Comment ne pas juger notre fille ?

Portrait de M Christine

Nous avons deux filles, une de 39 ans, l'autre de 37 ans. Elles ont toujours été différentes. L'aînée est en échec perpétuel, divorcée, vivant en couple mais respectant moyennement son mari qu'elle trompe. Il ferme les yeux par rapport à leur fils qui est fragile. Elle a deux enfants de ses deux unions. Même en essayant de me convaincre du contraire, elle est une mauvaise fille, une mauvaise compagne, et globalement une mauvaise mère. Ses enfants ne peuvent pas vraiment compter sur elle. Mon mari et moi avons beaucoup culpabilisé par rapport à elle, ce qui nous a conduits à faire une psychothérapie de couple pendant trois ans. Lors d'une séance, le psychothérapeute a mis l'accent sur le fait que notre seconde fille n'a rien à voir avec sa sœur qui est quelqu'un de fiable, de sérieux, de responsable et qui mène très bien sa vie de couple, de mère et sa vie professionnelle et ça nous a ouvert les yeux dans le bon sens. Nous n'avons jamais fait la moindre différence entre nos filles. L'aînée habite à 50 km de chez nous. La dernière fois qu'elle est venue nous voir c'était en avril ! Elle nous téléphone de temps en temps et chaque fois c'est pour ne nous parler que de ses problèmes. Elle n'appelle jamais sa sœur qui préfère d'ailleurs que ce soit comme ça. Avec mon mari, nous sommes tombés dans une profonde tristesse en raison de cette histoire de famille incompréhensible. D'autant plus incompréhensible que nous avons toujours dépanné notre aînée chaque fois qu'elle en a eu besoin et Dieu sait si c'est arrivé souvent et que comme elle se plaint tout le temps de son manque d'argent, nous l'aidons financièrement en symbolisant à son anniversaire et à Noël, moments où elle ne manque pas de venir... Je pourrais rajouter tant d'aberrations que vous finiriez par penser que je mens.

Ayant travaillé tout cet aspect psychologique, ayant enfin admis (bien difficilement) qu'il n'y a rien à faire pour changer notre fille, j'en viens à mes questions...

Mon mari et moi sommes des croyants catholiques sincères. Malgré notre foi, nous avons le sentiment de juger en permanence notre fille aînée. Est-ce le cas ? Pourquoi Dieu ne débloque-t-Il pas cette situation familiale insupportable ? Qu'avons-nous à comprendre ou à faire pour que le Seigneur ait pitié de nous ?

Excusez-moi d'avoir été aussi longue mais nous n'en pouvons plus et ça me fait du bien d'exposer spirituellement notre drame.

M Christine

Portrait de cricri

Selon moi, on ne peut pas considérer réellement que vous êtes dans un jugement dans la mesure où ce que vous décrivez est vrai. C'est un constat dont il faut effectivement, en tant que croyante, que vous fassiez quelque chose de constructif. Je ne suis pas psy mais peut-être et sans vous en rendre compte n'avez-vous pas complètement coupé le cordon avec votre fille aînée. Peut-être est-ce pour cette raison qu'elle cherche à mettre une distance avec vous, tout aussi incompréhensible soit-elle... En outre, vous résumez fort bien votre relation à Dieu : le Seigneur cherche à vous faire comprendre que votre fille n'est plus votre enfant. Comme vous n'avez pas de moyen direct pour la changer, pensez maintenant davantage à vous. Il est logique que vous continuiez à l'aider si elle en a besoin mais, une fois que vous avez fait votre devoir, ne vous retournez pas sur elle ni sur sa vie que vous ne connaissez pas fondamentalement. Pour y parvenir, vaquez positivement à vos occupations en les appréciant, ne serait-ce qu'en réalisant que si vous êtes dans l'action, c'est que vous êtes en bonne santé. Puisque vous êtes croyante, rassurez-vous aussi en gardant et en travaillant la certitude que Dieu s'occupe de votre fille constamment, combien même l'apparence de l'existence de votre aînée ne vous le démontre pas. Remerciez le Seigneur chaque jour pour ce qu'Il fait pour elle et pour vous et de vous avoir aussi accordé la grâce de vous donner votre seconde fille qui, comme vous l'avez souligné, ne vous pose pas de problème. Pour en revenir à votre aînée, dites-vous également qu'elle n'est pas votre fille par hasard et qu'elle a des choses à vous faire comprendre. Les enfants difficiles nous éduquent, rabotent notre ego, nous rendent plus empthiques, plus humanisants et sont, in fine, d'excellents guides. Votre deuxième fille vous permet de vous déculpabiliser et d'avoir des respirations bienfaitrices. C'est par expérience maternelle que je vous parle ainsi...

Portrait de Viviane

Durant mon travail d'analyse, comme je n'étais pas une mère forcément très zen, mon analyste m'avait un jour dit cette phrase, "nous avons les enfants dont nous avons besoin". Je me suis toujours souvenue de cette phrase, tant elle m'a semblée juste. Je sais que sans mes enfants, je n'aurai probablement pas eu la "force pour de me bousculer" continuer à avancer. Je crois qu'il y a des façons d'être qu'il ne nous est pas donné de comprendre... Et nous n'y sommes pas nécessairement pour quelque chose, mais en même temps, ces situations particulières sont là pour de toute façon nous faire avancer... Peu à peu j'apprends à "moins juger", et d'ailleurs je me surprends, à réaliser sur une phrase que je peux dire à un moment donné, combien j'ai encore du travail à ce niveau-là... Pourtant, mon avancée aussi petite soit-elle, doit être là, puisqu'au moins, je prends conscience de ce que je dis et de mes réactions...

Portrait de Mireille-cogolin

Votre situation doit être effectivement très dure à supporter car il est impossible de savoir pourquoi votre fille se conduit si mal avec vous. Priez Le Seigneur sans relâche. Dès qu'Il sentira que le moment est propice pour vous libérer de ce fardeau, Il le fera. 

Portrait de luna_95

Je connais le grand malheur d'avoir perdu mon fils unique mais sachez que je ne minimise pas pour autant votre chagrin et votre anxiété. Mais, malgré votre douleur, remerciez le Seigneur d'avoir gardé votre fille en vie. Même si elle vous voit peu, vous savez qu'elle n'est pas très éloignée... Et puis pensez au fait qu'elle peut changer en bien d'une minute à l'autre car son cœur bat encore...

Portrait de Domino

Luna rappelle une grande leçon de vie. Merci à elle.

Chère M Christine, appliquez-vous à voir le Christ dans votre fille " difficile". Si cela peut vous aider, je vous confie que j'ai une fille trisomique qui m'apprend chaque jour un peu sur moi-même et qui me permet d'alléger mes défauts.

Portrait de Lilou.G

Je suis enseignante et, même si je n'ai pas d'enfant personnellement, mon métier m'a fait prendre conscience de l'importance de la différence. Je me souviens d'une année où j'avais eu deux sœurs jumelles dans ma classe. En dehors de leur ressemblance physique impressionnante, elle n'avait rien en commun. Une était bosseuse, l'autre paresseuse. Une s'habillait sagement, l'autre n'importe comment pour provoquer... Ce que j'en ai retiré c'est une lapalissade : leur éducation avait été à l'identique et le résultat à la sortie forçait à comprendre que chacun d'entre nous a une destinée qui lui est " propre ". Nous n'avons pas les clefs de la compréhension sur Terre mais + j'avance dans le temps et + je m'efforce à travailler la tolérance, malgré le mauvais relationnel que j'ai avec la fille de mon compagnon... Quand je fais preuve d'acceptation sincère vis-à-vis d'elle, les choses se passent mieux entre nous... Peut-être pourriez-vous réfléchir à cette notion d'Acceptation ?

Portrait de Jean-Marc

C'est à mon sens de lâcher prise qu'il est question dans les propos de Lilou. G. En tous cas, c'est comme cela que je le comprends. A une époque, notre fils nous posait quelques problèmes. Nous avons fait ce que nous avons pu (y compris voir un psy) puis nous avons décidé, ma femme et moi, d'accepter la situation. Une situation qui a fini par s'arranger d'elle même.

Portrait de Allain

Cessez de vous inquiéter. C'est un manque de foi que de se comporter ainsi. Priez le Seigneur et dites-vous une bonne fois pour toutes qu'Il débloquera votre situation quand le moment sera en adéquation entre vous, votre mari et votre fille. Tout ce que fait Dieu est pour le mieux et bénéfique sans aucune exception. 

Portrait de Sofia M

Je comprends ce qu'induit Allain mais il faut une foi extrêmement solide pour accepter sans juger ce que Dieu nous " donne " à traverser... Pour ma part, je n'en suis pas encore là...

Portrait de Allain

J'en conviens Chère Sofia mais en même temps il s'agit-là du passage obligé pour s'inquiéter et souffrir de moins en moins. Qui suis-je pour contester mes épreuves, voire celles des autres ou d'une société en difficulté ou en guerre? Quand je n'en peux plus, quand je constate que je dévisse par inquiétude ++, je me calme en me répétant: "Que Ta volonté soit faite Seigneur". Je me sens libéré immédiatement de mon angoisse.

Portrait de Psy30

Vouloir réduire ses enfants à soi. Quand on a liquidé cette ineptie, on a fait un grand pas vers la guérison.

Portrait de Jean-Marc

Le jour où j'ai mieux intégré ce beau texte de Khalil Gibran en le ramenant à ma propre parentalité, j'ai accepté le rôle important mais cependant limité qui était le mien. Et surtout, j'ai de plus en plus vu mes enfants tels qu'ils étaient et non comme j'aurais voulu qu'ils soient. Un texte à méditer, issu du livre  " Le Prophète " que l'on peut facilement trouver sur Internet.

Portrait de M Christine

Je vous remercie pour vos conseils empreints d'une spiritualité réfléchie.

Certains de vos posts et leurs témoignages m'ont émue aux larmes. Ils m'ont fait réaliser mon manque de courage ou, plus exactement, l'imperfection de ma foi.

À moi de passer maintenant de la vérité que vous avez éclairée à la Vérité.

Je vous souhaite un week-end fait d'harmonie.

Merci encore de toute mon âme,

M Christine