Je rentre de quelques jours de vacances chez mes parents qui habitent un gros village où, comme on dit malheureusement, " tout se sait ! ". Ils m'ont appris le décès d'un homme de 93 ans, un de leurs voisins. Cet homme avait perdu une phalange de l'index droit à la guerre et certaines mauvaises langues ont toujours véhiculé que c'était pour aller à l'infirmerie et se planquer. Or, mon père vient de me raconter que lors de son enterrement, il avait appris que ça aurait été un grand résistant (homologué officiellement) ! Il en était abasourdi, ma grand-mère paternelle ayant fait partie des personnes qui critiquaient beaucoup le défunt... D'une part, voici encore une anecdote qui tend à prouver que dans les familles on ferait mieux de se taire plutôt que de régler ses comptes en véhiculant n'importe quoi, ensuite j'ai un questionnement sans réponses pour lequel vous pourrez peut-être m'aider car mes recherches Internet n'ont pas abouti : selon vous, certains hommes pouvaient-ils se faire volontairement amputer d'un doigt essentiel pour appuyer sur la gâchette (+ exactement la détente) pour ne plus aller au combat ou était-ce une véritable blessure de guerre ? Ça me taraude car, pour aller jusqu'au bout de mon raisonnement, je n'avais aucune sympathie pour le voisin de mes parents mais j'en ai tellement entendu dire de mal que je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement... J'aimerais avoir une possibilité de le réhabiliter car avoir hérité de ce type de jugement filial ne me convient pas du tout. Je ne me sens pas bien avec ce nouveau scénario et j'ai vu que mon père était perturbé aussi par la révélation positive qui lui a été confiée dans la mesure où, même en n'intervenant jamais dans ce mauvais débat à l'époque, il n'en disait rien mais " qui ne dit rien consent "... Et combien de réputations ont été détruites par des mensonges lamentables alimentés par des projections familiales de voisinage tout aussi lamentables ? Le comble, c'est que je me sens coupable et j'ai bien senti que mon père aussi...
Valérie
L'index
Je ne sais pas du tout si le fait de l'amputation de l'index comme vous le décrivez (pour appuyer sur la gâchette) peut-être une véritable blessure de guerre (pourquoi pas) ou au contraire pour ne pas vouloir faire la guerre (ce qui se tient aussi...). Juste, et c'est mon humble regard, il s'agit de l'index "le doigt qui montre",(d'ailleurs ne dit-on "mettre à l'index" signifiant exclure, rejeter, mettre de côté...). Comme si ce voisin avait stigmatisé le fait de calomnies, rumeurs... Qui pourrait alors "traduire" une histoire transgénérationnelle aussi. Une rumeur étant malheureusement loin d'être fondée, réelle...
Danièle-Dax
Difficile de me faire une idée
Je comprends que cette histoire vous laisse perplexe mais, quand j'étais enfant (je suis sexagénaire aujourd'hui), dans le village où nous habitions, il y a avait un monsieur qui avait perdu l'index droit. Du plus loin que je me souvienne, il se racontait qu'il s'était fait " sauter " le doigt pour être réformé et ne pas partir à la guerre (Seconde Guerre Mondiale)... Aussi et compte tenu de votre post, j'en ai parlé à mon mari à midi et, lui également, a connu lorsqu'il était petit un homme à la mauvaise réputation dans la mesure où il n'avait plus d'index non plus... Peut-être que pour le voisin de vos parents, il s'est auto-amputé pour ne pas faire la guerre et devenir résistant ??? Mais j'avoue que je reste dubitative devant les éléments que vous livrez...
Orlan
Il n'y a pas de fumée sans feu (mauvais jeu de mots !)...
Je n'ai pas connu de tels personnages mais je connais cette transmission négative quant à l'index manquant. D'autre part, si le statut de résistant de cet homme a été homologué, on peut imaginer que ce fut un glorieux défenseur de sa patrie mais je sais que des personnes influentes ont pu obtenir des homologations " bidon " dans le contexte perturbé d'après-guerre. Au même titre que certains déportés n'auraient en fait jamais été déportés ! Il y a même des noms célèbres qui circulent... J'espère juste que pour le voisin de vos parents, il a bien été résistant parce qu'un mensonge pareil c'est honteux... En ce qui vous concerne, prenez du recul par rapport à cet homme et aux révélations quelles qu'elles soient car + de 70 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, comment voulez-vous vous faire une idée réelle ? D'autre part, il semblerait que les " on dit " se soient largement cristallisés sur ce monsieur. Dans un village, il me paraît malgré tout difficile que les gens racontent n'importe quoi sur un sujet aussi grave. Étrange de toute façon...
Clovis
N'en faites pas une fixette!
Peu importe finalement le vrai ou le faux puisque ce n'est pas vous qui avez colporté quoi que ce soit. Votre grand-mère avait peut-être ses raisons mais là encore, comment savoir et comment démêler le vrai du faux? C'est impossible vu les 2 versions qui vous ont été données. Voyez, pour moi, enfant abandonné à la naissance puis adopté, je sais ce qu'est le mensonge par omission. Je me suis tellement interrogé à m'en rendre malade sur mon histoire, sur mes géniteurs que je ne connaîtrai jamais, qu'un jour j'ai mis un stop à tout ça. J'ai appris à vivre l'instant présent et je m'en porte beaucoup mieux.
Mireille-cogolin
Méfiez-vous du jugement
Clovis est dans le juste. Si vous continuez à ressasser cette histoire trouble, vous allez vous sentir très mal car de quelque côté que vous vous tourniez, ça vous pousse à juger. Et le jugement est un véritable poison que l'on retourne au final contre soi.
Hugopsyfrance
Une différence fondamentale
Je rebondis sur le commentaire de Mireille: comme vous ne connaîtrez jamais la vérité, vous allez effectivement finir par être pris au piège terrible du jugement. Seule la vérité permet d'analyser, n'entraînant pas de culpabilité.
E.psy84
Vos affects vous disent quelque chose de vous
Vous paraissez très affecté par cette "révélation". C'est certes humain mais un peu excessif tout de même. Est-ce que ce "rebondissement" n'a pas soulevé un manque de confiance par rapport à un membre de votre famille, manque de confiance que vous auriez refoulé depuis quasiment toujours? C'est le titre de votre post qui m'a guidé sur cette voie: "Je voudrais me débarrasser d'un mensonge"...
Nana
Magique ce qu'interprète le psy
Il crée une belle ouverture complètement inattendue... C'est en ce sens que la psy me fascine...
yamina.174
Un secret de votre " propre " famille ?
J'aime bien moi aussi la tournure psy de cette discussion. Il est sûr que Ludo pourrait tenter de faire des liens au sens figuré avec des termes comme, par exemple, guerre, famille et comme l'a suggéré Valérie, mise à l'index. Tout ça prouve tout de même que l'inconscient est toujours à l'affût de la vérité pour se libérer d'un fardeau qui ne lui appartient pas. Le vôtre Ludo pourrait remonter à la Première ou la Seconde Guerre mondiale...
Nana
Une désidéalisation nécessaire
Il arrive un moment dans l'existence où il faut prendre le taureau par les cornes et arrêter de fantasmer que nos aïeux, voire nos parents, sont d'une blancheur immaculée car, tant qu'on le croit, on ne s'aime pas... Et c'est bien là le drame de beaucoup d'individus.
Ludo_437
J'ai décidé de prendre du recul...
Vos posts m'ont poussé à juste titre dans cette direction. Effectivement et au regard des deux versions diamétralement opposées, je ne peux me faire aucune idée pertinente sur le personnage. Et, ce en quoi vous avez tout à fait raison, c'est que son histoire - quelle qu'elle soit - ne me regarde pas. En revanche, chercher à essayer de comprendre pourquoi elle m'a affecté côté secret de famille me semble intéressant à pister. Ma mère est une femme très franche. Quand j'en aurai l'occasion, je la questionnerai pour savoir si elle a entendu parler de personnes troubles pendant la guerre dans sa famille et dans celle de mon père...
Psycot
Difficile...
Je pense qu'il vous sera difficile d'obtenir des renseignements fiables de la part de votre mère, tout aussi authentique soit-elle, tout simplement parce qu'il y a de fortes possibilités pour qu'elle-même ait écopé des funestes secrets de famille mais, si toutefois c'était le cas, vous pourriez consulter un psychogénéalogiste. Ce thérapeute saura vous conduire jusqu'au mensonge filial qu'on se refile cruellement de génération en génération...
Ludo_437
J'ai déjà entendu parler de cette méthode d'investigation
Merci pour ce renseignement. Vous m'avez permis de me remémorer cet axe de travail sur soi. Le cas échéant (en espérant que mes finances me le permettent...), je consulterai dans ce sens. Quoi qu'il en soit, il est toujours précieux de savoir qu'une porte n'est jamais complètement fermée. Merci encore.