J'ai un relationnel de plus en plus détestable avec ma sœur mais pas que...

Portrait de Vincent

Ayant des problèmes relationnels ++ avec ma sœur qui se met systématiquement dans des galères pas possibles, je craque un peu avec elle car elle me sollicite beaucoup. Je vois bien que je suis incapable de faire avancer ce relationnel correctement. À 5 heures du mat, je me suis réveillé et tout de suite j'ai pensé à ma frangine. N'arrivant pas à me rendormir, j'ai pris un bouquin bouddhiste dans lequel se trouvait la citation suivante d'un certain Shafique Keshavjee. Ne croyant pas au hasard, elle m'a particulièrement interpellé. Comme je la trouve très intéressante, j'en profite pour la partager :

- " Il faut distinguer la ténacité de l'obstination : savoir insister et persévérer au bon moment, savoir aussi se retirer et renoncer quand il le faut "...

Intellectuellement, je suis pleinement d'accord, sauf que je me mélange les pinceaux et que je vois bien que je peux trop insister et rabâcher les mêmes conseils, notamment donc avec ma sœur mais pas que..., et que je finis par faire n'importe quoi, ce qui entraîne des réactions très négatives de la part de beaucoup de mes interlocuteurs.

Comment je pourrais régler ce défaut et placer le curseur au bon endroit ?

Merci d'avance pour vos conseils.

Vincent

Portrait de Jean

Votre problématique, Vincent, me renvoie à une relation très tendue avec une amie - la distance est posée désormais - qui me sollicitait tous les jours mais n'écoutait absolument pas les conseils que je pouvais lui donner. Je crois qu'intuitivement j'ai fini par appliquer la citation bouddhiste dont vous parlez. Ce qui fait lien avec une discussion initiée par Zab dans laquelle une foromeur explique, selon un vieux et sage dicton, qu'" on ne donne pas à boire à un âne qui n'a pas soif ". Comme je sentais que j'étais très épuisé par ses " contrôles " incessants, j'ai décidé de poser des limites en me rendant indisponible. Je crois que j'ai surtout renoncer à vouloir à tout prix l'aider. Je l'ai revue il y a peu et elle semble s'être très bien débrouillée sans mes conseils, qu'elle ne sollicite d'ailleurs plus ...

Portrait de M.Christine

D'accord avec Jean .

Vincent, ce qui me frappe, c'est que d'un côté vous dites que vous craquez parce que votre soeur vous sollicite beaucoup, et d'un autre côté vous lui rabâchez des conseils .

A mon avis, ce c'est pas de conseils dont elle a besoin mais d'actes, et vous aussi . C'est-à-dire que, par votre attitude de conseilleur, vous lui ouvrez grand la porte et l'encouragez à vous solliciter . Alors qu'un simple refus (une action) lui fera comprendre son problème mieux qu'un millier de conseils . Et par la même occasion, vous comprendrez vous aussi que vous devez respecter votre territoire . Il n'y a pas de loi de la charité qui autorise à se laisser envahir de la sorte . C'est une croyance à éliminer . C'est l'invasion de votre espace vital qui vous fait craquer . Vous n'êtes pas un sauveur, ce n'est pas inscrit dans votre carnet de naissance . Et votre soeur n'est pas dépendante de vous . C'est aussi une croyance de sa part . Elle a la capacité de se débrouiller seule, il suffit qu'elle en ait la conviction . On est souvent son propre bourreau sans nécessessité .

Bon courage !

Portrait de Lakshmi

Je rejoins assez les points de vue précédents. Renoncer à être sauveur, c'est peut-être à cet endroit de la réflexion et de la prise de conscience qu'il faut songer à se retirer une fois que l'on a dit et fait ce que l'on a pu ! Vous n'êtes pas le psy de tout votre entourage ;-).

Portrait de Joseph.Coach

Je rejoins tout à fait les commentaire précédents. Votre expression " je me mélange les pinceaux " me fait penser à un peintre devant sa toile qui à force de vouloir toujours  en rajouter un peu plus, va finir par obtenir un tableau " raté " ... Ce que l'on appelle en coaching " faire toujours plus de la même chose ". Effectivement, décider de poser les pinceaux est un acte. Pour continuer sur un autre espace libre...

Portrait de Charles

Super l'image du tableau. Je ne suis pas peintre mais j'imagine bien ce moment où l'artiste doit s'arrêter, se retirer dirais-je de son oeuvre. On a aussi cela en musique. Il faut travailler, faire ses gammes, persévérer. Mais lorsqu'on joue, il faut savoir ne pas " étaler " son savoir. Je dis souvent - et ça les étonne parfois - l'importance de jouer une seule note mais de la faire sonner juste, au moment où il faut. Dans l'oBstination, j'imagine aussi ce bricoleur du dimanche qui s'entête à vouloir dévisser un boulon mais fini par casser le pas de vis... Et le boulon tourne dans le vide. Perséverer c'est aussi savoir s'arrêter au bon moment, pour éventuellement faire autrement, ou tout simplement lâcher prise. Enfin je le vois un peu aussi comme ça dans les relations humaines. A un moment, il est important de ne pas insister au risque d'avoir un résultat inverse à celui souhaité. Et puis, pour revenir à l'excellente image de Joseph Coach, à force de remettre des couches sur un tableau, celui-ci ne ressemble plus à rien !

Portrait de Gilbert

Cette citation bouddhiste qui discerne tenacité et obstination m'évoque effectivement le lâcher prise. Un lacher-prise qui ne signifie pas une abdication... Vous savez pertinemment que votre soeur se met dans des galères et vous voulez l'aider, ce qui est tout à votre honneur. Le problème, c'est que vous y laissez beaucoup d'énergie à force de répéter. Peut-être devriez-vous dire les choses une seule fois et en utilisant le " je " plutôt que le  " tu " qui tue puis laisser la responsabilité à votre interlocuteur de ses actes. Vous aurez posé vos limites et explicité ce qui n'est pas de vore ressort. A trop donner de conseils, on finit par déresponsabiliser autrui... A vouloir trop contrôler, on finit par tomber dans notre propre piège et nous laisser contrôler aussi subtilement...

Portrait de Sofia M

En fait, Vincent, vous prenez deux registres différents qui ne peuvent en aucun cas être abordés à l'identique.

En ce qui concerne les liens affectifs (votre sœur), quand elle vous sollicite (selon vos termes) et compte tenu du fait qu'il semblerait que ce soit toujours en raison des galères dans lesquelles elle se met, imposez-lui un " stop " en lui disant que vous l'avez déjà conseillée et que votre discours n'ayant pas changé, vous n'irez pas plus loin dans la discussion. Vous verrez qu'elle perdra rapidement l'habitude de venir vous " contrôler ". Cette attitude est justifiée par le fait que votre sœur, par recherche de séduction inconsciente, veut vous placer illusoirement dans une posture dominante de " sauveur " (encore la faute à Œdipe !) qu'il faut refuser. Curieusement, en amitié, comme les enjeux inconscients sont les mêmes par affectivité interposée, votre attitude doit être aussi ferme dès l'instant où là aussi vous êtes sollicité. Si vous n'êtes pas sollicité, mieux vaut vous abstenir.

Pour ce qui est du domaine professionnel, la situation est différente. Tout dépend de votre position. Si vous êtes le supérieur hiérarchique de votre interlocuteur, vous avez obligation de lui verbaliser ce qui ne va pas afin qu'il réagisse, histoire qu'il ne se retrouve à la porte sans explication, ce qui entraînerait de la culpabilité a posteriori chez ledit supérieur hiérarchique. En revanche, si vous occupez un poste moins important que lui, ayez l'humilité de vous abstenir. En cas de sollicitation (ce qui peut paradoxalement arriver !), précisez-lui que vous n'avez pas la compétence d'un conseil. Idem dans les relations d'égal à égal... 

En fait, dans ce que vous décrivez de vos hésitations, on constate que vous êtes sous l'emprise de transferts que vous n'arrivez pas à gérer. Apprendre à occuper votre juste place réglera votre faux problème...

Portrait de Cécile

Votre explication, Sofia M., je l'ai trouvée non seulement super mais très claire. Elle me permet à moi aussi de ne pas tout mélanger dans mes relations affectives et professionnelles. Faire la part des choses, faire preuve de discernement avant de parler est essentiel. J'aime aussi cette idée de s'abstenir lorsque nous ne sommes pas sollicités. Des conseils applicables en toute occasion que je vais me forcer à suivre le plus possible. Merci !!

Portrait de nanou-69

D'accord avec Cécile. Cette explication psy est précieuse et compréhensible pour moi. Je pense et j'espère de tout coeur qu'elle va aider notre ami Vincent...

Portrait de Vincent

Quelques jours de vacances m'ont fait un bien fou et je suis heureux de vous retrouver...

À la lecture de vos commentaires, je prends pleinement conscience que je ne sais pas toujours rester à ma place. Le distinguo entre vie privée et vie professionnelle me semble maintenant logique mais je dois reconnaître que je n'avais jamais pensé à faire la différence...

Merci.

Demain, reprise du boulot mais je vais m'appliquer à surveiller mes débordements !

Bonne reprise aussi à tous ceux qui reprennent le chemin des écoliers et bonne continuation aux autres...

Vincent