Je n'arrive pas à comprendre la timidité de mon fils

Portrait de Flo

Mon fils, enfin "notre" fils à son père et à moi, est un ado de 14 ans.

Il est adorable, très bon élève mais je trouve qu'il est trop timide.

Je ne veux pas vous entraîner dans une analyse "sauvage" mais je serais heureuse si vous pouviez me dire ce qu'est la timidité, ce qui pourrait m'aider à mieux cerner le profil de mon garçon.

Portrait de Partage Psy

Le timide porte en lui une angoisse permanente, celle de se retrouver dans une situation anxiogène face aux autres. Cette forme de phobie peut prendre des allures pathologiques, allant même jusqu'à l'auto-exclusion du souffrant et son total isolement ; elle engendrera évitement sur évitement afin... d'éviter le malaise, la peur, toutes craintes gênantes auxquelles le timide pourrait être confronté. Ces conduites de fuite lui permettent ainsi de ne pas affronter les réactions somatiques qui découleront de l'angoisse elle-même : le tremblement de la voix ou des mains, voire du corps tout entier, la moiteur de la peau et sa coloration rouge qui se produit notamment au niveau des joues.
Ce qui est particulièrement touchant chez la « personne » (car c'est ainsi qu'elle se voit) dite timide, c'est qu'elle ne rend pas les autres responsables de sa timidité ; a contrario, elle ne comprend pas pourquoi elle est souvent rejetée ou non reconnue par l'entourage, alors qu'elle n'a de cesse d'éviter tout conflit ! Ceci a pour effet de la déstabiliser davantage face au monde, augmentant l'angoisse (de castration pour la psychanalyse) et la peur. Par voie de conséquence, ce comportement engendre paradoxalement chez l'entourage un sentiment puissance qui rend celui-ci de plus en plus prédateur, dominant, performant et ainsi agresseur. De fait le timide est-il rempli de plus en plus de pensées négatives à son égard et vis-à-vis de son propre sentiment d'impuissance mais, aussi, face à l'incompréhension de ceux qui le côtoient.
Se cacher derrière cette passivité, caractéristique du timide, n'est autre qu'une forme de désengagement vis-à-vis de l'autre, justement. Contourner toute situation anxiogène, c'est aussi ne pas permettre à cet autre de venir à soi. Et si engager une conversation et la maintenir n'est pas de l'ordre de l'impossible, répondre oui à tout ne revient pas non plus toujours à être dans l'acceptation ; il s'agit le plus souvent d'un subterfuge qui permet de se débarrasser bien vite de l'interlocuteur ; en avoir peur bloque, malheureusement, l'accès aux échanges interhumains. S'affirmer en communiquant, c'est oser penser différemment et prendre aussi conscience qu'un non peut avoir sa place dans une conversation, sans que cela génère rupture et fracture.

Portrait de Hugopsyfrance

Comme le souligne à juste titre Partage Psy, affronter le regard des autres n'est pas chose facile pour le timide chronique et vouloir affronter trop brusquement ses angoisses n'est pas toujours la meilleure solution pour quelqu'un de passif et/ou porteur d'une trop forte émotivité. Un rapport direct avec l'extérieur inquiétant peut très bien renforcer la problématique. Ce qui est important, ce n'est pas d'affronter ce qui fait peur mais de comprendre, trouver, définir la vraie raison qui a généré l'angoisse elle-même. Le timide a tout intérêt à se recentrer sur lui et à ne plus attendre l'amour des autres. Cet amour qu'il pense d'ailleurs impossible à générer et à recevoir est, en fait, logé au plus profond de lui-même mais il ne le sait pas. Son besoin d'être aimé des autres empêche ses désirs de s'exprimer. Son besoin de reconnaissance le paralyse au point de ne pouvoir exister ; aussi devient-il besoin à lui tout seul : besoin de tranquillité, de silence... ; il n'est plus et laisse passer (c'est un comble !) les occasions affectives ou sociales, s'enfermant dans une non-réalisation. Il ne peut dès lors se faire respecter par l'environnement qui finit par l'ignorer complètement, voire définitivement.
Que faire alors pour reprendre confiance en soi et ne plus se laisser déstabiliser par le regard de l'autre ? Il est essentiel, déjà dans un premier temps, de réaliser et de vérifier que chacun possède potentialités et qualités. Le timide, tout comme le reste de la population humaine, abrite des compétences, des talents, des dons, qui lui sont propres ; c'est ceux-là qu'il faut choisir de montrer, d'autant que tout introverti a toujours peur de manquer d'amour, alors qu'il garde en lui une grande capacité à aimer... Il doit s'autoriser à la libérer progressivement. Le sésame, dans ces cas-là, consiste à adresser une parole positive, généreuse, sincère, à l'interlocuteur. Ces attitudes faciles dans la vie quotidienne ouvrent sans aucune difficulté le dialogue. A-t-on déjà vu un propos aimable attirer une censure, un jugement, du mépris ou de la violence ? Certainement pas. En somme, la meilleure façon de faire un pied de nez à la timidité consiste, avant toute considération, à réfléchir sur les bienfaits de la communication. Avant la rencontre elle-même. Et c'est déjà un premier vrai grand pas vers la guérison.

Portrait de Orlan

Mon ado personnel est sensiblement de l'âge du vôtre et il est plutôt timide lorsqu'il ne connaît pas certaines personnes. En ce qui me concerne, je ne m'en plains car il me semble que c'est le signe d'une bonne éducation... Lorsque j'étais jeune, moi aussi j'étais timide et en vieillissant, j'ai pris progressivement confiance en moi mais je peux encore garder une sorte de réserve selon mon ou mes interlocuteur(s).

Portrait de Nathalie M

Je suis maman de deux enfants - et de mon côté je me souviens de mon adolescence -, la timidité de votre fils - comme l'indique Orlan - disparaîtra avec l'âge ! Laissez-le évoluer à son rythme, c'est très important. En outre, il se peut très bien qu'en dehors de la maison, il ait beaucoup plus d'assurance que ce que vous le croyez...

Portrait de Nini

Mes jumeaux ont 22 ans et chaque fois que je les ai observés à l'extérieur, sans qu'ils le sachent, ils étaient beaucoup moins coincés que ce que je pouvais l'imaginer. J'en ai parlé avec une amie psychologue qui m'a expliqué qu'ils avaient dû un peu souffrir d'une éducation genre psychorigide. Ce qui n'était pas faux... J'ai assoupli tout ça et ce sont maintenant des étudiants qui vont très bien...

Portrait de Flo

C'est vrai que mon mari et moi avons toujours donné un cadre à notre fils dans lequel ordre, moralité et politesse doivent être respectés. Mais ce que me permet de réaliser cette discussion, c'est que lorsqu'il sort de la maison, il rencontre fatalement des copains qui n'ont pas tout à fait reçu la même éducation. D'où certainement cette timidité qu'il affiche en notre présence pour nous faire passer un message d'assouplissement à mettre en place pour qu'il gagne en équilibre...

Portrait de Olivia.V

Et aussi sur le fait que les cadres posés avec notre fils ont peut-être été un peu rigides. Mais il me semble qu'un comportement poli et moral c'est quand même aussi "normal". Curieusement, il y a quelques mois c'est mon mari qui m'a dit qu'il fallait qu'on lâche un peu la bride... Notre cher ado commençait à donner des signes de faiblesse côté scolaire et son comportement avec moi était très très conflictuel. Depuis que nous lui accordons plus de confiance (ce sont les propres termes de mon fils) tout va à nouveau bien. Pourvu que ça dure !