Je déteste les compliments

Portrait de Loriane

Durant le repas, tout à l'heure, je me suis une énième fois "accrochée" avec mon compagnon. Il venait de me féliciter pour ma sauce salade qu'il trouvait excellente... Et, comme à mon habitude... Je n'ai pas accepté son compliment, en répondant que c'était juste une vinaigrette banale ! Mon compagnon a aussitôt réagis, en me disant que j'étais "ch....." parce que je ne savais pas recevoir les compliments ! Mon fils, 12 ans, en a profité pour dire que Pierre (mon compagnon) avait raison ! Super ambiance repas, et je sais que c'est ma faute ! Mais j'ai toujours fonctionné comme ça... Les compliments me mettent très mal à l'aise, quelquefois je peux même être véritablement en colère. Pourquoi ? Merci de vos réponses. Loriane.

Portrait de Orlan

Je ne suis pas un professionnel de la Psy mais il est probable que vous ayez un complexe d'infériorité...

Portrait de Allain

Une éducation psychorigide peut être en cause. 

C'est une problématique personnelle que je connais bien qui m'a conduit jusqu'au "divan". En 2 mots: mon père -aujourd'hui décédé- était alcoolique et... psychorigide! Curieux mélange: faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais!!! Quand il a découvert mon homosexualité, il m'a chassé de la maison... Autant vous dire que cet homme était avare de compliments. J'ai, par identification, toujours énormément de mal à accueillir les compliments qu'on peut m'adresser et j'ai malheureusement d'énormes difficultés à en faire. Mon mari en souffre. Je le sais. On en parle. Il connaît bien entendu mon histoire familiale mais, malgré les nombreux efforts que j'essaie de faire, les stigmates font encore la loi... En revanche, ce qui me paraît très important Chère Loriane, c'est que vous ayez conscience de cette faille en vous qui repose quoi qu'il en soit sur une blessure affective et affectée refoulée... Ces forums étant actifs et sérieux, je suis certain que vous allez avoir des commentaires qui vont vous éclairer.

Amitié.

Allain

Portrait de Isabelle

Je ne sais pas si mon témoignage pourra vous aider Loriane, mais je crois que pour ce qui est du complexe d'infériorité, je connais aussi ! Et comme vous, j'ai toujours beaucoup de difficultés lorsqu'il s'agit de recevoir les compliments. Parce que je n'entends alors qu'une possible ambiguité sur ledit compliment, et je ne reçois alors qu'un aspect "dévalorisant" ou bien encore parce que je réagis très vite avec une "parano" en avant, et je me dis que le compliment "cache" donc de la séduction. Ou plus simplement, parce que si j'accepte un compliment, au fond je ne le "mérite pas", puisque je suis capable d'en être très fière, trop fière... La culpabilité sous jacente n'étant jamais très loin. Outre un père peu démonstratif, peu causant, très cartésien, auquel la famille paternelle a toujours fait référence, comme étant celui qui avait réussi professionnellement, "La tronche de la famille", un matheux... Qui n'a jamais compris que je ne comprenne rien aux math... Idem pour ma soeur d'ailleurs, et qui nous traitaient de "connes" lorsque nous ne comprenions rien à ses explications sur un devoir à faire... Je crois d'ailleurs, que le premier "prof de math" en sixième, n'a fait "qu'enfoncer le clou" à ce niveau là, puisqu'il se moquait ouvertement devant toute la classe de mes incompréhensions en m'appelant par mon nom de famille, avec lequel j'ai aussi eu quelques difficultés durant l'enfance et l'adolescence... Ma mère très différente dans sa façon d'être, fantasque, une âme d'artiste, un peu fragile, avec une histoire familiale très difficile dès la petite enfance. Mes parents se sont séparés lorsque j'avais 9 ans, et mon père parisien d'origine est retourné vivre dans sa région. Ma grand-mère paternelle nous a souvent "critiqués" ma soeur, mon frère et moi à partir de la séparation de nos parents... Mais elle n'appréciait que très modérément ma mère auparavant... Disant entre autre, que nous étions bien mal élevés par notre mère... Mal habillé, ou trop bruyant, mal coiffé... Et puis, nous étions les provençaux (plus exactement les provinciaux) pour eux, qui étaient de la capitale !  Ne croyez pas que je noircisse le "trait"... Je sais aussi, et en partie grâce à un sérieux travail d'analyse, que j'ai aussi reçu de l'amour... Mais, il y a effectivement des blessures de l'enfance, dont on garde trace... Je continue aujourd'hui, à ne pas forcément prendre un compliment pour ce qu'il doit être, juste une petite reconnaissance d'une qualité... Curieusement, j'ai remarqué pourtant, que ma mère me complimente souvent pour un repas, un plat particulier, qu'elle a trouvé particulièrement bon, et là durant quelques instants, je me sens bien... Comme s'il me fallait déjà, me réconcilier avec une "bonne oralité"...

Portrait de Amélie

Je serais bien incapable de vous expliquer les rouages psychiques. Mais j'ai quand même envie de vous dire, et c'est un compliment (eh oui !), que "réussir" une bonne vinaigrette, n'est pas donné à tout le monde ! Et je connais bon nombre de femmes, qui ne savent pas faire une bonne sauce salade. Voici donc un bon point pour vous ! De plus, c'est votre compagnon qui vous reconnait cette qualité culinaire... Autrement dit, une double reconnaissance en soi, puisqu'en vous faisant ce compliment, il vous reconnait en tant que femme... C'est sûrement sa façon à lui de souligner vos qualités...

Portrait de Alicia

C'est vrai que c'est toujours agréable d'être complimentée pour sa bonne cuisine ! Mais, et pardon si je suis trop basique peut-être... Comment se comportait votre père à ce sujet, face à votre mère ? Et votre mère était-elle une bonne cuisinière ? Et puis tout simplement, est-ce que votre mère, votre père vous complimentait, vous félicitait lorsque vous aviez réussi quelque chose ? Un enfant a aussi besoin de se sentir "reconnu" dans ses qualités... Dieu merci, nous avons tous des qualités, y compris dans nos différences !

Portrait de Gilbert

Je crois que lorsque votre compagnon vous complimente, il vous dit simplement merci avec son coeur. Essayez de ne pas trop aller chercher midi à quatorze heure... Et remerciez-le à votre tour. Certes il existe des complexes mais la vie est assez compliquée comme cela pour que ça vaille le coup de la simplifier. Comme le dit Amélie, peut-être - comme moi - sait-il faire une vinaigrette mais vous la faites meilleure que lui et que moi, tout simplement ! Accueillez les compliments en vous familiarisant avec le mot  " merci " ... C'est parfois magique. Car à force de les refuser, vous n'en aurez plus et ce sera pire pour votre narcissisme (auquel vous avez droit comme tout un chacun :-).

Gilbert

Portrait de Lydie

Je fais partie de ces nombreuses femmes qui ne savaient pas réussir une vinaigrette ! En fait, c'est une amie qui un jour m'a expliqué qu'il fallait y ajouter un brin de moutarde, et ensuite bien émulsionner la sauce... Mais il a fallu que j'arrive à l'âce canonique de 50 ans pour faire une vinaigrette digne de ce nom... Et si vous regardiez le plus objectivement possible, du côté de vos qualités ? Je suis presque sûre, que le prochain repas sera aussi plus détendu...

Portrait de Pauline

Lorsque je sens que je ne suis pas "en forme", tout simplement parce certains souvenirs difficiles avec mon père, reviennent me tarabuster... Et que je sens bien au fond de moi, qu'il me restera toujours des interrogations et des peurs... Je me prends par la main, et je m'offre une plante pour mettre dans mon jardin... Ou des fleurs pour mettre dans ma maison...

Portrait de Gabrielle

Je fais exactement pareil, Pauline. Je m'envoie des fleurs au propre comme au figuré lorsque mon moral flanche. C'est de l'action positive premier degré et ça ne gêne personne... Et en plus ça sent bon ! (rires !).

Portrait de Loriane

Merci pour vos compliments... Vous voyez je progresse ! Je saisis un peu mieux combien notre enfance et nos parents influencent notre façon d'être et c'est sûr que pour les compliments tant de ma mère que de mon père, c'était loin d'être le genre de la maison ! D'ailleurs, et plus pour la cuisine déjà, je me suis souvenue qu'une fois, ma mère m'avait laisser faire la vinaigrette de la salade et que je m'en sentais très fière parce qu'elle ne voulait jamais que je participe d'habitude. La sentence a été terrible ! Non seulement elle ne m'a rien dit mais en plus, elle s'est levée et est allée faire une autre vinaigrette dans la foulée ! Il a fallu que je rencontre le père de mon fils, pour malgré tout voir que je pouvais faire à manger de façon convenable... Enfin, je comprends bien que c'est sûrement plus compliqué "le complexe d'infériorité", mais en tout cas je vais déjà faire bien plus attention dorénavant, à recevoir un compliment pour ce qu'il est, comme dit Gilbert, un merci déjà... Grâce à vous je progresse !