Dans la mouvance de la demande de repères spirituels, nous sommes - avec Internet - sollicités par une multitude d'explications qui parfois se contredisent. J'ai l'impression - et je tombe parfois dans le panneau - qu'il existe un risque de zapper un certain principe de réalité. J'essaie alors de ne pas utiliser mon intérêt quant à la spiritualité pour fuir mon quotidien. C'est une phrase de Mâitre Eckhart, un théologien du XIIIème siècle que je viens de découvrir qui m'a interpellé. La voici : " Dieu nous rend souvent visite mais la plupart du temps nous ne sommes pas chez nous ". Ce que, en ce qui me concerne, j'interprête comme la nécessité de se connaître en vérité et sans faux-fuyant. Est-ce que vous pensez aussi que l'on peut fuir dans une pseudo-spiritualité ?
Jean-Marc
Accepter les choses telles qu'elles sont
Je pense que l'on ne peut pas parler de spiritualité sans travailler sur le quotidien de nos vie. Le yoga est un outil pour moi et certainement pas un but en soi. Il me prépare à accepter la vie quotidienne telle qu'elle est sans théorie fumeuse. Je pense effectivement que l'on peut utiliser un discours spirituel et être en inadéquation quant à nos actes, voire être donneur de leçon. J'ai eu tendance à l'être au début de ma pratique. Mais la réalité m'a vite rattrapé et je l'en remercie.
Cécile
C'est le piège !
Je comprends cette interrogation. J'ai eu l'occasion de rencontrer une chanteuse dans une chorale qui avait selon elle tout compris. Réponse à tout sous couvert de vagues connaissances bouddhistes et surtout donneuse de leçons. Elle avait tout bien et on avait tout faux. Très désagréable de discuter avec elle. Quand je dis " discuter ", en fait il s'agissait plutôt d'un monologue. Juste un peu de défaut d'humilité... Pourtant il me semble que c'est la moindre des qualités chez un spiritualiste.
Orlan
Karl Marx...
" La religion est l'opium du peuple " assénait Karl Marx. Et pourquoi pas ? En ce qui me concerne, j'assume ma spiritualité car, d'une part, je trouve qu'elle m'humanise et, d'autre part, quand je ne vais pas bien elle enlève mon anxiété... Je préfère nettement ça aux anxiolytiques !
Jean
Le matérialisme a montré ses limites
Karl Marx avait peut-être raison sur certains points mais son matérialisme a apparemment atteint ses limites. L'esprit ne se résume pas à mon avis à la matérialité d'un cerveau, d'où les abus induits je pense par Orlan de la consommation d'anxiolytiques . Ceci dit, je fais la différence entre la religion parfois un peu trop dogmatique et la spiritualité. D'ailleurs, je crois savoir que le théologien Maître Eckhart, que j'aime bien pour son enseignement universel et qui se rapproche de la spiritualité bouddhiste, a eu des ennuis, à la fin de sa vie, avec l'autorité ecclésiale de son temps. Je crois que notre époque est charnière dans la mesure où beaucoup de valeurs s'effondrent et que chacun de plus en plus de personnes essaient de donner un sens à leur vie en s'intéressant à la spiritualité. J'en fais partie aussi dans la mesure, comme dit aussi Orlan, où j'ai la certitude qu'elle m'humanise. A condition effectivement de faire preuve d'humilité et de ne pas s'ériger en donneur de leçon, c'est-à-dire en se méfiant du prosélytisme exacerbé car je ne suis en aucun cas sensé détenir quelque vérité que ce soit.