Bonjour,
En ce moment j'essaie de comprendre certains enseignements du Christ en lisant l'Evangile de Saint Matthieu. Aujourd'hui, je coince un peu avec " Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent " (Matthieu 5-44). Certes Jésus met la barre très haut et je suis loin d'appliquer cet enseignement. Je peux comprendre que tout ce qui m'arrive de mal est là pour me faire avancer mais je n'ai pas été victime d'un attentat par exemple et il me semble que là ce serait impossible pour moi d'aimer et de prier pour mes agresseurs. Mais je suis Chrétien et ne peux pas zapper cet enseignement et ne prendre que ceux qui m'arrangent. En réfléchissant, je crois qu'il faut commencer par des petites choses au quotidien comme ne pas se mettre en colère lorsque quelqu'un nous fait une queue de poisson en voiture. Mais n'y a-t-il pas un risque de tomber dans un certain masochisme, voire un sentiment de supériorité à se croire au-dessus du mal et oublier la réalité. Qu'en pensez-vous ?
Daniel01
C'est pas gagné pour moi
J'ai encore un sacré chemin à faire.
Gilbert
Derrière un mal se cache un bien
Il me semble que le terme " ennemi " peut se décliner de différentes façon. Il peut symboliquement représenter ce qui nous fait souffrir sur le moment. Pour prendre mon exemple, j'ai eu il y a de nombreuses années un accident de voiture sérieux. Sur le moment, j'étais très en colère contre moi. J'étais mon propre ennemi et pestais contre ce destin qui m'a cloué dans une clinique pendant des semaines. Si je regarde le chemin parcouru depuis, je me dis que si je n'avais pas eu cet accident je n'aurais pas cheminé humainement et spirituellement. Je ne dis pas que je suis très avancé, loin de là, mais ayant échappé à la mort de manière incompréhensible, cet accident m'a poussé à m'interroger.
Jean
La barre très haut
Bonsoir Régis,
Votre sujet met effectivement la barre très haut. Je suis bien loin moi aussi d'aimer tous ceux qui m'ont fait du mal. Pourtant je sais au fond de moi que le pardon est très important pour avancer dans la vie. Mais que c'est difficile parfois. Je ne sais pas quoi dire de plus sinon que le oeil pour oeil dent pour dent ne guérit pas nos blessures et que cet enseignement christique est là pour m'indiquer une direction, sachant que sans l'aide de Dieu je n'y parviendrais certainement pas.
Jean-Marc
Le concept du diable comme ennemi dans la religion ?
Ma mère, croyante catholique, disait que l'ennemi, c'est le diable. J'ai toujours eu du mal à comprendre car derrière ce concept, chacun peut y aller de ses projections comme disent les psys. Pas évident dès lors de faire la part des choses.
Charles
La maladie, une ennemie ?
J'ai écouté l'interview de la réalisatrice d'un film qui sort aujourd'hui, " Et les Mistrals gagnants ", à propos de la pulsion de vie d'enfants gravement malades. Une invitation à retrouver notre âme d'enfant et d'aimer la vie malgré tout même si " le temps est assassin ", comme chante Renaud. Je ne sais pas si je suis dans le sujet mais mon intuition m'a fait évoquer cela.
Cécile
La force de la gratitude pour commencer
Ce sujet est difficile pour moi aussi. Aimez ses ennemis, quel défi ! Pourtant j'ai découvert quelques pistes en m'offrant - grâce à ces forums - un petit livre du Sage Omraam Mikhaël Aïvanhov. Il s'agit de " Pensées quotidienne ". A la page du 3 février, donc aujourd'hui, il fait l'éloge de la gratitude. Je ne résiste pas à vous recopier l'intégralité de cette pensée du jour. Je la trouve indirectement liée à votre question, Régis, et je pense qu'elle peut aider à y voir un peu plus clair. Belle journée à tout le monde. Et MERCI
" Pensez chaque jour à remercier le Ciel jusqu'à sentir que tout ce qui vous arrive est pour votre bien. Dès maintenant dites : " Merci Seigneur, merci Seigneur... " Remerciez pour ce que vous avez et pour ce que vous n'avez pas, pour ce qui vous réjouit et pour ce qui vous fait souffrir. C'est ainsi que vous entretiendrez en vous la flamme de la vie. C'est une loi qu'il faut connaître : rien ne peut résister à la gratitude.
Vous direz : " Mais comment remercier quand on est malheureux, malade, dans la misère ? Nous ne pourrons jamais ! " Si, vous pourrez, et c'est cela le grand secret : même malheureux, parvenir à trouver une raison de remercier. Vous êtez pauvre, vous êtes malade ? Remerciez, remerciez, réjouissez-vous de voir les autres riches, en bonne santé, dans l'abondance, et vous verrez... peu après certaines portes s'ouvriront et les bénédictions commenceront à couler sur vous. "...
Michèle
Beau texte
Merci Cécile pour ce partage. Je prends !
Régis
Merci pour vos réflexions
Merci pour vos réfléxions. J'aime beaucoup aussi le texte de ce Sage. Inutile de dire que je l'ai mis en mémoire sur un cahier.
Passez une belle soirée.
Régis
Mireille-cogolin
Magnifique Accepttion
Je vais écrire ce texte merveilleux et si essentiel de Monsieur Aïvanhov car j'aimerais l'apprendre par cœur.
Merci beaucoup.
Mireille
Christine-zen
Rien ne peut résister à la gratitude...
Superbe effectivement. Tout comme Mireille, je vais recopier ce texte pour m'en imprégner.
Merci pour cette discussion qui fait particulièrement de bien dans ce contexte sociétal très difficile.
Christine
Lakshmi
Remercier est magique
J'ai apprécié aussi ce texte qui donne une importance bienfaisante au fait de remercier. J'aime la citation que vous mettez en titre, Christine. Oui, je veux croire que " rien ne résiste à la gratitude ".
Thierry
Pénétrer par le regard la profondeur de la (notre) réalité
Bonjour Régis,
Pour tenter de poursuivre la réflexion sur ce texte de Matthieu 5-44, votre questionnement m'a fait penser a ce jeune sculpteur irakien qui a recréé les œuvres détruites par les djihadistes.
Le jeune homme de 18 ans, fils de sculpteur, a fabriqué des répliques d’œuvres de la cité de Nimroud que l’on pense détruites. Pour "lutter par l’art" contre le terrorisme, dit-il. J'y vois une puissante volonté et une pulsion de vie éclairante face à des terroristes guidés par des pulsions de morts et de destructions. Comme si quelque part, grâce (par la grâce de Dieu) à ces actes violents, cet enfant avait pris conscience de sa richesse, de son don (pour lui la sculpture) et qu'il s'en serve pour aller vers le bien.
Les terroristes lui ont permit de dépasser un possible sentiment de haine et de violence, qui ne ferait que répondre à une autre violence. Dans son action, il a préféré répondre par la beauté et la reconstruction. Peut-être sa propre re-construction et sa propre beauté (bonté) intérieure ?
Je crois que c'est un peu cela qui est évoqué dans Matthieu 5-44, utiliser nos « ennemis » (réels ou fantasmés) pour nous montrer sous notre meilleur jour, nous dépasser au-delà de nous, au-delà de l'intellect, de notre raison rationnelle. L'objectif étant de ne pas enfermer nos ennemis dans leurs actes ou leurs paroles. Même s'il faut en premier instance condamner des paroles et des actes qui ne seraient pas ajustés. Ainsi nous pourrons nous ouvrir à plus grand que nous-même en nous-même. Matthieu nous invite à une sorte de reconversion intérieure afin de percevoir l’autre au-delà des apparences et ainsi apprendre sur nous même, dans notre chemin de vie.
Voilà je crois que c'est cela que nous encourage a faire Matthieu. Avoir un autre regard sur les événements et nos semblables, une ouverture d'esprit. Une ouverture d'esprit (esprit saint ?) qui nous fera voir qu’il y a quelque fois, derrière un comportement inadapté, une personne qui souffre et non pas de prime abord une personne qui est méchante... et ne pas s’arrêter aux apparences. Et cela permet également à nos "ennemis" de voir que le bien et la beauté existe. On ne sait jamais, cela pourrait se transmettre
Bien à vous et merci pour ce questionnement enrichissant.
Régis
Tendre une autre joue...
Bonsoir Thierry et tous nos amis du forum.
Je viens de voir sur mon téléphone que d'autres réponses sont venues depuis ma dernière intervention. Preuve que le sujet qui est de l'ordre de l'acceptation, comme le souligne Mireille, vous intéresse aussi et je m'en réjouis car cela me fait avancer dans mon engagement spirituel.
Je ne connaissais pas cet épisode de reconstruction de ce jeune Irakien. Très beau témoignage digne d'être partagé en effet. Ce que vous expliquez renvoie à la proposition du Christ de tendre une autre joue. Ce que j'interprète - des croyants amis me l'ayant suggéré - comme le fait de montrer un autre aspect possible de l'âme humaine, un autre visage, face à la violence. Ce qui n'est pas du masochisme et vous le montrez très bien dans votre post. " On ne sait jamais, ça pourrait se transmettre " j'adore cette pointe d'humour associé à l'amour... Encore merci à tous et très belle soirée.
Régis
Louis
Cohérent mais difficile à appliquer
Je viens de lire cette discussion très inspirante. Le moins qu'on puisse dire c'est que l'enseignement de Jésus Christ est cohérent. Aimer ses ennemis et tendre l'autre joue ne se contredisent pas. Pourtant, en ce qui me concerne, qu'est-ce que c'est difficile de parvenir à un tel amour du prochain ? Mais ça fait plaisir que ces paroles soient toujours d'une brûlante actualité. Christine précise que le contexte sociétal a bien besoin de ce rappel. Et moi le premier car j'ai vite tendance à utiliser les " y a qu'à ", pas toujours en respectant mon prochain. Mais à ma décharge et sans vouloir me défiler, je ne suis pas Jésus. J'essaie d'appliquer cela à ma petite mesure en ne pas réagissant au oeil pour oeil dent pour dent dès que je me sens agressé par quelqu'un et en cherchant plutôt qu'est ce que je peux en faire de positif pour moi et pour les autres. Déjà me dire que je n'ai pas à faire aux autres ce que je n'aime pas qu'on me fasse.
Ari
Écoutons nos ennemis pour nous redresser correctement
Nos ennemis ont des tas de choses à nous apprendre sur nous. Notamment où nous en sommes de nos émotions les + basses comme la colère, la peur, la haine, le sentiment - voire l'envie - de vengeance, l'égoïsme, etc...
Nous assistons actuellement en France à un épisode dramatique de la vie politique avec un élu malhonnête qui, ne voulant pas renoncer à la présidence de la République, clame haut et fort que ses ennemis lui veulent du mal ! Pris les doigts dans le pot de confiture et au lieu de s'interroger sur sa relation pathologique à l'argent, il accuse de ses déboires de façon projective l'extériorité ! Notons que pour un chrétien croyant, il a une conception des Commandements singulière ! Il n'a pas compris que ceux qu'il juge comme s'ils étaient le diable lui signalent tout simplement qu'il a largement dépassé ses limites à lui et que s'il continue de la sorte, il va aller droit dans le mur. Il lui suffirait juste qu'ils mettent les mécontents justifiés en miroir pour corriger son appât du gain sordide dans lequel il a entraîné sa famille et dans lequel il est en train d'entraîner les Français. En fait, en écoutant nos ennemis, nous pouvons réparer nos fautes et gommer nos défauts.
Kévin
Lâcher la victimisation
Je ne suis pas compétent en matière d'écriture spirituelle mais j'ai été attiré par ce sujet car aimer ses ennemis me paraît complètement fou. Je me félicite d'avoir parcouru la discussion. Ari, avec son exemple d'actualité, m'a ouvert les yeux sur la nécessité de s'interroger humblement, ce qui est une occasion de sortir de la victimisation. En effet, je trouve ce politique pathétique à vouloir - contre toute rationalité - s'entêter à jouer les martyrs. Quelle toute puissance ! Se prendrait-il pour le Christ ? C'est sûr qu'il a du travail à faire car il ne semble véritablement pas aimer ses ennemis, loin de là. Pour un homme qui se dit chrétien, c'est un comble. Je comprends mieux pourquoi un philosophe comme Nietzsche disait que Jésus était le seul vrai chrétien et fustigeait le paraître de certains qui se réclamaient de son enseignement. Merci pour cet encouragement à écouter ce qu'ont à nous dire ceux que nous percevons comme nos ennemis.