J'ai un collègue de travail qui me fait penser que c'est peut-être un profil borderline mais je ne sais pas vraiment ce que c'est qu'un borderline...
Pouvez-vous m'apporter des éléments pour que je puisse voir si ses comportements sont en rapport avec cette pathologie, histoire de ne pas lui coller une étiquette inappropriée ?
Gilbert. R. Psy...
Un état limite
Bonjour Vincent,
Votre question revient souvent dans mon entourage. D'autant que de nombreux articles, souvent contradictoires, sèment parfois la confusion dans les esprits.
Pour simplifier, Sigmund Freud définit deux catégories de profils psychiques : la névrose et la psychose.
- La névrose : on pourrait dire que c'est le lot commun de tout quiddam qui s'identifie inconsciemment à ses objets d'amour infantiles que sont ses parents. Lorsqu'elle trop accentuée, la névrose empêche de se réaliser dans la vie en tant que personnalité autonome et responsable. Une cure psychanalytique peut alors être tout à fait appropriée pour que les choses rentrent dans l'ordre grâce au transfert sur le psychanalyste.
- La psychose : contrairement au névrosé, le psychotique est dans l'incapacité d'accéder à une relation objectale. Son inconscient étant tout puissant, son discours et son comportement paraîssent incohérents à l'entourage, entourage qui en souffre. On parle aussi d'une personnalité pathologiquement narcissique. Cette maladie relève de la psychiatrie. Jacques Lacan, psychiatre et psychanalyste, souhaitait que la psychanalyse aide le psychotique. Toutefois, raisonnablement, surtout si le psychanalyste n'est pas médecin psychiatre, il ne faut pas s'attendre à des résultats probants. Tout simplement parce que, le transfert étant le moteur de la cure, l'inconscient du malade, refusant toute altérité, ne peut établir ce type de relation à autrui.
Le border line ou " état limite " se situe à la frontière entre névrose et psychose. Il peut avoir parfois certains comportements incohérents mais reste socialisé et sociable. Pour la Psychanalyse, les troubles bipolaires (pour la psychiatrie anciennement " psychose maniaco-dépressive ") peuvent entrer dans cette catégorie et benéficier d'une prise en charge analytique, à condition que le spécialiste de l'inconscient travaille en complémentarité avec un médecin, puisqu'il y a souvent traitement médical.
J'ai éssayé de rester le plus accessible possible, sachant qu'il faudrait un long développement pour entrer dans des détails théoriques plus précis. Pour répondre à votre question de façon plus directe, un border line génère un malaise dans l'entourage. Toutefois, il faut se garder, lorsque l'on n'est pas un spécialiste, de véhiculer ce terme à tout va. Il faut se méfier des attitudes projectives et enfermer les gens avec des étiquettes de ce type. La rumeur fait parfois plus de mal que la pathologie en elle-même.
Vincent
Des comportements " incohérents " ???
Votre réponse est bien détaillée, et je vous en remercie Gilbert R., mais vous parlez de comportements incohérents ??? C'est à ce point ??? Avez-vous des exemples ?
Merci
Gilbert. R. Psy...
Un décalage avec le principe de réalité
Pour exemple, - entre autres -, une personnalité border line ( de type bipolaire) peut effectuer des achats non conforme à ses réels besoins. Il peut vouloir commander une voiture excessivement chère, alors qu'il gagne le SMIC. Il y a toujours un décalage avec un principe de réalité...
Catherine H Psy
Instabilité
Bonjour,
La pathologie psychiatrique border line, est, comme le dit Gilbert.R.Psy, un état limite entre la névrose et la psychose. Elle fait partie de ce que la médecine appelle les troubles de la personnalité.
Elle se manifeste effectivement par des difficultés relationnelles, au niveau affectif et socio-professionnel, mais qui restent "gérables"dans la plupart des situations.
Sans entrer dans les détails, -je ne suis pas médecin- les border line sont des personnes qui souffrent d'instabilité , avec des changements d'humeur très fréquents,sans que la situation qui les génère ne les motive clairement, ou de manière exacerbée.
Ils présentent une sensibilité à fleur de peau, des angoisses et des idées noires parfois. Ils peuvent passer du positif au négatif très rapidement.
Une image explicite est souvent utilisée: on parle de "cocotte minute, prête à exploser".
Le terme border line est entré dans le vocabulaire courant, au même titre qu'on peut "psychoter" ou "être parano", sans tenir compte des réelles pathologies associées à ces termes et de la souffrance qu'elles provoquent. Aussi -je me permets de faire écho!- faisons attention à ces étiquetages qui peuvent être blessants et réducteurs.
Sofia M
Une confusion possible
Notre prof de Psycho regrettait le manque de nuances que peut notamment établir la psychiatrie au niveau des sujets borderline.
En fait, ils ne tiennent pas de propos incohérents mais ils souffrent d'une angoisse énorme de
pouvoir être abandonnés, angoisse qu'ils peuvent projeter sur un objet. Par exemple, un borderline
pourra imaginer qu'il va perdre sa maison et il finira par la perdre ! Ce ne sera pas à cause d'inondations mais parce qu'inconsciemment, il se débrouillera pour se donner raison en dépensant
plus que ce que son budget peut le lui permettre raisonnablement...
Par ailleurs, comme il souffre d'un sentiment d'insécurité majeur sur le plan affectif, il persécute
facilement son entourage pour vérifier qu'il est aimé en retour... Sauf que ça ne le fait pas vu que
son entourage finit par craquer...
Le borderline se caractérise aussi par une humeur changeant brutalement : il peut passer de la joie
à la tristesse, de l'amour à la haine, de la gentillesse à la méchanceté mais ses attitudes, tout aussi surprenantes soient-elles, arrivent à faire illusion car ses changements d'humeur sont
rationnels en apparence et rationalisés par lui, avec des justifications " crédibles ", à l'inverse du psychotique qui ne donnent d'explications qui ne sont recevables que par lui et incompréhensibles.
Un borderline peut donner sa démission professionnelle sans qu'il n'ait en sécurité le moindre poste de remplacement.
Tous ses passages à l'acte infondés et cristallisés dans l'immédiateté sont mis en place
inconsciemment pour soulager une souffrance abandonnique interne d'une extrême intensité car il ne peut pas la mettre en mots étant donné qu'elle n'est que fantasmatique. On dit en jargon psy
qu'il " décharge " le mal-être qui le ronge de l'intérieur. D'où ses sautes d'humeur qui arrivent sans crier gare. La violence de ses émotions extrêmes l'empêche d'avoir une concentration suffisante et ainsi va-t-il d'échec en échec, aussi bien sur le plan professionnel que sentimental, amical, familial...
Ceci dit, il ne faut pas confondre les troubles de l'humeur du borderline avec les troubles de l'humeur des dépendants à l'alcool et à la drogue, l'irritabilité retrouvée dans ces deux cas ayant des raisons de fonctionner différentes, bien que l'abandonnisme règne dans ces deux cas de pathologie mentale, le borderline n'ayant pas besoin de substances autodestructrices pour perdre son contrôle...
Vincent
Mon copain n'est pas aussi atteint !
Vous m'avez permis de comprendre que mon copain n'en est pas là...
Comme quoi plutôt que de se passer des films, il vaut mieux s'adresser à des gens extérieurs au problème et compétents de surcroît.
Sympa de votre part, merci et bon week-end !