corps " ? 

Portrait de Lakshmi

Cette question renvoie à notre véritable identité, selon les Ecrits védiques. J'y ai fait allusion lors d'une autre discussion. L'expression " quitter son corps " est employée régulièrement par les yogis et les spiritualistes orientaux. Les expériences de NDE (ou sortie de corps) semblent confirmer le fait que le corps n'est qu'un véhicule, un vêtement. Mâ Ananda Moyî emploie cette notion de vêtement à propos de l'enveloppe physique.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Votre question me renvoie à une interview très intéressante du psychologue analytique Carl Gustav Jung donnée à la BBC peu de temps avant sa mort. Je cite : Si la psyché ne doit pas seulement vivre dans l'espace et le temps, et à l'évidence elle ne le doit pas, alors n'étant pas soumise à ces lois, cela implique qu'elle continue à vivre une sorte d'existence au-delà du temps et de l'espace. Ce qui tend à aller dans le sens de l'intuition de votre amie, Jean.

Portrait de Charles

Bonjour,

Je suis nouveau sur ce site que je trouve fabuleux. J'ai pris aujourd'hui la décision de m'inscrire à la faveur de cette question de Jean. Je suis musicien et j'ai 41 ans. Intéressé depuis longtemps par l'ésotérisme, il m'est difficile d'en parler autour de moi sans passer pour un hurluberlu. Il se trouve qu'ado j'ai une expérience particulière. Alors que j'étais allongé sur mon lit, je me suis senti sortir demon corps et l'observer du plafond. Autant vous dire que je n'en ai parlé qu'à un ami intime mais je ne suis pas sûr qu'il m'ait cru. Cela ne s'est jamais reproduit et j'avais mis cela sous l'explication d'une hallucination psychique. Avec cette question, je reconsidère cette expérience. J'avais déjà investi certains forums mais je n'étais pas convaincu car je trouvais que ça partait un peu trop dans les délires mystiques. Ici, je vois qu'à aucun moment ça ne dérape dans ce sens. J'ai vu qu'il y avait des psys et des foromers très ancrés dans le réel. J'espère pouvoir partager avec vous.

Charles

Portrait de cricri

Il se trouve que j'ai regardé une émission sur Joe Dassin il y a quelques jours et et j'ai entendu moi aussi l'anecdote que vous a relatée votre amie Jean. Je me suis fait exactement la même réflexion. J'ai tout d'abord ressenti comme un bien-être très particulier et j'ai pensé que, de la façon dont s'est exprimé ce chanteur qui était finalement en train de décéder, c'est comme s'il signalait qu'il était en train de quitter son corps, comme s'il ne comprenait pas ce qui lui arrivait... J'ai encore beaucoup d'émotion rien qu'à l'idée d'y penser...

Portrait de Christine-zen

Pour connaître personnellement une personne très sérieuse, très ancrée, très pragmatique, qui a fait une sortie de corps sans rechercher cet état, je n'ai plus grand doute sur une vie après la vie...

Portrait de Jean

Merci pour vos réponses. Les propos de Carl Gustav Jung m'ont particulièrement parlées. Il emploie le terme   " psyché " que j'entends comme " conscience " dans un sens très large, incluant conscient et inconscient. Cette conscience est pour moi un grand mystère. Le témoignage de Charles m'a interpellé aussi. J'en profite pour lui souhaiter la bienvenue parmi nous. Ce continuum de l'âme, de la psyché selon Jung ou encore de la conscience élargie induirait qu'il y ait non seulement une vie après la vie mais aussi une vie avant la vie. Ce que nous expérimentons dans ce corps actuel serait donc une sorte de " maintenant " dans l'espace et le temps tel que nous le percevons et auquel il est important de donner tout son sens.

Portrait de Charles

Tout d'abord, merci Jean pour votre accueil.

Je ne connais pas Mâ Ananda Moyî mais j'ai vu sur d'autres discussions que vous faites souvent allusion à elle et notamment des psys. Elle doit être donc digne de foi (c'est le cas de le dire !). Si j'ai bien compris, lorsque je suis " sorti " de mon corps c'est comme si j'avais laissé pour quelques instants  mon vêtement corporel sur le lit. C'est étrange mais c'est effectivement  un peu comme ça que je l'ai vécu. C'était à la fois agréable mais aussi un peu effrayant quand même. Sensation bizarre ! D'ailleurs, pour en revenir au sujet de la discussion et la dernière parole de Joe Dassin, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Mais peut-être suis-je encore ici-bas parce que ce n'était pas le vrai moment ?

Portrait de Isabelle

J'en ai déjà témoigné ici... Très peu de temps avant le décès de mon jeune frère (environ 1 mois), d'un accident de la route, j'ai eu moi-même un accident sur la route, dont je suis seule responsable, par inattention, sur ma mobylette, j'ai percuté un poteau téléphonique assez violemment. Avant même le choc en tant que tel (probablement une fraction de seconde en réalité), je me souviens très nettement, avoir vu le poteau arriver, mais comme déjà dans un "état déconnecté"... C'est-à-dire que le choc, n'a pas provoqué de "souffrance" j'étais comme "enveloppée" dans une sorte de "ouate"... Puis je me suis retrouvée comme en "observation" au-dessus de mon corps... Avec une "constatation pensée" totalement sans "affect", aucune peur, que peut-être j'allais mourir... Puis j'ai "réintégré" mon corps, et là j'ai senti que "j'avais mal"... J'ai compris bien plus tard, après cette expérience, qu'il m'avait été nécessaire pour moi-même, de "vivre" cet état, comme pour me permettre de comprendre, que la mort n'est pas une souffrance... et que le corps n'est qu'une enveloppe... C'était probablement essentiel, quant à ce qui s'est passé, avec le décès de mon jeune frère, puisque je suis arrivée sur les lieux de l'accident 10 minutes après qu'il se soit produit... le corps de mon frère était encore au sol, simplement recouvert d'un drap de bain... Je suis arrivée à parler de cet épisode particulier avec du "détachement", mais il m'a fallu du temps, une analyse, et aussi une "reconnaissance" de cette sortie de corps, justement, pour ne plus "revivre" cette scène du corps de mon frère au sol, comme véritablement insupportable... Un corps n'est qu'une enveloppe...

Portrait de Gilbert

Il me semble avoir lu votre expérience Isabelle. Mais je n'avais pas pris conscience - ou vous ne l'avez pas relaté ainsi - du lien qu'il y avait avec effectivement ces deux sorties de corps (l'une temporelle et l'autre définitive, en tous cas dans ce corps de petit garçon). Si je me souviens mon accident grave de voiture, c'est comme si Dieu nous donnait les infos dont nous avons besoin pour continuer notre chemin ici-bas, sachant qu'il n'existe absolument aucun hasard. Merci pour ce témoignage très clair !!!

Portrait de Isabelle

Pas de hasard… Je suis d’accord ! Il se trouve que j’ai regardé un soir de la semaine dernière, une émission sur les EMI. Le témoignage d’une « expérienceuse » d’un certain âge, m’a particulièrement amené à réfléchir… Elle disait que sur le « temps » où elle se trouvait « ailleurs », lui avait été posée 2 questions : « Comment as-tu aimé » ? et « Qu’as-tu fait pour les autres » ? Elle expliquait que depuis cette EMI, qui remontait à quelques dizaines d’années auparavant, il ne se passait pas un jour, sans qu’elle ait à l’esprit, ces 2 questions pourtant simples en soi… Et qui pourtant l’avait amené depuis son EMI, a être autant que possible « attentive » et à sa façon d’être et à sa réflexion… C’était très parlant !

Portrait de Gilbert

Vous me confondez certainement avec Jean. Mais il est vrai que nous avons tous deux un peu la même sensibilité sur ce type de sujet. Ceci dit, toutes le personnes qui témoignent avoir vécu une EMI (Etat de Mort Imminente, pour ceux qui ne connaissent pas le sigle) en sont revenus transformés quant à leur approche du monde et des autres. Un anesthésiste français en parle je crois et des gens connus ont même écrit des livres. Un médecin américain fait aussi des conférences de par le monde pour sensibiliser à la spiritualité.

Portrait de Isabelle

L'orage qui passait par-là, a du me perturber (rires) !

Portrait de Gilbert

C'est comme les tempêtes mentales. Alexandre Jollien en parle et dit qu'il faut " laisser passer ". Pas grave Isabelle, vous n'avez pas besoin de vous excuser. L'important quand il y a un orage c'est qu'on soit au sec. Jollien a réalisé cela alors qu'il méditait dans le dojo à Séoul. Dehors il tonnait et pleuvait. En réalisant qu'il était à l'abri, il a transposé cette expérience sur le plan mental. Lorsque le psychisme est orageux, il suffit de ce connecter à l'endroit en nous qui est toujours au calme, au sec... et laisser passer, puisqu'in fine, on est à l'abri, toujours à l'abri, au plus profond de nous. Je crois que c'est en lien avec le sujet : l'âme, tout comme l'inconscient, est inviolable, indestructibe. Le problème, c'est lorsqu'on s'identifie à quelque chose qui n'est pas véritablement nous... En l'occurence, le corps. Très bonne après-midi ensoleillée de l'intérieur Wink

Portrait de Jean

Je vois, Isabelle et Gilbert, que vous faites la  " causette " (je veux dire la discussion pas l'héroïne de Victor Hugo !). N'empêche que ça m'a bien fait réfléchir vos échanges. Et pour rebondir sur le dernier com de Gilbert, j'ai relu cet article de Signes & sens : " Balayer les nuages " que je trouve fort à propos, en tous cas en ce qui me concerne. Je vous copie le lien si ça vous " branche " : http://www.signesetsens.com/developpement-personnel-balayer-les-nuages.html