Etre toujours en avance

Portrait de Opale

Si j'ai lu quelques explications sur les retardataires chroniques, je n'en ai guère trouvé concernant les personnes qui comme moi sont toujours en avance (à part l'anxiété).

Les rendez-vous me perturbent. Tous. Les bons comme les moins agréables. Je les évite tous au maximum. Je ne porte plus de montre car j'en ai cassé ou perdu beaucoup. Par contre à la maison j'ai pas mal d'horloges. les horaires de travail (plus actuellement) m'étaient très contraignants et lorsqu'il m'est arrivé d'être en retard, je me suis confondue en excuses et ai proprosé de rattrapé ce temps de retard...

Je peux être en avance de deux heures sur un rendez-vous à 10 mn de chez moi, voir d'une matinée pour un rendez-vous à 30 km. Ayant un peu honte, j'attends devant la porte sans me montrer, ou je me signale en faisant semblant de m'être trompée sur l'heure du rendez-vous. Parfois, je peux prendre la place d'une personne qui n'est pas venue et là c'est le bonheur... je n'ai pas eu à passer à l'heure que l'on m'avait fixée.

Le pire c'est quand j'ai affaire à une personne ou une administration qui a du retard. Je ne tiens plus en place, l'impatience, l'angoisse monte....

Le temps qui passe, prendre de l'âge ne me dérange pas. Ce n'est pas ça... J'aime flâner, prendre mon temps, dans la nature surtout... et je peux réagir rapidement dans certaines urgences. C'est plutôt dans un esprit de "devoir", être ponctuelle, ne pas faire attendre, tenir les délais... Mais il doit bien y avoir autre chose.

Si cela vous inspire, je vous lirais volontiers car j'aimerais comprendre et essayer de me défaire de cette habitude que je trouve exagérée.  En espérant que pour répondre (éventuellement), vous trouviez le temps....

Portrait de Gilbert

Bonjour Opale,

Il est vrai qu'il n'existe pas beaucoup d'études sur cette habitude qui semble vous gêner quelque peu. Me vient l'adage populaire " Avant l'heure c'est pas l'heure, après l'heure c'est plus l'heure ! ". D'un point de vue psy - d'après ce que j'en sais en discutant avec mes amis et si j'ai bien compris - la notion de " devoir " est liée à linstance surmoïque (Le Surmoi étant une sorte de gendarme inconscient). Peut-être fantasmez-vous être sévèrement puni si vous " ratez " un rendez-vous ? Cette situation vous renvoie-t-elle dans votre histoire à un événement de cet ordre que vous avez très mal vécu ? Sinon, il peut y avoir eu au niveau de votre insconscient un " déplacement ", ce symptôme renvoyant à autre chose. Comme je ne suis pas psy, je vous donne seulement mon ressenti, à ne surtout pas prendre comme une interprétation de pro. Je pense que lorsque l'un d'entre eux sera dispo, voire une personne plus compétente que moi, il ou elle vous donnera quelques clés de compréhension plus judicieuses. bon après-midi à vous... Et à plus tard...

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Bonjour Opale,

Il me semble que ce qui pose le plus de problème, c'est la peur qu'il n'y ait personne au rendez-vous. Etre en avance  vous permet "de-voir" si l'autre est bien là, s'assurer de sa présence. La peur est celle d'avoir été oubliée, abandonnée. Lorsque votre rendez-vous est en retard, l'angoisse est à son comble car vous déclenchez votre imaginaire de façon négative : "Il m'a oublié... Il ne viendra pas". C'est aussi pour cela que vous êtes en avance, l'attente est plus supportable en ayant la personne ou le lieu du rendez-vous en visuel et limite les images négatives. 

Il serait bon de faire le lien dans votre histoire avec des situations d'attente, ou de rendez-vous non tenu.

Portrait de Sofia M

Il semblerait que votre angoisse du temps s'étaye sur un complexe d'infériorité dont vous n'êtes d'ailleurs peut-être pas consciente...

En fait, en attendant votre rendez-vous, parfois deux heures, vous donnez à comprendre que vous vous installez dans un processus où vous êtes la dominée. Ainsi, un supérieur hiérarchique s'autorisera à faire attendre son employé sans que personne n'y trouve à redire !

Je ne connais pas votre profession mais vous pouvez avoir un métier très en vue, êtes bourrée de diplômes, avoir de l'argent, ça ne changera rien au fait que votre inconscient peut être fixé à un ou plusieurs membres de votre famille qui ont pu avoir des emplois subalternes et qui ont dû courber l'échine plus souvent qu'à leur tour... Par loyauté familiale et fidélité filiale, vous pouvez répéter ces schèmes identificatoires... On peut trouver aussi ce type de comportement psychologique chez des sujets issus de l'immigration, individus qui gardent en eux la problématique de l'intégration de leurs parents, ou de leurs grands-parents, ou de leurs aïeux, même s'ils ne les ont pas connus : par culpabilité inconsciente, ils peuvent répéter des postures de quasi soumission... Compte tenu de mes origines, je sais de quoi je parle, même si maintenant je ne tremble plus en rentrant dans une administration !!! Mais il a fallu que je me soigne pour me défaire de cet héritage séculaire d'opprimés...

Portrait de Cécile

Non que j'arrive deux heures avant un rendez-vous mais j'ai toujours, en fond, l'angoisse de ne pas être à l'heure. L'interprétation de Sofia me parle, aux vues des origines sociales de ma famille. La discussion, initiée par Opale, m'a beaucoup renseigné sur mon complexe d'infériorité qui tente toujours de pointer le bout de son nez, selon le contexte. Merci à vous tous ! C'est bien de prendre conscience de tout cela, c'est éclairant pour la suite Smile

Portrait de Sylvie

Une simple question qui a peut-être son utilité : êtes-vous venue au monde " en avance" ou "en retard"sur le terme annoncé ? Ce qui pourrait expliquer que les "horaires du travail" ( de l'accouchement) ait pu être très mal vécus par le bébé que vous avez été.

Portrait de Pauline

Je savais bien qu'en m'inscrivant ici, et ma fille aînée a bien insisté là-dessus, j'allais comprendre certaines choses importantes, qui en plus permettent de s'améliorer, si ce n'est relativiser ! Cela fait un certain temps déjà que je me demandais d'ou pouvait bien venir cette angoisse (parce que je vois bien qu'elle stresse beaucoup) qu'il y a chez ma seconde fille, qui doit toujours être en avance par peur d'être en retard, de ne pas trouver de place pour se garer, pour un rendez-vous chez le médecin, où pour aller travailler et même pour un simple repas familial ! Et plus elle prend de l'âge, plus ça s'aggrave ! Elle finit par stresser son entourage qui l'envoie "sur les roses", et bien entendu, ça n'arrange rien, au contraire ! En plus elle le dit elle-même, elle se rend compte que ne n'est pas "logique" de réagir comme ça, mais qu'elle ne peut pas s'en empêcher ! Je vais lui parler des réponses que vous avez faites à Opale (merci Opale !), et même encore mieux, de lire à son tour ce qui est dit ici... J'espère que ça lui permettra de se "calmer" un peu, et surtout de bien réfléchir au fait qu'elle n'a pas à se sentir "moins"... Après tout elle assume sa vie plutôt bien ! Mais j'ai quand même aussi compris, avec les explications de Sofia M, que l'on peut avoir besoin d'aide aussi...

Portrait de Juliette

J'ai longtemps fonctionné comme vous, Opale, arriver à tout prix très en avance à chaque rendez-vous. Maintenant, grâce à vous Sofia, je sais pourquoi et, question complexe d'infériorité, je m'y connais et ma filiation aussi ! Analyse aidant, cette façon de fonctionner s'est largement améliorée, pas au point d'arriver en "retard", heureusement !

Je fais le lien avec mon métier, je suis météorologue, et la devise publicitaire de ma société est "Toujours un temps d'avance" ! Dash 1

Portrait de Ugo

J'arrive trés en retard sur votre post, Opale, certainement une résistance de ma part puisque le sujet me parle beaucoup. Grace à vous et aux autres foromers je viens de comprendre pourquoi je résistais et ce à quoi cela me renvoyait. A ma propre culpabilité quand à du transgénérationnel et à mon infatigable complexe d'infériorité... en tout cas jusqu'à aujourd'hui. Alors merci pour ce partage!

Portrait de Opale

Tout d'abord un grand merci à vous tous et toutes, de vos réponses.

Je me reconnais bien dans le "transgénérationnel" avec une histoire de famille de type "patriarcal"  totalement "au service" des autres, dans une très (trop) grande serviabilité.

En même temps, le sentiment d'abandon que j'avais oublié, ne m'est pas inconnu.

Merci à vous encore.

Portrait de Nadia

Je viens de me connecter et trouve cette discussion remise au goût du jour grâce à la réponse d'Opale. Une occasion pour moi de la découvrir.