Lui apprendre son suicide ou pas ?

Votre cousine, je suppose que c'est la fille de la soeur de votre mère, passe par vous plutôt que d'appeler directement vos parents. C'est déjà particulier car c'est comme si elle vous chargeait implicitement d'une comission qu'elle ne se sent pas capable de faire. Vu le profil de votre mère, il est sûr que ce n'est pas évident. D'un autre côté, votre père le sait et comme il vit au quotidien avec votre mère je peux comprendre sa réaction. A mon avis, c'est quand même plutôt à la cousine de faire la démarche, au moins avec un faire-part. Mais j'avoue que je n'ai jamais été confronté à ce type de problème très délicat.

Sordides ces histoires de famille quant à un héritage. Mon père ne voit plus son oncle depuis des décennies à cause de ce type d'histoires. Mon grand-père s'était fâché avec son frère et ce dernier n'est même pas venu à l'enterrement. Il a envoyé son fils pour le représenter. Je trouve cela sordide d'utiliser les enfants de la sorte. Mais bon ce n'est pas tout à fait la même histoire... Quoique ! Je ne sais pas si je suis très psychologue mais me connaissant comme je me connais, je ne m'en mêlerais pas. Je suis quand même prêt à revoir ma copie selon les avis pros.

Je ne sais pas si ce que je vais dire vous aidera Elise, en tout cas je l'espère. Depuis que je suis une très jeune enfant, les relations avec mon père ont toujours été extrêmement compliquées et très peu consistantes dans le temps... La dernière fois que j'ai vu mon père c'était en 1985 pour la mort de ma grand-mère, et celà faisait de très nombreuses années que je ne l'avais vu. Bien des années après sa mort, survenue en 1999, je sais au fond de moi que je reste avec beaucoup de colère, d'incompréhension, de souffrance. J'ai appris son décès, par une tante. Mais trois jours auparavant, j'ai vécu une expérience très éprouvante. Je me suis retrouvée inexplicablement (je pense qu'il y a eu un Bon Dieu pour me guider ce jour-là) chez ma fille aînée et mon gendre, en détresse totale. C'est à peine si je pouvais dire comment je m'appelais, je ne savais plus quel jour nous étions etc. et je n'arrêtais pas de répéter "mon père est mort". Autrement dit très perturbée... Ma fille très inquiète a fait ce qu'il fallait et m'a emmené voir un psychiatre qu'elle avait contacté en expliquant ce qui se passait. J'ai eu un traitement léger et quelques séances avec le psychiatre. Ce que je voulais surtout dire c'est qu'avant même d'être effectivement "au courant" par cette tante que je suis allée trouver, je "savais" qu'il était mort. Etant donné tout le passif familial très compliqué, personne ne m'en avait informé (mon père était remarié depuis fort longtemps et j'ai 3 demi-frères et soeurs), et bien entendu, je n'ai pas été convié aux obsèques, auxquelles je ne me serais pas rendu de toute façon...

Vous imaginez si vous faites un mensonge par omission sur un sujet aussi grave... Mais vous n'allez plus jamais être en paix... De toute façon, votre mère n'est pas tout à fait dans une situation médicale qui fasse que vous lui cachiez ce qui la touche de près : elle vit, elle mange, elle dort, elle parle, elle regarde la télévision... Enfin sûrement je le présume. En plus et à priori, nous avons de quoi supporter psychologiquement toutes les épreuves qui nous sont envoyées... Alors, arrêtez d'avoir peur pour elle. En plus, elle est en couple et elle vous a. Elle n'est donc pas complètement démunie face à son existence. Je vous assure qu'il y a bien pire destinée sur cette Terre que celle de votre maman si je me fie à ce que vous en dites...

Tout à fait d'accord avec Mireille. Votre mère semble vouloir renvoyer une image de victime alors qu'elle n'est visiblement pas dans un environnement dramatique. Surtout, dites-lui rapidement le décès de sa sœur car sachez que toute victime cachant un bourreau (dixit Freud), si elle apprenait un jour que vous lui avez caché cette mort ce serait une communication qui deviendrait particulièrement difficile entre vous deux...

Quel que soit l'état psychologique de votre mère, il faut impérativement lui apprendre le décès de sa sœur. Ça peut tout à fait l'inscrire dans le principe de réalité et lui permettre de sentir que malmener sa santé, comme elle semble avoir tendance à le faire, peut mal se terminer pour elle... 

Le fait que vous, vous ne soyez pas fâchée avec votre mère et que de fait vous communiquiez régulièrement avec elle, est l'indicateur fiable pour la prévenir du suicide de sa sœur.

Le temps qui passe peut amener un dénouement inattendu et plutôt bien adapté. Il semblerait que votre réflexion ait permis l'arrivée d'un membre de la famille qui, de par sa posture, a évité une grosse perturbation chez votre maman. Sachez que j'en suis très heureuse...