Mon amie est trop dépensière

Portrait de jeanne

Mon amie, avec qui je vis en couple, est incapable de faire la moindre économie. Du coup et comme j'en ai marre, je gère les comptes depuis un mois et c'est moi qui fais les listes de courses, sans plus succomber à la tentation notamment de lui passer tous ses caprices " bio " qui nous coûtaient une fortune pour rien...
Nos disputes à ce sujet s'aggravent parce que Mademoiselle me reproche de tenir les cordons de la bourse. Il paraît qu'elle étouffe, qu'elle se sent prisonnière et que si ça continue comme ça, elle va " prendre le large " (c'est son expression)... Elle me dit aussi que je l'infantilise (elle a 10 ans de moins que moi : elle 34 ans, moi 44 ans).
Je veux bien entendre tout ce dont elle m'accuse mais nous faisons compte bancaire commun (nous avons sensiblement le même salaire) et je ne vois pas comment faire autrement parce que nous avons le projet, à plus ou moins long terme, d'acheter un appartement ensemble...
Mes réactions sont-elles excessives ?
Je ne vois pourtant pas d'autre solution. Et vous ? En sachant que nous avons des points de vue très différents sur l'argent et que mon amie aurait tendance à ne pas trop se soucier du lendemain... Que feriez-vous à ma place ?

Portrait de Lili

Bonjour Jeanne,

La vie à deux signifie la plupart du temps se confronter quotidiennement à la différence. Vous et votre amie avez deux manières de voir les choses au sujet de l’argent. Les disputes n’apparaissent pas parce que l’une est dans le vrai et l’autre dans le faux mais parce que chacun est persuadé qu’il détient la vérité. Chacun en détient bien une partie  mais c’est la sienne et elle est unique. Celle de l’autre est « autre ».

Chaque individu est différent et la vie de couple implique  d'accepter l'autre sans le juger  même si ça n’est pas toujours simple. Vous parlez des « caprices » de votre amie comme on parle aussi des « caprices » d’un enfant. C’est votre vision, votre jugement mais si pour elle les produits bio sont importants, votre jugement doit la blesser. Vous la nommez « Mademoiselle » : n’y a-t-il pas un peu de condescendance dans vos paroles vis-à vis d’elle?

Vous semblez vous inquiéter quant à l’achat d’un futur appartement : est-ce réellement un projet commun et si c'est le cas, essayez d’élaborer ce projet d’un point de vue financier mais de sorte qu’il soit acceptable pour vous deux. Sinon, rediscutez ce projet, en prenant en compte l'avis de votre amie. D’autre part, il est souvent dommage de se gâcher le présent par des angoisses sur l’avenir.

Et puis, Jeanne, cela ne vous rappelle-t-il pas un certain post de vous-même sur le thème de la peur de manquer et la difficulté à vivre dans le présent?Peut-être pourriez vous mettre à profit ce que vous traversez actuellement avec votre amie pour travailler à nouveau sur vous à ce sujet.

Bien cordialement,  Jeanne.

Portrait de Isabelle

En vous répondant, Lili a mis en avant l’acceptation de la différence. Ce que je trouve intéressant et qui me donne l’envie de vous répondre à mon tour… En effet, pour qu’il y ait échange et communication qualitative au sein d’un couple, tenir compte de la différence d’être, c’est essentiel. C’est parce que chacune de vous saura l’accepter, que dans votre relation, il y aura alors complémentarité et non plus dualité… D’ailleurs, c’est un peu ce que vous soulignez, je dirai presque à votre insu, dans la mesure, ou vous avez chacune un salaire équivalent… Que l’on soit par moment confronté à ses « rapports de force », est à mon sens inévitable, mais ils ne devraient être là, que pour mieux faire « avancer », dans la mesure où ils ont au moins l’avantage, si l’on veut bien se remettre en question, de voir pour soi puis vis-à-vis de l’autre, ce qu’il est possible d’améliorer… Ainsi, le côté plus « insouciant » de votre compagne, peut vous servir de miroir sur une petite « rigidité » de votre part… et vice et versa. Si pour vous, l’engagement passe par des projets en commun, à plus long terme, il semble que pour votre compagne, l’aspect prendre soin de soi et de vous, même si vous ne l’entendez pas de cette façon, en passant par un aspect santé (avec le bio), soit plus important… les deux positions sont tout à fait cohérentes en soi… De plus, je crois que votre relation « tient la route » dans la mesure où chacune, tient un « rôle » bien définis, un aspect plus « féminin » chez votre compagne, et plus « masculin » pour vous… Je ne vous apprendrais rien, je pense, en vous disant que dans une relation à deux, c’est toujours 50/50… Il me semble, aux vues de ce que vous écrivez, que chacune de vous reste un peu « campée » sur ses positions, sans chercher à entendre ce que l’autre tente, un peu maladroitement, de mettre en avant… Il est vrai, que 10 ans d’écart, peuvent à un certain moment « peser dans la balance » également. Étant l’ainée, il me semble, qu’à ce sujet, vous êtes plus à même peut-être, d’essayer de réfléchir, si lorsque vous aviez 34 ans, vous envisagiez « l‘avenir » d’une façon identique à aujourd’hui… De son côté, votre compagne, vous dit à sa façon, qu’elle est en chemin, mais que pour avancer et murir encore, elle a la sensation qu’un peu plus d’espace lui est nécessaire… Pour en revenir, à l’acceptation de la différence… Elle est d’autant plus importante qu’intégrer la différence pour soi, est éminemment protecteur, dans la mesure où dans la construction psychique, la différence fait référence à la loi. C’est donc fondamental d’en « tenir compte », car la loi est protectrice en soi et pour le plus grand nombre… Peut-être serait-il « temps » d’aller voir du côté de votre histoire familiale effectivement, d’autant, (ce n’est que mon avis, et je ne suis pas psy), que 44 peut renvoyer à la Libération de Paris, mais pas encore à la fin de la guerre… Amitié à vous Jeanne

Portrait de jeanne

Vos commentaires généreux et très bien construits ont fait chuter ma colère rapidement. Ce qui me fait dire que vous avez touché mon identité intrinsèque comme il le fallait...
Ce qui m'énerve malgré tout chez moi c'est qu'ayant quand même un peu cheminé psychologiquement et même spirituellement, j'en arrive à me comporter encore comme une grande hystérique. Pourtant, je sais pertinemment qu'il faut que j'accepte la réalité comme elle : effectivement, au départ de notre fort coup de foudre, ce qui nous a attirées mutuellement c'est notre complémentarité, soit - et comme vous le dites - notre différence. J'ai donc intérêt à me caler sur vos conseils si je ne veux pas détruire notre bel amour.il me faut aussi toujours un os à ronger. Donc c'est sûr que je finis toujours par en trouver un, aussi vieux soit-il... Mais je me rends de plus en plus compte que mes reproches ne sont pas vraiment justifiés et là, il faut que ma prise de conscience aboutisse à un véritable changement car je suis convaincue qu'avec le caractère bien trempée qu'à mon amie, elle finira par me laisser...

Portrait de Lili

 

Merci à vous, Jeanne, pour votre réponse pleine de générosité également. Si je puis me permettre, maintenant que la colère a chuté envers votre amie et que vous repensez à elle avec amour, allez jusqu’au bout de votre démarche et traitez vous de la même manière, avec amour et un peu d’indulgence aussi. Acceptez vos imperfections, et que le travail sur soi est long et n’avance pas toujours aussi vite qu’on le voudrait. Les habitudes prises depuis l’enfance mettent du temps à lâcher , parfois elle lâchent un instant, puis plus longtemps et elles reviennent mais la sincérité que vous montrez sur ce forum témoigne à mon avis du fait que vous êtes un être généreux qui sait s’ouvrir et se remettre en question c’est pourquoi je ne doute pas que vos efforts porteront leurs fruits.

Amicalement

Portrait de Isabelle

A mon tour, je vous remercie, tout comme Lili, pour votre humilité… Je ne peux que vous dire : Courage ! Continuez votre cheminement vers votre évolution ! Pour ma part je ne peux que confirmer, que la persévérance est essentielle dans la découverte de soi et nos « améliorations » personnelles… et qu’il m’arrive malgré tout souvent, moi aussi, d’avoir la tentation de « baisser les bras »… ce qu’il y de magnifique au sein de ce cheminement honnête vis-à-vis de soi, c’est qu’il y a toujours, dans ces moments plus délicats, un petit signe, souvent extérieur d’ailleurs, qui sert de « balise » en quelque sorte, tout comme un « carburant » un peu plus efficace qu’à « l’accoutumée »… Un peu aussi, et pourquoi pas (?), comme quand je prends du ginseng, pour me donner un petit coup de pouce « énergie »… Amitié Jeanne.