La solitude est-elle synonyme de liberté ?

Je ne suis pas un grand connaisseur du chanteur Renaud mais il me semble qu'il a quand même souffert de ses ruptures sentimentales. Il est aussi un peu provocateur. Quant à la solitude, j'aime bien la chanson de Moustaki  " La solitude " : Je m'en suis fait presqu'une amie... En ce qui me concerne, c'est le cas. Je m'en suis fait presqu'une amie mais ça n'a pas toujours été facile. Et puis, j'ai fini par accepter cette destinée de célibataire en regardant les avantages. Je suis très investi dans des associations paroissiales  je ne me sens jamais seul. La spiritualité m'a quand même beaucoup aidé à assumer le manque de relation intime. Mais je suis d'accord que la solitude peut être douloureuse si elle est subie et surtout si elle pousse à la misanthropie. C'est d'ailleurs un peu l'image que donne Renaud dans certaines de ses chansons où il fustige certains. Mais je pense qu'il n'est pas dupe.

Vaste sujet que celui de la solitude. Un spécialiste du développement personnel célèbre insiste sur le fait d'être un bon compagnon pour soi-même. Sous-entendu, au final il faut composer avec soi et ne pas attendre trop de l'autre. Je suis de la génération qui écoutait Johnny Halliday dans les années 70 et je me souviens qu'il chantait " Je suis seul " devant des milliers de personnes. Je pense aussi que l'on peut se sentir seul en couple, par moment, si la communication est difficile. A l'instar d'un autre thérapeute canadien, je pense qu'un couple qui marche est constitué de deux personnes capacitaires à gérer la solitude. En ce sens, solitude assumée et liberté peuvent faire bon ménage. Mais d'autres avis peuvent aussi diverger et je les lirai avec intérêt.

Bien que vous ne posiez pas cette question dans la rubrique psycho, il me semble que la solitude assumée peut renvoyer à un processus d'individuation, selon le psychologue Carl-Gustav Jung. D'après ce que j'en ai compris en tous cas, il s'agit de trouver en soi effectivement les ressources que nous avons l'habitude d'aller chercher à l'extérieur. Ce qui n'est pas de l'égoïsme ni un pathologique repli sur soi. En ce sens, on pourrait effectivement parler de liberté. Mais peut-être que je m'arrange avec ça, vu que je n'ai pas " refait " ma vie sentimentale depuis mon divorce.

Pour info, cette citation, Younes, est extraite de la chanson " Manu " de l'album " Le retour de Gérard Lambert " sorti en 1981. Il est question de l'histoire d'un loubard vivant un chagrin d'amour, son pote essayant de le réconforter. Pour la petite histoire, Manuel est le second prénom de Renaud Séchan. De là à y voir une autobiographie, on n'est pas loin du truc.  La suite des paroles est  " Ça fait peut être mal au bide
Mais c'est bon pour la gueule "... 

Ceci dit, j'ai longtemps vécu seul par peur de perdre ma liberté mais j'ai pris le risque de m'engager à vivre au quotidien avec ma compagne. Pour le moment, je ne me sens pas du tout enchainé. On peut effectivement être libre sans être solitaire. A condition de ne pas rendre sa partenaire responsable de nos coups de blues et autres inconvénients existentiels. Ne pas donner à l'autre le pouvoir de nous rendre heureux et inversement ne pas se croire indispensable au bonheur de l'être aimé. Pas facile mais un beau challenge en tous cas. Je vous souhaite, Younes, de trouver chaussure à votre pied comme on dit.

Le sujet de la solitude est en effet complexe, me semble-t-il. Les psys parlent de sentiment d'abandon. Dans les ruptures sentimentales, il est justement présent. Quant au thème de la liberté il y est à mon sens intriqué. Je n'ai pas vécu ma séparation conjugale de façon facile. Un travail sur moi m'a fait saisir que ce noeud se situait bien en amont de mon mariage, au moment même de la naissance, lorsque l'enfant est forcé de quitter l'enveloppe intra-utérine.