Est-ce qu'avoir des regrets c'est constructif ?

Portrait de clémentine-78

On nous assène à longueur de temps qu'avoir des regrets c'est inutile.
À première vue, je peux le comprendre mais pourquoi ce ne serait pas l'inverse ?
Je lance cette discussion parce que, personnellement, j'ai beaucoup de regrets et je me dis que si l'être humain en éprouve, c'est sûrement que les regrets servent à quelque chose...

Portrait de Gilbert

Bonjour Clémentine,

Plutôt que " regret " , je préfère le terme  " erreur ". Tout simplement parce qu'une erreur peut se corriger en ne refaisant pas la même. Elle est instructive. On peut  " regretter " avoir fait une erreur mais il ne s'agit pas, à mon sens, de s'y éterniser. Qui ne fait pas d'erreur ? Bien sûr que je regrette parfois mes conduites passées. Mais le passé est passé, il faut savoir faire quelque chose de ses regrets, en tirer des leçons , les ranger pour en faire des expériences évolutives pour le présent et le futur.Croyant, j'aime bien ce passage de la Bible : " Voyez, Je fais toutes choses nouvelles "

Portrait de Lili

Bonjour Clémentine-78,

je partage votre avis sur les regrets, je pense aussi que si nous les éprouvons, c'est qu'ils peuvent nous apporter du positif. Tout d'abord, les regrets ne peuvent être constructifs que s'ils portent sur nous-mêmes, nos comportements et nos actions, mais ils se révèlent complètement stériles quand ils concernent l'autre, ses comportements et ses actions.

Quant aux regrets qui nous concernent nous-mêmes,  là, je suis entièrement d'accord avec Gilbert, je pense qu'il ne s'agit pas de s'étayer sur des regrets pour se morfondre, culpabiliser sur ce que nous n'avons pas fait ou pas fait comme nous l'aurions voulu quand nous regardons le passé (même s'il est très récent) avec nos yeux d'aujourd'hui. Cependant, nous pouvons regarder ce passé avec indulgence, en se disant  que si nous avons agi ainsi, c'est qu'à ce moment là, nous ne pouvions faire autrement, même si il peut être intéressant de rechercher les raisons qui sont la cause de cette  incapacité passée; la plupart du temps, nous n'avons pu faire autrement car nous n' étions pas prêt à assumer les conséquences d'une autre voie empruntée,  et c'est pour cela que c'était souvent protecteur.

D'autre part, si nous éprouvons des regrets pour avoir parlé ou agi ainsi, c'est qu'aujourd'hui, notre regard sur les choses a changé , que nous avons évolué et prendre en compte cette évolution peut faire que nous agirons différemment si une situation similaire se représente à nous (mais ça ne sera jamais la même puisque nous avons entre temps parcouru du chemin), nous serons capable d'agir ou de nous comporter différemment, en accord avec ce que nous sommes à l'instant T et en en assumant les conséquences .

Donc les regrets oui, mais s'ils sont agents d'évolution !

Bonne journée.

Portrait de Ludo_437

Je suis tout à fait en accord avec ces commentaires mais j'ai beaucoup apprécié la nuance qu'apporte Lili : les regrets quant à l'autre sont effectivement complètement stériles. Ce qui m'amène à relater une anecdote...
Mon frère ne va jamais rendre visite à notre grand-mère maternelle qui vit seule et qui est une vieille dame charmante et très généreuse. Il y a deux mois, elle m'a confié qu'elle avait décidé de ne pas souhaiter l'anniversaire de mon frère qui avait lieu en août tant elle est triste de son comportement indifférent et égoïste vis-à-vis d'elle. Surtout qu'elle ne demande pas qu'on aille la voir tous les quarts d'heure ! Depuis, elle ne se sent pas bien et culpabilise !!! Je n'arrive pas à lui faire entendre que c'est mon frère qui a généré sa réaction. Elle en est malade parce qu'elle n'a pas compris qu'en fait, elle ne peut pas cautionner en tant que grand-mère l'incorrection de son petit-fils. Donc, les regrets quant aux autres sont peine perdue dès lors qu'ils reposent sur une objectivation honnête.

Portrait de Isabelle

Votre témoignage en particulier Ludo me parle bien, sur ce sujet des regrets... Outre que je suis entièrement d'accord avec le fait que les regrets, quels qu'ils soient, ne sont qu'à prendre sur l'aspect personnel. Je trouve votre exemple en rapport à votre grand-mère tellement juste ! Je ne crois pas que nous ayons à "avoir des regrets" quand il s'agit du comportement "d'un autre" qui génére ensuite notre propre positionnement. Car il s'agit alors de ne pas cautionner, comme vous le dite Ludo, pour être en accord avec soi... et donc rester sur les aspects protecteurs qui nous correspondent... Ce qui est valable pour moi à l'instant "t", ne l'est pas nécessairement pour quelqu'un d'autre. Car il y a quand même "notre surmoi" qui fonctionne de façon plus ou moins "souple"... Mais je suis bien d'accord aussi avec le fait, que ce que nous avons fait ou/et dit à un instant donné, sans doute nous ne le ferions pas de la même façon à un autre moment... Questions de recul et de maturité sans doute... Mais au fond, est-ce que les regrets tout aussi objectivables puissent-ils être... n'ont-ils pas leur raison "d'exister"... pour nous "pousser" à un peu plus d'introspection afin de "lâcher" le passé qui nous "enchaîne" encore et toujours ?

Portrait de clémentine-78

Je vois bien maintenant la différence qu'il faut faire entre les regrets par rapport à soi et ceux par rapport aux autres. En fait, c'est cette nuance qui me manquait et qui entraînait le fait que je me perdais un peu en lisant des articles qui ne l'expliquaient pas fatalement...

Portrait de Gilbert

Effectivement, je n'avais pas réaliser cette nuance qui consiste à ne pas avoir de regret lorsqu'on a agi de manière à ne pas cautionner un comportement discutable. L'exemple de la grand-mère m'a aussi beaucoup parlé. J'ai encore quelques légères velléités à regretter certaines prises de position, attitude qui - je m'en rends vite compte -  ne fait qu'entretenir une fausse culpabilité. Grâce à Dieu, et comme dit la chanson, dans ces cas là de plus en plus " Rien, de rien, je ne regrette rien ! ", ce qui est une sacrée libération.

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Je rejoins ce qui vient d’être dit.

J’ajouterais que le regret, généré par de la culpabilité, ne peut pas construire. Il renvoie en permanence à un moment passé qui ne reviendra pas et qui ne nous permet pas de vivre l’instant.

Le regret que l’on pourrait nommer « erreur » est constructif,  permettant de se remettre en question.

Quel que soit le regret, il est passé et l’on ne peut que s’en servir.

Cela me renvoie à cette phrase de la bible « Que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre »

Claire, si je peux me permettre, je vous dirais :

Les regrets servent, oui, mais à mieux appréhender la vie pour qu’elle soit vécu sans regrets.