La garde d'enfant pour un père lors d'un divorce conflictuel

Portrait de Gilbert

Je voudrais poser une question qui concerne quelqu'un de mon entourage qui ne souhaite pas intervenir directement. Cette personne est un homme et vit un divorce très conflictuel avec son ex-épouse. Il souhaite obtenir la garde de ses enfants. Quelles sont, si vous avez une expérience de cette situation, les raisons légales pour faire une telle demande en ayant des chances d'obtenir gain de cause ? Merci d'avance.

Portrait de Jean

Un divorce conflictuel, à ma connaissance, ne suffit pas pour qu'un juge statue sur la résidence principale des enfants chez son père. Il est nécessaire de justifier d'une négligence avérée de la part de la mère. Ce peut être un problème psychiatrique, médical (impossibilité de se mouvoir), un manque de disponibilité ou d'intérêt pour les enfants. C'est au juge de prendre sa décision en ayant toujours à l'esprit le bien-être de l'enfant.

Portrait de Isabelle

Votre question m'intéresse Gilbert, pour apporter mon témoignage d'enfant de parents divorcés, autant que de divorcée moi-même... Et je confirme Jean, qu'effectivement pour que le père obtienne la résidence principale de son ou ses enfants, il faut la plupart du temps pouvoir justifier d'une impossibilité très sérieuse de la part de la mère... En effet, dans environ 70% des cas, actuellement c’est encore la mère qui est désignée en résidence principale du ou des enfants… Mais, je pense qu’il est important, sans parti pris de ma part, de souligner que résidence principale ne signifie pas pour autant non responsabilité de l’engagement paternel vis-à-vis de ses enfants… Hors, (excusez-moi messieurs…), les chiffres ne sont pas en faveur des pères malheureusement… En 2012, près de 40% des pensions alimentaires versées par la gent paternelle, contribuant quand même, avant toute chose, au bien-être des enfants… ne sont effectivement pas « payées »… Bien évidemment, il n’est pas question ici de faire le « procès » de qui que ce soit. Je pense que le cas par cas est bien plus juste au bout du compte… Car il est indéniable, que certains profils maternels s’avèrent tout autant discutable… Mais il est vrai également, que le cas par cas, ne peut être envisageable véritablement… Sur un plan matériel aussi, un divorce coûte cher… Mais déjà à mon sens, sauf cas exceptionnel, ne soyons pas dupe, un divorce est rarement non conflictuel… Je dirais même que cela tombe sous le sens, ou alors bien des divorces n’ont véritablement aucune raison d’être en soi… Même si le divorce actuellement tend à être de plus en plus banalisé, ce qui soit dit en passant, à ses bons et ses mauvais côtés… Si je le considère en tant qu’enfant de parents divorcés, à mon époque (et je suis loin d’être un dinosaure…), ce n’était pas encore très fréquent, et honnêtement, outre toute la souffrance et les difficultés qui peuvent découlées pour l’enfant, d’un couple parental « explosé », une des difficultés rencontrées pour ma part, c’était le regard extérieur des habitants du village, tout autant qu’à l’école d’ailleurs… En classe de CM1-CM2, nous étions 5 enfants dont les parents étaient divorcés… Et sans « parano » de ma part, même certains « instit » nous mettaient à « l’index »… Aujourd’hui, pour un nombre d’élèves par classe, à peu près équivalent, près de la moitié de ses enfants ont des parents divorcés… Et pour les 2/3, les mères n’ont pas de nouveau compagnon contre 1/3 des pères seulement.

Mais venons-en plus particulièrement à la question de Gilbert… Lors de mon « second divorce », la séparation a eue lieu, notre fils issu de cette union, avait 8 mois. J’aurai pu « opter » pour un divorce pour faute, au titre de l’infidélité caractérisée du père de mon enfant, puisqu’il y avait existence d’un autre enfant conçu avec l’ex-première épouse, cet enfant ayant 5 mois de moins… J’étais arrivé à un stade d’une telle dénarcissisation, que je ne pense pas que j’aurai eu l’énergie nécessaire d’une telle démarche…  Ce qui était « urgent » pour moi, à ce moment-là, c’était de m’éloigner tout en tentant de « préserver » mon enfant… Et ceux issus d’une première union… Quelques années plus tard, ce fils grandissant, il semblait de plus en plus évident, que les visites chez son père, devenaient véritablement problématique pour lui… D’autant, que monsieur estimait qu’il avait droit de visite quand « ça » lui convenait à lui, en dehors bien entendu, de ce qui était clairement défini sur le jugement de divorce, de façon très classique : 1 week-end sur 2 du vendredi soir au dimanche soir et la moitié des vacances scolaires petites et grandes…

Pour faire court, je vous passe les détails des trois procédures de mon fait, pour tenter un rappel tangible et réel vis-à-vis de la loi… Dans la nécessité de « protection » de notre fils… A ce sujet, lors de la 3ème et dernière procédure, Monsieur m’a accusé de négligence voire maltraitance psychologique, témoignages à l’appuient… Je n’ai que ma parole pour dire qu’il est bien évident, qu’en tant que mère je me suis attachée à prendre soin de mon enfant… Le juge aux affaires familiales a alors indiqué une enquête sociale et psychologique des deux parties… Ce fut une année difficile autant pour mon fils que moi-même… Qu’on le veuille ou non, il y a quand même intrusion dans votre intimité… Sans compter les pressions volontaires ou involontaires de certains professionnels (ce n’est que mon avis) qui ne sont pas toujours très impartiaux… Et puis même s’il est vrai, selon la loi, que l’enfant a droit à la parole, dans les faits ça reste plus que limité et pris véritablement en compte… Puisque ce droit de parole est laissé « au bon vouloir du juge »… Bref, tout ça pour au bout du compte que le juge aux affaires familiales statue « sur un simple copié/collé du jugement de divorce initial ».  Ne vous méprenez pas sur mon propos… J’ai bien en tête, depuis un travail d’analyse conséquent entre autre, que la loi est par essence même protectrice en soi… C’est d’ailleurs dans cette optique précisément, qu’il y a eu 3 procédures de ma part… Je tente juste de dire, que le divorce génère bien des souffrances, dont les enfants sont les premiers à faire les frais… Mais qu’en tant que parent « responsable », il peut être nécessaire, en essayant d’être le plus juste possible, de faire appel à cette même loi, au fin que « l’autre parent » réalise qu’il a bien évidemment les mêmes droits, mais tout autant et avant tout, les mêmes devoirs… Car lorsque l’un des deux se « dégage » de ses devoirs parentaux, là encore, c’est avant tout l’enfant, jeune ou ado, qui en souffre directement…

Cependant, à titre personnel et plus spécifiquement féminin, je crois toujours à l’engagement du mariage et à l’équilibre d’une vie de couple… A aujourd’hui, j’ai juste pris un temps certain de recul… Qui me permet d’ailleurs tout autant d’apprécier la vie de femme célibataire… Quant à mon fils, il grandit sans trop de difficulté en définitive…

En conclusion, je crois, malgré tout ce que cela entraîne et les résultantes, qu’il peut être tout à fait justifié d’en passer par la loi, pour poser des limites protectrices… cela fait d’ailleurs partie des devoirs parentaux…   

Portrait de Gilbert

Je vous remercie, Isabelle, d'avoir pris le temps de faire une réponse que j'apparente à une véritable analyse plutôt qu'à une prise de position teintée de jugement. Je ne connais pas véritablement l'histoire de ce père, sauf qu'il me semble - à ce qu'il m'en dit - que ses enfants seront mieux protégés chez lui qu'avec son ex-épouse. Vous avez raison : pas de divorce sans conflit (je suis moi-même passé par cet expérience de vie). Pourtant, la guerre est plus ou moins violente et plus ou moins durable dans le temps selon les cas. A dimension humaine, seul effectivement le juge peut statuer. C'est ce que je retiens de vos commentaires. Quant aux retombées psychologiques, voire spirituelles, c'est évidemment à chacun des protagonistes de s'interroger et de sublimer. Merci infiniment, Isabelle, pour  la confiance que vous me faites en livrant une partie de votre histoire. Quant à moi, je ne doute pas que votre parcours de vie fut une grande source de sublimation. Vos propos attestent d'une grande sagesse que je souhaite à la personne que j'évoque ainsi qu'à son ex-épouse, pour le plus grand bien de leurs enfants. Merci encore,

Gilbert

Portrait de Sylvie

Il est vrai que la séparation , qui n'est déjà pas une banalité pour un couple sans enfant, demande d'autant plus de de maturité aux adultes concernés quand ils sont parents. 

L'essentiel étant, me semble-t-il,  que les parents se souviennent que leur divorce concerne seulement  leur décision d'adultes. Si la femme et l'homme divorcent , la mère et le père restent pour l'enfant . J'ai constaté avec mes enfants combien ce rappel leur faisait du bien. 

Ainsi, à moins d'être un parent toxique, ce qui ne représente quand même pas la majorité des cas, il suffit à ces parents de penser à cette distinction pour éviter au maximum d'établir une confusion chez les enfants. C'est vraiment important pour qu'ils comprennent qu'il n'y sont pour rien dans ce divorce (la culpabilité...)

Reste la question fondamentale du mode de garde... dans l'intérêt de l'enfant ! car il est quand même souhaitable de ne pas bouleverser tous ses repères.

A ce sujet tout dépend de son âge car lorqu'il est encore petit, et encore une fois à moins que le parent concerné ne soit manifestement toxique au point de mettre la santé de l'enfant en danger, c'est par exemple la mère qui en aura la garde. A partir de 12 ou 13 ans le juge peut aussi entendre l'enfant pour tenir compte de son désir de résidence. Et pour en être passée par là je sais combien il est utile, même dans le cas d'une union libre, de passer par le Juge aux Affaires Familiales afin qu'un tiers fasse référence à la Loi, tiers auquel les parents puissent se référer en cas de difficulté.