Plus de plaisir à donner qu'à recevoir ?

Portrait de M Christine

Catholique pratiquante, j'ai longtemps ressenti un plus grand plaisir à donner qu'à recevoir. Disons que je le sentais émotionnellement, avec une joie réelle. 

Mon mari et moi avons deux filles : une de 39 ans, en échecs perpétuels, incapable de construire sa vie sentimentale, sa vie professionnelle, ses liens parentaux maternels correctement (elle a deux enfants de deux unions différentes). Sa jeune sœur a 37 ans et est tout l'inverse.

Mon mari et moi aidons beaucoup l'aînée depuis toujours, au début par plaisir et devoir, et depuis quelques années uniquement par devoir, son ingratitude dépassant tout ce que l'on peut imaginer. 

Personnellement, outre le souci qu'elle nous a toujours causé, je suis triste de mettre à mal ma foi, ne supportant plus intérieurement la non-reconnaissance de notre fille et son absence de désir et de volonté à vouloir changer pour prendre enfin le bon chemin. 

Mon mari et moi ne sommes plus tout jeunes et nous nous demandons chaque jour ce qu'elle deviendra quand nous ne serons plus là pour l'aider...

Voilà. Je ne me sens pas bien du tout. Le bonheur a quitté notre foyer depuis plus de deux décennies. J'aimerais juste pouvoir continuer à aider notre fille avec joie. Je n'y arrive plus. Je prie mais entre inquiétude et déception, je ne vois pas d'évolution. Peut-être suis-je en marge de ma spiritualité sans m'en rendre compte. De toute manière, pour que Dieu ne m'exauce pas, c'est que je dois certainement pécher quelque part. Je me suis permis de vous solliciter dans ce sens car, au regard de ce que j'ai écrit, peut-être pourrez-vous m'aider ?

Je vous en remercie d'avance.

M Christine

Portrait de Oliver

Je ne suis ni catholique pratiquant ni spécialiste en spiritualité, encore jeune et inexpérimenté, mais je suis touché par votre témoignage. J'ai l'impression que vous faites ce que vous pouvez et que vous n'avez surtout rien à vous reprocher. Je crois qu'on ne peut rien faire si de l'autre côté il n'y a pas de désir. Je le vois à mon humble niveau quand je voudrais conseiller quelqu'un pour son bien dans la salle de sport. Certains sont enthousiastes et j'éprouve un réel plaisir à prendre de mon temps pour aider, d'autres n'ont aucune reconnaissance et je m'en tiens alors simplement au minimum syndical (rires !). Mon père m'a toujours dit que l'on ne pouvait pas donner à boire à un cheval qui n'a pas soif. Je trouve cette formule intéressante.

Vous  souhaitant sincèrement le meilleur pour l'année 2017, j'espère que nos amis spiritualistes vous apporteront des pistes pour avancer avec votre fille.

Oliver

Portrait de Christine-zen

Vous savez, je connais des personnes qui auraient laissé tomber une fille comme la vôtre depuis longtemps déjà. Cette simple constatation devrait vous redonner un peu de votre joie vis-à-vis de vous-même. Votre mari et vous êtes des parents responsables, des gens bien. Ce qui signifie que vousn'êtes pour rien dans les comportements de votre fille. À chacun son incarnation. Remerciez chaque jour Le Seigneur de vous avoir faite tel que vous êtes. C'est peut-être ce qu'Il attend de vous pour vous libérer de cette grosse épreuve ?

Portrait de Allain

Une célèbre phrase du Christ peut vous aider: "Aucun prophète n'est bien reçu dans sa patrie". 

Parfois, une expression symbolique nous permet de comprendre que nous sommes tous différents et, en tant que croyants, nous n'avons pas à juger.

Rapprochez-vous le plus possible du Seigneur chaque fois que vous vous sentez déçue, triste et inquiète par rapport à votre fille. Demndez-Lui de faire rentrer à nouveau le bonheur dans votre maison, dans votre famille.Dieu répond toujours à nos prières. Observez, analysez, ne perdez pas espoir. Tout finira par rentrer dans l'ordre car l'Univers est une mécanique parfaite en ses fondements. Mais faites-vous au moins un plaisir par jour car si vous persistez à laisser votre fille vous enlever votre joie, elle en aura des répercussions toujours plus négatives par culpabilité interposée.

Portrait de Régis

Cette problématique du don m'interroge toujours autant. Comment donner sans basculer dans un certain masochisme ? La limite est parfois difficile à identifier. Certes la Bible dit " Donne et tu recevras au centuple " mais un passage des Evangiles prévient qu'il faut se garder de jeter des perles aux pourceaux. Je ne pense pas qu'il y ait une once de jugement dans cette parole. Il me semble qu'il est bon simplement de faire preuve d'un certain discernement lorsque nos " cadeaux " sont refusés. Ce qui me rappelle d'ailleurs une discusion récente. Quoiqu'il en soit j'adhère tout à fait au conseil d'Allain qui consiste dans ces cas là à se rapprocher du Seigneur et à lui faire confiance. Lui seul peut agir là où nous ne le pouvons plus. Et Il le fait, j'en suis convaincu... A sa manière, qu'il nous est difficile de comprendre dans un premier temps.

Portrait de Viviane

Je crois y avoir déjà fait largement allusion. C'est mon analyste qui m'avait dit celà et cette phrase m'a toujours "portée" depuis. Et sans vouloir être donneuse de leçon, voyez comme une chance de pouvoir aider votre fille. Il y a aussi des parents qui souhaiteraient actuellement aider leurs enfants peut-être et qui ne peuvent le faire faute de moyens suffisants... Les situations d'emplois précaires par exemple, ne simplifient pas le quotidien. Le Seigneur Lui sait ce que vous faites...

Portrait de Isabelle

Je ne sais pas trop pourquoi, je viens de penser à ces quelques paroles d'une chanson de Michel Berger, interprétée par France Gall que je cite de mémoire : "donner pour donner, tout donner, c'est la seule façon d'aimer". C'est sûr qu'on peut toujours se demander ou est la frontière à ne pas franchir pour ne pas sombrer dans le masochisme... Mais quelquefois, quand je doute moi-même, je pense alors à mon jeune frère décédé très tôt... Le Christ qui Lui a donné sa vie pour nous. Nous ne sommes pas le Christ c'est une évidence, mais peut-être que ce qu'il a voulu montrer à l'Humanité, c'est aussi ce que Don signifie...

Portrait de Gandy

J'aime bcp la phrase de Viviane: Le Seigneur Lui sait ce que vous faites...

Ne se situe-t-il pas là le déclencheur de la Joie?

Portrait de Mireille-cogolin

C'est vraiment très important ce que soulignent Viviane et Gandy.

Cette belle insistance qu'ils ont mise dans leur post respectif est une proposition qui me touche énormément. Ainsi, cette Joie - qui me fait tant défaut à moi aussi par rapport à ma sœur qui a des comportements difficiles vis-à-vis de moi notamment - pourra se manifester chaque fois que je ferai preuve de patience, d'acceptation avec elle mais à condition de me répéter que je sers dans ces moments-là Le Seigneur en m'adaptant au profil pathologique de ma sœur.

Portrait de Jean

 " Ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le ferez ". Ce passage biblique résonne en moi d'une manière particulière avec l'expression " Le Seigneur sait ce que vous faites ". A méditer en ce qui me concerne au quotidien.

Portrait de Célia

Mais qui me font prendre conscience combien je suis loin loin loin d'arriver à un tel résultat dans ma vie de tous les jours. Pourtant en tant que formatrice il m'arrive d'avoir à faire à certains individus un peu particuliers... Je vais bien relire tous ces posts, je pense qu'ils pourront m'aider à aller dans ce sens d'une bonne et meilleure adaptation quel que soit celles à qui je m'adresse.

Portrait de cricri

En suivant à nouveau cette discussion, je me dis que vous avez tout à fait le droit de trouver votre fille ingrate car le discernement traduit un bon équilibre psychologique. En revanche, pour dépasser une mauvaise impression de jugement qui empêcherait la joie de l'aide, répétez-vous que vos gestes généreux finiront par semer de petites graines et par " parler " à votre fille qui en arrivera à s'interroger. Il n'existe pas d'attitude altruiste inutile. Chaque élan de solidarité fait son œuvre positive.

Portrait de M Christine

Vos commentaires m'ont fait beaucoup de bien. Ils m'ont reconnectée en vérité avec ma spiritualité. Certaines de vos phrases me sont allées droit au cœur, me réveillant et me faisant prendre conscience que je suis toujours en train de me culpabiliser. J'ai fait lire vos posts à mon mari qui m'a dit avoir ressenti la même émotion que moi en les découvrant. Nous avons décidé de travailler ensemble sur des axes de dédramatisation concernant les parents accablés que nous sommes et que vous mettez en évidence. Nous vous remercions tous les deux de votre empathie.

Belle journée.

M Christine

Portrait de Ari

Il existe un principe spirituel très important pour ne pas se poser de mauvaises questions, aussi bien en ce qui concerne soi que la personne qui nous offense.

Il est indispensable de lâcher prise sur une situation qui nous fait souffrir depuis longtemps. Si elle dure malgré tous les efforts fournis pour qu'elle s'arrête, c'est qu'il n'y a rien à y faire. Elle continue son cycle jusqu'au moment où son arrêt est prévu par l'Univers (Dieu pour les croyants). Il reste malgré tout nécessaire de continuer à aider toute personne en difficulté mais sans la juger, c'est-à-dire au nom d'une neutralité. Cette façon d'agir présente deux avantages. Tout d'abord ne plus s'abîmer soi-même mais aussi ne plus faire grossir la névrose de la personne qui nous offense. La lutte inconsciente se stoppe ainsi et au conscient un apaisement réel se manifeste. Autrement dit, il faut faire ce que le devoir nous dicte mais, à chaque fois qu'il est accompli, il faut arrêter le petit vélo qui est en marche et qui attend que nous tombions. Pas de regrets, pas de remords, pas de colère, et SURTOUT ne plus avoir d'espoir hypothétique pour que la situation se modifie. On retrouve ici la formule biblique " Aide-toi, le Ciel t'aidera ". Autrement formulé, je fais ma part, je suis en paix parce que j'ai fait ce que j'avais à faire, je me centre maintenant sur moi, sur mon travail, sur mes activités, sans oublier sur ce qui me fait plaisir, et le destin fera le reste. En sachant qu'on ne peut pas tout seul porter toute la misère du monde sur ses épaules et que Les Voies du Seigneur sont impénétrables. À chaque jour suffit sa peine. Question d'humilité aussi. Et puis demain est un autre jour. Toutes ces sagesses se vérifiant depuis la nuit des temps, autant les accepter...

Portrait de Jean

On trouve décidément beaucoup de sagesse  dans les différentes réponses  à votre question. Pour ma part, je trouve le dernier post d'Ari particulièrement juste et à mettre en pratique lorsque " ça  " coince pour une raison ou pour une autre. Merci pour ces partages toujours enrichissants.