Comment comprendre la colère divine ?

Portrait de Gilbert

Dans la Bible, il est dit que Dieu est lent à la colère. Ce qui sous-entend qu'Il se met quand même en colère et qu'Il n'est pas béni-oui-oui. Il est vrai que son fils Jésus a sorti le fouet, lui qui était doux et humble de coeur. Qu'est-ce donc pour vous qu'une colère divine et donc une juste colère ?

Portrait de M.Christine

Je vais employer une métaphore .

Imaginez que votre enfant s'est couché et endormi sur des rails de chemin de fer . Vous arrivez pour le secourir, juste au moment où un train siffle au loin . Vous le saisissez à bras le corps et l'emportez vite fait . Il est évident que le réveil de votre enfant n'aura pas été de toute douceur ! Lui, ne comprenant pas la raison d'un tel comportement de votre part, va l'interpréter comme une colère brutale .

Notre inconscience est parfois secouée de cette manière quand Dieu juge que nous sommes prêts : au bon moment . Cela pour nous délivrer d'un schema répétitif dont nous ne pouvions pas sortir .

Sur le moment, on est bien sonné ! Et c'est parfois longtemps après que l'on comprend où la Grâce divine voulait en venir .

En effet, l'Amour de Dieu n'est pas que douceur, tendresse et compassion . Il est aussi force, puissance, joie, paix, courage, sagesse, aspiration, action, création ... avec des petits coups de bâton salvateurs quand c'est nécessaire (lol) .

(PS : Pardon, toujours en retard d'une guerre sur la "modernité", je me suis mise à "loler" depuis très peu de temps, mais ça va me passer ...!)

Portrait de Gilbert

J'aime bien votre métaphore, M. Christine, d'autant qu'il m'est arrivé de mettre une fessée à mon fils de 3 ans  après l'avoir enpêché in extremis de traverser la route... 

Portrait de Jean

J'avoue que j'ai du mal avec le dernier livre de la Bible, " L'Apocalypse " que l'on appelle aussi " Le Livre de la Révélation ". Il y est effectivement question d'une colère divine, à prendre bien sûr au niveau symbolique et surtout pas au premier degré. Peut-être pour nous exhorter à la persévérance et à la foi. Car des turbulences, il y en a dans une existence, y compris notre état d'être mortel qui peut être vécu comme une punition. Il est quand même écrit dans ce livre (14.12) : C'est ici la persévérance des saints...

Portrait de M.Christine

Pouvez-vous nous en dire plus, Jean ? Des passages de votre choix qui pourraient nous intéresser particulièrement ...

En plus, vous êtes la personne indiquée . C'est Saint-Jean qui est l'auteur de l'Apocalypse, il me semble .

Portrait de Jean

Dans l'histoire, ce livre apocalyptique a servi de prétexte à toutes sortes de prédictions effrayantes, d'où on abord difficile pour moi. J'ai un peu révisé ma position en entendant une homélie d'un prêtre qui ramenait ce texte à une lecture plus symbolique. Il disait que dans nos vie, l'apocalypse, la fin des temps se ramenait à notre peur de la mort avec les cataclysmes que celle-ci engendre dans notre esprit. La mort vécue comme une punition mais qui n'est - pour la foi chrétienne - qu'une traversée incontournable.

Récemment, j'ai écouté une émission de radio ( " Les racines du ciel " ) dans laquelle était invité Jean-Yves Leloup à propos de sa traduction de ce livre. Il confirme ce que vous dites, M. Christine. L'apocalypse aurait pour auteur Jean, celui-là même qui a écrit l'Evangile et les Epitres. Pour lui, ce texte est a ramené aux périodes où tout s'effondrent chez l'être humain. Une espèce de justice immanente qui est appelé " La colère de l'Agneau ". Ces tribulations ne seraient en fait que les conséquences de nos actes mais avec toujours cette Miséricorde offerte à tout moment. Il s'agit d'avoir une attitude spirituelle consistant en un  " dévoilement ".

Derrière toute tribulation, dépression, il est question de l'être. Ce qui est détruit, c'est ce qui est mortel, mortifère. Jean-Yves Leloup resitue cet écrit dans le contexte de l'époque, les années 90 de notre ère, pendant lesquelles les Chrétiens étaient persécutés. Mais si le sujet vous intéresse, M. Christine, je vous invite à cliquer sur le lien précédent en vert pour écouter.

Portrait de Gilbert

Il faut une faucille pour moissonner. Et la faucille renvoie à la faucheuse...

Portrait de M.Christine

Merci Jean, pour le lien, je vais écouter avec attention .

J'aime beaucoup Jean-Yves Leloup car il donne des explications qui ne nous limitent pas aux "mystères" de l'Eglise catholique . Dans son livre "la vie de Jésus", il explique par exemple ce que signifie : "Si on te frappe sur une joue, tends l'autre joue ." Ca n'a rien à voir avec l'interprétation religieuse habituelle qui nous incite à la passivité, voire au masochisme . Il dit que "l'autre joue" signifie "l'autre manière" : si on te traite brutalement (une joue), réponds avec conscience et sagesse (l'autre joue) .

Par ailleurs, ce que vous dites est rassurant . C'est vrai que certains nous montrent le spectre de l'Apocalypse comme la fin du monde avec des catastrophes terribles . L'idée de l'apocalypse intérieure résonne bien en moi . Je l'appelle chaos intérieur, mais ce n'est qu'une question de vocabulaire . Et c'est vrai que si, dans le chaos et la tourmente intérieure, on réagit avec un questionnement spirituel, on aura une révélation . Si on ne fait que se lamenter ou sombrer ou nier à coups de médicaments, ce sera plus difficile . Ce qui était construit sur des bases fausses doit être détruit . Et ça, il faut bien l'accepter, coûte que coûte, pour un bien-fait futur et notre progrès !

Néanmoins, les catastrophes mondiales ne sont pas exclues, mais elles sont évitables . Un nombre croissant d'êtres humains s'éveillent en conscience, ce qui évitera la "colère" des éléments . C'est nous qui créons l'atmosphère dans laquelle nous vivons . Si elle devient trop "irrespirable", la Terre vivante nous le fait savoir !

Merci encore !

Portrait de Jean

D'après ce que j'en ai compris l'apocalypse est un  " pas-sage " obligé pour avoir l'opportunité de prendre conscience de ce qui est éternel, de ce qui dure (l'Amour) et de ce qui est éphémère, que ce soit au niveau intérieur (crises de la vie) qu'au niveau extérieur (le mythe d'une vie sans catastrophe naturelle ou sans guerres). Séparer le bon grain de l'ivraie après la moisson (pour reprendre le texte proposé par Gilbert).  Là est le mystère de la transcendance divine, incompréhensible et qu'on a le choix d'accepter ou de refuser...

Portrait de M.Christine

Ah, j'avais pas vu ! Merci Gilbert, je vais lire avec intérêt aussi ce passage que vous proposez !

Portrait de Gilbert

Merci à vous, M. Christine. J'ai adoré votre commentaire précédent sur l'apocalypse intérieure. J'ai un ami, ex-enseignant aussi, qui aime les jeux de mots et qui l'appelle " La peau de calypse " (lol)... Je me mets aux lol aussi... C'est rigolo !

Portrait de Régis

Il est vrai que la colère a une connotation péjorative. Pourtant, puisque vous parlez de Jean-Yves Leloup, il écrit dans un de ses ouvrages qu'elle peut manifester l'indignation devant une injustice... mais la haine en est absente et l'éclat qu'elle provoque vise à éveiller ceux ou celui à qui elle s'adressent pour les ramener dans le " juste sentier "...

Portrait de M.Christine

Très vrai, Régis ! La colère n'a pas obligatoirement la haine ou l'hostilité en arrière-plan . Elle peut, comme vous le citez, être "une indignation devant une injustice" . Dans ce cas, elle n'est pas vraiment dirigée contre des personnes mais contre un comportement erroné de la part de ces personnes . Et dans ce cas, elle ne dure pas longtemps . C'est juste un coup de fouet pour réveillez, en effet . Il n'y a pas de sentiment de rancune qui s'éternise . Vous imaginez Dieu éprouvant de la rancune ?

Pas mal, Gilbert, "la peau de calypse" ! (lol) . Lolons pendant qu'il en est encore temps . Ca va bientôt être démodé . Je propose JMM (je me marre), ou TDR (tordu de rire), ou LBB (la bonne blague) ...

Portrait de Michèle

Dans son livre " L'art de la gentillesse " et dans un chapitre sur le pardon, le psychothérapeute Piero Ferruci fait allusion à la colère en disant que tant que nous n'affrontons pas notre colère, elle demeure ; nous ne pouvons pas la cacher sous le tapis... Un sentiment qu'il ne s'agit donc pas de mettre sous le boisseau.

Portrait de M.Christine

Tout à fait d'accord, Michèle . Et éradiquer la colère n'est pas une mince affaire ! Elle peut prendre des années de travail sur soi .

Portrait de Michèle

Surtout que cela n'a rien à voir avec une attitude de béni-oui-oui et de fausse soumission.

Portrait de Gilbert

Finalement ma question aboutit, comme d'hab, sur un travail d'introspection incontournable. A ce sujet j'ai lu ce matin une fabuleuse citation de Khalil Gibran :

Et Dieu a dit : " Aime ton ennemi ". Alors je lui ai obéi et je me suis aimé moi-même

Mail 1

Portrait de M.Christine

Très belle citation de Khalil Gibran, en effet, et très profonde de sens . Il a eu de la "chance" d'arriver à obéir et à s'aimer lui-même immédiatement ! J'aimerais bien aussi (lol) .

Après, je m'interroge sur le mot "ennemi" . Qu'est-ce qu'un ennemi ? Est-ce une réalité ou une projection ? 

Dans la logique de la citation, plus on s'aimerait, moins on aurait d'"ennemis" ....

Portrait de Jean

Un sacré défi mais si Jésus a demandé d'aimer ses ennemis, c'est bien qu'il doit y avoir une raison !

Portrait de Isabelle

D'accord avec ce qui est dit ! D'ailleurs, ce qui ramène également à la parole Christique "aimer son prochain comme soi-même"... Qui me fait toujours autant "réfléchir"... tant je me rends souvent compte, qu'en définitive, je suis souvent très éloignée de moi-même encore ! Mais même s'il est évident que nous sommes en premier lieu notre "premier ennemi"... Il y a une part de réalité objective, qui montre que "l'ennemi extérieur" existe... Le défi est alors déjà, d'accepter le miroir que cet "ennemi" met en avant, à notre service... Pour mieux discerner en soi-même, ce qu'il est possible d'améliorer... Sans doute le sens, en partie, en lien  avec la réincarnation aussi... Au fond, nous sommes toujours confrontés à la relation duelle, en interne et externe... En clin d'oeil, une chanson écrite et interprétée en duo, Pascal Obispo et Zazie : "Les meilleurs ennemis"...

Portrait de Charles

Je ne peux m'empêcher de la réécouter, avec un clip vidéo : " Les meilleurs ennemis " ... L'ambivalence du  " toi contre moi " Smile

Portrait de M.Christine

En poussant le bouchon un peu plus loin, donc, les ennemis extérieurs seraient la représentation de nos ennemis intérieurs : tout ce que l'on se reproche, ce que l'on n'accepte pas, ce que l'on n'aime pas en soi ...?

Le truc serait de s'aimer avec ses défauts tout en s'efforçant de les corriger ... Arrêter de se vouloir parfait ....

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Ce qui "  bouche " , qui ferme mais aussi ce qui doit s'ouvrir... Une ambivalence intéressante ! D'autant qu'il y a aussi l'expression " mettre un bouchon " lorsqu'on bouscule quelqu'un, expression utilisée en rugby !

Portrait de Louis

Je trouve super cette discussion. Pour info, je signale un ouvrage d'Emmet Fox ( " Changez votre vie ") dans lequel l'auteur explique la symbolique des quatre cavaliers de l'apocalypse. Je viens juste de le commencer. C'est très intéressant. Il les met en lien avec notre psychisme et nos émotions... Un approche ésotérique donc !