Je me suis mise au bouddhisme mais, pour moi, ce chemin spirituel est très difficile. Autant dire que je ne suis visiblement pas très douée. Je m'en explique...
Il m'arrive d'être gênée par des comportements de proches notamment. Cette gêne, qui m'amène très vite à les juger à mon corps défendant, est appelée - je crois ? - par les psychanalystes une projection. Étant donné que j'ai essayé de travailler mon défaut et qu'il est toujours là, j'ai recouru au bouddhisme. J'ai comme livre de chevet l'ouvrage exceptionnel de l'enseignement de Mâ Ananda Moyî qui précise que pour modifier sa façon de voir, il faut contempler Dieu car, sinon, on reste dans la perversion de sa vision. Intellectuellement, je comprends mais je n'arrive pas suffisamment à mettre en place cette pratique de sagesse et de respect qui, pourtant, est mon véritable objectif.
Pouvez-vous me conseiller ?
Merci et bonne soirée,
Christine
Louis
Mettre Dieu à la place !
J'ai aussi cette difficulté, Christine-zen, et je suis heureux que vous lanciez cette discussion qui va certainement m'aider moi aussi. A ma petite mesure, j'essaie de considérer tout ce que je vois comme une manifestation divine, même si je ne comprends pas que ça puisse me déranger. Je fais confiance du mieux que je peux. Je m'en remets du mieux que je peux à plus grand que moi. Certaines citations m'aident, comme celle de swami Prajnanpad ( " «L'esclavage complet, c'est la liberté parfaite.») ou encore celle d'Aristote ( «L'esclavage, c'est de dépendre de quelque chose de plus petit que soi, la liberté, c'est de dépendre de quelqu'un de plus grand que soi.»). Je crois que nous nous libérons de nos projections lorsque nous réalisons que les gens à qui nous avons à faire sont inscrits dans un projet divin. Ils sont là, ultimement, pour notre bien. Très difficile à réaliser au jour le jour surtout qu'il ne s'agit pas non plus d'être un béni-oui-oui. Le livre de Mâ Ananda Moyî m'accompagne aussi quotidiennement, mais il est vrai que cet enseignement n'est pas toujours facile à appliquer au quotidien. J'attends beaucoup de nos amis foromers pour m'aider à progresser sur cette fabuleuse voie de l'acceptation.
Madeleine
La joie d'être libre
Un grand merci, à vous Christine-Zen pour votre sujet et, à vous Louis car je ne connaissais pas cette citation d'Aristote et elle fait, aujourd'hui, écho en moi. Je pense que je suis en train de prendre ma liberté, grâce à Dieu. Jusqu'ici j'étais dépendante de mes projections, donc de plus "petit " que moi (ma part d'ombre) et c'est parce que je développe ma spiritualité, que je dépends de plus grand que moi, que je me libère. La liberté n'est pas confortable mais quel cadeau !
Je suis très émue car le chemin s'ouvre à moi.
Aller vers vers la lumière car comme l'écrit Marianne Williamson :
" Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur,
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites.
C'est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus.
Nous nous posons la question...
Qui suis-je, moi, pour être brillant,radieux, talentueux et merveilleux ?
En fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ?
Vous êtes un enfant de Dieu.
Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.
L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour éviter d'insécuriser les autres.
Nous sommes tous appelés à briller, comme les enfants le font.
Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.
Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous,
Et, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière,
nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
En nous libérant de notre propre peur, notre puissance libère automatiquement les autres."
Pour cette nouvelle année, je souhaite un vent de liberté à chacun d'entre vous. Mes meilleurs voeux à tous les foromeurs et à l'équipe de Signes et Sens.
Michèle
Voir le bon côté de soi pour l'autre...
Lorsqu'une personne me gêne, j'ai tendance à me focaliser sur ces défauts et à les lui reprocher. Pendant ce temps, je ne pense pas aux miens. C'est peut-être cela la projection à laquelle font allusion les psychanalystes. Les réflexions de Louis et de Madeleine m'aident à comprendre qu'il ne faut pas non plus s'autoflageller, ce qui ne servirait de rien. " Au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur, notre puissance libère automatiquement les autres." Ces mots, transmis par Madeleine, m'aident à comprendre que donner l'exemple est beaucoup mieux que perdre son temps à la critique projective... Centration donc
Gilbert
Un enseignement difficile mais vrai
Voir toute chose comme étant la volonté de Dieu, c'est aussi la voie chrétienne. " Que ta volonté soit faite et non la mienne " enseigne Jésus. Il faut beaucoup d'humilité pour accepter que les gens qui nous dérangent sont mis sur notre chemin pour nous donner l'opportunité de nous tourner vers Dieu. Pas évident mais je me suis souvent rendu compte qu'en considérant les choses de cette manière, des signes me sont donnés pour arrêter mes projections. Mon astuce, c'est demander Son aide après avoir essayer de faire tout ce que je pouvais humainement avec mes limites. Une espèce de connection qui fait que je suis aussitôt moins préoccupé par la difficulté. Question de confiance, mais j'ai encore un très long chemin à faire même si il me semble que j'ai déjà fait quelques pas.
Jean-Marc
Une Sage authentique
Mâ Ananda Moyî est toujours rassurante même si l'on a des difficultés. Si vous vous pouvez ce type de question, Dieu commence à pourvoir. A la page 260, elle dit à un disciple que La paix et la tranquillité ne peuvent pas venir s'il n'y a pas eu au début une certaine inquiétude dans votre esprit...
Jean
Se détacher pour mieux
Il me semble que Mâ Ananda prône le détachement de nos réflexes psychologiques en s'attachant à Dieu. Ce qui va un peu dans le sens de la citation d'Aristote partagée par Louis.
Lakshmi
Accepter la critique et faire son auto-critique
Mâ Ananda Moyî évoque aussi l'importance d'accepter la critique venant d'autrui. Cela ne répond pas à votre question mais il m'arrive parfois de me dire : est-ce que je suis capable de ne pas réagir au quart de tour lorsque j'ai l'impression que quelqu'un porte un jugement sur moi ? Je pense surtout à ce passage de la page 261 :
Le blâme ressemble à une bouse de vache. En soi elle ne sert à rien, mais mélangée à de la terre, transformée en engrais, elle permettra à la plante de porter fleurs, fruits et graines. De même, le chercheur qui saura utiliser blâmes et critiques pour améliorer son caractère en tirera grand profit, comme le sol enrichi per l'engrais. Vous rendez-vous compte du bien que peut vous apporter un blâme ? Le blâme lui aussi n'est autre que Lui, l'Un.
cricri
Je bloque très vite selon les situations
Cette question est fondamentale et, en ce qui me concerne, je la travaille chaque jour car j'ai un caractère trop spontané et bien trempé.
Il est évident qu'il s'agit de mettre Dieu à la place de tout ce qui nous gêne pour ne pas être dans le jugement... Mais quand je pense aux responsables des attentats, ou à Hitler, j'avoue que j'ai du mal et que je suis complètement désorientée...
Danièle-Dax
Le concept d'illusion
Je n'ai pas la prétention de connaître le bouddhisme mais je m'y intéresse.
Je rejoins ce que dit Cricri en ce qui concerne l'importance de la question de Christine-Zen.
Ce sur quoi j'essaie de travailler pour ne pas juger, c'est cette notion bouddhique d'illusion mais je peux très vite ne pas être à la hauteur d'une intégration de qualité...
Jean
Maya... jusqu'au moment fixé par elle
Selon la tradition védique, Maya (déesse de l'illusion) a pour fonction de voiler la réalité spirituelle. Si j'ai bien saisi, au fil de mes lectures, l'enseigement de Mâ Ananda Moyî, le chemin spirituel consiste à s'affranchir du monde de la dualité (illusoire) mais (in fine) ce n'est quand même pas nous qui décidons. Savez-vous comment opère Maya ? questionne-elle à la p305, Elle jette un voile d'ignorance sur toute connaissance que vous pouvez avoir et vous fait errer autour d'un objet qui vous est familier sans vous permettre d'en prendre conscience jusqu'au moment fixé par elle, et cela en dépit de tous vos effort. Il me semble que tant que je cherche à comprendre le sens du mal absolu avec mon intelligence humaine, je serai en errance. Mais Dieu que c'est difficile de l'accepter...
Jean
Et moi donc !
Ce blocage dont vous parlez, Cricri a toujours été et est toujours le mien. Comment comprendre et accepter que ces horreurs ont pu et peuvent encore avoir lieu ? Comment mettre Dieu à la place ? Pourtant, des gens qui ont vraiment connu ces choses innommables ont témoigné de leur foi, malgré tout. Je me dis qu'eux n'étaient pas fous ! Je me laisse alors " orienté " par ce qu'ils transmettent, même s'ils sont peu nombreux !
Orlan
J'aimerais avancer moi aussi davantage
Pour certains spiritualistes, c'est le regard que nous portons à autrui qui fabrique un phénomène négatif ou positif. De son côté, la psychanalyse demande de stopper ses projections, c'est-à-dire de ne pas se débarrasser de ce qui nous gêne intérieurement sur autrui... Jusque-là, je suis... Ensuite et pour reprendre les exemples que prend Cricri, je bloque moi aussi...
Louis
Je bloque aussi !
Devant l'incompréhensible de l'agression contre des innocents, j'avoue que je bloque aussi !
Mireille-cogolin
La neutralité
Je vois que je ne suis pas la seule à rencontrer ce genre de difficultés...
Je connais cet excellent ouvrage de Mâ Ananda Moyî et tout au long de ce livre, cette Sage revient sur cette nécessité de ne pas être esclave de nos propres perceptions. Tout comme vous, je saisis intellectuellement le sens de ce qu'elle transmet mais lorsque les événements sont extrêmement graves, je perds jusqu'au plus petit repère que je croyais avoir acquis et, curieusement, après avoir tourné et retourné les écrits de Mâ Ananda Moyî, j'en reviens à l'indispensable acceptation des phénomènes que je ne comprends pas. Disons que ce n'est pas l'horreur de certains comportements barbares que j'accepte, pour rester dans cet exemple, mais quand je n'ai pas de réponse j'essaie de rester le plus neutre possible.
Gilbert
Accepter notre impuissance à changer les choses
Aussi dure que soient les choses, cette neutralité dont vous parlez n'est - telle que je vous connais - en aucune manière de l'indifférence mais une difficile acceptation de notre impuissance à changer les choses sans pour tautant tomber dans la résignation...
cricri
L'humilité est toujours libératrice
Il me semble que cette forme d'acceptation que décrit Mireille rejoint le fait de mettre Dieu à la place de ce qui nous gêne car, en agissant ainsi, nous nous mettons en posture de l'enfant qui ne sait pas " tout " et qui est en apprentissage constant...
Michèle
Et moi qui veut toujours comprendre !
Je me rends compte avec cette discusion tout le chemin que j'ai à parcourir pour accéder à cette forme d'humilité....
Orlan
J'ai beau savoir, j'oublie... pour mon plus grand mal-être...
J'adhère tout à fait à ce processus de neutralité.
À l'époque où je suivais des cours d'Analyse transactionnelle, notre didacticienne nous avait expliqué à plusieurs reprises qu'un des drames humains consistait, sous l'impulsion de nos pulsions de mort, à mal déclencher notre imaginaire qui, alors, était soumis à l'angoisse... Il est certain que si je mettais plus souvent en pratique cette évidence, je développerais plus correctement ma confiance en moi et en mon... fils !
Nadia
Du pain sur la planche !
Quand je vois comment je déclenche mal mon imaginaire et les angoisses que cela génère, j'aurais tout intérêt à appliquer les explications de votre didactitienne, cher Orlan. Mais je vois que j'ai encore du pain sur la planche, n'ayant pas encore digéré les atrocités du mois de nomvembre 2015.
Charles
La force du service
Comme ce sujet me paraît essentiel et que j'ai le livre dont vous parlez, j'ai essayé de trouvé quelques pistes au fil des pages. Il se trouve que la question du bien et du mal est évoquée par l'intermédiaire d'un Européen aux pages 306 et 307. Mâ Ananda Moyî propose, envers et contre tout, une attitude de service à autrui plutôt que de chercher à combattre le mal : Servez les êtres humains autant que vous le pouvez mais ne vous identifiez pas à leurs désirs et leurs besoins. Vous devez aller au-delà et chercher Dieu. Peut-être est-ce là la notion de neutralité dont vous parlez ? Faire du mieux que l'on peut pour les autres sans s'identifier à eux !
Gilbert
Le service à Dieu
On retrouve cette notion de service dans le livre d'Emmet Fox au chapitre " Consécration ". Je trouve sa conclusion très joyeuse d'ailleurs : Dieu veut que nous soyons heureux, joyeux et actifs, à condition que nous demeurions toujours à Son service.
Jean-Marc
Cette notion de joie qui dépasse toute contingence
Si j'ai été attiré par le yoga, dans un premier temps, pour essayer d'aller mieux dans mon corps et dans mon esprit, j'ai découvert peu à peu que le but ultime dépassait ce désir de mieux être. J'ai rencontré des disciples engagés sur la voie d'un maître spirituel indien qui évoquaient un état - au delà des contingences matérielles - fait de paix et de félicité. Toutefois, je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un travail sur soi très important qui doit évacuer toute duperie du mental. Il n'est pas question de fuir dans une pseudo-spritualité mais de faire de son quotidien le lieu de l' " apprenti-sage ". Aussi la question évoquée ici est d'une extrême importance sur le chemin.
Christine-zen
Fortifier l'amour divin
Tous vos commentaires sont une mine d'or pour moi... Je les ai lus et relus et ils contiennent tous une pépite. Ce que je constate aussi c'est que Dieu nous met dans des situations qui n'ont pour seul but de développer toujours davantage d'amour pour Lui, pour la Création et donc pour les créatures quel que soit leur masque apparent... qui ne serait, d'après Mâ Ananda Moyî, que le masque du Seigneur pour nous permettre d'avancer dans le bons sens... J'aimerais arriver à ce niveau d'abnégation. J'y travaille de mon mieux et j'essaie de ne pas me décourager quand j'échoue. Ces forums m'y aident beaucoup et je vous en remercie. Je vous souhaite une très belle année 2016, auréolée de paix, et vous adresse toutes mes amitiés,
Christine
Jean
Ces forums m'aident aussi !
Aujourd'hui, je me dis : " Merci Seigneur de m'avoir fait cette grâce de ces forums ". D'une part je me sens moins isolé dans mes questionnement et d'autre part, ils m'encouragent à développer cet amour divin que vous évoquez, Christine. Mâ Ananda Môyî, au travers de sa culture hindouiste l'appelle " bhakti yoga " qui se traduit par " yoga de la dévotion " ou encore " yoga de l'amour de Dieu ".
Merci d'exister
Jean
Cécile
Toujours au top
D'accord avec Christine-zen. Je viens de parcourir cette discussion. Je n'ai rien de mieux à rajouter tellement je trouve que c'est le top...
linda
Bénir le beau et le bon qu'il y a dans cette personne
Christine-zen,il y a plusieurs années,mon conjoint a été grandement malade,ses prestations d'assurance-maladie se terminait bientôt,pour avoir droit à une assurance longue durée,je devais rencontrer un homme qui était reconnu pour être très sévère,j'avais peur qu'il refuse d'accorder les prestations d'invalidité,malgré les papiers médicaux de mon conjoint,j'étais si nerveuse,je ne savais plus quoi faire,soudain,je dis cette phrase que j'emploie à l'occasion...«Je bénis le beau,et le bon de cette personne...ça m'a fait du bien de penser à ces mots,juste avant d'entrer dans le bureau.
À mon arrivée,dans son local,il me dit froidement de m'asseoir,le téléphone sonne,il parle un peu,et moi,mon coeur semble battre plus vite,quand soudain,j'aperçois sur le mur un dessin,et c'est marqué...Mon papa,il est gentil...
Là,l'homme qui s'occupe des assurances a vu que je souriais en regardant le dessin,il a dit...C'est de ma petite fille,je l'aime beaucoup.
Et là,j'ai senti soudain une belle énergie,l'homme regardait le dossier médical de mon conjoint,posait des questions avec une voix chaleureuse,je ne m'attendais pas à ça du tout.
Finalement,il a compris la situation,et il a accordé les assurances d'invalidé.
Quel soulagement!
Charles
Magique, votre témoignage
Au delà des considérations générales qui sont pleines d'enseignement, j'ai beaucoup aimé l'exemple concret de Linda. Tous simplement magique. Les réalisations résident parfois dans des situations de ce type.
Christine-zen
Merci pour ce merveilleux partage Linda
Comme l'induit Charles, votre témoignage est précieux. Il restitue votre non-jugement, votre humilité... Dieu vous a exaucée car vous le méritiez. Une belle anecdote quoi qu'il en soit que je n'oublierai pas et qui servira certainement aussi à d'autres foromers que moi.
linda
Bénir
Charles,et Christine-zen,merci pour vos messages,ça me touche.