Je termine rarement ce que je commence

Portrait de Sylvie-0570

Je craque un peu avec un de mes défauts qui m'agace particulièrement : je termine rarement ce que je commence. Et ce quel que soit le domaine. À l'automne dernier, je m'étais lancée dans un ouvrage de point de croix : j'en ai fait un tiers et j'ai laissé tomber, sans compter que je n'ai pas envie de le continuer... Je voulais repeindre cet été ma salle de bains pour pouvoir bien l'aérer à cause de la toxicité éventuelle de la peinture : je n'ai peint que l'intérieur de la porte sous prétexte qu'il faisait chaud et, maintenant, je me dis qu'il pleut et que ça attendra l'année prochaine... J'avais commencé le golf : j'ai arrêté au bout de six mois... Je pourrais continuer à dresser une liste affligeante.

Est-ce que vous savez d'où peut venir ce trait de caractère fort pénible et comment y remédier ?

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Vous parlez d'activités liés au plaisir, ce qui veut dire qu'au départ, il y avait un réel désir. 
C'est la rentrée scolaire et beaucoup vont s'inscrire dans une activité et beaucoup ne tiendront pas plus d'un trimestre. Le découragement arrive vite au moindre obstacle qui se dresse sur le chemin du plaisir.

Le plaisir est une l'intance du " ça " (oralité) et qui est dans le " tout, tout de suite, immédiatement à la minute " qui ne supporte pas les contraintes liées au temps et les obstacles. 

Pour pouvoir mener à bien un projet et garder la motivation tout le long de la réalisation, il faut pouvoir maintenir la notion de plaisir .  C'est à dire que chaque fois qu'il y a un obstacle, il faut se remotiver en pensant au plaisir que procure soit la réalisation finale, soit le plaisir que l'exercice de cette activité procure. Pour la peinture, pensez au plaisir de prendre chaque jour votre douche dans une jolie salle de bain... Pour le point croix, le plaisir de contempler votre tableau ou décoration... Pour le golf, le plaisir de vous aérer, d'être dans la nature...

 

Portrait de Gilbert

J'avoue que je fonctionne aussi un peu comme cela et évidemment j'ai l'esprit confus et insatisfait. Mais j'ai fais un peu de progrès. J'essaie d'aller au bout du bout, d'abord sur des petites choses. Je me fais des listes et je barre quand j'ai fini. Il y a alors la satisfaction de l'oeuvre accomplie. Je me reconnais un peu dans ce que dit Cécile. au début, il y a une impulsion puis " ça " ne suit pas dès qu'il faut être un peu persévérant, c'est à dire accepter que le plaisir n'est pas toujours au rendez-vous. Désormais, je me mets tout seul un petit coup au derrière et j'engueule (avec humour) l'instance que Cécile appelle mon " ça ". Parfois même, je l'insulte (rires !), je lui dis des gros mots car je sais que c'est un peu comme le tentateur qui me dit de ne pas me fatiguer. Sauf que je suis encore plus fatigué lorsque je me roule les pouces alors que je passe joyeusement à autre chose après la satisfaction du travail accompli. Commencez par de petites choses Sylvie, je pense que peu ou prou, comme le dit Cécile, il arrive à beaucoup de personnes de ne pas réussir à tenir sur le long terme quant à une bonne résolution. Cette question m'encourage donc, car je réalise que je ne suis pas le seul à papillonner dans certaines choses  !-)

Portrait de Sofia M

Personnellement et compte tenu des trois exemples différents que vous citez Sylvie, catégories qui demandent toutes un savoir-faire pointu, il me semble que le fait de ne pas terminer ce que vous entreprenez concerne une angoisse d'être mal jugée si, d'aventure, le résultat final pouvait être soumis à des critiques extérieures. 

Il peut s'agir des conséquences d'une éducation psychorigide, comme celle donnée par ces parents qui veulent absolument que leur enfant soit le premier de la classe ou qui, lorsque leur héritier revient avec un 15/20, lui disent qu'il aurait pu avoir un 18 ! On retrouve aussi dans cette trame des profils de parents qui vont refaire le lit après que l'enfant se soit appliqué à le faire ou même des parents qui expliquent que le gâteau au yaourt réalisé avec amour par de jeunes mains n'était pas assez cuit... Autrement formulé, je pense que vous souffrez de la possibilité du jugement de regards censeurs. Pour régler cette faille, dites-vous que seules les personnes qui ne font rien sont des juges abominables et que leur avis réducteur est en fait projectif. Ensuite, pensez aux professionnels qui ont fait de leurs échecs un tremplin pour réussir (il y en a beaucoup !). Enfin, dans les exemples que vous prenez, ceux-ci ne peuvent en aucun cas vous mettre en danger, même si la tapisserie n'est pas un chef d'œuvre, la salle de bains moyennement bien repeinte et vos résultats au golf médiocres ! Confrontez-vous à vous même et autorisez-vous à ne pas être parfaite. Cette simple attitude fait de petits miracles : elle va vous détendre et, une fois les tensions envolées, vous constaterez objectivement vos belles performances... 

Portrait de Orlan

Comme mes parents n'avaient rien à foutre de ma petite personne vu que seul l'agrandissement de leur propriété agricole les préoccupait - et les préoccupe toujours du reste -, ils se fichaient totalement de mon application à réussir scolairement, à ranger et à briquer ma chambre (ce qui d'ailleurs m'a rendu un peu obsessionnel de l'ordre et de la propreté !), à finir ou pas mon repas (que je ne laissais pas car, même très jeune,  je pensais aux " pauvres ")... Je viens donc de réaliser pourquoi je termine tout ce que j'entreprends... 

Portrait de Gilbert

Je viens, avec votre post, de faire des liens avec la peur que m'inspirait mon père lorsque je l'aidais au jardinage. Selon ses dires, je n'étais bon que pour tenir un stylo et je n'aurais pas trouvé de l'eau au fleuve !!! Il est certain que tout ce que j'entreprends de manière manuelle et que je ne finis pas est lié à cette période. Et en plus, je dis toujours que je n'ai pas la main verte et suis incapable de m'occuper de la seule plante que j'ai à la maison... Je vais donc voir les choses autrement et me confronter à moi-même pour tout ce qui est bricolage. A mon âge, il serait temps ! Merci Sofia !

Portrait de Allain

Je rejoins l'interprétation de Sofia M.

Le ça dit mais ne permettra jamais une énumération comme celle de Sylvie-0570 quant au travail quel qu'il soit... Il est bien trop paresseux!

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Vous avez raison Allain, le ça ne " culpabilise " pas de ne pas faire ! Je rejoins moi aussi l'interprétation de Sofia M.

Portrait de Sylvie-0570

Je le vois en sport où j'ai finalement choisi la course à pied " pour mon plaisir " car, dans ce cas, les performances ne sont jamais que vis-à-vis de moi-même...

C'est vrai qu'enfant je pouvais être terrifiée par le jugement des adultes et que mes parents accordaient beaucoup d'importance à la réussite, avec sanctions à la clé si mes résultats n'étaient pas terribles... Je viens d'ailleurs de réaliser que je travaille avec les " stars " !!!

Portrait de M.Christine

Je crois, Sylvie, que ce problème concerne beaucoup de monde, en tout cas à un moment ou à un autre .

Belles analyses de Sofia M. et de Cécile G. qui vont dans le même sens  :

La peur du regard des autres donne des pensées négatives, et ralentit ou arrête l'action : A quoi bon ? Ca ne sera pas apprécié, etc ... (à la base, les parents jamais satisfaits) . On n'est plus centré en soi mais perdu dans des pensées dirigées vers l'autre, le plaisir de l'autre . Et en plus, on anticipe des réactions qu'on ne peut pas connaître à l'avance . Mais peu importe ! C'est VOTRE salle de bains, c'est VOTRE goût, VOTRE sens esthétique . Pourquoi serait-il médiocre ou douteux ?

Si on recontacte son propre plaisir, sa motivation personnelle de départ, on est dans une pensée positive qui va générer de l'énergie . On ressent, en agissant, la satisfaction du travail et du résultat qu'on a voulu pour soi-même . Si vous prenez confiance en vos qualités et vos capacités certaines, vous aurez la pêche et même l'impatience de voir l'oeuvre accomplie !

Portrait de Michèle

Indépendamment de tout ce qui vous a été dit auquel j'adhère, je me permets de vous donner mon humble astuce. Etant un peu comme vous, j'ai utilisé la relaxation et la pensée positive " Je finis toujours ce que je commence ". C'est du conditionnement basique, je vous l'accorde mais ça peut aider lorsqu'on est un peu invalidé... Pour moi, j'ai fait quelques progrès en utilisant cela (je n'invente rien, c'était la phrase du CD) mais ça a eu l'avantage de lâcher prise et de finir mes taches sans trop me battre contre moi-même ! A répéter régulièrement bien sûr. C'est la méthode Coué, mais parfois je la trouve bien pratique ! Même si ce n'est pas une panacée...

Portrait de M.Christine

Bravo Madeleine ! C'est une bonne solution aussi .

Il me vient encore une autre raison de cet empêchement d'agir : croire que ce sera difficile .

Quand j'étais enfant, j'avais beaucoup de difficultés à l'école . Tout me paraissait difficile . Avant de commencer un travail (ça m'est arrivé à un examen), je commence à tailler mes crayons, à lire et relire la question, à ranger mes papiers, à vérifier l'état de ma gomme, etc ... avant de me décider à écrire . Procrastination . Et encore, je me décide à cause de l'heure qui passe !

Pourtant, l'année dernière, j'ai décidé de recrépir les murs extérieurs de ma maison . Impossible avec aucun peinceau ni rouleau . J'ai tout fait à la main . J'ai usé un certain nombre de gants en caoutchoucs qui finissaient par se trouer laissant parfois quelques traces de sang sur le mur, et je ne sais combien de dizaines de seaux de crépi . Ca a duré des semaines . Je m'y mettais tous les jours, grimpant et descendant l'échelle des centaines de fois pour une poignée à la fois . Il fallait faire le contour des fenêtres et des portes, arriver jusqu'au niveau du toît . J'avais posé l'échelle sur une table qui s'est cassée et j'ai dégringolé . Mais le lendemain j'y retournais . Je voulais ABSOLUMENT FINIR ! Je ne pensais qu'au résultat,  au plaisir renouvelé que j'aurais de voir la maison toute blanche, plaisir qui dure encore maintenant .

Je ne me doutais pas que c'était un travail de titan . L'aurais-je fait si je l'avais su ? Je crois que oui . Parce que le but est plus fort que tout, il donne tous les courages et toutes les persévérances . Je pensais que c'était facile, en tout cas faisable . Tout le monde m'a traitée de folle mais apprécie le résultat . La différence avec l'école, c'est que cette fois c'était mon désir, ma décision . Ca ne m'était pas imposé de l'extérieur .

Considérez, Sylvie, que vos entreprises, quelles qu'elles soient, sont des oeuvres d'art, uniques parce que c'est vous seule qui les imaginez, les menez à bien, les concrétisez . Personne d'autre n'y a pensé à votre place, jamais comme VOUS pouvez y penser .

Portrait de Michèle

Bon moi, c'est Michèle, pas Madeleine (rires). C'est marrant, comme j'ai travaillé dans l'édition, je ne peux pas m'empêcher de penser à celle de Proust (c'est un peu long comme description), comme votre travail. Mais, c'était son truc et il l'a fait. On a aussi parfois essayer de me décourager pour  un projet, mais là, paradoxalement j'ai tenu bon, comme un défi. On me voyait un peu comme vous, comme une illuminée. Autant dire que votre " recrépage " me parle. Je peux être aussi très têtue et aller au bout quand quelque chose me porte. C'est bizarre cette histoire !

Portrait de M.Christine

Ah pardon Michèle ! J'avais l'oeil sur votre chapeau et je me suis trompée de prénom !

Oui, être têtu, ça aide !

Certains disent qu'à défaut de savoir ce qu'on veut, au moins sachons ce qu'on ne veut pas :

"Je ne veux plus avoir une vielle maison ! Je ne veux plus avoir une vieille salle de bains !"

Portrait de Michèle

Pas grave M. Christine. C'est surtout que je crois qu'il y a une Madeleine qui intervient sur le forum et ça risquait de lui faire drôle (rires !). Mais quand on " M " on ne compte pas. Avez-vous remarquez que nos trois prénom commence par cette lettre que j'" aime " tout particulièrement. Sur ce je vous souhaite une belle nuit peuplée de beaux rêves et non de lierre (rires, je viens de lire votre post à ce sujet). Moi j'ai les paupières qui commencent à s'alourdir de plus en plus. A bientôt !

Portrait de M.Christine

Oui j'avais remarqué les trois M . Trois âmes ...

Quand on M on ne compte pas . Ah, bien vu !

Portrait de Charles

On poste tard ou bonne heure sur ce forum. Ceci dit, je viens de parcourir la discussion. Il y a des trucs qui me parlent mais je vais pas m'étaler... Faut que j'aille faire dormir un peu mes yeux. Bonne nuit les 3 " M " (lol).

Portrait de Madeleine

Me voilà. A l'heure où vous avez posté, moi, je dormais !
Je n'ai pas participé à cette conversation mais du coup, c'est comme si j'avais moi aussi des choses à comprendre sur ce sujet. La psychorigidité en héritage, ça me parle ! 
Je vais donc travailler ce sujet, quant à moi. Merci et bonne journée à toutes et à tous !

Portrait de Charles

Je ne pense pas être psychorigide, quoique ? Justement, cela tombe bien que vous évoquiez ce thème. Il ne doit pas y avoir vraiment de hasard. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de voir mais j'ai posé une question sur l'échangisme et là je ne suis pas très chaud. Est-ce que je serais psychorigide ? Bon j'ai demandé au psys ou du moins à des personnes qui s'y connaissent. Comme vous avez un beau coeur, Madeleine, j'aimerais bien avoir votre avis (rires !). Coeurdialement vôtre ! Charles !

Portrait de Madeleine

Je pars au travail donc je ne peux pas vous répondre maintenant mais, dès que cela sera possible, j'irais lire votre sujet. A bientôt Charles !

Portrait de Charles

Merci pour votre réponse positive, Madeleine. Je sens que je vais être bien ici... Bon courage pour votre travail et finissez bien ce que vous commencez (lol). A bientôt de vous lire !