TOUT a-t-il un sens ?

Portrait de Ludo_437

Dans une émission littéraire, j'ai entendu le témoignage d'un auteur, atteint d'un cancer, dire que la maladie n'avait aucun sens. Il a surenchéri en ajoutant que dans l'Univers il y a des causes qui peuvent s'expliquer notamment scientifiquement mais qu'il n'existe aucune raison aux drames.

Le plateau était très calme et c'est tout juste si les " invités " de par leurs silences appuyés, certaines mimiques qui se voulaient plutôt approbatrices, ne lui ont pas donné " raison " à l'unanimité !

Je reste très étonné qu'on puisse affirmer aussi facilement que rien n'a de sens philosophiquement, ontologiquement, spirituellement sur Terre. J'essaie personnellement d'observer ma vie, mes réactions bonnes ou mauvaises devant les évènements que je traverse et, même si je sais que mes analyses sont subjectives, elles me font avancer et ce d'autant + qu'il me semble que pour participer même humblement, modestement à la paix dans le monde, encore faut-il être en paix avec soi-même... Trentenaire, je commence à ressentir, donc à comprendre, que les angoisses et les peurs humaines génèrent des attitudes agressives individuelles qui deviennent souvent malheureusement collectives par identification. Aussi et j'insiste, selon moi, trouver le sens de tout aléa du quotidien qui nous gêne permet d'apprivoiser peu à peu notre manque de confiance en nous et d'évoluer vers davantage de sérénité dont un entourage proche et moins proche peut bénéficier. Ce n'est pas un jugement mais une constatation : aborder la vie par le prisme de la superficialité, d'une fausse acceptation, n'est-il pas le terreau propice au chaos vis-à-vis de soi et des autres ? S'interroger n'est-ce pas le commencement souhaitable de l'harmonie universelle ?

Portrait de Clovis

Ma destinée singulière m'a forgé la conviction que tout a un sens.

Ma mère m'a abandonné dans un orphelinat sordide dès ma naissance. J'ai eu la chance inouïe d'être adopté ensuite par un couple de Français exceptionnels. Certains sont tombés + mal que moi. Je suis homosexuel et cela ne leur a jamais posé le + petit problèm. J'ai fait pas mal de grosses bêtises jusqu'à la rencontre de celui qui est devenu mon mari et qui me canalise. Mes parents adoptifs ont toujours tout fait pour me sortir de là. Quand je vois les filles adoptées de Johnny Hallyday qui ont l'air si heureuses, comment ne pas s'interroger comme le suggère Ludo? Pourquoi elles? Pourquoi moi? Ça c'est le premier point, sorte de vecteur primordial pour comprendre le sens de nos erreurs et de nos souffrances. Je suis croyant (comment ne pas l'être à ma place avec tous les cadeaux que la vie -donc Dieu- m'a faits?) et je vois bien que quand je me trompe de route, Dieu me ramène dans le droit chemin. Enfin et + exactement Il me le propose mais Il met systématiquement sur ma route le bon poteau indicateur. Mes souffrances m'ont énormément appris. Je rejoins ce qu'estime Ludo: c'est un parcours très long mais moi aussi je gagne en sérénité dès lors que j'interroge mes réactions à mes tracas. Si je vois que je m'affole, je m'apaise en me répétant que Le Seigneur m'a toujours sorti de mes mauvais pas mais à condition d'avoir compris Sa leçon.

Portrait de Régis

Très touché par le partage de Clovis. L'expression " poteaux indicateurs " quant à des souffrances qui apprennent et qui montrent le " bon " sens. Dans ma vie, c'est quand tout m'est apparu désolant et que j'ai fini par accepter cette désolation comme ayant un sens qu'une lumière a été perceptible. Certes je suis croyant mais il me semble que l'on est pas obligé d'adhérer à une religion pour vivre cela. Je connais des gens qui, indépendamment de tout credo, ont accès à une grande spiritualité. Cet auteur n'est certes pas un poteau indicateur pour ses lecteurs. C'est bien dommage car il se prive d'un grand service à offrir... Un service qui pourrait donner un sens à sa maladie (mal a dit) dirait les psys. Merci pour ce sujet.

Portrait de Viviane

Il m'est impossible d'envisager maintenant que tout n'a pas un sens, ou alors ce serait remettre en question mon cheminement personnel dans son intégralité d'une certaine façon. Mon parcours de vie n'a pas toujours été simple non plus. Mais plus j'avance et plus j'ai en moi comme une conviction que c'est justement ce parcours qui fait que j'ai avancé dans ma vie. Ne pas donner sens aux épreuves qu'elles quelle soient reviendrait pour moi à renier ma construction d'individu autant que ma place aussi modeste soit-elle... Je pense aussi que ce "tout" traduisant le symptôme en analyse a d'autant plus de valeur qu'il fait partie de l'histoire de chacun autant que d'une filiation entre autre... C'est bien pour celà, à mon sens et selon ma compréhension qu'un bon analyste ne touche jamais au symptôme puisqu'il n'est question avant tout (!) que d'accepter qui nous sommes et sur un champ plus vaste notre incarnation.

Portrait de Amélie

A 60 ans, je crois depuis un bout de temps déjà que si nous ne donnons pas sens aux situations difficiles que nous rencontrons tous dans nos vies, alors la vie sur Terre n'a aucun sens en elle-même. Et quel désespoir pour un parent dont l'enfant meurt d'une leucémie par exemple... Quel dommage que cet écrivain ne se serve pas de sa "notoriété" pour transmettre et donner sens d'autant plus au travers de sa maladie...

Portrait de Jean

Je n'engage que moi mais je pense que la croyance (car c'est une croyance aussi) en l'absence de sens conduit au nihilisme. Et ce nihilisme est une position suicidaire et projective dans la mesure où elle est aussi prosélyte et peut faire perdre espoir à des personnes souffrantes. Cet écrivain a une grande responsabilité (comme tout écrivain).

Portrait de Orlan

J'aime beaucoup la phrase de Clovis : " Le Seigneur m'a toujours sorti de mes mauvais pas mais à condition d'avoir compris Sa leçon ". Ce raisonnement est très important à accepter.

Portrait de Ari

Comment peut-on imaginer que chaque existence n'ait pas de sens ? C'est carrément ridicule et triste... Complètement d'accord avec Régis car l'auteur en question prive certes les autres de son expérience mais il se punit surtout lui-même.

Portrait de Partage santé

Bien des malades atteints d'une maladie grave en veulent à la terre entière et projettent sur leur entourage leurs pulsions de mort. Ce que rapporte Ludo avec cet auteur ne m'étonne absolument pas. De toute façon, ce que l'on n'a pas " réglé " et donc dépassé lorsqu'on est malade rejaillit toujours très négativement avec la maladie.

Portrait de Jean-Marc

Susuki, spécialiste du bouddhisme zen, écrit dans un essai  : " ... nous sommes tous nés artistes de la vie. Vérité que beaucoup méconnaissent et qui répond sans ambiguité à la plupart des questions qu'ils se posent sur le sens de la vie, le néant, l'au-delà. Il n'est pas utile de souligner le côté pathologique de cette attitude... ". Je pense à cette citation, que je viens de retrouver, en réalisant que cet auteur, à priori artiste puisqu'écrivain, a oublié quelque chose d'essentiel en route, oubli qui effectivement se retourne contre lui. Susuki de poursuivre : " Mais l'homme du Zen peut rappeler cette vocation innée d'artiste créateur de vie, trop rapidement oubliée. " Et il ose même ajouter : " Le comprendre, c'est guérir névroses, psychoses et autres troubles analogues ". Peut-être s'avance-t-il un peu mais je préfère 100 000 fois la pensée de Susuki à ce que véhicule cet écrivain aigri tant elle est vecteur d'enthousiasme.

Portrait de Lucien

Si les vies humaines n'avaient pas de sens, à quoi servirait notre passage sur Terre ?

Portrait de Ludo_437

Vous m'avez rassuré ! Je ne plaisante pas dans la mesure où à mon âge (30 ans), on est en recherche de TOUT, c'est le cas de le dire ! Et quand une personne qui est " censée " avoir cogité pendant plusieurs décennies assène avec certitude l'absence de sens de l'existence humaine, y compris au niveau de ses drames et autres maladies, j'avoue que ça fait bizarre... J'espère que les propos de l'auteur en question n'auront pas atteint les personnes suicidaires car j'insiste encore : je n'ai jamais vu un négativisme aussi affiché. Plus j'y pense et plus je crois qu'il aurait pu présenter ses idées sous forme d'hypothèse.

Quoi qu'il en soit, merci à vous les amis et à +

Ludo

Portrait de suzy

Je suis croyante et il m'est arrivé à plusieurs reprises de voir des patients gravement malades, quasiment condamnés par la médecine, et alors qu'ils avaient à priori la foi auparavant, ne plus croire en rien, être d'un défaitisme affligeant.

La maladie ouvre trois champs différents: soit les malades se bonifient, deviennent adorables et empathiques alors qu'ils étaient désagréables, capricieux et égoïstes avant leur maladie, soit c'est tout l'inverse qui se produit: adorables, ils deviennent odieux. J'ai vécu ce second cas de figure avec une commerçante très humaine que je connaissais de longue date. Elle a déclenché un cancer du sein qui s'est rapidement généralisé et j'ai été amenée à la suivre. Cette femme de 50 ans est devenue d'une agressivité et d'une méchanceté épouvantables. Sa sœur s'en occupait beaucoup. Elle était odieuse avec elle... Et puis fort heureusement, il y a le 3ème cas où les malades restent identiques à ce qu'ils étaient jusque-là: dans l'acceptation sereine de leur chemin de vie, mais malheureusement il y a aussi l'inverse...

Il faut toujours avoir à l'esprit ces revirements de caractère possibles tout autant qu'inattendus quand la maladie affaiblit les malades, les fait souffrir, les inquiète... Après tout nous ne savons pas comment nous réagirions à leur place...

Portrait de Gilbert

Je pense moi aussi - à aujourd'hui - que la vie a un sens mais, comme l'implicite Suzy, qui sait comment je réagirais à la place de cet homme ? Quand tout va à peu près bien, il est facile de philosopher mais quand de dures épreuves sont là ??? J'allais visiter un ami atteint d'un cancer dont il est décédé. Cet ami avait la foi. N'empêche qu'il avait des moments de colère vis à vis de certaines personnes à certains moments. Le problème de cet auteur, c'est qu'il a une audience large et qu'il peut effectivement faire baisser les bras à un public fragilisé par une maladie grave. D'un autre côté je ne crois pas au hasard et même si nous ne comprenons pas, cela aussi doit avoir un sens. D'ailleurs, y aurait-il eu cette discussion passionnante s'il n'avait pas interpellé Ludo ? Suzy me ramène à l'humilité et je l'en remercie.