La psychanalyse mieux que la psychothérapie ?

Bonjour Nathalie

Avant tout, la question que vous posez finalement sur la différence qui distingue ces deux disciplines ne doit pas se formuler en terme de " mieux " mais de complémentarité...

Schématiquement, une psychothérapie travaille sur le " pourquoi " des problèmes rencontrés par un individu dans son existence et qui se répètent dans sa vie, comme perdre systématiquement son emploi, ne rencontrer que des profils d'hommes violents ou alcooliques, n'attirer que des femmes infidèles, etc, etc.
Une psychothérapie porte sur l'écoute de ce que formule au conscient le patient. Elle constitue donc un travail sur soi important, une première et large marche pour comprendre que la fatalité n'existe pas. Cette technique permet de se prendre en main, en quittant un état de victimisation très fréquent - et c'est bien logique - tant qu'on a l'impression que le sort s'acharne et que l'herbe est plus verte dans le pré du voisin...
Une psychothérapie redonne assez vite confiance au consultant qui en ressent les bienfaits essentiellement dans un meilleur relationnel, qu'il soit familial, sentimental, amical ou professionnel. Les résultats sont donc déjà très évolutifs.

Toujours un peu schématiquement, une psychanalyse travaille sur le " comment " des échecs humains récurrents tous azimuts.
Il s'agit d'une cure par la parole qui repose sur une écoute spécifique, dite discursive, de ce que livre l'inconscient de l'analysant. Elle représente un travail en profondeur qui remonte jusqu'aux racines de la névrose.
Cette méthode permet d'accepter les aléas de l'existence sans en faire porter la responsabilité à autrui, de les accepter en tant que base essentielle fondamentale pour avancer, progresser, en les transformant et en les identifiant comme des opportunités de sublimation. En quelque sorte, c'est un peu le principe de résilience qui permet de rebondir quoi qu'il arrive en se sentant toujours capable de trouver l'issue personnelle pour sortir de ses zones d'ombre.
Il faut savoir qu'une psychanalyse supprime l'étayage, c'est-à-dire cette facilité inopportune qu'a l'individu à demander secours pour des problèmes qu'il pourrait régler sans l'aide d'autrui.
Ce travail sur soi conduit au statut d'analysé qui aboutit à saisir que les meilleures solutions sont logées à l'intérieur de chacun, de les dénicher et de les appliquer. Ce stade s'appelle l'individuation. Cet état n'est surtout pas à confondre avec l'individualité qui s'apparente à de l'égoïsme. Au contraire, la psychanalyse renforce le degré de responsabilité assumée qui devrait normalement incomber à chacun. Par voie de conséquence, une personne qui a été analysée n'éprouve plus le besoin de fréquenter compulsivement famille, amis, proches, voisins, collègues, ayant notamment réglé sa névrose d'abandon. Ceci dit, si l'analysé compte avant tout sur lui, il a aussi développé la capacité d'aider mais sans séduction, c'est-à-dire si la demande lui en est faite, ayant également liquidé son complexe du sauveur qui n'avait pour but que celui de se mettre en valeur !
Une psychanalyse entraîne, si elle est poussée assez loin, une combativité accompagnée d'humilité. Cet aboutissement est un véritable cadeau que l'on se fait et que l'on fait à son entourage et à la société...

Souvent, une demande de psychothérapie précède une psychanalyse mais là n'est pas le plus important. Une psychanalyse peut être démarrée d'emblée par celles et ceux qui ont saisi que le hasard n'existe pas, comme il semblerait que ce soit votre cas Nathalie, vous qui avez fait le lien primordial entre vos ruptures affectives fréquentes et la non-reconnaissance de votre père.