Bonjour à tous.
Je m’appelle Nourredine et j’ai 33 ans. Je vais essayer d’expliciter clairement une problématique que je vis de manière assez confuse. Je suis une thérapie de manière assez décousue depuis quelques temps au sujet de problèmes de nausées et de vomissements qui surviennent lors d’évènements que je vis comme étant source de stress. J’en suis arrivé au stade où je déclenchais moi-même ces nausées par anticipations quand je savais que j’allais vivre des situations potentiellement anxiogènes. Aujourd’hui dans ma démarche thérapeutique je consulte toujours pour ce problème. Or, en y regardant de plus près, ça fait fort longtemps que je n’ai pas eu de vomissements dans des situations qui étaient pour moi source de stress : entretiens, présentations orales devant un amphithéâtre, examen oraux réalisés dans le cadre de ma formation d’infirmier.
Aujourd’hui, mon souci, c’est que depuis de nombreuses années je rencontre des problèmes de peaux localisés sur le visage (sourcil, front et contour du nez) et sur le bout des doigts (pouce, index, majeur). Il s’agit de plaques rouges sur le visage qui disparaissent assez facilement avec de la cortisone et au niveau de mes doigts c’est l’épiderme qui se désquame. Ces manifestations étaient auparavant cycliques (de quelques semaines à quelques mois) mais depuis à peu près un an et demi, le problème s’est installé de manière continue. Le visage se traite assez facilement avec de la cortisone mais au niveau des doigts l’épiderme n’arrive plus à se reconstituer malgré toutes les crèmes et traitements oraux prescrits par les différents dermatologues que j’ai consultés. J’ai pris récemment un traitement « de la dernière chance » aux effets secondaires assez génants mais sans succès. La situation devient handicapante au quotidien pour des raisons esthétiques mais aussi pour des raisons pratiques dues à la fragilité de mes doigts. Des gestes anodins comme attacher mes lacets ou bricoler deviennent problématiques. Je dois faire attention lorsque je caresse ma compagne car le contact de ma peau est désagréable et je me badigeonne de crème à longueur de journée. A titre d’exemple, j’ai réussi toutes mes épreuves d’infirmier haut la main sauf une épreuve pratique de mise en place de perfusion. Mes problèmes de doigts ont été source de handicap et de stress car je n’arrivais plus à utiliser le matériel à cause de la crème que j’avais utilisé (je signale quand même qu’il ne s’agit pas de la raison principale de mon échec à cette épreuve : je n’avais pas vu une bulle d’air pourtant très visible dans la tubulure…). A mon rattrapage, je me suis piqué le doigt avec la seringue…
Si j’essaie de voir ce qui a changé dans ma vie depuis un an et demi je constate que c’est la période où j’ai dû m’installer chez mes beaux-parents avec ma femme et mon fils pour des raisons financières et il s’agit également de la période où j’ai entrepris cette reconversion professionnelle pour aller du milieu du commerce vers la profession d’infirmier. J’ai également vécu lors de ses quatre dernières années la perte de ma fille quelques heures avant sa naissance. Ce fut une période douloureuse qui a changé beaucoup de choses dans ma vie. J’ai rencontré une profonde crise spirituelle qui m’a amené à renier ma confession religieuse initiale non sans difficultés, culpabilité et angoisse.
Mon problème n’a peut-être pas de lien avec ce que je viens de citer mais j’ai évoqué dans ce courrier ce qui me venait à l’esprit. A ce jour, je considère que j’ai une vie heureuse dans la simplicité des moments de mon quotidien mais j’ai le sentiment que mon corps me dit autre chose.
Pourriez-vous m’éclairer à ce sujet ?
Cordialement.
Réponse Psy
Racine de votre problème à rechercher dans la petite enfance
Bonjour Nourredine,
Je suis psychanalyste de formation philosophique et linguistique mais non médicale. Je me permets donc de vous apporter des éléments de réponse en lien avec ma spécificité professionnelle.
Au regard de la description extrêmement précise que vous faites de vos symptômes et étant donné l'aspect " décousu " de votre thérapie, je pense que vous devriez faire le choix d'une psychanalyse qui, certes demande une certaine assiduité, mais qui présente le grand avantage de remonter à la genèse des désaccords inconscients qui se transforment toujours en somatisations.
Dans l'analyse de votre message, ce qui revient en exergue, c'est un lien marqué avec la première période du développement psychogénétique de la toute petite enfance (qui s'étend approximativement de la naissance à 18 mois) et qui considère la sphère orale : vous parlez de nausées, tout comme vous précisez vos réactions anxiogènes devant une assemblée devant laquelle vous pouvez être amené à parler. Pour moi, c'est à ce niveau du démarrage de votre existence que se situe l'affect qui vous perturbe. Il y aurait beaucoup de points théoriques à ajouter à mon hypothèse ; je pense ici au fait que le bébé, qui ne " voit " pas sa mère dans les premiers jours de sa venue au monde, distingue une sphère et l'odeur de sa peau est un facteur d'assurance important puisqu'il la connaît depuis sa conception. En outre, vous décrivez vos problèmes de peau comme étant localisés sur le visage, dont le contour du nez : linguistiquement parlant, on peut entendre " né " ou " naît ", ce qui peut correspondre aussi à votre propre naissance que vous avez pu ressentir comme difficile, même si ça n'a pas été le cas d'un point de vue médical ou pour votre maman. Vous évoquez également le décès de votre petite fille quelques heures avant sa naissance... En ce qui concerne votre piqûre au doigt, un psychanalyte entendra " doit ", soit une culpabilité fantasmatique refoulée, dont seule une cure analytique - grâce au matériel langagier fourni par l'analysant - peut révéler une interprétation fiable.
Effectivement Nourredine, votre corps cherche à vous dire certaines choses qu'il a besoin d'expulser pour s'en libérer.
Pour imager un peu mon propos, je peux prendre le cas d'un de mes patients qui souffrait d'un psoriasis. Son analyse a fini par mettre en exergue l'existence de son jumeau décédé quelques heures après la naissance. Ses parents ne lui en avaient jamais parlé... Après cette interprétation, il a pris son courage à deux mains et est allé voir sa mère qui lui a confirmé l'existence de ce petit frère. Elle ne l'avait jamais évoquée craignant de lui faire de la peine... Le psoriasis s'est lentement amélioré chez ce patient mais pour être de moins en moins invalidant. Il a gardé cette fragilité qui s'exprime maintenant - sans plus - lors d'un stress ou d'une contrariété. Mais la peau a une mémoire et les stigmates qu'elle donne à voir n'oublient jamais de nous reconnecter à notre singularité familiale.
J'espère, Nourredine, avoir contribué à donner un peu de sens à vos problèmes de peau dont je souhaite qu'ils disparaissent et vous laissent enfin en paix quelle que soit la médiation que vous choisirez pour en venir à bout...
Nourredine
Bonjour et merci pour votre
Bonjour et merci pour votre réponse. Je suis ravi d’avoir eu ces éléments de réponse en rapport avec votre spécificité professionnelle. Je suis effectivement venu chercher une alternative aux différents avis médicaux que j’ai eus. Le dernier dermatologue que j’ai consulté m’a explicitement formulé les limites des traitements qu’il propose en avouant que parfois la dermatologie est impuissante devant certains cas. Vous avez bien donné du sens à mes problèmes de peau. C’est rassurant d’avoir enfin une réponse sur leurs origines. Je serais très enclin à suivre une cure analytique. Cependant, le travail effectué jusqu’à présent avec ma thérapeute a porté de nombreux fruits dans ma vie et j’éprouve, à tort ou à raison, le besoin d’en discuter avec elle avant de changer de thérapie. En réfléchissant suite à votre message, je me suis rappelé que lorsque mes problèmes de peau apparaissaient de manière cyclique, ils survenaient durant la période d’été. Durant cette période, alors que tout va bien dans ma vie, je me sens parfois durant quelques minutes, triste, terriblement seul, comme déraciné alors que je suis entouré des personnes que j’aime et qui me sont les plus chères. C’est également durant cette période que je me souviens de la première fois où j’ai eu ces nausées à l’âge de 17 ans durant un mois de juillet. En sachant que je suis né le 19 juillet je pense qu’il y a certainement quelque chose à chercher de ce côté-là. Merci encore pour votre éclairage.
Cordialement
Réponse Psy
Faire " écho "...
Je suis heureuse que ces quelques éléments d'analyse aient pu faire " écho " en vous. Je n'avais pas éprouvé le besoin de vous dire de parler à votre thérapeute de l'intérêt de pousser votre travail au niveau inconscient me doutant que vous le feriez, ce qui est normal et même conseillé...
Je vous remercie encore de votre confiance.
Chantal
Jielgeai
...Je vais m'abstenir et laisser parler les pros...
... Cher Nourredine,
Vous me semblez vivre une sacrée crise d'angoisse et depuis fort longtemps.
Tout conseil malhabile pourrait être dangereux.
Je m'abstiendrai donc d'apporter "mon grain de sel" qui risquerait d'iriter davantage.
Je vous laisse entre les mains expertes de nos professionnels ici présents et vous souhaite du fond du coeur, un bon courage et surtout un (prompt???) rétablissement!
Bien à vous...