Ma sœur n'arrive pas à garder un secret pour elle

Cette histoire concerne votre père et votre soeur et, uniquement eux. Il vaut donc mieux ne pas vous en méler.

Certes votre père lui a demandé de garder le secret mais ce qui détruit les familles ce sont justement les secrets et les non-dits, alors en parlant votre soeur libère toute la famille d'un futur non-dit. Et puis, votre père est malade et n'a rien fait de mal, il n'a donc pas à rougir de sa maladie. 

Quant à votre soeur, elle est majeure et bientot mère, il me semble qu'elle a passé l'âge d'être rappelée à l'ordre. Si elle en parle à tout le monde c'est aussi que la maladie de votre père lui pose un problème alors en tant qu'aînée vous pouvez éventuellement la rassurer.

Je pense que Cécile. G. n'a pas tort. D'autant que votre père connaît sa fille et savait très bien (au moins à l'inconscient) que la nouvelle allait se répandre. Peut-être même qu'il l'espérait...

Dans une logique des choses, un bon parent sait ce qu'il peut révéler ou pas à ses enfants. S'il en a plusieurs, il connaît les forces et les faiblesses de chacun. Donc, dans votre cas familial, soit votre sœur est jugée forte par votre père, soit elle est faible psychologiquement et il s'est trompé... Malheureusement, j'opterais plutôt pour le deuxième cas. Une personne qui n'arrive pas à garder un secret pour elle est une personne fragile, les fardeaux étant trop lourds à porter... Nous ne sommes pas tous égaux devant une même information. Personnellement, je n'ai qu'un fils mais avec mon mari, secret de famille ou pas, il y a des choses qu'on ne lui communique pas parce qu'il n'est pas d'une solidité à toute épreuve. D'ailleurs, il se repose beaucoup sur sa femme. Je pense qu'une personne mature et adulte, quel que soit son âge, doit être capable de sentir les limites de son entourage...

Le problème que vous soulevez est complexe car je ne vois pas comment votre père aurait pu cacher sa maladie à votre sœur... Et le fait qu'elle n'arrive pas à garder un secret pour elle traduit effectivement, comme le dit Danièle-Dax, une fragilité. Je pense qu'il ne faut pas lui faire de reproches en ce qui concerne ce qu'elle a pu véhiculer sur la maladie de votre père et, de votre côté, ne rien lui confier qui pourrait vous mettre dans l'embarras... Si malgré cette précaution à prendre, vous continuez à lui faire des confidences, c'est que ça vous arrange quelque part et que ça vous permet de la critiquer ensuite... Ce que je vous dis là n'est pas méchant de ma part mais il peut y avoir un problème de rivalité entre vous deux...

Au moment où j'allais intervenir, je vois votre titre Danièle... Etonnant de synchronicité. D'autant que la soeur de Clémentine  " porte " un enfant... et que Clémentine sent intuitivement que sa soeur est d'autant plus fragilisée. Ce qui donne raison au conseil de Cécile de ne pas s'en mêler. Par contre son père peut lui faire remarquer, sans s'énerver, que la nouvelle n'aurait pas du se répandre de la sorte.

J'ai répondu, un jour à un mail d'une amie qui allait mal. Comme je n'allais pas vraiment dans le sens de sa plainte, elle s'est empressée de divulguer notre échange privé à qui voulait l'entendre. Ce n'était pas un secret mais l'anecdote illustre ce que vous dites Danièle. Tout le monde n'a pas la maturité pour garder un secret. C'est d'ailleurs pour cela, je pense,  que les Psys doivent avoir fait un long travail sur eux-même pour ne pas déroger au secret professionnel de manière à ce que la confiance qu'on lui fait soit justifiée, ce qui est la moindre des choses.

Votre petite soeur, Clémentine, manque tout simplement de maturité et votre père doit maintenant en tenir compte, ainsi que vous d'ailleurs... Alors prudence ! Elle est simplement comme cela mais peut évoluer quand même. En attendant, laissez, comme le dit Cécile, votre père dire ou pas ce qu'il a à lui dire...

Je pense qu'Orlan a vu juste avec cette histoire de rivalité parce qu'il est question de deux filles qui parlent de la prostate de leur père (ce qui correspond à une zone anatomique parlante !). Un homme et deux femmes, en psychanalyse, c'est un triangle œdipien et ses transferts qui s'agitent. Comme le disait Lady Di, dans mon histoire de couple il y a une personne de trop : soit Camilla, soit moi... Ce fut Lady Di...
Personnellement, je crois que vous devriez prendre du recul et réaliser que votre père vous aime autant toutes les deux... Il vous l'a prouvé en vous mettant sur le même plan d'égalité en confiant à chacune sa pathologie...