Ma fille de 10 ans m'a dit hier qu'elle avait peur des personnes handicapées. Elle me l'avait déjà fait comprendre il y a quelques mois et elle m'en a donc reparlé. En essayant de discuter de son angoisse avec elle, elle m'a précisé que c'était surtout les handicapés en fauteuil roulant qui l'effrayaient, mais elle a voulu interrompre rapidement notre dialogue.
Comment pourrais-je l'aider à dépasser ce que je me permettrai d'appeler une phobie, bien que je n'aie aucune compétence dans le domaine de la psychologie ? J'ai vu sur Internet que la peur des anomalies physiques s'appelait la dysmorphophobie mais je ne sais pas si, fondamentalement, c'est l'apparence différente qui lui fait peur...
Merci.
Cerise
Cécile. G.. Psy...
Trop d'informations ?
La dysmorphophobie est la peur d'être laid et/ou mal formé.
Votre fille, Cerise, a peur du fauteuil roulant. Il est possible que ce soit la crainte d'être mal formée qui l'inquiète. Pour une jeune fille en devenir, on parle de règles et de transformation physiologique.
Le fait qu'elle coupe le dialogue avec vous signifie, peut-être, qu'elle a eu trop d'informations trop précocement : copines de classe, cours d'éducation sexuelle à l'école...
Un enfant pose des questions en fonction de sa maturité psychique. Attendez que votre fille soit en demande d'explications avant de les lui donner.
David Ibanez
Un dilemme
De temps en temps, j'ai droit à des remarques de mes enfants sur ce qu'ils ont vu ou entendu notamment à l'école ou au collège voire même au lycée. Certaines informations les choquent parfois, et quand elles viennent des professeurs je suis bien embêté car il me faut rétablir la confiance avec ces professionnels de l'éducation, même si je les trouve un peu trop zélés. Alors j'écoute sans donner plus d'explication et j'attends que la tension retombe. En général je n'ai pas de question, mais sinon je renvoie à la responsabilité de l'enseignant qui fait son métier comme il peut.
yamina.174
Quand les hormones s'en mêlent...
Je rejoins le point de vue de Cécile G. Dans cet ordre d'idée et compte tenu des élans amoureux de votre fille qui vont se remobiliser étant donné son âge, la notion de fauteuil roulant peut la renvoyer à une perpective d'immobilité : ne pas pouvoir " courir ". En utilisant la méthode des liens, une discussion avec elle sur le sport pourrait lui permettre d' " avancer "... De toute façon, dialoguer également ensemble sur les différences des uns et des autres, ne serait-ce que psychologiques, pourrait lui permettre d'avoir une approche du handicap " différente " et de ne pas le redouter car, à mon sens, le fauteuil roulant est la manière qu'elle a, pour ne pas trop s'angoisser, de minimiser ce type de pathologie...
cricri
Dialoguer avec votre fille sur la nécessaire acceptation
Suite au commentaire de Yamina, c'est vrai qu'il pourrait être intéressant, Cerise, de parler avec votre fille de l'accueil de la différence quelle qu'elle soit. Je ne suis pas psychopédagogue mais, effectivement, de mettre l'accent sur le fait que certaines personnes n'apprécient pas certains traits de nos caractères, ou que nous n'apprécions pas certains traits de caractères chez d'autres, pourrait ouvrir le débat sur la nécessité de l'acceptation. Les problèmes des migrants, dont elle a sûrement entendu parler, pourrait être un excellent fil conducteur.
Mireille-cogolin
Ouvrez les yeux de votre fille
Je ne suis pas maman mais je crois que vous pourriez aussi demander à votre fille si elle a déjà pensé au fait que des enfants se trouvent en fauteuil roulant, que ça peut arriver à n'importe qui à n'importe quel moment de sa vie, et qu'elle-même n'est pas à l'abri du handicap. Vous pourriez lui préciser alors qu'elle serait contente d'être accueillie... Personnellement, j'estime que de lui dire des choses comme ça la mettrait dans la réalité quotidienne..'
Sofia M
La considération de l'alter ego
Alter ego qui signifie " Semblable mais différent "...
Tout à fait d'accord sur une petite leçon de psychologie à donner à votre fille ! Justement sans " psychologiser " ! Utilisez des arguments qui lui fassent comprendre que vivre en société convenablement, c'est accepter la différence, que ça nous plaise ou non...
Allain
En tant qu'homosexuel, je
En tant qu'homosexuel, je viens grossir le rang des avis donnés dans les commentaires qui privilégient de mettre l'accent sur l'accueil de la différence. D'ailleurs,vous pourriez dire à votre fille que la différence fait avancer les sociétés.
yamina.174
La différence fait loi
Que vous vous penchiez sur les religions, les sciences humaines ou la psychanalyse en particulier, vous constaterez, Cerise, que la différence fait loi. Comme votre fille est encore très jeune et que ce sujet est complexe à expliquer, dites-lui plus concrètement qu'un homme est différent d'une femme et c'est de cette différence que naît la vie... Pourquoi alors aurait-elle peur du handicap parce qu'au fond - et j'insiste - c'est certainement cette caractéristique qui doit l'angoisser, plus que le fauteuil roulant ?
Ludo_437
Une bonne préparation à la vie d'adulte
Discussion sévère mais j'adhère en totalité...
Michèle
Les handicapés font avancer...
J'ai fait une découverte sur ces forums : le CD " Vivre sans pourquoi " d'Alexandre Jollien. Voilà un homme (handicapé de naissance) dont la voix (la forme) peut dérouter. Il a du mal à s'exprimer et fait penser à un débile. Pourtant, le contenu de ce qu'il transmet m'a fait un bien " fou ". Chercher à voir - au delà des apparences - ce que cette différence significative peut apporter de positif à votre fille est peut-être un axe de réflexion...
Gilbert
J'ai avancé grâce à une jeune fille sur un fauteuil roulant !
Je crois en avoir déjà parlé sur ces forums mais j'ai la certitude intime d'avoir considérablement avancé dans ma perceptions des choses grâce à une jeune fille handicapée à qui je donnais des cours particuliers. Avant elle, même adulte, les handicapés me faisaient peur. Ado, je cachais cette angoisse par de l'humour mal placé. Il a fallu attendre cette rencontre pour que j'apprenne à relativiser un grand nombre des mes problèmes existentiels. Son sourrire y suffisait ! Alexandre Jollien, ce philosophe chrétien dont je parle effectivement beaucoup, est venu confirmer cette richesse de transmission spirituelle du handicap et du handicapé....
cerise-du-26
Vos messages sont très sensés
Vos commentaires vont droit au but mais j'aime ça et j'avais déjà pu remarquer que quand on vous sollicitait, il fallait assumer les réponses, tout aussi courtoises soient-elles !
En ce qui concerne ma fille, je l'ai sûrement un peu trop élevée selon les conseils de Françoise Dolto... Du coup, je suis peut-être trop à son écoute et je peux avoir du mal à lui mettre certaines limites qui seraient pourtant justifiées. Ce qui me fait vous dire ça, c'est qu'à 10 ans elle peut tout à fait comprendre qu'elle a la chance de ne pas être handicapée et que par conséquent, elle peut se mettre en empathie, au lieu d'avoir peur... C'est cette leçon qu'elle va recevoir...
Gilbert. R. Psy...
Et votre réaction est pleine de sagesse !
Votre réaction me paraît juste et pleine de sagesse, cerise-du-26. Votre fille a aussi de la chance d'avoir une mère comme vous. Ce qui n'est pas le cas de tous les enfants...
Cécile
La doltoïte aigüe !
Si je respecte beaucoup les travaux de Françoise Dolto, je vous rejoins, cerise-du-26, quant à la soit-disant panacée de ses conseils. Dans le cadre de la crèche - et même si la directrice apprécie les maisons vertes - il y a pas mal de temps que ce grand médecin de l'éducation, comme elle se plaisait à se définir, a été quelque peu désidéalisée. Je pense surtout - mais je ne suis pas une spécialiste - qu'elle a été souvent mal interprétée par le public. Peut-être la rançon de la gloire ?