Comment ne plus souffrir de l'autodestruction de ma mère

Portrait de Elise

Je devrais aller bien car je viens enfin de vendre mon magasin de sports qui ne marchait pas bien. J'ai filé hier après-midi l'annoncer à mes parents. Je trouvais + sympa de leur annoncer de vive voix. Quand je suis arrivée, mon père était au jardin et je ne l'ai pas trouvé très joyeux mais c'est dans son caractère. Par contre, visiblement ma mère sentait l'alcool. En général, elle se laisse aller côté boisson dans les repas de famille mais ils n'étaient que tous les deux. Je leur ai demandé habilement s'ils avaient eu de la visite. Ils m'ont répondu par la négative. J'ai déjà essayé d'avoir des conversations avec elle à ce sujet mais elle se met très vite en colère et elle pose un déni sur son addiction. Je me sens donc complètement impuissance par rapport à son addiction mais, en même temps et puisque je n'y peux rien, je ne voudrais plus en souffrir mais je n'y arrive pas. Je sais qu'il faudrait que j'arrive à un vrai détachement mais je ne sais pas comment m'y prendre...

Merci pour votre aide dont j'ai grand besoin.

Êlise

Portrait de Amélie

Je ne voudrais pas être maladroite dans mes propos, mais vous commencez par préciser que vous avez vendu votre magasin... Je me souviens que vous en avez parlé lors de précédentes discussions. Vous avez donc en miroir, le fait tout simple que vous n'êtes plus vous-même dans l'autodestruction... J'ai bien conscience que ça ne change rien pour votre mère, mais pour vous oui... D'une certaine façon, c'est déjà un détachement...

Portrait de Christine-zen

Je suis un peu comme vous Élise mais je commence à changer. C'est-à-dire que jusqu'il y a peu j'avais tendance à souffrir pour des personnes de mon entourage en échec ou qui se mettent en danger. Bien que connaissant le principe de la centration, je ne m'en servais pas réellement. J'en ai eu tellement marre à la longue de m'inquiéter pour des personnes qui ne faisaient aucun effort pour changer que j'ai décidé de me répéter que j'avais beaucoup de chance de ne pas être comme elles. Depuis, chaque fois que je ressens une contrariété vis-à-vis d'une personne qui ne fait rien pour améliorer sa condition, je me recentre tout de suite sur moi en appréciant certaines de mes qualités positives. Cette sorte de Méthode Coué met une distance quasi thérapeutique avec la personne qui me perturbe. Je sais que je n'ai aucun moyen de la changer mais l'avantage de m'occuper de moi de cette façon, c'est que je protège ma santé.

Portrait de Mireille-cogolin

Je ne veux surtout pas faire de prosélytisme mais ayant une sœur malade psychologiquement avec toutes les conséquences que ça peut entraîner, quand je m'inquiète trop pour elle et que ça assombrit complètement mes journées, je prie Le Seigneur pour qu'Il la porte pour moi. Je ressens rapidement un soulagement et le calme revient.

Portrait de Younes

Entièrement d'accord avec Christine-zen. J'avais un ami de lycée que j'ai rencontré quelques années plus tard. Il avait sombré dans l'addiction alcoolique et me faisait vraiment de la peine. D'autant qu'il s'était désocialisé aussi. Il m'est arrivé de lui donner de l'argent qu'il me demandait. Mais un jour j'ai compris que ça ne servait à rien. Pire, j'avais l'impression qu'il était tombé dans un trou et qu'il me tendait la main pour m'attirer avec lui. La prise de conscience a été un peu douloureuse mais là j'ai vraiment compris qu'on ne pouvait aider personne contre sa volonté et qu'on pouvait en plus se faire contaminer en quelque sorte. Question de destin certainement. Je garde une affection pour lui mais j'ai décidé de mettre de la distance et de m'occuper de moi. Et je ne pense pas être d'une nature trop égoïste.

Portrait de Allain

Les commentaires précédents sont d'une grande lucidité, tout comme le post d'Élise...

Ce qu'il faut ne jamais perdre de vue dans les épreuves qui nous sont envoyées, c'est qu'elles sont là pour nous élever humainement et spirituellement. Tant que nous en avons besoin, elles sont récurrentes. Toutefois et pour ne pas en perdre la santé, il ne faut surtout pas en vouloir ou juger la personne qui nous tracasse et nous chagrine. Sans pour autant valider ses comportements auto-destructeurs, il faut remercier l'Univers ou Dieu pour les croyants de la mettre sur notre route en tant qu'apprentissage. C'est le point de départ solide du détachement avec parfois très rapidement la résolution du problème.

Portrait de Christian

Me parle . Mon épouse est gravement malade et malgré une intervention chirurgicale pour l'ablation de l'utérus, le cancer gagne du terrain semble-t-il . C' est une grande épreuve que le Seigneur nous envoie . Lorsque je sens que mes propres forces m'abandonne et que je désespère . Je me tourne vers Lui en lui demandant aide et secours comme il le fit pour son Fils Bien-aimé . Après cette prière je suis toujours beaucoup plus positif et prêt à nouveau à avancer en donnant la main à mon épouse .

Portrait de Régis

Pour rejoindre ce qui a été dit au niveau de la prière. Je crois qu'elle reste le seul recours lorsqu'on a tout tenté humainement et qu'il n'y a aucun résultat. La prière permet aussi de sortir du jugement et de faire preuve d'humilité en avouant notre impuissance. Dieu répond toujours, même si la situation ne change pas en apparence. Et puis, il est impossible d'aider quelqu'un si soi-même on n'est pas en paix. Et la prière apaise, c'est sûr. Je prierai pour votre mère, Êlise. Nous sommes aussi une communauté et l'énergie collective, j'y crois aussi.

Très bonne fin d'après-midi à vous.

Régis

Portrait de Plumes

La demi-sœur de ma mère et son mari, des personnes adorables, vivent une double tragédie : leur fille aînée est alcoolique et leur fils s'est suicidé il y a 5 ans. Malgré leur inquiétude et leur chagrin immense, ils tracent comme on dit. Ils ne se plaignent jamais. Un jour ma mère a demandé à sa demi-sœur comment elle faisait pour supporter toute cette peine. Elle lui a répondu que des parents qui ont un enfant alcoolique et un fils suicidaire n'ont pas le droit de pleurer parce que la société les juge comme s'ils avaient été de mauvais parents... Elle lui a précisé que son mari et elle avaient appris à ravaler leurs larmes. Cette réponse a beaucoup interrogé ma mère qui a éprouvé le besoin de m'en parler mais, puisqu'il est question de "leçon" dans le commentaire d'Alain, je voudrais témoigner de ce que cet aveu de ma tante m'a apporté : quand je vais mal, je puise ma force dans ce couple mais pas que... Je ne m'éloigne pas ici de la question posée par Élise. Je fais même un lien. "Comment ne plus souffrir de l'autodestruction de ma mère ?", interroge-t-elle. Je lui répondrai : En ne vous souciant pas du regard des autres. Souvent, quand nous souffrons, c'est à cause d'une honte que nous ne voulons pas nous avouer. Et la honte nous dévaste car nous nous mettons en rapport imaginaire avec notre entourage : Que vont-ils penser de moi ? J'ai connu ça avec mon premier mariage. Mon mari, chirurgien, me trompait avec une infirmière de son service. Tout le monde était au courant dans l'hôpital et il est bien évident que nous sortions avec les collègues de mon mari et les recevions. Jusqu'au jour où j'ai appris qu'il se racontait que je ne divorçais pas à cause de son argent ! Une honte supplémentaire n'a pas tardé à m'envahir. La réalité c'est que j'hésitais à divorcer car nos jumeaux n'avaient que 3 ans. J'ai commencé à ne + m'alimenter suffisamment et je suis devenue squelettique. Je suis allée consulter une psychothérapeute. À la 3ème séance, elle me fait : "Vous êtes en train de vous laisser BOUFFER par ce que les gens pensent de vous. Les personnes qui jugent vibrent dans des énergies très basses. Vous vous laissez atteindre par du RIEN.". Déclic ! Guérison immédiate ! Ré-alimentation, demande de divorce... 

Je vais sûrement passer pour une originale mais je maintiens que l'on ne souffre plus de l'autodestruction d'un membre de son entourage quand on se place au-dessus du regard des autres car, par voie de conséquence, on ne se juge pas par rapport à un état dont nous ne sommes pas responsables. J'insiste : si on se laisse atteindre par des jugements extérieurs "gratuits", on se juge, on se blesse, on s'abîme.

Portrait de Ludo_437

Je ne savais pas que les personnes qui jugent vibrent dans des énergies très basses... 

Décidément, elles sont + à plaindre qu'à blâmer ! Elles ne sont surtout pas à envier et quoi qu'il en soit sont à fuir.

Portrait de Cathy-P

Je vais lire et relire votre témoignage et vos explications Plumes, tant je viens de comprendre combien la honte est à banir de ma vie ! Merci mille fois !

Portrait de Ari

Vous ne semblez pas du tout mais pas du tout être une fille ingrate, égoïste ou déshumanisée. Vous n'avez par conséquent strictement rien à vous reprocher. Pour atténuer de plus en plus votre souffrance, répétez-vous chaque jour que vous n'êtes pas responsable des dérives de votre mère, ce qui vous permettra d'accepter son chemin de vie et le vôtre tels qu'ils sont. 

Portrait de nanou-69

J'ai pu effectivement moins souffrir et quitter le père de mon fils, addictif et violent, lorsque j'ai intégré que malgré mon affection pour lui je n'étais pas responsable de ses problèmes.

Portrait de Clovis

Le commentaire de Plumes me parle ô'combien!

J' ai non seulement été un enfant abandonné mais en + je suis homosexuel!!! Ça fait bcp pour un seul homme... Sur ma route il y a eu et il y a toujours des gens extraordinaires, dont mes parents adoptifs et mon mari. Mais il y a eu et il y a encore "les autres", ces autres qui profitant de mes fragilités cherchent à m'enfoncer, à me détruire. Ce qui a failli arriver. Je me,suis réveillé le jour où j'ai décidé d'en finir avec la honte qu'ils projetaient sur moi "ces autres", ces autres nullissimes qui en voulant à n'importe quel prix me réduire cherchaient ou cherchent encore à échapper et à fuir leurs sales complexes. En même temps c'est leur histoire et je ne veux surtout pas que ce soit la mienne.

Plumes a raison: la honte est une ENNEMIE MORTELLE. 

Alors que pouvez-vous faire pour votre maman? 

Déjà vous avez la chance d'en avoir une bien en vie. Dites-le lui ou, si vous n'osez pas, faites-le lui comprendre. Ensuite NE LA JUGEZ PAS: VOTRE MAMAN EST UNE MALADE COMME UNE AUTRE. Identifiez mentalement sa maladie chaque fois que vous souffrez en vous répétant que vous avez une autre chance: celle de ne pas avoir hérité de sa maladie. J'ai toujours pensé que l'un de mes géniteurs était alcoolique, ou les 2, parce que j'ai un penchant pour l'alcool mais je me surveille et mon'chéri aussi me surveille... Mais comme je suis conscient de cette faiblesse, j'ai perdu l'habitude de me faire peur en m'alcoolisant... Voyez, quelque part, j'ai la même maladie que votre maman et ma génitrice encore une fois avait ou a, peut-être, si elle est encore en vie, le même profil pathologique... Pourquoi aurais-je honte de la maladie hypothétique, voire probable de celle qui m'a mis au monde?

Vous ne souffrirez + le jour où vous parviendrez à considérer l'alcoolisme comme une VÉRITABLE MALADIE. Si vos proches ne voient pas cet état comme ça, le considérant comme un défaut, c'est qu'ils sont hors réalité. Donc leur avis ne présente aucun intérêt et ne doit pas vous atteindre. Oui votre maman est malade. Ne cherchez pas + loin car c'est écrit dans sa destinée. Elle fait comme elle peut. Supposons qu'elle ait' des séquelles d'AVC. Vous reconnaîtriez sa maladie. Eh bien reconnaissez sa maladie alcoolique sans ajouter de qualificatifs. Vous ne souffrirez + À LA PLACE DE VOTRE MAMAN, le jour où vous resterez NEUTRE par rapport à son destin. Si elle était paralysée, vous ne vous en prendriez pas au Bon Dieu ou à Ses Saints. Eh bien là aussi adoptez cette neutralité qui exclut toute forme de jugement. Acceptez votre maman telle qu'elle est, ce qui a toute possibilité de l'aider à guérir. Quand je dis "Soyez neutre", vous aurez du mal au début. Pour y parvenir, quand vous aurez une mauvaise pensée vis-à-vis d'elle, y compris une angoisse (une angoisse c'est aussi du jugement), punissez-vous en supprimant la journée même un aliment que vous aimez particulièrement ou, si vous êtes croyante, récitez une prière ou lisez un passage d'un livre spirituel... Vous allez voir comme vous allez changer et je parie que votre maman aussi...

Courage Élise.

Je me permets de vous embrasser amicalement.

Clovis

Portrait de Younes

La problématique  évoqué par Elise a engendré de superbes posts. Celui qui m'a touché le plus est votre témoignage, Clovis. Il vient vraiment des tripes et m'a montré - et il me restait une notion de jugement - que l'alcoolisme est une maladie au même titre qu'une autre. Et cela me paraît essentiel. Quand je repense à cet ami dont je parlais plus haut, cela change beaucoup de choses. C'est comme si je le réhabilitais quelque part et je n'ai plus aucune honte - si tant est qu'il en restait même inconsciemment - à être encore quelque part son pote. D'autant que je sais par personnes interposées que cet ami est maintenant très invalidé par les conséquences de ce que je peux appeler désormais sa maladie. Merci infiniment... pour lui et pour moi. 

Portrait de Elise

Je n'ai pas encore acquis certains réflexes essentiels que vous préconisez mais je vais y travailler sérieusement car ma souffrance est trop importante. Je pense pouvoir dire que je comprends l'essentiel de ce que vous suggérez mais il faut que je l'intègre et ça ne me sera certainement pas facile... 

Vos témoignages sont précieux et je vous adresse mes remerciements sincères pour m'avoir accordé autant de votre temps.

Très bonne soirée,

Élise

Portrait de Hugopsyfrance

Quand véritablement on n'en + d'une situation dont on sait qu'on ne peut pas la maîtriser, il est une méthode pratique qu'il est bon d'appliquer.

Il faut partir du principe que chacun est acteur d'une pièce de théâtre mais c'est le metteur en scène qui décide des rôles et du devenir de chacun sans contestation possible. En resituant ce principe dans on existence, le recul qui se met en place spontanément élimine efficacement la souffrance. Il y a un Auteur et nous sommes Ses acteurs...

Portrait de Claire-13

Ma maman à la suite de la mort de mon père est tombée dans l'alcool. Ça a été terrible. Depuis + d'un an maintenant elle ne boit + mais j'ai toujours peur qu'elle re commence. Du coup' je vais faire ce que vous dite chaque fois que j'aurai une angoisse. En + votre métode est intéressante selon moi pour d'autres domaines. Donc je m en servirais aussi à l'occasion.

Portrait de cricri

Pour souligner certains apports qui vous ont été donnés, je me permettrai de vous indiquer un livre de Sagesse très important pour prendre un recul protecteur par rapport aux obstacles existentiels que nous avons à traverser. Il s'agit de l'enseignement de Mâ Ananda Moyî. Voici un des passages de cet ouvrage qui pourra contribuer à vous aider : " Efforcez-vous de rejeter le mental à l'arrière-plan, comme un simple témoin. "...

Portrait de Jean-Marc

J'adhère au post de Cricri. Ce livre de Mâ est une véritable mine de sagesse. Cette conscience témoin est un apprentissage de tous les jours. A chaque exercice de yoga, j'essaie d'attirer l'attention de mes élèves sur cet aspect. On la retrouve surtout lorsque le corps est stable, allongé par exemple en shavasana (posture dite du cadavre) dans la pratique de yoga nidra (yoga du sommeil). Le corps est alors détendu et propice à cet état psychique, à condition d'essayer de ne pas sombrer dans le sommeil. D'où l'intérêt de pratiquer le matin au réveil.

Portrait de Lakshmi

Dans une discussion à propos des difficultés, je viens d'évoquer Mâ Ananda Moyî et son enseignement et je réalise que ce que j'ai écrit pourrait tout à fait avoir sa place ici : effectivement une mine de sagesse que ce livre !