Selon les psys, y a-t-il des conséquences négatives à ne pas effectuer la totalité d'une peine de prison ?

Portrait de Ludo_437

En tant que futur avocat, je me demande s'il existe - selon les psys - des risques particulièrement négatifs pour une personne condamnée à ne pas faire la totalité d'une peine de prison.

Cette question me semble importante sur un plan des comportements possibles et des réactions humaines en pareille situation.

Un éclairage me serait utile.

Merci de vos apports.

Ludo

Portrait de Partage Psy

Selon les psys, pour les condamnés libérés trop tôt et ce qu'elle qu'en soit la raison, il y a 4 grands cas de figure possibles :

1) - S'il s'agit d'un assassinat ou d'un viol, le condamné, s'il croise un proche ou même un moins proche qui lui rappelle inconsciemment la personne qu'il a tuée, peut avoir des pulsions de mort qui se réactivent et il peut commettre à nouveau un acte meurtrier.

2) - Dans le cadre d'un assassinat ou d'un viol, le condamné peut retourner ses pulsions agressives et destrutrices contre lui par un cancer par exemple dont il ne guérira pas, ou tout autre maladie incurable, ou un accident (de la circulation) mortel...

3) - Dans le cadre d'un assassinat ou d'un viol, le condamné peut ne pas être touché personnellement, notamment si son surmoi (son juge intérieur) est faible  mais un membre de sa " descendance ", par surmoi filial, héritera de l'affect non liquidé et pourra devenir soit  bourreau, soit victime. Il y a alors répétition du scénario. C'est ce qui porte d'ailleurs le nom évocateur d'héritage transgénérationnel.

4) - Dans le cas de vols, d'attaques de banques, le condamné rencontrera des " infortunes ". Ce fut le cas de Spaggiari (" Le casse du siècle ") qui vivait reclus, ruiné et qui est mort d'un cancer de la gorge...

Portrait de yamina.174

L'exemple de Spaggiari, si j'ose m'exprimer ainsi, est " parlant " ! Avec son cancer de la gorge, lui qui se terrait, ne risquait pas de dévoiler certains secrets... Mais, pour en revenir à la discussion lancée par Ludo, un triste souvenir a refait surface...

Une de mes relations professionnelles, divorcée, avait une liaison avec son supérieur hiérarchique. Sa femme l'avait appris et, à plusieurs reprises, elle était rentré volontairement dans la voiture de sa rivale qui, compte tenu de la situation " coupable " qu'elle vivait, n'a jamais voulu porter plainte. Le fils du couple s'est tué en voiture environ un an après cette histoire " d'auto-tamponneuse ". Il est sûr, comme vous l'expliquez Partage-Psy, qu'il aurait mieux valu que ma collègue porte plainte...

Portrait de Kévin

Je trouve la réponse de Partage-Psy très éclairante. Lorsqu'on voit les risques encourus par la personne et son entourage, il n'y a pas photo. J'ai vu un reportage sur le cas Spaggiari. C'est vrai que cette histoire est parlante. Je trouve super qu'en tant que futur avocat, Ludo, vous posiez ce type de question. Et puis, c'est très instructif pour moi aussi et j'espère pour d'autres foromers curieux du psychisme.

Portrait de Viviane

J'aurais été bien incapable de développer la réponse, n'étant pas psy... Mais pour moi et grâce au travail analytique, il y a bien évidemment une question de surmoi, personnel ou selon le cas, qui rejaillit sur les descendants et/ou collectif. Dans le cas d'une condamnation, donc la loi de toute façon qui "protège", si la peine n'est pas purgée comme initialement prévue, c'est comme si on "annulait" le côté protecteur personnel, familial et/ou collectif. On transforme une "bonne loi" en "mauvaise loi".

Portrait de Amélie

Ces explications de Partage-Psy. En lisant attentivement je me disais qu'en définitive, quelqu'un qui est victime d'une erreur judiciaire et qui sera donc condamné à tort, en fait peut être celui ou celle qui "récupère" un héritage transgénérationnel, sous forme d'une dette et paye pour une condamnation de quelqu'un d'autre avant lui ou elle qui n'a pas été à son terme. Enfin je suppose que ce doit être plus compliqué, mais que c'est une explication tout à fait envisageable selon le cas...

Portrait de Solange

Ce que vous dites, Amélie, je n'y aurais pas pensé sans les explications psys. Effectivement, les erreurs judiciaires pourraient s'expliquer dans ce cadre là. D'où l'apport super de ces forums psys qui devraient être largement partagés car on trouve rarement ce type d'explications ailleurs.

Portrait de Eric

Autant qu'enrichissant ! Un apport conséquent donné par Partage-Psy. De quoi bien réfléchir à une question que je me suis posé très très récemment justement... Merci à vous pour cet apport très sérieux.

Portrait de Ludo_437

Je voudrais avant tout vous remercier d'avoir détaillé de façon très claire vos réponses qui rejoignent, sans solide apport psycho pour moi et sans pouvoir l'expliquer, ce que j'imaginais déjà un peu... 

Merci beaucoup et Bon 1er Janvier !

Ludo

Portrait de Lucien

Cette discussion me fait saisir le courage qu'il faut aux représentants de la loi concernés pour prendre la décision de réduire une durée initiale de condamnation.

Portrait de Solange

Je trouve aussi que les magistrats ont une énorme responsabilité lorsqu'ils prennent des décisions. La profession de juge ne doit pas être de tout repos. Mon compagnon, ayant fait des études de droit et intéressé par les questions de justice, est en train de lire " Dieu en justice ", écrit par un magistrat à la retraite. Il fait le point sur son engagement d' homme de foi, de Chrétien, en lien avec la fonction qu'il a exercée. Voilà qui pourrait vous intéresser Ludo. L'auteur se nomme Claude-Philippe Barrière. Je vais peut-être essayer de le lire tant mon compagnon semble heureux de transmettre ce qu'il a saisi quant à l'essentiel de ce livre.

J'allais oublier : Très bon 1er janvier aussi à toutes et à tous.

Solange

Portrait de Oliver

Mon père étant croyant, je lui avais offert il y a deux ans le livre que vous citez, Solange. Etrange coïncidence que vous en parliez. Ceci dit, cette discussion et les explications psys sont très importantes lorsqu'on voit ce qui se passe dans les faits divers et notamment les actes de folie. Dans le journal, j'ai lu qu'un jeune de 23 ans avait assassiné 3 personnes dans un périple meurtrier jusque dans le sud de la France. Cet acte aurait-il pu être prévenu ? Ce sont, je crois les bonnes questions que les responsables judiciaires devraient se poser avant qu'il ne soit trop tard. Espérons-le pour cette nouvelle année 2017 que je souhaite très belle à tous.

Oliver