Est-ce que la gentillesse ça s'apprend ?

De la façon dont vous présentez cette jeune femme, il me semble que son comportement masque une très grande souffrance. Son agressivité est sans aucun doute projective et vous prenez certainement la place des personnes avec lesquelles elle a été en conflit par le passé. Effectivement, si vous réagissez comme elle il y a un risque d'identification à l'agresseur. Cependant, ce ne doit pas être facile d'être dans l'accueil dans ces conditions. Pour répondre à votre question, je crois que la gentillesse ne se commande pas à coup d'injonction. Elle vient du coeur. L'histoire de cette jeune femme fait certainement qu'elle ne connaît pas les vertus de la gentillesse car elle ne les a pas expérimentées. Si elle ne se commande pas, la gentillesse peut être découverte par l'exemple. Le tout est de ne pas penser que sa méchanceté est véritablement dirigée vers vous. Il s'agit d'un mauvais transfert. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille tout supporter. Lorsque j'étais enseignant d'enfants à problèmes, j'essayais de poser des règles minimales qu'il ne fallait pas dépasser, une sorte de cadre à l'intérieur duquel l'accueil et la communication pouvaient s'instaurer. Ce n'était pas toujours facile ! Dans votre cas, si cette jeune femme a poussé la porte de la structure, c'est qu'elle est en demande. Il doit y avoir une possibilité de lui expliquer calmement les limites au-delà desquelles vous ne pouvez pas agir. D'autres avis plus pertinents vous seront certainement apportés par nos amis foromers, je n'en doute pas. En attendant, je vous souhaite une très belle journée.

Gilbert

Je ne sais pas si cette astuce peut être véritablement applicable dans votre cas. Je vous la livre quand même car elle m'a souvent aidé lorsque je sentais monter de l'agressivité inutile envers quelqu'un. Un ami bouddhiste m'a conseillé d'imaginer (encore faut-il croire en la réincarnation) que dans l'infinité des incarnations précédentes, la personne qui me dérange a été ma mère. Cela peut paraître fou et irréel, mais ça marche bien ! Le regard change instantanément... Et je crois en la réincarnation

Sûr que ce ne doit pas être évident d'accueillir des gens en révolte. Mais il me semble que la gentillesse découle d'un climat de confiance. Quelqu'un qui est agressif se défend parce qu'au fond lui je crois qu'il a peur. Une peur évidemment non fondée. Je suis un peu d'accord avec vous : on ne soigne pas le mal par le mal ou alors à dose homéopathique. La rabrouer la conforte à mon avis dans le fait d'être méchante. C'est la justifier dans son comportement. Mais bien évidemment, tout dépend de ce que l'on peut supporter soi-même ! J'aime bien l'idée de Jean-Marc. Il s'agit de voir l'âme, le bijou au-delà des formes et j'avoue que je n'en suis pas toujours capable non plus. Je pense que d'autre foromers viendront aussi vous conseiller.

Il est certain que cette agressivité gratuite n'est pas due au hasard. Depuis que je m'intéresse à l'ésotérisme, j'ai de plus en plus la certitudes qu'il y a un sens caché à toute forme extérieure. N'ayant pas l'habitude de ce type de bénévolat, je n'ai pas la recette. Cependant j'essaierai, peut-être par le dialogue, dans les moments de calme, de voir ce qu'il peut y avoir derrière ce flot d'injures...

Pour connaître certains lieux où on accueille des personnes en grande difficulté, je sais qu'il faut parfois beaucoup d'empathie pour ne pas réagir " oeil pour oeil, dent pour dent ". Cependant, j'ai vu de véritable lions se transformer en agneau grâce à la compétence des accueillants. J'ai vu aussi des cas où cela n'était pas possible. Nul ne peut transformer l'autre à son insu. Mais on peut toujours essayer en se montrant gentil soi-même et en ne rentrant pas dans la recherche de conflit. Pour moi, la gentillesse est inhérente à l'être humain (question de foi) mais elle a pu être noyée par des tonnes de blessures... On ne peut alors qu'essayer de panser (penser) les plaies en laissant à Dieu le soin de les guérir...

Il est bien évident que rendre à cette dame son agressivité n'est pas la solution car comme elle se fait une représentation négative de l'extérieur, cette attitude ne peut que renforcer ses mécanismes de défense... En revanche, il est nécessaire de ne pas commettre l'inverse en étant trop complaisante. Une juste distance s'impose lors de chaque rencontre et si, malgré ce, elle est toujours aussi déplaisante, tournez les talons. Souvent l'abandonnisme marche très bien avec ce genre de profil abîmé par la vie et sûrement depuis l'enfance...

Lors de mon cursus en Analyse transactionnelle, notre formatrice nous avait expliqué effectivement comment l'abandonnisme, aussi surprenant que ça puisse paraître, pouvait être une sorte de réponse thérapeutique. Depuis et dans des circonstances précises bien entendu, il m'arrive d'appliquer cette méthode et il est vrai qu'elle marche à tous les coups !

Enfant, quand j'étais trop pénible, ma mère m'ignorait et j'avoue que je redoutais cette punition !

Le post de Ludo me ramène à la mise en quarantaine lorsque j'étais à l'école primaire. Je n'y ai jamais eu droit mais je n'aurais pas aimé subir le détournement de mes copines si je m'étais manquée vis-à-vis de l'une d'elle...

Quand on se sent totalement impuissant dans certaines situations, que cela dépasse nos compétences, l'abandonnisme semble être en effet la seule solution .

C'est vrai que " laisser tomber " , ne plus calculer l'autre comme dit Gilbert, à un moment donné, ne donne plus de prise aux projections verbales...

A la suite des commentaires sur l'abandonnisme, je me rend compte que ce ne serait aussi pas facile pour moi qui veux toujours essayer d'arrondir les angles en essayant de comprendre. Je prends aussi ces leçons pour moi.

Je trouve trés intéressant d'envisager l'abandonnisme sous un aspect positif et évolutif. Souvent le mot en lui-même fait peur. Peur d'abandonner car peur d'être abandonné. Comme le dit M.Christine, lorsque l'on se sent totalement impuissant face à une situation, la seule issue salvatrice pour tout le monde c'est l'abandon. Protection pour soi et axe d'interrogation pour l'autre agresseur, sans l'abîmer en retour. Je retrouve d'ailleurs dans ma propre histoire des moments comme ceux-ci, où j'ai été abandonné pour mon bien et d'autres où j'ai dû abandonner par necessité. Moi qui était un grand abandonnique, le passage à l'action ne s'est pas fait sans douleur au "  départ ". 

Lorsque j'ai vécu ma relation amoureuse hors contexte traditionnel, ma famille m'a traité de tout. J'ai essayé d'argumenter mes je sentais que les choses s'envenimaient à chaque discussion. Cela aurait même pu mal finir. Jusqu'au jour où j'ai senti que ça ne servait à rien de jouer au punching ball de chaque côté. Comme j'étais autonome financièrement, j'ai décidé de ne plus répondre et de mettre de la distance entre ma famille et moi. Je laissais faire le répondeur et ne rappelais que si les propos me paraissaient importants.  Résultats, j'ai renoué des liens à peu près normaux dans la mesure où ils savent que je peux vivre sans eux et leurs injonctions...