L'art, une thérapie...

Portrait de Cécile

Bonjour,
Je souhaite lancer une discussion à propos de l'art dans sa fonction thérapeutique. Une chanson, un tableau, une poésie, ou tout autre oeuvre d'art vous a, à un moment ou à un autre, fait du bien. En ce qui me concerne, la musique, le son, la pratique de la guitare, m'ont souvent parlé pour calmer mes angoisses... Et vous ?
En préambule, une interview du peintre Ivan Calatayud : " La peinture au service de la guérison "
http://www.signesetsens.com/interview-ivan-calatayud-la-peinture-au-serv...

Portrait de Gilbert

Avec le numérique, la photographie semble aujourd'hui à la portée de tout un chacun. Moi-même, je me surprends à prendre des clichés avec mon téléphone portable. J'ai lu quelque part que cette pratique peut s'inclure dans un processus de connaissance de soi... Quelqu'un peut-il en dire quelque chose ? En attendant, voici deux articles qui peuvent alimenter la discussion : http://www.signesetsens.com/psycho-biographie-brassai-photographe-loeil-... http://www.signesetsens.com/developpement-personnel-devenir-photographe-...

Portrait de Isabelle

Bien plus que juste un peu " cigale ", le fait de chanter m'a toujours (du plus loin que je me souvienne) " porter " un peu plus haut... Cela me permet de " recharger les batteries ", de retrouver une énergie plus positive et d'être plus dynamique... Même si cet état de " régénération " peut s'expliquer de façon physiologique et physique puisqu'en chantant nous sollicitons beaucoup le corporel ; pour ma part, chanter est véritablement thérapeutique... Chanter c'est comme une prière qui rend la vie plus légère... Et je ne pense pas être un cas unique !

Portrait de Jean

J'ai simplement le désir de partager ici le refrain du texte d'une chanson qui m'a fait du bien. On connaît la star (Florent Pagny) mais les médias oublient souvent de citer les gens qui sont dans l'ombre (véritables murs porteurs) et permettent aux stars de briller. Merci donc à Christophe Cirillo, auteur - entre autres - de ces quelques vers :
" Restent les murs porteurs
Pour se couper du vent
Pour tenir la longueur
Faire face aux tremblements

Restent les murs porteurs
Pour s'abriter du froid
Pour conjurer le malheur
Et retrouver sa voie...

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

On vit avec le regret que c'était mieux avant.  Souvent, on n'arrive plus à exprimer l'essence même de ce regret, de cet oubli...

L'art-thérapie est une médiation muette qui propose de passer par un support artistique de manière à libérer ce qui ne peut plus être dit.  Il va permette à l'analysant d'exprimer  un " mal être " qu'il ne parvient plus à verbaliser, mais qui est présent dans son inconscient. Le choix de ce suport n'est jamais du au hasard. Il faut qu'il "parle" à l'analysant...

L'histoire de chacun fera sens avec son choix. Moi-même, je travaille en ongulothérapie. Les ongles sont  porteurs de la médiation. Cette pratique fait lien avec ma propre histoire et me permet maintenant de transmettre à mes analysants...

Portrait de Gilbert

Frédérique Tirtiaux, pouvez-vous développer en quoi consiste l' " Ongulothérapie " ? Merci d'avance !Smile

Portrait de Modérateur

Bonjour Gilbert. Frédérique Tirtiaux parle de sa pratique dans cet article signé Thomas Gilet

http://www.signesetsens.com/psycho-art-therapie-pour-sexprimer-et-se-rea...

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Un jour, je me suis intéressée aux ongles différemment.

J’ai été « onychophage » après avoir vécu aux USA entre 5ans et demi et 7 ans ; mon retour en France avec un mélange des langues, ne me permettait plus de parler et mon angoisse s’est exprimée en me rongeant les ongles.

Cette expérience fut providentielle. Grâce à ma solide formation en Psychanalyse à I.F.P.A., j’ai pu comprendre que les ongles avaient beaucoup à dire. Ils sont uniques et reflètent le bien-être et le mal être de chacun.

Commençons par expliquer la naissance de l’ongle...

A six semaines de grossesse, les doigts des mains apparaissent ; à sept se sont ceux des pieds. Huit semaines seront nécessaires à nos doigts pour s’individualiser : nous commençons à quitter notre apparence « amphibique » et entamons notre longue mutation vers une forme plus humaine. A la dixième semaine, nous pouvons constater les premiers signes de l’appareil uguénal, soit une surface quadrangulaire lisse et brillante : c’est l’ère uguénale primitive. Lorsque l’embryon atteint onze semaines, on constate que les doigts et articulations y sont bien formés. C’est à la quatorzième semaine que l’on peut voir apparaître la tablette uguénale. De là, l’ongle va commencer à pousser, donnant à seize semaines une moitié d’ongle, et à dix sept l’ongle sera entier. S’en suivra ensuite une croissance normale, l’ongle est né et nous suivra tout au long de notre vie.

L’ongle est constitué d’une matrice (le côté maternant) d’une tablette (la loi, le cadre) puis d’un lit uguénal (on est à trois…) et l’hyponychium (bande où l’ongle se libère de la tablette).

Mon expérience professionnel, m’a permis de rencontrer une patiente qui ne pouvait pas supporter de se mettre du gel hydroalcoolique , «  je suis supporté pas l’alcool » me disait-elle. Après avoir retiré de sa vue le gel hydroalcoolique  quelques temps plus tard, elle s’est spontanément lavé les mains au gel sans même y prêter attention. Elle avait réglé sa névrose alcoolique ...

Une autre patiente, très raffinée, avait toujours de la terre sous ses ongles alors qu’elle ne travaillait pas et que rien dans ses activités n’expliquait ce phénomène. Elle était obsédée par le fait qu’il fallait que je fasse disparaître ça. C’est en m’intéressant à ses origines de « bonne famille », que l’on s’aperçoit qu’une grand mère paysanne, employée de maison, à épousé le propriétaire qui avait beaucoup de terre. Lorsqu’elle compris que ces terres « mal » acquises lui avait laissée des traces inconscientes de son origine, ses ongles n’étaient plus souillés.

J’ai eu deux patientes qui ne se connaissaient pas, mais dont le parcours se ressemblait (employées de maison, divorcée, d’un mari violent, enfant qui ne voulait plus les voir, amante d’un homme marié qui devait quitter leur femme pour elle) des points commun était entre elle jusqu’au bout des ongles. Elles demandaient toujours la même couleur de gel (souvent du rose plus ou moins foncé) les même décors (paillettes, strass, plutôt chargé). On était dans le très « fée-érique », le monde princesse. Elle se vivaient très petites fille. Losqu’elle parlaient de leur père elle me disait « PAPA »…

Les ongles ont une fonction qui permet de sentir les choses jusqu’au bout des doigt.

J’ai rencontré une jeune fille virtuose du piano, devenue professionnelle maintenant. Elle se rongeait les ongles au point qu’elle n’en avait plus (pas plus d’un ou deux millimètres). Je lui ai fabriqué des ongles au gel, très court comme pour un pianiste. Quelques temps après, elle m’a apporté deux vidéos : l’une avant, l’autre après la pose d’ongles. Le son était différent, elle ressentait mieu le contact avec les touches, elle avait passé un cap.

Si l’ongle n’existait pas, celait modifierait le coté rigide du doigt qui bougerait au bout de notre dernière phalange, le ressenti au toucher serait quelque peu altéré un peu comme un « doigt » de grenouille.

Tout ceci pour vous dire que j’ai pu assister à une métamorphose avec mes patients (j’ai eu aussi des hommes, dont un guitariste, qui utilise ses ongles pour jouer. J’ai eu un jeune garçon qui n’avait jamais eu d'ongles. Il s’est arrêté de les manger . La métamorphose permet d’accéder au changement tout comme la chenille devient papillon et s’envolera de ses propres ailes.

Je suis devenue Ongulothérateute parce que cela avait un sens avec ma vie, parce que c’est une des formes  d’art thérapie qui permet de dire ce qui n’est plus verbalisable.

Portrait de Christiane Moreno

Je pratique la photographie depuis de nombreuses années. J’ai commencé à l’époque où seul l’argentique existait. Puis je suis passée, par la suite, au numérique. De fait, je me suis interrogée sur l’intérêt d’une telle pratique artistique.

Je me souviens d’un réel plaisir à manipuler l’appareil, tout particulièrement le zoom de mon premier appareil réflex, il y a bien longtemps. Objet magique, s’il en est, dans le fantasme, donnant le pouvoir d’avancer et de reculer dans le boitier, au gré de mes envies.

A cette époque je ne connaissais pas la psychanalyse, je ne comprenais donc pas ce qui pouvait se jouer dans ce plaisir à photographier en manipulant les objectifs dotés d’un tel « pouvoir ».  Sans aucun doute, m’équipant de mon appareil photo réflex à multiples objectifs pouvant avancer et reculer à ma guise, je me sentais fantasmatiquement dotée du phallus.

Etais-je pour autant une grande hystérique ???...

La photographie avait-elle d’autres intérêts ???...

Avec la découverte de la psychanalyse et un plaisir à continuer à photographier, je me suis rendue compte, il me semble, des autres apports, autrement plus intéressants de cette pratique artistique.

Tout d’abord, je n’utilise quasiment plus les zooms mais des focales fixes, des objectifs sans « pouvoir magique ! ». De fait, ces focales fixes m’amènent à me déplacer autour du sujet à photographier afin de chercher l’angle de vue le plus intéressant. Cette nouvelle pratique m’a amenée à apprendre à mieux voir, à affiner mon regard, à développer mon sens de l’observation.

Ma recherche étant d’ordre esthétique, la photo est un excellent moyen de sortir, d’aller à l’extérieur et de cette manière, pratiquer la marche à pieds, visiter, découvrir de nouveaux lieux, de beaux endroits,  sans l’étayage des copains, sans qui il est plus difficile parfois de sortir pour sortir, dans un but autre qu’utilitaire.

Le principe de la photo est de « capturer » une image. Pour en faire quoi ? En effet, il est question de « prendre » une photo. En ce qui me concerne, je passe par le fait de prendre pour ensuite redonner en passant d’abord par l’étape de développement. Aujourd’hui, avec le numérique, ce qui correspondait au travail de labo en chambre noire, se fait sur ordinateur avec des logiciel de développement, communément appelés retouches d’image. Il s’agit là de permettre à la photo de se « révéler » en allant chercher techniquement ce qui peut permettre qu’elle soit la plus belle possible. J’ai plaisir également parfois, à essayer de faire preuve de créativité en utilisant la photo comme un matériel que j’exploite pour  en faire des tableaux artistiques.

Enfin, l’étape ultime et la plus importante à mon sens,  après avoir pris, puis développé, révélé, consiste à redonner. Offrir au plus grand nombre ce que j’ai eu plaisir à voir et le faire partager. J’expose mes productions sur des sites dédiés à la publication de photos.

La photographie est-elle pour moi une forme de sublimation ? Je répondrais : pas vraiment ! Puisque je n’en vis pas professionnellement, bien qu’on m’ait demandé parfois d’utiliser certaines de mes photos à titre public (maison d’éditions de guides touristiques) ou malgré des missions de mes supérieurs hiérarchiques qui me demandent parfois des reportages sur des évènements particuliers.

En tous cas, j’aime la photo, cela participe à mon équilibre, permet d’exprimer ma sensibilité et mon sens de l’esthétique.

 

Portrait de Nathalie

Bonsoir, vos témoignages et celui d'Orlan dans le blog de Chantal Calatayud sur la timidité me conduisent à vous faire part du lien incontournable et même essentiel qui s'est établi entre les lettres et moi. En effet il y a quelques années grâce au travail de la cure analytique j'ai eu le bonheur de me rapprocher d'un club de Scrabble près de chez moi. Et là j'ai découvert le monde des passionnés de mots dans lequel je me suis reconnue. Anagrammes, maçonnages sont devenus des amis. Le tirage des caramels (7 lettres) pour construire des mots au top (points maximum) tout cela en respectant un temps limité à trois minutes en général et en remplissant un bulletin avec notre résultat ramassé par le juge-arbitre de la partie qui note notre score (ou le cas échéant nous met un zéro pointé quand le mot n'existe pas ou est mal orthographié).  Chaque partie de Duplicate (tiens je suis Gémeaux, mais c'est une autre histoire) génère une émulation entre les joueurs, une énergie palpable circule. Les neurones s'agitent dans le sens où l'on peut toujours s'améliorer, on peut toujours trouver un meilleur mot et le placer sur la grille à l'endroit le plus judicieux. Les scrabbles de sept lettres sont gratifiés d'une prime de 50 points garantissant au joueur une belle place parmi les premiers s'il les a construit. Dans le vocabulaire des scrabbleurs on dit : "s'autoriser ou pas" un mot, un scrabble car parfois un phénomène de flash se produit lors du tirage des lettres et il arrive que l'on tienne compte de cet instant sidéral presque magique pour réussir le top.

Vous l'avez compris le scrabble m'a énormément apporté de savoir vivre selon des règles en toute convivialité et de la concentration. Il m'a offert de participer malgré mon niveau assez moyen à des festivals, aux compétitions régionales, nationales et même au championnat du monde francophone.

Ainsi, accepter les échecs (les zéros), accepter que la réussite ne dépend que de moi,  pouvoir me dépasser sans risques ont été, j'en prend conscience aujourd'hui, des étapes pour consolider mon "je" en passant par ce jeu de société "extra-thérapeutique".

Merci le scrabble

Merci à mon analyste

Portrait de Gilbert

Bonjour Nathalie,

Je viens de relire votre com sur le scrabble. Passionnant ! Il parle de lettres mais surtout de l'Être. Féru de numérologie, j'ai vu que dans le jeu, le nombre se limitait à 7. Dans le " Je ", il continue et passe à 8. 8 est le signe de l'infini qui se redresse. Bon dimanche Nathalie Smile

Portrait de Cécile

Nathalie, votre texte de commentaire m'a révélé une autre manière d'envisager le jeu de scrabble. Vous m'avez donner envie de jouer avec les mots. Je trouve votre transmission super ! Une passion en quelque sorte ! Merci de nous avoir fait pénétrer dans votre atelier artistique...

Portrait de Roland Ferrandi

l'art sous toute ses formes, peut être comprise et devenir une thérapie;

Pour cela, et je l'explique souvent dans le cadre de mon metier ,   le geste artistique, le ressenti artistique semble devoir s'orienter vers la conscience de soi. que suis je par rapport a ce mouvement, ou suis je par rapport a cette écoute, quelle est la place que j'occupe dans l'instant ou j'emet un son de guitare ou de violon? ais je vraiment conscience de cette energie qui circule en moi lorsque ma main se pose sur le manche, de l'impression, lorsque le peintre pose sa couleur sur le tableau, ais je conscience de ma respiration ?

lorsque je resssens au fond cette energie , dénuée du "moi" , en laissant glisser  toutes ces pensées qui m'assaillent et qui n'ont rien a voir avec l'instant , alors peut être que je réalise quelque chose. Mais ce peut être aussi en regardant un paysage, un regard ou tout simplement en écoutant le silence. je n'ai aucune certitude si ce n'est celle là :  c'est la relation a ce qui est vrai , simplement vrai, qui nous réalise .

Portrait de Nathalie

Bonsoir Gilbert et merci pour votre message empli de sagesse et de positif.

Nathalie