Par un cauchemar fait la nuit dernière où je hurlais sur une ex qui m'a trahi l'année passée, j'ai bien vu en me réveillant que je ne lui avais pas pardonné sa trahison à mon égard. Ça a accompagné mon petit déj et, de par des exemples qui me venaient, je n'ai pu que constater que je ne suis pas le roi du pardon. Pourtant, j'ai lu grand nombre d'articles sur l'utilité de pardonner pour soi, pour sa propre santé, indépendamment de la démarche qui se veut tout aussi libératrice pour la personne qui nous a porté tort. Mais j'ai décidément du mal à pardonner.
Est-ce que vous pourriez m'expliquer d'où me vient cette résistance et comment faire pour la liquider ?
Jean
Lobstacle : le jugement
Rassurez-vous, Simon, j'ai du mal aussi avec ça. Mais je crois que mon plus grand obstacle, c'est cette notion de jugement. Pas facile d'adopter une position neutre vis à vis de la trahison. Pourtant, si les psys disent que la trahison rend libre, c'est bien qu'elle a un aspect positif. Je crois que c'est de ce côté qu'il faut chercher. J'ai vécu moi aussi, comme tout un chacun, des trahisons. Il est vrai que c'est douloureux. Mais comme on ne peut rien y changer, j'essaie de voir les aspects positifs de l'histoire. Je liste tout ce qui a trait à cet aspect de liberté. Ainsi, je me dis que je n'ai pas besoin du traître pour exister par moi-même puisque j'existais avant de le rencontrer. Lorsque ma colère s'estompe, je me dis aussi que je n'ai pas attiré cette personne par hasard et que finalement Dieu l'a mise sur mon chemin pour que j'évolue. Il m'arrive alors de penser " merci " à l'endroit du traître. Et puis, je pense à Jésus. Imaginons que Judas ne le trahisse pas. Qu'en serait-il de la résurrection ? En ce sens, je pense que tout est écrit (même les pires des choses) en vue du meilleur. Difficile à avaler parfois mais si on croit en Dieu, cela me paraît tout à fait logique. Perséverez Simon, Dieu - toujours fidèle Lui -, ne jugeant pas, est à vos côtés jusqu'à la fin des temps...
Isabelle
Remises en question...
Le pardon c'est un des aspects sur lequel je réalise pour diverses raisons en ce moment, qu'en définitive, c'est très difficile pour moi aussi ! Lorsque je sens que je "déraille", et ça peut aller très vite, sur les ressentiments et colères face à certaines "trahisons", qui entraînent immanquablement des pensées négatives, je "m'auto-engueule", pardon pour l'expression... En me disant et me répétant, que je suis bien injuste avec "l'autre" et moi-même... Car je "sais" au fond de moi, que ces "souffrances" sont là pour me permettre d'avancer et non pas pour me freiner... En fait, je fais des parallèles avec mon travail d'analyse et ce que la didacticienne nous a donner en base de travail essentiel (dit comme ça c'est extrêmement "simplifié", pardonnez-moi...). Celà fait plusieurs matin, et contrairement à mes habitudes, que je reprends systématiquement la lecture d'un petit paragraphe d'Emmet Fox en page 42-43 : "Une porte s'ouvre". Parce qu'il y a comme "une insistance" pour moi à cette lecture, à savoir qu'il s'agit avant tout de ne jamais "oublier" de voir du côté "gain" et non du côté "perte"...
Au fond, tant que je m'attache à la "perte", je ne suis pas dans la possibilité d'un pardon quel qu'il soit... A l'heure actuelle, je "vérifie" vis-à-vis de moi-même, qu'une trahison sur mon second couple, qui "m'entrave" encore beaucoup, bloque en parallèle, le fait que je ne pardonne pas une certaine "absence" de ma mère... Qui nous "élevait" finalement assez seule... tout comme "l'absence de mon père" durant mon adolescence en particulier... Mais, ces aspects plus en avant en ce moment, sont là aussi pour me montrer, qu'il y a bien évidemment encore des "affects" qui ne sont pas totalement "réglés"... Je crois que le travail de pardon, c'est un travail sur soi au quotidien, parce que nous n'en avons jamais véritablement "fini"... Avec cependant, un "gain" appréciable au fond... A chaque fois, on laisse derrière soi, un petite part "négative", qu'on en ai conscience ou pas à l'instant "t"... Et il faut parfois un temps certain, pour s'en rendre compte soi-même... Ma pensée "réflexe" c'est aussi quand même de "remercier" mes parents... Car sans eux, et leurs "façons" d'être... Je n'aurais peut-être pas non plus cette possibilité des "questionnements" (et quand même certains dans le bon sens...), y compris sur mes remises en question salvatrices, protectrices et évolutives...
Gilbert
Fox a raison !
Je crois qu'il s'agit vraiment du confiance en notre destinée. Isabelle m'a donné l'énergie de reprendre le paragraphe d'Emmet Fox : " Une porte s'ouvre ". Et je crois que le pardon se situe lorsque l'on a intégré qu'après nous avoir claqué la porte au nez, celui qui trahit nous donne l'opportunité de regarder ailleurs pour apercevoir la porte qui est ouverte et y entrer. Je crois que toute notre vie se situe dans cette conscience que celui qui nous barre le chemin nous indique que ce n'est plus celui-là et qu'il faut continuer sur le nôtre. Difficile de dire merci à ceux qui nous ont fait souffrir. Pourtant pas d'autres choix pour se débarasser de nos valises pleines de rancunes. Comme le dit aussi Isabelle, et cela me paraît important, il est bon de se pardonner à soi-même car, finalement, nos non-pardons ne sont peut-être que des projections sur un autre de ce que l'on ne se pardonne pas soi-même.
Merci pour cette discussion encore une fois passionnante et bonne journée à tout le monde.
Madeleine
Prendre le temps
Cette discussion me fait comprendre que je n'ai pardonné que lorsque que j'ai pu voir la porte ouverte, c'est à dire ce que m'avait apporté l'autre en me fermant une porte. Et parfois, cela a pris beaucoup de temps. Peut-être faut-il s'accorder du temps et c'est seulement lorsqu'on se tourne vers cette porte ouverte qu'on peut dire " J'ai pardonné ".
cricri
Le jugement est un poison qui rend difficile le pardon
Malheureusement, je fonctionne un peu comme vous le décrivez Madeleine, même si j'essaie quotidiennement de mettre plus de distance et davantage d'intelligence du cœur dans mes rapports aux autres et leur accueil...
Je sais que ma grande difficulté en matière de pardon repose sur l'acceptation inconditionnelle des différences. Pour moi, je ne peux que constater que c'est un travail de longue haleine, d'autant que je sais que non seulement il est inutile de chercher à réduire l'autre à soi mais qu'en plus, c'est une attitude qui fait du mal à soi-même et à son entourage...
Mireille-cogolin
Accueillir même ce qui nous déplaît...
Merci Cricri de rappeler ces points essentiels.
Je le vois avec ma sœur qui est très difficile à vivre. Je sais que je dois l'accueillir tel qu'elle est car le vrai pardon se situe-là. Mais que c'est difficile !
Nathalie-196
Autant pour moi!
J'ai encore fait une réflexion tout à l'heure à ma fille parce qu'elle ne fiche rien de ses journées. Je sais que j'ai tord parce que je vois bien qu'elle est ravie que ça m'insuporte et tant que je ne suis pas capable de l'acceuillir comme elle est , je sais' aussi que je ne suis'pas dans une démarche de pardon et que j´agrave encore plus son caractère impossible ...
Gilbert
Votre titre dit tout !
" Accueillir même ce qui nous déplaît ! ". Votre titre, Mireille, suffit à me faire saisir que là est la clé de l'acceptation de la différence de l'autre. Et, comme quelqu'un l'a dit, c'est pas facile du tout. Il y a encore pas mal de gens qui m'insupportent et je suis loin d'expérimenter cette notion d'accueil inconditionnel. Mais le savoir, avec l'aide de Dieu, c'est déjà emprunter un très beau chemin !
Michèle
Je suis d'accord avec Madeleine
On m'a fait, comme je suppose à beaucoup de personnes, des " crasses " ! Et sur le moment, on a envie de faire pareil. Je crois que la notion de temps est importante. Il est très difficile (mais je n'engage que moi) de tourner la page instantanément mais si on verbalise que l'on a pardonné. J'ai connu des gens qui disaient cela mais en fait ils n'avaient pas réellement pardonné si on les regardait bien agir au quotidien. C'était dit du haut d'une espèce de supériorité dédaigneuse et pour moi, ce n'est pas ça le pardon. Par contre, je pense que c'est possible et nécessaire pour s'alléger du passé et ne plus le rabâcher. Mais encore une fois, je pense que le temps est important... Il faut bien que la colère soit évacuée.
Viviane
"Notre Père"
"Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés"... J'essaie de m'appliquer de toute mes "forces"... Mais très souvent quand je réfléchis à cette phrase en particulier... Je me dis "eh bien, j'en suis loin !"... Mais je suis d'accord que cette idée du temps est très importante... Qui peut dire d'ailleurs, que le temps n'atténue jamais aucune souffrance... pas grand monde en définitive... Même si certaines blessures se cicatrisent plus lentement que d'autres...
Lakshmi
Pardonner, c'est se pardonner
Ce " Notre Père " nous montre bien le passage obligé. Dans la mesure où nous pardonnons nous sommes pardonnés. Je n'avais pas vu jusqu'ici cette prière symbolique sous cet aspect. Ce " comme " prend tout son sens. Pardonner revient à se pardonner ! Nous serons mesurés avec la mesure que nous mesurons est-il dit (de mémoire) dans les Ecritures...
yamina.174
Des exos toujours plus difficiles pour apprendre à pardonner
Plus j'avance en âge, plus je me demande - au regard de certaines de mes très mauvaises réactions lorsque quelqu'un me dérange - si, finalement, nous ne sommes pas toute notre vie en démarche de pardon. Je dis cela parce que je vois bien qu'il est rare, ne serait-ce que dans une semaine, que je ne sois pas confrontée à une personne qui me gêne... Je peux être détestable dans certains cas et ce n'est qu'a posteriori que je me dis que je suis à des années-lumière d'un réel pardon. Mais, encore une fois, la récurrence de ce problème me donne à penser qu'il y a une évolution dans notre décision à pardonner car je dois recconnaître que j'accepte maintenant de certaines personnes ce que je n'aurais jamais pu accepter il y a 10 ans en arrière...
Christine-zen
Un regard intéressant
Je me retrouve dans ce que vous dites Yamina car, même si nous avons toujours des difficultés à pardonner, je suis certaine également que nous progressons et que nous augmentons progressivement dans la vie notre seuil de tolérance vis-à-vis d'autrui...
Jean
Un pas après l'autre !
Entièrement d'accord, Yamina. A 60 ans, je supporte des choses que je n'aurais jamais pu supporté à 40 ans. C'est peut-être le bénéfice de l'âge qui me fait m'intéresser de plus en plus à la spiritualité, grâce à un certain chemin parcouru et à l'urgence d'avancer toujours, un pas après l'autre certes, mais un peu plus tous les jours dans cette direction du pardon, même si je sais aussi que j'en suis encore à des années-lumière. Poutant cette discussion me permet de ne pas me décourager et de continuer...
Madeleine
Le chemin parcouru
Merci Yamina.174, vous me permettez de regarder le chemin parcouru et moi aussi, je me suis assouplie. Mon fils me l'a dit, il n'y a pas si longtemps !
Stress Thérapie
J'ai du mal avec le pardon
Le pardon est un cheminement personnel. Il est propre à chacun. Pour pardonner, le pardon doit avoir un sens pour soi. Dans le cheminement, il est salutaire de se rappeler que chacun fait avec les moyens qui sont les siens. Que les événements ou situations dont nous avons souffert n’étaient pas forcément tournés contre nous, en tant qu’individu, tel que nous sommes, mais contre ce que nous avons représenté, à un moment donné, pour la personne qui est à l’origine de la souffrance. Ce ne sont que des pistes, à explorer en fonction de chaque histoire. Que nous pardonnions ou pas ne doit être soumis à aucun jugement, l’important est d’être en paix avec son choix.
Jean
La vraie paix me semble inaccessible sans le pardon
Il est évident que le pardon en tant qu'injonction ne peut pas fonctionner. Cependant, je ne pense pas que l'on puisse accéder à la paix véritable sans pardon. Faire le choix de ne pas pardonner m'a toujours empêché d'être totalement serein. Mais il est vrai qu'il existe des situations (guerre, meurtres...) ou la chose doit être extrêmement difficile, voire quasi impossible, et cela reste humain. Mais si on se place à un niveau spirituel, certains être y sont parvenu. Comme je suis croyant, je pense à la phrase de Jésus sur la Croix : " Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ". Il s'agit bien sûr pour moi d'un " tendre vers " très difficile selon le cas. Il est évident que j'ai du mal moi aussi avec le pardon. Ce qui ne m'empêche pas de penser que c'est la seule solution pour trouver la Paix avec un grand P.
Amélie
Oh oui ! C'est difficile le pardon !
Mais plus j'avance dans ma vie, et plus je suis "sûre" au fond de moi, que sans pardon, ou au moins "tendre vers" (j'ai déjà lu cette expression ici, sur ces forums...), cette vie n'aura "servie" à rien... Et j'aimerais au moins, et si ça m'est donné de cette façon, me dire à mon dernier souffle, qu'au moins je ne pars pas avec une idée de haine, de vengeance... Peut-être que je m'arrange avec moi-même, que je cherche à me rassurer... Mais je ne peux pas penser autrement que... sans un pardon, aussi petit qu'il soit, alors on n'a jamais aimé et jamais été aimé...
Lakshmi
Quitter son corps en paix !
Votre com, Amélie, m'a beaucoup émue. Je crois que notre parcours sur terre se résume finalement à atteindre - autant que faire se peut - cette capacité d'acceptation qui ne peut déboucher que sur l'Amour avec un grand A. Et le pardon est son ingrédient ultime. Aimer sans condition et ainsi pouvoir s'unir à Dieu, qui pour moi est Amour infini.
Simon_L
Le pardon pour s'aimer soi-même
Des commentaires toujours très porteurs, en sachant que Stress Thérapie a particulièrement mis l'accent où il fallait : cette ex a fait ce qu'elle a pu avec ce qu'elle est. Je n'aime pas le terme empathie parce qu'il ne veut pas dire grand-chose car comment se mettre à la place de quelqu'un mais là, je crois que pour essayer de pardonner à cette jeune femme, il faut avant tout que j'essaie de la comprendre, ce que je n'avais pas fait jusque-là puisque je ne décolérais pas. Ceci dit, ce qui me rassure un peu dans vos posts, c'est non seulement cette idée que le pardon ce n'est décidément pas très facile pour l'ensemble du genre humain mais aussi que cette notion de pardon devra toujours être acté tout au long de l'existence, ce qui m'apparaît logique, cohérent et altruiste jusque pour moi !