Je suis allée voir hier la fille d'une de mes amies (décédée) et qui vient d'accoucher.
En discutant avec elle, j'ai réalisé que même de nos jours, le personnel des Maternités ne prend en général pas le temps de transmettre aux jeunes mamans toutes les difficultés qu'elles peuvent rencontrer en rentrant chez elles et qui peuvent complètement les angoisser. Ce qui est le cas pour cette jeune femme à laquelle je rendais visite.
Je suis pédiatre de formation mais j'ai arrêté d'exercer ma profession quand ma fille trisomique est née pour pouvoir l'aider au mieux à s'adapter malgré sa déficience. En fait, ce qui me contrarie c'est que nous sommes au 21ème siècle et les équipes de sages-femmes et de puéricultrices semblent, pour la plupart d'entre elles, partir du principe qu'élever un bébé est instinctif, ou qu'il y aura une mère ou une belle-mère pour pallier les failles de la jeune accouchée. J'ai déjà été amenée à soulever ce problème à plusieurs reprises au sein d'une association de bénévoles à laquelle j'appartiens et qui compte notamment un gynécologue-obstétricien et un pédiatre. Ils semblent toujours très étonnés par mon étonnement et par ce vide que je signale! Ils considèrent, a fortiori les chefs de service, que leurs équipes sont remarquables! Eh bien non, elles ne sont pas toutes remarquables. Ou bien ils justifient certaines lacunes du personnel hospitalier en terme de transmission par trop de travail... Bref, c'est le serpent qui se mord la queue.. Toujours est-il que, devant une anxiété évidente de l'amie que je suis allée voir, j'avais envie de discuter avec vous de ce problème qui me tient à cœur. Il est bien entendu que je sais pertinemment qu'il y a toujours des services qui œuvrent dans le bon sens et pour la cause des mamans mais ils restent une exception. Du moins en France et de mon point de vue.
cricri
Même constat
J'ai pu constater de mon côté et au fur et à mesure du temps que les choses ne s'étaient guère améliorées par rapport à l'éporque de mes accouchements. Effectivement, peu de conseils sont donnés de nos jours sur un plan de la relation mère - enfant qui peut s'avérer difficile au départ...
cerise-du-26
Ma mère n'est pas de votre avis...
Lorsque j'ai accouché de ma fille il y a 11 ans, ma mère a trouvé que les puéricultrices étaient davantage à l'écoute des mamans que quand elle a accouché. Elle m'a raconté par exemple que quand je suis venue au monde, dans la Maternité où nous étions, le personnel lui donnait des changes pour bébés mais sans lui expliquer comment faire. Ce même personnel préconisait de laisser pleurer le bébé (pour faire les poumons !) et de ne lui donner que de l'eau sucrée pour le calmer la nuit, surtout pas de lait car il fallait que l'estomac se repose ! Il paraît que je pleurais tout le temps. Ce n'est que des années +loin qu'elle a réalisé combien je devais avoir faim et être en détresse affective. Elle en a gardé une culpabilité énorme. Je n'ai absolument pas connu ce genre d'aberrations quand je suis devenue maman.
cricri
Vous dites tout
Votre maman a dialogué avec vous, indépendamment du personnel hospitalier, et elle a dû vous guider au point de ne pas commettre les erreurs qu'on lui avait fait commettre...
cerise-du-26
Oui, c'est certain...
Sur un plan psychologique, c'est ma mère qui m'a expliqué combien un bébé avait besoin d'être rassuré quand il pleurait... Il est sûr que de mémoire je ne me souviens pas que les puéricultrices aient soulevé cet aspect-là, pourtant si important... Elles sont essentiellement branchées allaitement, digestion, etc.
Psycot
Affligeant et triste...
Il y aurait de quoi écrire un livre sur le sujet à entendre mes consultantes, jeunes mamans ou grands-mères. Ce qui ressort le plus généralement de leurs propos, c'est le manque d'amabilité du personnel et une certaine prétention de leur part.
Natty
Un peu plus d'humanité
C'est vrai que j'ai gardé moi-même des souvenirs plutôt négatifs du style de ceux qu'a vécu la mère de Cerise, en tant que toute jeune maman. Je crois que les choses se sont un peu améliorées, en tout cas c'est comme ça que je l'ai vécu lorsque ma fille a eu ses enfants. Juste un grand "mais"... Ma petite-fille a été nourri au biberon dès sa naissance, ma fille ne voulait pas donner le sein. A la naissance de mon petit-fils, elle a eu envie de le nourrir au sein. Ce que j'ai constaté par moi-même, c'est que ma fille n'a pas du tout été "guidée" durant les premières 24 heures alors que cette maternité encourageait beaucoup pour le lait maternel... Pas si évident que ça de donner le sein lorsque c'est la première fois... Et je ne pouvais lui être d'aucun secours, puisque je n'ai pas nourris ma fille au sein non plus. Un peu plus d'humanité serait sans doute rassurant pour tout le monde... Le dialogue fait encore beaucoup défaut.
Espace Couple
Une expression très appropriée
C'est tout à fait ça : comme l'écrit Natty, les mamans ne sont pas GUIDÉES et c'est bien là où le bât blesse. Bien des mamans n'osent rien dire, alors qu'elles se sentent un peu perdues, car d'une part elles ont honte de ne pas savoir et, d'autre part, elles ont peur de se faire rabrouer par le personnel concerné. Quant aux chefs de service, inutile de leur parler de ce manque de communication conséquent dans la mesure où, effectivement, ils prennent la défense dudit personnel. N'oublions pas qu'ils en ont besoin !
Flo
Je confirme l'ensemble de cette discussion
J'ai un fils unique de 15 ans et je me retrouve pleinement dans ce que vous soulevez. J'ai été amenée à visiter une connaissance de mon voisinage, qui a accouché il y a 4 mois, et elle m'a confié que si sa gynéco a assuré pour l'accouchement, côté équipe de puéricultrices ou aide-puéricultrices, ce n'était pas ça. Chaque fois qu'elle a essayé de poser des questions sur les réactions de son BB qui lui étaient étrangères (c'est son premier enfant), elle a senti une certaine exaspération, exaspération accompagnée d'un comportement genre "Pas le temps"! Une puéricultrice lui a même dit que ses questions sentaient la mère dépressive! Mais elle a tourné les talons sans aucune justification!!! Un comble à la limite de la faute professionnelle... J'ai vraiment le sentiment que ce problème est insoluble dans les hôpitaux publics.
Olivia.V
J'ai également un fils de unique de 15 ans
Arrivé sur le tard et un accouchement très difficile. J'ai eu la chance d'avoir affaire à une équipe médicale qui tenait bien la route c'est vrai. Par contre, je suis restée longtemps avec de la culpabilité parce que je pensais ne pas avoir assurée en tant que mère. Je n'avais pas protégé mon enfant... Et là, peut-être que je l'aurais "vécu" autrement, s'il y avait eu une communication, ou un dialogue à ce sujet. Mais il semble que dans bon nombre de maternités ce soit surtout pour le physique, sans tenir vraiment compte, qu'un être humain n'est pas qu'un corps...
ségo
Je suis auxiliaire de puériculture
Je sais que tout ce que contienne les posts de cette discussion n'est pas une vue de l'esprit. Je n'ai pas envie de me faire l'avocat du diable mais ce que je peux vous certifier en tant que simple auxiliaire puéricultrice c'est que les,auxiliaires n'ont pas droit au chapitre. La puéricultrice en chef a tellement peur qu'on lui prenne sa place qu'elle nous interdit de répondre aux questions des mamans dès que les questions sont un peu techniques. C'est vraiment dommage parce qu'on pourrait largement les aider dans la plus parts des cas. En + les cheftaines sont très copines avec les sages femmes et tout ce petit monde se met sur un piédestal et nous prend de très haut. Meme celles qui sont arrivées là par la petite porte et il faut que vous sachiez qu'il y en a bcp! C'est même les pires. Nous on compte pour beurre. Sauf quand il s'agit de faire les tâches ingrates. En milieu hospitalier nous sommes notées (oui oui!) et comme nous avons besoin de travailler, nous nous écrasons si vous permettez l'expression. Ma responsable n'est pas à la hauteur du tout (ancienne aide soignante ) et est en + une peau de vache et il y a quelques mois je voulai partir à cause d'elle. Heureusement une collègue du service m'a calmé et mon compagnon aussi. Dites vous bien que du côté du "petit" personnel ce n'est pas tout rose non + et qu'il y aurait bcp à dire également. Mais surtout nous ne travaillons pas ni comme nous le voudrions ni selon notre ressenti par rapport aux mamans.
Loriane
Quel dommage !
Je crois volontier au témoignage de ségo qui sait forcément de quoi elle parle et qui ne m'étonne malheureusement pas. Quel dommage ces volontés de pouvoir (parce que finalement c'est bien de ce dont nous discutons). Au bout du compte, ce sont les mamans et donc aussi les nouveaux-nés qui en font les frais.
Domino
Un commentaire qui résume très bien la situation
Ségo nous édifie quant à une réalité hospitalière où une mauvaise hiérarchie règne le plus souvent. Les patients et là en l'occurrence les mamans en font les frais. Autant dire les bébés aussi, c'est une évidence. Je reste malgré tout consternée par vos témoignages à une époque où la psychologie est arrivée à s'imposer. Il faut croire cependant que ce n'est pas encore monnaie courante dans les Maternités. Olivia a d'ailleurs tout à fait raison de rappeler que la médecine se focalise essentiellement sur la santé physique, organique, alors que le psychisme joue un rôle très important pour le bon fonctionnement de l'être dans sa globalité. Et puis j'en reviens à ce lien mère-enfant si important au démarrage de l'existence...
suzy
Les préceptes de Madame Dolto de plus en plus délaissés
J'ai appris il y a quelques mois que les Maternités qui avaient pour certaines appliqué la mise en place du dialogue mère-nouveau-né laissent peu à peu tomber cette méthode si précieuse... Je ne dis pas que c'est la panacée mais combien de mamans ignorent encore qu'il faut parler à son bébé très souvent dans la journée. Quand il va bien certes mais il ne faut pas que la maman hésite à lui exprimer son désarroi quand il pleure et qu'elle ne comprend pas pourquoi... Ce petit d'Homme comprendra d'emblée que sà mère sera toujours à son écoute et c'est ainsi qu'il prendra peu à peu confiance en lui et qu'il se fortifiera physiquement et psychologiquement.
Anton
Un témoignage pour aider
Ma femme et moi avons 3 filles. L'aînée pleurait énormément les premiers mois de sa vie. Ma femme avait vu une émission de Madame Dolto dans laquelle celle-ci expliquait l'importance de ce fameux "dialogue" avec le bébé, notamment lorsqu'il pleure "sans raison" compréhensible par un adulte. Elle m'a raconté qu'un après-midi, elle ne savait + quoi faire tellement la petite hurlait et qu'elle était en colère après elle. Ce qui est humain... Même les bercements dans les bras ne la calmaient pas. Elle s'est alors souvenue des paroles de Françoise Dolto et elle a suivi ses conseils. La petite s'est calmée en entendant sa maman lui parler avec authenticité, lui disant et sa colère, et sa fatigue, et son désespoir de ne rien comprendre à ses cris. Très rapidement, elle a stoppé ses hurlements et la colère de mon épouse s'est arrêtée net. C'est une belle histoire que j'avais envie de vous raconter... Je souhaite de tout cœur qu'elles puisse aider des mamans en difficulté devant les pleurs récurrents de leur bébé.
Domino
C'est un très beau cadeau que vous faites
Merci beaucoup Anton... Je suis certaine que bien des mamans vont apprécier votre commentaire particulièrement utile...