Le Bouddhisme fait de L'Acceptation LA clé.
J'adhère complètement à l'idée. J'ai d'ailleurs adhéré immédiatement à cette sagesse lorsque je l'ai découverte la première fois. Elle me semble tellement logique! Sauf que malgré un gros travail sur des lectures plurielles concernant essentiellement ce superbe principe, je n'arrive pas à l'appliquer quand je m'angoisse, ce qui est ma nature, angoisses qui arrivent à me réveiller la nuit alors que j'ai quand même 45 ans. Actuellement, je galère sentimentalement mais je sais que je gère mal mes problèmes, de quelque nature qu'ils soient, et que ça remonte à l'enfance. Je sais qu'il faut que j'accepte mon enfance douloureuse mais je n'y parviens pas. Je sais qu'il faut que je commence par le commencement mais je n'y arrive pas.
Connaissez-vous cette difficulté? L'avez-vous dépassée? Comment?
Jean-Marc
Le mental est l'obstacle et il faut en faire un ami
Bonjour Zen03,
La problématique que vous exposez est commune à beaucoup de chercheurs spirituels. L'intellect ne suffit pas. En tant que professeur de yoga, je transmets qu'il est indispensable d'avoir une pratique régulière qui dirige peu à peu vers un état mental plus paisible. Le yoga des postures n'est pas une fin en soi mais amène à la pratique de la méditation.
Toutefois, le yoga n'est pas la seule voie et le bouddhisme zen par exemple simplifie en travaillant sur une seule posture assise en se concentrant sur la respiration et en observant ses pensées sans s'y impliquer. Si vous ne le faites déjà, essayez de vous accorder 20 minutes de méditation de façon régulière. Si vous ne vous sentez pas de travailler seul, contactez un professeur, un coach (il en existe qui sont branchés bouddhisme). Dans la Bhagavad Gita (écrit sur la philosophie yoguique relatant la discussion du disciple avec son maître spirituel) Arjuna (l'élève) constate que « le mental est fuyant, fébrile, puissant et tenace; le subjuguer me semble plus ardu que maîtriser le vent. » (33-34)Le maître répond qu’il est certes malaisé de dompter le mental, mais « qu’on y parvient cependant par une pratique constante et par le détachement. "
Par ailleurs, vous précisez que vous avez du mal à vous détacher de votre enfance douloureuse. Un de mes élèves avait cette problématique et a entamé une psychanalyse. Ce qui n'est absolument pas antinomique. Bien au contraire, c'est d'ailleurs dans ce sens que je suis assidu à ces forums. Vous pouvez aussi voir de ce côté là.
En espérant vous avoir donné quelques pistes, je vous souhaite une belle journée et soyez persuadé qu'il y a toujours des portes entrouvertes qui laissent passer la lumière et donnent envie d'aller voir, de faire le premier pas...
Amicalement,
Jean-Marc
Valérie
Savoir pour soi oui...
Mais... Lorsque les angoisses prennent trop le dessus. Il peut-être alors nécessaire de se tourner vers un "comprendre" pour ensuite "accepter". J'ai une amie qui a une histoire familiale difficile. Elle est d'abord passée par un travail en pyschogénéalogie qui l'a "rassurée". Puis un peu plus tard, elle a fait une analyse. Je ne sais pas si elle a véritablement "tout acccepter" de son enfance difficile... En tout cas, elle semble bien plus en paix avec elle-même et le monde maintenant...
Gandy
Je connais l'origine de mes angoisses
Ce que je dis dans mon post. Comprendre ne m'a pourtant pas permis pour l'instant d'accepter.
Daniele26
Proverbe chinois
Bonjour Gandy,je vous livre un proverbe chinois que j'affectionne beaucoup, qui dit: "si tu veux être heureux un jour, venge toi. Si tu veux être heureux toujours, pardonne ".
J'espère de tout coeur que ce proverbe trouvera écho chez vous. Belle et lumineuse journée à vous Gandy.
Daniel01
Je prends
Je ne sais pas si ce proverbe peut aider Gandy. Je l'espère de tout coeur mais je le prends en tous cas à mon compte. Même prénom au féminin que le mien, Daniele26. Ce n'est certainement pas un hasard. 01 et 26 ? Une différence quand même (lol). Je me rends compte que j'ai du travail à faire au niveau du pardon, et tous les jours que Dieu fait. Ce truc n'est jamais acquis une fois pour toute je pense. D'où certainement des angoisses qui reviennent pointer le bout de leur nez chez moi aussi, même si intellectuellement je sais d'où elles proviennent par rapport à mon passé.
Claudy
Même difficulté que Zen03
J'aime beaucoup l'empathie de Jean Marc mais n'ayant pas un excellent rapport avec mon corps et à 61 ans je ne vois pas très bien comment ça pourrait changer. Je suis par conséquent réfractaire au yoga. Moi aussi je lis énormément d'ouvrages permettant d'accepter ce qui m'empoisonne la vie et ma santé à petit feu mais pour l'instant, je n'y ai rien trouvé de palpable que je pourrais appliquer sur moi. Une amie m'a recommandé le livre d'Alexandre Jollien : " Vivre sans pourquoi ". Je n'en suis qu'au début et, malheureusement, pour l'heure ce bouquin ne m'apporte rien. Je vais essayer d'avancer rapidement dans ce texte et si j'en retire un enseignement important, je ne manquerai pas de venir en parler car comme le dit Jean Marc, je crois aussi que nous sommes beaucoup dans le cas de Zen03. Je vais suivre de toutes les manières cette discussion avec attention dans la mesure où il suffit parfois d'un mot, d'une idée, d'une phrase pour avoir un déclic fondamental.
Partage Psy
Persévérez dans cette approche de Jollien
Alexandre Jollien donne l'impression d'ouvrir des portes ouvertes dans ce livre. En fait, il n'en est rien. Un peu à la manière d'un koān, il implicite à chaque page que nous passons à longueur de temps à côté d'un enseignement à disposition chaque jour pour chacun d'entre nous. Cet homme explique bien que notre drame humain, lié en partie à notre ego, nous incite constamment à combattre l'erreur par l'erreur. Son message est d'autant plus pertinent qu'il avoue, entre autres, avoir consommé une énergie phénoménale à vouloir guérir de l'inguérissable, c'est-à-dire de sa pathologie irréductible.
Allain
Le grand ennemi de l
Le grand ennemi de l'acceptation est le jugement. Essayez dans un premier temps Cher Gandy de ne pas juger vos parents et vos proches, voire vos moins proches, à l'époque de votre enfance. C'est un travail difficile à accomplir mais tant qu'il y aura une once de jugement, vos angoisses ne disparaîtront pas.
Mireille-cogolin
Chaque fois qu'on juge on est très mal dans sa peau
Bien sûr je parle avant tout de moi. Entre midi et deux, ma sœur m'a téléphoné. Très vite elle m'a fait des reproches comme à son accoutumée. Quand elle a raccroché, je l'ai jugée négativement une fois de plus. Tout de suite j'ai été envahie par le chagrin de l'avoir jugée. Aussi je remercie Allain qui me permet d'en parler et Zen03 également pour ce sujet si douloureux, douleur à dépasser impérativement par le biais si complexe de L'Acceptation.
Jamivoyant
Dieu nous éprouve à tout moment
Après avoir été infirmier, ma destinée a fait que je suis devenu voyant psycho-spirituel. Faisant en + du bénévolat dans ma paroisse catholique et de quelque côté que je me tourne, je ne peux que constater que Dieu nous met dans des situations qui nous poussent généralement à juger. Je trouve que Mireille-Cogolin en parle très bien. Ce chagrin que l'on ressent lorsqu'on a jugé est double: la personne que l'on a jugée devient victime et nous réalisons alors que nous avons été bourreau, état qui entraîne une mésestime de soi. Allain dit tout: la première montagne à laquelle nous devons nous attaquer pour prendre le chemin de l'acceptation est celle du jugement.
Lakshmi
Travail difficile
Sortir du jugement est effectivement un chemin ardu. Tous les jours j'y suis aussi confrontée. Le bouddhisme ne fait pas de cadeau à ce niveau là. Il faut beaucoup de courage pour suivre la voie. Aujourd'hui j'ai lu un enseignement de Chôgyam Trungpa (1939-1987) qui m'a remis à ma place quant à un désir de " nirvana ". En même temps, il es très réaliste et peut aider à lâcher prise dans la mesure où c'est pareil pour tout le monde même si en apparence on trouve des gens plus heureux que nous. Je vous le recopie :
Le problème consiste à adopter l'attitude selon laquelle la douleur doit disparaître et qu'à ce moment là, ce sera le bonheur. C'est la croyance erronée qu'on cultive. La douleur ne s'en va jamais, et nous ne serons jamais heureux. C'est cela la vérité de la souffrance, " dukhu satya ". La douleur est toujours là : on ne sera jamais heureux. Il existe donc un mantra pour vous. Cela vaut le coup de le répéter. Vous disposez désormais de la première initiation : vous avez un mantra. "
Accepter qu'il n'existe pas d'état idéal de bonheur, je commence à l'entrevoir. Je sais que je n'aurai pas d'enfant et que si j'en avais, je ne serais pas satisfaite non plus. J'ai lu ici que le psychanalyste Lacan disait aussi qu'il y a toujours quelque chose qui cloche... N'empêche que j'ai encore du boulot et que cette discussion va certainement m'aider à lâcher ou faire avec mes angoisses.
Jean
Accepter sans juger
Accepter la réalité telle qu'elle sans la juger me paraît en effet la clé. Croyant, je me dis que si je juge mon prochain (parents, amis, ennemis), je juge Dieu qui a créé tout cela. Pas facile bien sûr mais les voies de Dieu étant impénétrables, il faut que je prenne refuge en Lui. Lorsque j'ai des velléités à juger, je me répète " Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés "...
Cristina
Acceptation
Bonjour,
Qu'il est difficile de ne pas juger, quand les blessures se ravivent telles des braises.
J'en voulais à ma mère, à ma soeur ou autres. Depuis que je suis en psychanalyse, je m'exprime, pleure parfois, tellement j'ai pu refouler des épisodes de ma vie
Qu'il est difficile de vivre mais comme la vie est belle quand on arrive à lacher-prise, à comprendre que l'autre a sa propre histoire et que nous ne sommes pas responsables. Mieux se connaître prendre soin de soi, pour donner sans attendre en retour.
Un livre qui pourrait vous intéresser, Apprendre à pardonner de Chantal Catalayud, psychanalyste
Jean
Nous ne sommes pas pas que cela
Bien sûr que comprendre ne suffit pas. Encore faut-il arrêter de juger ceux qui nous ont fait mal ou nous font encore mal dans notre histoire, comme le dit Cristina. Le pardon (et le livre de Chantal Calatayud est un excellent outil de travail que je recommande aussi, l'ayant lu plusieurs fois) est un pas vers ce non jugement qui mène à l'acceptation. C'est un long chemin et je tente de le suivre à mon rythme. Le prêtre orthodoxe et thérapeute Jean-Yves Leloup parle de " par-don " après avoir accepté que la vie est un don. Après avoir accepté que notre incarnation est un moyen qu'a pris la Vie pour " passer " à travers la filiation humaine, quelle que soit nos joies et nos peines. Il dit cela dans une conférence qu'il a nommé " Qui suis-je ? ". Au-delà de nos identifications il évoque le " Je Suis " divin, montrant que quelque chose de plus grand que nous essaie de nous rencontrer. Mais il ne peut se révéler tant que nous n'avons pas accepté, tant ue nous n'avons pas dit " oui " à ce que nous sommes, à ce que sont nos ancêtres. Alors nous pourrons entrer dans autre chose, cet autre chose que transmettent toutes les traditions authentiques, Christianisme, Bouddhisme, Hindouisme, Islam, Judaïsme. Il est question à la fois d'enracinement et d'ouverture. J'aime bien ce qu'il appelle " L'ouvert " qu'il oppose à " L'enfer ". Contrairement à Sartre qui dit que l'enfer c'est les autres, Jean-Yves Leloup implicite que " L'ouvert " c'est les autres. C'est cette ouverture sur les autres - à mon sens - qui est la conséquence du non-jugement et de la rencontre avec soi et avec l'Humanité. Ceci est bien sûr théorique et je suis loin d'être rendu au bout du parcours, tant est qu'il y ait une ligne d'arrivée. Mais cette voie m'enthousiasme. Un grand merci pour cette discussion pleine de sens.
Jean
cricri
La force du lâcher-prise
Une paroissienne de l'église que je fréquente m'a confié il y a quelques années quelque chose d'étonnant. Sa fille était une très mauvaise élève. À l'adolescence, ses fréquentations étaient déplorables. Un dimanche, sa maman - à laquelle je demandais des nouvelles de sa fille difficile - m'a répondu en substance à peu près ceci : " Le jour où j'ai bien voulu voir que ma fille était limitée intellectuellement, était bête en somme, et donc pas faite pour les études, j'ai lâché prise, étant certaine que Le Seigneur avait un bon plan pour elle. Elle a alors commencé à s'intéresser à la coiffure et a commencé un cursus dans ce sens. ". Cette jeune fille, devenue jeune femme maintenant, est une coiffeuse heureuse...
Partage Psy
Tout contrôle de l'autre aggrave le symptôme
Je ne suis pas du tout surprise par le contenu de l'anecdote que vous livrez. En cure psychanalytique, on assiste à la mise en place de ce que Sigmund Freud appelait le principe de guérison quand on permet à la résistance inconsciente de céder en ne se focalisant plus sur des situations que l'on ne peut pas modifier, notamment lorsqu'il s'agit d'un membre de l'entourage. En fait, il faut entrer dans cette réalité objective pour que le contrôle s'arrête, tout contrôle faisant grossir le symptôme, combien même est-il extérieur à soi.
E.psy84
L'empreinte de naissance
Il faut accepter sa destinée telle qu'elle est et telle qu'elle se présente à soi chaque jour. Pour arriver à l'accepter et pour répondre de mon côté à Zen03, je dirai que paradoxalement il faut accepter dans un premier temps les émotions désagréables que nous pouvons ressentir face à une situation anxiogène: peur, dégoût, déception, etc. Une de mes analysantes avait été laissée par son mari alors qu'elle était enceinte de 3 mois. Ses nausées ont duré, chose assez rare, non seulement jusqu'à son accouchement mais des mois après. Son médecin me l'a adressée pour ce motif. Son analyse n'a pas duré très longtemps. Dès la première consultation, elle m'a répété à plusieurs reprises que son mari "l'écœurait". Très croyante, elle culpabilisait de son jugement qui n'était que son auto-jugement. Je ne suis pas entré dans cette complexité professionnelle. Je lui ai simplement dit que son Moi avait tout à fait le droit d'être "écœuré". Avec cette "autorisation" transférentielle de ne pas "se sentir bien" (à tous les sens du terme bien entendu), ses nausées ont lâché complètement. J'ai pu alors lui interpréter une évidence qu'elle a pu entendre: elle s'était arrangée inconsciemment pour rester fixée au moment du traumatisme (3 mois), période logique de nausées chez une femme enceinte, fantasmant que son mari ne la quitterait pas. Je relate ce cas clinique parce qu'il montre clairement qu'il est indispensable de s'autoriser à accepter psychologiquement que certains comportements nous dérangent. Nous ne sommes pas des robots et poser un déni sur ce qui nous fait souffrir amplifie non seulement la souffrance mais bloque la moindre évolution possible. C'est lorsque nous acceptons nos limites face à un proche qui se conduit mal que ce proche perd de son importance.
Luce Psy
Vivre au nom de l'acceptation
Le cas clinique que vous exposez est très parlant. Il permet de rappeler que la posture du psychanalyste est une posture d'acceptation de la différence de chaque analysant. C'est grâce à cette "neutralité bienveillante" (expression freudienne) que chaque patient laisse tomber progressivement ses défenses et se dirige vers son principe de guérison. En fait, l'analysant s'identifie à la confiance que le thérapeute lui accorde car le thérapeute s'est débarrassé des questions sans réponses de sa propre vie. Encore une fois, il accepte. Il accepte essentiellement d'être jugé dans le transfert (et par les "autres" dans son existence) car accepter d'être jugé, c'est - sans le vouloir - avoir une suprêmatie sur celui qui le juge. Accepter d'être jugé par les projections d'un entourage, c'est sentir sa force personnelle qui justifie la raison d'une incarnation difficile, lot de tout psychanalyste. Ça aussi il faut le savoir, en avoir conscience et... l'accepter!
zen03
J'ai de quoi faire!
En premier lieu, 1000 mercis pour le développement de cette discussion.
En deuxième lieu, je voudrais vous dire que vous m'avez appris beaucoup.
En troisième lieu, il ne me reste plus qu'à...
Bonne soirée et bon WE.
Gilbert
Laisser " passer " pour dépasser
Quelle richesse, cette discussion ! Je me joins à Zen03 pour remercier pour le contenu de cette discussion. Le Zen demande de " laisser passer " de laisser le passé... pour vivre l'instant pleinement. Tous ces commentaires ont pour moi un effet de " laisser-passer " dans le sens où ils ouvrent des portes que je croyais fermées. C'est un peu ce qui est dit par Partage-psy à propos des portes ouvertes du livre d'Alexandre Jollien. " A quoi cela te sert-il de lutter, de t'agiter ? Laisse passser... " martèle-t-il explicitement ou/et implicitement à chaque page. et aussi juste avant " Il n' y a aucun risque. Et même si c'est ton karma, ce que je ne pense pas, que peux-tu y faire ? "
Merci, Zen03 et excellent dimanche !