Comment se tourner vers Dieu lors d'une tragédie ?

Il est en effet des moments où la foi est mise à l'épreuve. Facile d'invoquer Dieu quand tout va bien mais vers qui se tourner également quand tout va mal ? Oui, l'incompréhension, la douleur, voire la révolte peuvent nous engloutir lorsque la souffrance est à son paroxysme. Je n'ai aucune réponse toute faite à votre question, Charles, si ce n'est que ces tragédies nous font prendre conscience que la vie humaine, notre vie, reste très fragile. En ce qui me concerne, elles me touchent aussi et relativisent mes attachements matériels. Sur la planète, il y a des guerres, des injustices qui nous touchent moins car nous avons l'impression qu'il s'agit d'un autre monde que celui que nous vivons au quotidien. La Gironde, c'est chez nous, ça nous parle ! Certains diront qu'il s'agit d'un karma collectif, mais ils est vrai qu'ils ne sont pas directement pris dans la tourmente... Je crois qu'il n'y a pas vraiment d'explication à notre portée de compréhension humaine. Je persiste pourtant à croire que la fatalité n'existe pas mais que le destin obéit à un plan divin. Une sorte de pari qui m'arrange de toute manière... Sinon, à quoi bon !

Comme Lakshmi, je me dis qu'un plan divin est toujours à l'oeuvre, incompréhensible certes lorsque les tribulations sont là. Boudhha disait que le sens de la vie consiste à éliminer la souffrance. Or, la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort, inhérentes à l'être humain sont causes de souffrance. Il existerait alors une voie qui transcenderaient ces limites humaines : prendre conscience de l'impermanence pour accéder à une autre dimension, celle de l'Esprit. Le Bouddha dit que nous pouvons y parvenir dans une vie et l'Hindouisme assure que nous avons l'éternité pour comprendre avec le cycle des réincarnations. La Christianisme invoque la résurrection. Pour supporter et accepter les tragédies humaines, toute spritualité - à sa façon - met l'accent sur le fait qu'il existe une autre dimension, une dimension spirituelle. J'avoue que cela m'aide à donner du sens à ce qui m'entoure et à mes souffrances...

Tout à fait d'accord, la notion de karma aide à comprendre les situations difficiles . Notre âme aurait choisi et programmé avant de naître, dans les grandes lignes, la vie que nous voulons dans cette incarnation, les circonstances qui nous permettent de progresser au mieux . Mais nous sommes frappés d'amnésie à la naissance, donc il ne nous reste plus qu'à avancer en acceptant de ne pas encore tout comprendre .

J'adhère aussi intellectuellement à la notion de karma. On dit en Inde que l'âme chosit ses parents, sa nation, sa culture. Cependant, lorsqu'il s'agit d'un drame, il faut déjà avoir un certain recul, à mon sens,  et avoir fait un sacré travail de deuil avant d'accepter de ne pas tout comprendre. Je peux vous dire que même avec une approche sprituelle, j'ai connu des moments de désespoir avec ma dépression. Il suffit de voir nos inquiétudes lorsque nous perdons ou nous faison voler quelque chose de simplement matériel (clés, téléphone, papiers... ). Que dire à cette famille qui a perdu  un enfant de 3 ans décédé avec son père de 31 ans dans l'accident ? Certainement que Dieu veille... Ce qui n'est certainement pas toujours facile à accepter.

Que les ondes positives vous traversent aussi, Charles !

Nous venons sur terre principalement pour apprendre à aimer toujours plus . Malheureusement, notre conscience somnolente fait souvent barrage, et il y a parfois de violent coups de la vie pour nous réveiller . Ce n'est pas la volonté directe de Dieu, c'est plutôt une question de déséquilibre énergétique .

Il m'est arrivé de vivre de terribles chaos intérieurs . Je ne crois pas avoir perdu la foi dans ces moments-là mais j'avais l'impression que Dieu avait disparu . Je l'appelais et Il ne répondait pas (comme dans l'histoire de la petite chouette) . Mais j'ai persisté parce que je ne voyais pas à qui d'autre me raccrocher ! Finalement, je me suis adressée à ses intermédiaires les anges . Et c'est comme ça que la connection s'est peu à peu rétablie .

Autre chose ... Il faut bien reconnaître que l'être humain est assez paresseux de nature quant au travail sur soi . Et, malheureusement, c'est dans les épreuves qu'on fait le plus d'efforts pour progresser . Il est rare qu'après une épreuve on ne fasse pas une grande prise de conscience et qu'on ne prenne pas une bonne résolution, une décision importante, un chemin différent ... en se disant "plus jamais ça !", accompagné d'une vigilance accrue pour le reste de nos jours .

C'est vrai, les anges veillent sur nous . Dans mes moments les plus désespérés, ils ont miraculeusement mis sur mon chemin des personnes (de ma famille ou inconnus) qui m'ont aidée, pour ne pas dire sauvée du désastre . Je suis contente que cela se soit passé ainsi pour vous aussi, Charles .

Je n'oublie pas la souffrance des familles après l'accident en Gironde . Je pense aussi aux milliers de réfugiés en Europe en participant à la méditation mondiale du dimanche soir, qui permet d'apporter le soutien et l'énergie nécessaires .  

Toute mon amitié à vous !

J'ai entendu parlé de cette méditation du dimanche soir. Dans son livre " Paroles d'espérance " (transcription de causeries spirituelles orales) Omraam Mikhaël Aïvanhov préconise d'imaginer qu'il y a de par le monde des gens en prière. Une façon de se connecter à des énergies positives. 

Voici un extrait de ce livre transcrivant une conférence du 24 avril 1983. Je trouve qu'elle est assez adaptée à ce que nous pouvons faire là où nous sommes :

Certains diront qu' ils prient, mais qu'ils n'ont pas de résultats. Voici un moyen très simple et très efficace pour vous lier au Seigneur. Au moment où vous voulez prier vous créez une image, celle d'une multitude d'esprits dispersés dans le monde entier, et qui, là où ils se trouvent, sont en train de se concentrer sur le créateur. Par la pensée, vous vous joignez à ces êtres pour prier avec eux. Ainsi votre voix n'est plus isolée dans le désert de la vie puisque vous sollicitez le ciel à l'unisson de tous ces êtres lumineux. Une telle prière est toujours entendue à cause de la collectivité, et vous en bénéficiez également. C'est parce que vous agissez seul que votre pensée n'atteint pas son but et qu'elle vous revient. Le secret, c'est de se lier à tous ceux qui prient, car il y a à tout moment quelque part dans le monde des êtres en prière. »

Merci infiniment, Lakshmi, pour ce message d'Omraam Aïvanov que j'aime beaucoup !

Il y a actuellement une méditation mondiale organisée tous les dimanches soirs à 19 heures . Et c'est vrai que le fait de penser à ces milliers ou millions de personnes qui communient en même temps sur la planète redonne du courage et renforce la foi en la nature humaine et son avenir . Sans parler, de la puissance énergétique que cela génère pour améliorer les choses .

Je ne sais pas ce que je ferai à 19 heures, M. Christine, mais mon inconscient a engrammé (rires).  Merci pour le rendez-vous ! Et bon après-midi en attendant !

En ouvrant les Evangiles aujourd'hui mon attention a été attiré par ce verset de Matthieu 5.4. Le pasteur Charles Nicolas explique : C'est comme un enfant qui pleure dans les bras de sa mère : pleurant et consolé en même temps. Il n'est pas consolé ; mais il l'est déjà. Telle est la prophétie biblique, l'action de l'Esprit dans le coeur du chrétien...

Il m'est arrivé d'être désemparé et de pleurer dans mon coeur et même physiquement. Se tourner vers Dieu lors d'une difficulté n'enlève pas par magie la difficulté (quoique !) mais nous dirige vers l'espérance. Charles Nicolas dit encore, invoquant 1 Thessaloniciens 4. 13 : C'est pourquoi nous ne vivons pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance et, si nous pleurons, nous ne pleurons pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance... 

Les coms de Lakshmi et de Gilbert font allusion à un mot qui est important pour moi, le mot espérance. J'ai envie de dire que là où il n'y a plus d'espoir (lors d'une tragédie), il reste l'espérance... qui est, à mon sens, d'un autre ordre... Merci à vous !

Jean, vous ne croyez pas si bien dire. J'avais 20 ans et je sortais de l'église dans laquelle avait eu lieu la cérémonie de funérailles de ma grand-mère. Mon grand-père était totalement abattu. Lui qui avait perdu sa mère à sa naissance (morte en couche) revivait une deuxième tragédie. Le prêtre s'est approché de lui et ne lui a dit qu'un mot " espérance ". Je pense qu'il ne pouvait rien dire d'autre. Je ne sais pas ce que cela a évoqué chez mon grand-père mais il se trouve que quarante ans après, je me souviens toujours de ce moment-là et de ce mot de 8 lettres. C'est comme s'il avait été prononcé pour moi car il continue à vibrer en moi, même si je me suis éloigné de l'Eglise de pierre (Pierre !)...

Cette discussion m'inspire ce que dit le poète Christian Bobin à propos de la confiance. Je vous propose de l'entendre lui-même en parler : " La confiance "...

L'écrivain Georges Bernanos a dit quelque chose qui me paraît très vrai à propos de l'espérance. J'ai vu que " Signes & sens " la transmettait en tant que citation du bon sens. Je m'autorise à la reprendre dans l'esprit de cette discussion :

 " Pour rencontrer l'espérance, il faut aller au-delà du désespoir. Quant on va jusqu'au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore... "

L'écrivain de " Sous le soleil de Satan " (entre autres) décrit très bien la différence entre espoir et espérance. C'est peut-être justement lorsque l'on a accepté qu'il n'y a plus d'espoir que peut naître tout  " Autre  " chose qui est de l'ordre de l'espérance justement... Un apparent paradoxe comme beaucoup de choses ici-bas !

Je crois que dans la Bible, " Le livre de Job " traite de cette question. Job qui interroge Dieu quant aux maux qui l'atteignent. J'ai lu aussi " Réponse à Job " de Carl Gustav Jung, livre pas facile mais qui donne un éclairage au niveau de la psychologie des profondeurs. Je crois, comme le dit le Chrétien et philosophe Olivier Clément dans une méditation sur  l'enfer, que si l'on garde confiance en Dieu, qui par le Christ est allé jusqu'au fond de l'enfer,  une résurrection s'effectue... et j'ai la baiblesse d'y croire.

Ci joint, une méditation passionnée d'Olivier Clément sur la descente aux enfers du Christ et la résurrection  en passant par un tableau : http://www.topchretien.com/toptv/view/10877/olivier-clement-meditation-sur-la-resurrection-du-christ.html