Bonjour
Je me présente.
J'ai 66 ans, je suis divorcée et j'ai une fille unique de 35 ans. Mon mari, dès la naissance du bébé, n'a plus voulu que nous ayons de relations sexuelles. J'ai toujours su, ou imaginé, qu'il avait des maîtresses. Nous habitions alors Paris et il m'était impossible de le suivre pour vérifier. En même temps ce n'est pas trop dans mon caractère. Comme il dépensait beaucoup d'argent, aux jeux d'après lui, j'ai repris mon travail d'infirmière hospitalière alors que j'aurais préféré m'occuper de la petite jusqu'à ce qu'elle entre en maternelle. Dans mon service est arrivé un beau médecin, marié et de part et d'autre ça a été le coup de foudre. Comme nous étions très attachés à l'équilibre familial, nous n'avons pas vraiment évoqué la possibilité de divorcer. Sauf que j'ai fini par réaliser des années plus tard qu'il avait son poste dans l'établissement grâce à son beau-père, homme bien placé en politique! Nous nous disputions beaucoup, de plus en plus. Un jour et après 7 ans de déchirements j'ai rompu mais il ne me lâchait pas. Ma fille a été au courant de cette liaison quand elle avait 11 ans car elle a surpris une conversation téléphonique. Je résume parce que ce serait trop long à expliquer: Chose impensable pour moi, elle a raconté à son père ce qu'elle a "entendu" de sa chambre de cette discussion houleuse où je haussais le ton sans véritablement penser qu'elle était là à écouter. Mon mari a demandé le divorce sur le champ (j'ai su après que ça l'avait sacrément arrangé car il avait une liaison importante de son côté et il a épousé la dame en question par la suite! ). J'ai pris tous les torts à ma charge mais ça c'est l'œuvre de ma culpabilité! Il a obtenu la garde de notre fille que je ne voyais plus qu'un week-end sur deux. Elle a commencé à avoir des problèmes au collège. Elle séchait les cours et fuguait. Sans parler de ses mauvaises fréquentations et de l'argent qu'elle me volait quand elle venait à à maison. Elle refusait de dialoguer avec moi. Chaque fois que j'en parlais à son père, il me répondait: "La faute à qui?". Elle a été renvoyée et là elle nous a fait passer un enfer. Un de mes amis d'enfance l'a prise comme vendeuse dans son magasin. Pendant quelques mois on a eu l'impression qu'elle allait s'en sortir mais ça n'a pas duré. Elle s'est mariée à 18 ans et demi avec un petit loubard qui voulait des enfants et elle non! Remarquez qu'il valait mieux. Elle a donc eu 2 IVG sans qu'il le sache. Comme il a eu de gros ennuis avec la justice et qu'elle a eu peur d'être impliquée, elle a demandé le divorce. Qu'elle a obtenu sans trop de difficulté grâce au frère de mon mari qui est avocat. Retour à la case départ. Elle ne voulait plus me voir et son père l'a accueillie un temps. Mais elle était infernale, sale, grossière, et sa belle-mère lui a prêté un petit meublé. Mon mari assumait côté finances. Toujours par une relation de mon mari, elle a eu un boulot de manutentionnaire. J'étais sûre que ça n'irait pas loin mais elle a tenu à cause de sa liaison avec son patron... marié... 3ème IVG! Rupture avec le patron d'un commun accord et elle a rencontré un trentenaire divorcé, électricien à son compte, très gentil, travailleur et célibataire. Ils vivent maintenant ensemble. Elle a pris des cours de comptabilité et elle s'occupe de ses devis et de ses factures mais elle n'arrive pas à tomber enceinte. Nous ne sommes toujours pas très proches mais elle m'a téléphoné hier en me reprochant ma très ancienne liaison! Il faut savoir que je vis seule et que je n'ai jamais refait ma vie! Et elle m'a reproché par la même occasion ses IVG qu'elle aurait fait pratiquer parce que je l'avais traumatisée avec ma liaison (? ). Il paraîtrait que son gynécologue lui aurait dit que si elle ne pouvait pas avoir d'enfant c'était à cause de ces IVG.
J'en ai gros sur le cœur. Je sais que je suis dépressive depuis mon divorce, surtout parce que je n'ai pas eu la garde, même si je le cache. Je n'en peux plus. Est-ce que je peux être responsable quelque part des IVG de ma fille et du gâchis de sa vie jusqu'à sa rencontre avec son compagnon? Et si elle ne parviens pas'à être maman, y serai-je pour quelque chose?
Daniel01
Un peu simpliste comme accusation
Bonsoir Mado,
Je précise que je ne suis pas psy mais que je viens souvent sur ces forums car j'y découvre beaucoup d'enseignements par rapport à la vie quotidienne. Je me permets de vous répondre car je trouve que l'accusation de votre fille est un peu facile. Vous racontez de façon précise les débuts de votre histoire avec cette obligation de travailler et l'absence de relation conjugale désirée par votre mari. Je pense que si responsabilité il y a, elle est quand même partagée. Il me semble que dans un couple, lorsque ça dysfonctionne, c'est quand même 50/50. Par ailleurs, à 35 ans, c'est un peu facile d'accuser sa mère de ne pas pouvoir avoir d'enfant. D'autant que vous n'avez pas refait votre vie et qu'elle semble vivre une relation amoureuse stable. Je ne sais pas ce qu'en pensent les psys mais je crois qu'il serait bon de ne pas endosser toute la responsabilité de la situation. A mon sens vous avez fait ce que vous avez pu, compte tenu des circonstances. A elle de s'interroger aussi et d'interroger son père par la même occasion. Je sui un homme et je trouve - tel que vous le relatez - le comportement de votre ex-mari plus que discutable.
En espérant ne pas vous avoir dit trop de bêtises, je suis sûr que les pros viendront vous donner leur point de vue avisé. En attendant, passez une bonne soirée et lâchez cette culpabilité générée par ces reproches. C'est trop facile de trouver un bouc émissaire. Je m'en rend compte de plus en plus.
Daniel
yamina.174
Vous n'êtes pas responsable des IVG de votre fille
Pour vous en convaincre et lâcher ce fardeau qui n'est pas le vôtre, il vous suffit d'imaginer le nombre de couples qui ont eu des liaisons. Ce n'est pas pour autant que leur fille aura recours à une IVG et encore moins à des IVG à répétition. L'inverse est également vrai : il existe des parents qui ont été fidèles toute leur vie de couple et dont la fille a eu une ou plusieurs IVG.
Faites une lettre à votre fille en utilisant ces arguments réels, histoire d'en finir une bonne fois pour toutes avec une culpabilité qui ne regarde qu'elle. En +, il semblerait que du haut de ses 35 ans, elle ne sache pas que la contraception existe ! Je crois surtout qu'elle ferait bien de consulter un psy car il est certain que la discussion qu'elle est allée rapporter à son père quand elle avait 11 ans (!), à sa sauce à elle certainement en +, doit la tarauder " grave " et la gêner aux entournures. Quant à vous laisser subodorer que vous avez été une mauvaise mère en s'interdisant quelque part d'avoir des enfants, n'entrez pas dans son fantasme destructeur pour toutes les deux. Une mauvaise mère est une mère qui maltraite son enfant, qui ne s'en occupe pas, qui ne le nourrit pas, etc, etc. Ce qui n'est absolument pas votre cas.
Amélie
"La faute à qui" ?
Je suis bien loin d'avoir des compétences psy. Juste je voudrais dire que quand même c'est bien pratique pour le père de votre fille tout ça... Parce qu'il ne s'est jamais gêné pour vous asséner des "La faute à qui ?" bien avant que votre fille ne subisse ces IVG d'ailleurs... C'est quand même facile pour se déculpabiliser... La preuve, lui a reconstruit sa vie, pas vous...
Solange
super conseil de Yamina
J'adhère totalement à la proposition de lettre de Yamina. Pour exemple, j'ai une amie qui a eu recours à une IVG alors qu'elle est issue d'un couple sans histoire. Ses parents sont mariés depuis plus de quarante ans et je ne pense pas qu'il y ait eu trahison de part et d'autre. De plus, vous ne donnez absolument pas l'impression d'avoir été une mauvaise mère. Il faudrait que votre fille stoppe ses délires et qu'elle s'adresse à un psy pour qu'il l'aide à assumer ses choix passés qui ne vous concernent en rien.
Luce Psy
Triste résultat d'une société culpabilisante pour les parents!
J'ai bien des analysants qui ont fait quelque chose de constructif de leur existence malgré une enfance abominable. J'ai l'inverse aussi parmi mes patients.
Votre fille a une destinée qui est ce qu'elle est. À elle d'en faire un parcours évolutif au lieu de vous accuser de tous ses maux. Par contre, c'est à vous à ne plus faire grossir ses pulsions destructrices qu'elle dirige dans un premier temps sur vous parce qu'au final elle les retourne contre elle. La preuve en est : son affect de mauvaise mère qu'elle nourrit grassement et qui provoque son infertilité. N'essayez plus de la mettre dans la réalité car elle ne vous entend pas et en retire une jouissance. Effectivement, en cherchant à vous justifier, en vous défendant de ses vilaines accusations, vous vous enfoncez encore davantage et vous donnez raison à ses fantasmes démoniaques.
Charles
Ne pas entretenir le conflit
Je suis assez d'accord avec Luce Psy. Chaque fois que j'ai voulu me justifier devant quelqu'un, cela n'a fait qu'entretenir des conflits. Je crois qu'à un moment, il faut savoir passer à autre chose et lâcher prise. Pour le plus grand bien de chacun et surtout le vôtre, Mado. Je pense qu'à 66 ans, il est temps de vous occuper enfin de vous.
Amitiés foromeuses,
Charles
Sofia M
Le résultat funeste de ses projections
Votre fille, pour ne pas analyser ses défauts, a trouvé le bouc émissaire facile en votre personne. Elle est à plaindre mais tant qu'elle ne trouvera pas le courage de regarder ses failles personnelles, elle n'avancera pas. Et contre cela vous ne pouvez rien... Une fois qu'on accepte de lâcher prise en comprenant qu'on ne peut pas changer qui que ce soit, on récupère de l'énergie et on va rapidement mieux... Il existe beaucoup de publications sérieuses sur le lâcher-prise. Vous n'aurez pas de mal à vous en procurer et votre moral s'en ressentira positivement.
Cécile
Les bienfaits du lâcher prise
Comme le dit Sofia M, il existe des publications inspirantes sur le lâcher-prise. J'ai eu l'occasion de consulter un ouvrage de Guy Finley portant ce titre. Il pourrait vous être utile. Excellente journée.
Cécile
Mado
Merci pour votre empathie
Je lis et relis vos commentaires et je me sens comprise. Ils me font un bien immense. Pour ce qui est des ouvrages sur le lâcher-prise, je n'y avais jamais pensé alors que j'ai entendu maintes fois ce conseil dans des émissions psycho. J'aime lire et je vais m'occuper de ces livres dès aujourd'hui... Encore merci de m'avoir permis d'ouvrir une porte sur l'espoir.