Je viens d'apprendre un drame...
Le beau-frère de mon frère s'est tué à moto ce week-end. Il avait 37 ans... Il laisse une jeune veuve de 35 ans et deux enfants de 12 et 11 ans.
Je suis bien sûr bouleversée par ces circonstances tragiques mais s'ajoute à ma peine un aspect de cette destinée que je désire partager avec vous...
Je connaissais cet homme mais je ne m'entendais pas très bien avec lui car il était tyrannique avec sa famille, ses amis, ses voisins. Le moindre repas était l'occasion de faire des histoires. Je savais qu'il en souffrait et je lui avais dit qu'il pourrait peut-être se faire aider par un psy. Il m'avait répondu qu'il avait essayé mais que ça n'avait pas marché...
Sa femme et ses enfants avaient peur de lui. Pour vous expliquer à quel point, je vais prendre un exemple parlant. Son épouse a un fils de 13 ans d'une première union. Cet enfant a arrêté de grandir quand son beau-père est rentré dans sa vie. C'est-à-dire qu'à 13 ans, on dirait qu'il en a 7 et il a la voix d'un petit garçon de 7 ans...
J'ai assisté à des scènes d'une violence extrême, parce qu'une bicyclette ou un pull traînait... À table, tout était sujet à scandale. J'ai vu cet homme tellement tendu parfois, sans raison apparente, qu'il serrait les dents et tremblait.
La veille de sa mort, sa femme et lui m'avaient invitée à dîner avec mon frère et ma belle-sœur. J'ai décliné l'invitation pour ne pas assister à une énième scène potentielle... Le lendemain matin, mon frère m'a téléphoné en me disant que j'avais eu tort de ne pas venir dîner car son beau-frère avait été adorable avec tout le monde, y compris avec les enfants, les câlinant, les embrassant, chose rare chez lui... Mon frère était content car il s'est dit que son beau-frère avait sûrement eu une prise de conscience qu'il fallait qu'il change... Ce beau-frère s'est donc tué le lendemain à moto...
Outre le fait que c'est comme s'il " savait " et qu'il a voulu dire au revoir à sa famille, l'histoire de cet homme bien trop jeune pour mourir est une grande leçon pour qui veut bien s'y attarder : nous sommes facilement tyranniques nous les êtres humains, pas paranoïaques comme cet homme bien entendu, mais je trouve que nous sommes souvent agressifs ou caustiques ou très désagréables, rouspétant après l'autre pour peu de choses le plus souvent. Ayant fait un peu de Psycho, je me dis que cet homme qui a perdu la vie tragiquement a inconsciemment retourné toute cette agressivité, qu'il projetait contre son entourage perpétuellement, contre lui. C'est comme s'il s'était puni définitivement d'avoir fait du mal aux siens et aux autres... Ce drame, pour moi, authentifie le fait que nous ne donnons jamais assez d'amour aux personnes avec lesquelles nous sommes en contact, et quelles qu'elles soient. Parfois, il est extrêmement difficile de tendre l'autre joue, en tout cas pour moi, mais je pense qu'un travail sur soi de cet ordre vaut la peine. S'entraîner à aimer son prochain est un projet apaisant. Ceci dit, pour aimer son prochain comme soi-m'aime, encore faut-il s'aimer soi-même, et c'est en général là où le bât blesse quand nous fabriquons du mépris ou de la haine vis-à-vis d'autrui... Les Hindous demandent de saluer la divinité qui se trouve à l'intérieur de tout interlocuteur... Un bon réflexe à prendre, à mon sens, pour être fier de soi et de ses progrès en terme de respect des autres et de soi...
Gilbert
La spiritualité, une chance de plus !
J'ai été très sensible, Sofia, par ce témoignage qui vous touche d'assez près. Il nous rappelle déjà que la vie ici-bas peut s'arrêter à n'importe quel moment et qu'il est bon de ne pas rajouter des couches à cette réalité toujours douloureuse.
Cet homme a au moins montré une autre face de son visage avant de partir. Peut-être a-t-il sans le savoir au conscient " tendu une autre joue " à sa manière, laissant de lui une autre perception de ce qu'il était au fond de lui : " aimable "... ? Vous parlez ensuite de la nécessité de s'aimer soi-même pour aimer son prochain. Bien qu'ayant fait un travail sur moi, j'ai encore bien des difficultés avec " ça " . Il m'arrive encore de pester contre des personnes, sachant qu'en réalité cela ne changera pas grand chose in fine, si ce n'est perdre un temps précieux. Lorsque je suis dans cette disposition, j'essaie le plus souvent de faire appel à ma foi Chrétienne. Puisqu'il est si difficile de m'aimer moi-même sans tomber dans un narcissisme discutable, je fais mienne la certitude que le Christ m'aime avant que je sois capable de le faire moi-même. Pour moi, cela change tout. Car s'Il m'aime de façon inconditionnelle, je peux trouver la force d'aimer autrui car je Le laisse faire en moi. Et comme il est réside chacun d'entre nous, c'est comme si l'Amour se reconnaissait lui-même. " Laisser le Christ transfigurer les ombres " écrit Frère Roger de Taizé dans son ouvrage " Son amour est un feu ". Oui, la spiritualité, en ce qui me concerne, constitue vraiment une chance de plus ! A condition de rester éveillé, comme le dit fort justement une de nos amies dans un com récent... A bientôt !
cricri
Travailler sur la tolérance
Ce drame que relate Sofia m'a donné à réfléchir et mon commentaire a entre autre sens de souligner la sagesse à laquelle elle nous invite : je veux dire par-là que le fait que nous nous arrêtions sur cet accident ayant entraîné la mort fera que cette mort d'un homme trop jeune ne sera pas inutile, ni psychologiquement, ni spirituellement. Ce drame m'a confortée dans l'idée qu'il est absolument nécessaire que chacun d'entre nous trouve l'outil nécessaire pour réaliser quand nous dépassons les limites et que notre intolérance s'affiche comme pathologique. Ce drame est d'autant plus tragique qu'on constate bien, comme c'est toujours le cas, que cet homme décédé a eu des mains tendues pour l'aider à mettre en évidence que ses colères étaient anormales. Visiblement, il les a refusées...
Danièle-Dax
Chercher et trouver le procédé pour ne pas déborder
Je partage tout à fait tous ces commentaires car, même si je ne suis pas Psy, je sais que beaucoup d'occasions nous sont données chaque jour pour réaliser quand nous exagérons dans nos comportements face à autrui. Je me permets de préciser à ce sujet que sur ce site, bien des posts et des forums donnent justement tout un tas d'outils nécessaires pour parvenir au respect de soi et d'autrui. De découvrir toutes ces possibilités accessibles à chacun d'entre nous est un premier pas humble qui favorise la mise en lumière quand nous franchissons la ligne jaune, tout en utilisant le processus qui nous permet de rester à notre juste place et d'accueillir la différence.
Isabelle
Tolérance et limites ?
Pour ma part, la tolérance reste encore et toujours, un véritable travail sur moi-même, avec lequel, je "dérape" très vite... Sans doute, un peu quand même encore, parce que la violence verbale et physique ont "marquées" ma vie d'adolescente, et qu'il est certain, que c'est aussi un "héritage transgénérationnel"... Donc, encore plus de raisons objectives de l'importance à travailler d'autant plus... Mais si je ne pense pas être quelqu'un d'intolérant en soi, je reste souvent en difficulté, avec mon seuil de "limites" à ne pas dépasser... Et c'est à ce sujet, que j'ai toujours tendance à douter de moi... Car au fond, être véritablement tolérant, renvoie bien aussi au fait que nous ne pouvons l'être, tant que nous n'acceptons pas notre "part d'ombre", car nous faisons preuve aussi d'une grande intolérance vis-à-vis de nous-même...
En lien à la mort d'un petit frère, j'ai pris conscience relativement tôt dans ma vie (j'avais 16 ans), de l'importance de ne pas "oublier" un baiser, un au revoir, un bonjour, un sourire... Pourtant, si je suis honnête, bien souvent, je réalise "après coup", que je suis encore bien loin de "l'éveil et de l'attention" que cet accueil représente...
Ce que je réalise aussi en écrivant là tout de suite, c'est que je suis encore en difficulté avec mon propre seuil de tolérance sans doute... Pourtant, je crois très humblement, que les mains tendues j'ai appris à les reconnaître au fil du temps... Mais ce qui sous-entend qu'une main tendue, l'est véritablement, lorsqu'il n'y a pas de "volonté d'utilisation" sous quelques formes que ce soit... Est-ce à dire que mes limites, sont là également sur un aspect surmoïque protecteur ? Tant pour moi-même que dans l'altérité... Alors, les mains tendues, sont tout autant envisageables par ceux-là même qui sont "agresseurs"...
Sofia M
Sa mort prématurée permet déjà des prises de conscience...
Ce matin avait lieu l'enterrement... Une cérémonie d'une tristesse infinie majorée par le trop jeune âge du défunt...
Toutefois, en lisant vos commentaires, je peux affirmer que son décès, de par le profil psychologique de cet homme tourmenté pathologiquement, génère de la réflexion, de la centration, des prises de conscience, certes à travailler au quotidien, sans exception, mais qui permettent de comprendre qu'il est nécessaire de prendre soin de soi et des autres pour que nos énergies œuvrent pour toujours plus d'harmonie...
linda
Culpabilité
Il y a plusieurs années,j'ai lu dans un journal une histoire bien triste.
Une femme demande à son mari d'aller lui chercher de la laine au magasin.
À son retour,elle pique une colère,en voyant qu'il s'était trompé de couleur,il y avait une tempête dehors,mais en regardant son épouse si déçue,il décide de retourner au magasin,et il a un accident d'auto,et il décède.
Son épouse ressentait tellement de culpabilité,elle se disait qu'elle aurait du dire qu,il n'y avait pas d'urgence,qu'elle n'avait pas tant besoin de cette laine tout de suite.
Elle avait un pincement au coeur,en pensant aux derniers moments qu,elle a vécu avec son mari,elle avait crier après lui,pour une erreur qui,a ses yeux maintenant,lui semblait si banale,trop tard,le mal était fait.
Elle avait décidé de raconter son histoire,pour faire réfléchir les gens,elle ne se pardonne pas son geste,mais espère que son témoignage pourra faire réfléchir plusieurs personnes