Mon fils de 12 ans a dit à son frère qu'il aimait un garçon

Portrait de zab

Je suis complètement perdue.

Mon aîné m'a téléphoné pour me dire que son plus jeune frère, qui a 12 ans, lui avait confié qu'il était amoureux d'un garçon de sa classe.

Dites-moi ce que je dois faire.

Merci.

Zab

Portrait de Jean

A mon sens, vous vous inquiétez un peu trop rapidement, Zab. D'une part vous avez une information de seconde main, ne sachant pas vraiment ce qui s'est dit entre les deux frères ainsi que le contexte de l'échange. D'autre part, je peux vous dire qu'à 12 ans, j'avais aussi un ami qui comptait beaucoup pour moi et ce n'est pas pour cela que je suis devenu homosexuel. Et puis, au pire, sachez que l'homosexualité n'est en aucun cas une maladie mais une différence quant à l'objet d'amour. Je pense que des psys vous en diront plus sur le sujet mais à votre place - à moins qu'il vous en parle directement - je ne m'en mêlerais pas. Si la chose est avérée, votre jeune fils est passé par son frère pour que vous soyez au courant sans avoir besoin de vous affronter. Il vous appartient peut-être déjà de vous mettre au clair avec l'homosexualité au cas où une discussion, d'apparence anodine, serait lancée sur le sujet...

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Je comprends Zab que vous soyez bouleversée. Il n'est pas facile d'entendre que son enfant a une préférence pour une personne du même sexe. Ce n'est pas ce que nous envisageons en premier pour nos enfants et ceux qui prétendent le contraire ne sont pas honnêtes. 

Toutefois, comme le précise Gilbert, l'homosexualité n'est pas une maladie et ne relève pas d'une anormalité. Le tabou se lève progressivement grâce à des personnalités qui vivent leur amour au grand jour comme Amélie Mauresmo, ex numéro 1 mondiale de tennis, Bertrand Delanoë, ancien maire de Paris, et Philippe Verdier, présentateur météo sur France télévision. 

De plus, votre fils n'a que 12 ans et il est un peu tôt pour dire si votre fils est homosexuel ou hétérosexuel. On peut vivre une relation homosexuelle à un moment donné de sa vie sans forcément être homosexuel et inversement.  Ce qui est positif, c'est qu'il a trouvé à qui en parler, votre fils ainé. Ce qui veut dire qu'il a grande confiance en lui et que votre fils joue bien son rôle de grand-frère. 
Vous auriez peut-être préféré qu'il se confie à vous mais, il a grandi et, à son âge, c'est normal de préférer parler avec un homme, de " choses " d'homme.  Il ne vous échappe pas, il grandit, se transforme. Acceptez que votre garçon de 12 ans ait pour confident son frère ainé. 

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

A 12 ans, la première phase oedipienne passée, une deuxième phase de réactivation se met en place. Les amitiés pour le sexe référent, en l'occurence masculin en ce qui concerne votre fils, ont une connotation homosexuelle. Nous nommons cette forme d'attirance " oedipe négatif ". Elle renvoie à l'amour fantasmatique  que le garçon porte pour son père. Comme le dit Cécile G., il est un peu tôt pour en tirer une conclusion définitive quant à l'orientation sexuelle de votre fils.

Portrait de Sofia M

Les psys ont expliqué les élans amoureux de votre fils de façon très complète. Je me permettrai seulement de rajouter que, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il se peut que votre ado soit admiratif de ce copain et qu'il cache inconsciemment son envie de lui ressembler par ce qu'il transforme comme un état amoureux, histoire de minimiser ce qui le fait souffrir en lui, notamment son manque de confiance. 

Portrait de Gilbert

Je rejoins ce que vous dites, Sofia, d'autant qu'à cet âge là j'ai été très admiratif d'un copain d'enfance d'un an plus âgé que moi. Il a certainement remplaçé une figure masculine idéalisée. Nous étions toujours ensemble et on aurait pu croire à des sentiments amoureux aussi, vu de l'extérieur. Et j'avais un très grand manque de confiance en moi...

Portrait de Allain

Je suis homosexuel et -peut-être serai-je contredit par certains homos?- mais je ne pense pas que votre fils le soit. À 12 ans et même de nos jours, on ne va pas raconter ces "choses là" à son frère! 

J'ai relu à plusieurs reprises tous les posts et je suis en accord avec leur contenu. Celui de Sofia m'a particulièrement intéressé car étant psychanalyste, il a réveillé une approche peu connue de la projection de la manière dont la relate notre amie et que nous avait développée le didacticien (dont j'ètais amoureux mais lui ne l'ètait pas de moi, étant marié en plus!) lors de mes études... Une piste à réfléchir aussi...

Portrait de Orlan

Zab, vous demandez ce que vous devez faire... Personnellement, je pense qu'il ne faut pas vous prendre la tête quant à l'homosexualité supposée de votre fils puisqu'il ne vous en a pas parlé.

Dans le cas présent et comme vous nous avez confié à plusieurs reprises que son père était plutôt aux abonnés absents, n'a-t-il pas cherché à attirer l'attention de son frère qui, dans le transfert, joue le rôle paternel ? Il a besoin de ce genre de repères et il s'y prend comme il peut avec ses jeunes moyens psychologiques. Ensuite, s'il est réellement homosexuel, l'important sera que vous le déculpabilisiez, qu'il sente que vous l'acceptez tel qu'il est parce que vous l'aimez, et qu'il soit heureux... La vie passant tellement vite et étant d'une immense complexité, il ne faut jamais créer des problèmes là où il n'y en a pas. Or, l'homosexualité bien vécue n'est pas un problème mais une destinée avec son lot de différences, comme toutes les destinées...

 

Portrait de zab

J'ai bien aimé vos réponses qui sont pleines de sagesse. 

Je voudrai préciser que vos commentaires m'ont permis de réfléchir et de prendre un peu de distance. En fait ce n'est pas que mon fils soit homosexuel qui me gênerait mais c'est que j'aurai peurde ne pas savoir m'y prendre pour le mettre à l'aise. Mais comme pour l'instant, rien n'est avéré, vous avez raison:je ne vais pas me prendre la tête. Je verrai bien au cas où...

Portrait de cricri

Gardez confiance en vous Zab car vous savez très bien que, quand nous sommes à l'écoute de nos enfants (ce qui est votre cas), nous avons toujours les réponses qui conviennent à la situation...

Portrait de Orlan

Votre idée qui véhicule le fait que la juste réponse, face à un problème, s'impose toujours à nous m'a fait du bien. Vous rappelez tout de même la nécessité d'être à l'écoute mais être à l'écoute, c'est ne pas juger... 

Portrait de Mireille-cogolin

Je n'ai pas d'enfant mais l'inquiétude première de Zab m'a interpellée et m'a poussée à m'intéresser à cette discussion...

Cricri et Orlan m'ont apporté une indication précieuse : on ne peut obtenir la réponse adaptée à notre interlocuteur ou à notre interlocutrice qu'après avoir mis en place une ÉCOUTE SANS JUGEMENT... Cette précision est très importante pour moi. Comme je me dispute assez souvent avec ma sœur qui recherche le conflit en permanence, je viens de réaliser qu'en fait, quand elle me parle de façon agressive ou même seulement déplaisante selon moi, je la juge en pensées. C'est sûr qu'en me comportant ainsi, je ne pouvais jamais avoir l'attitude juste vis-à-vis d'elle...

Portrait de Michèle

Zab, avec son interrogation,  a induit des réponses qui sont une belle leçon quand à s'efforcer à ne pas juger. Aussi, j'adhère tout à fait à la conclusion de Mireille...