Je voudrai sortir de ma parano

Portrait de Nathalie-196

Vu le mauvais temps de ce week end j'ai eu le temps de bien réfléchir sur mes réactions concernant ma fille : en fait je crois toujours qu'elle fait les choses CONTRE moi... Je suis sûre que j'ai un vrai problème avec ça. Comment je pourrai me débarrasser de cette parano qui me pourrit la vie?

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

En psychanalyse, la parano renvoie à  un oedipe dit " négatif ". Je m'explique : il s'agit de la relation amoureuse fantasmatique que tout inconscient a élaboré, étant enfant, avec le parent du sexe référent. Ainsi la petite fille avec sa mère et le petit garçon avec son père. Il y a donc une connotation inconsciente homosexuelle dans cette histoire. Il serait peut-être judicieux de révisiter ce qu'il en est de votre lien à votre propre mère. Peut-être conscientiserez vous une certaine forme de répétition et pourrez-vous, de fait, vous en détacher dans vos rapports avec votre fille ?

Portrait de Sofia M

Comme l'induit Gilbert R., vous recherchez sûrement au travers de votre fille l'amour que votre mère vous a donné. Sauf que l'amour maternel est quelque chose d'unique que personne d'autre ne peut nous dispenser. Je pense que vous êtes trop en demande d'affection par rapport à votre fille et
qu'elle cherche certainement à vous faire comprendre qu'elle n'a ni l'envie, ni les moyens psychologiques, ni pour vocation de vous materner !!! Aussi vous renvoit-elle à une autre écoute et
à une autre lecture du mot CONTRE (que vous avez bien pris la peine d'écrire en majuscules !!!). Dans ce type de comportement un peu envahissant du parent, l'enfant (fils ou fille) est obligé de mettre une grande distance. Si ça ne suffit pas, il peut se montrer franchement désagréable.
Selon moi, et même si vous ne le réalisez pas toujours, il pourrait être intéressant et utile que vous listiez vos demandes genre mère possessive... Je suis sûre que vous allez en trouver beaucoup et que vous constaterez alors que votre fille essaie de vous faire voir qu'elle sera un jour maman de son propre enfant...

Portrait de Isabelle

Même si j'en ai déjà parler à plusieurs reprises dans d'autres post sur ces forums et blogs, je voudrais re-souligner l'importance de ne pas inverser les rôles... J'ai moi-même vécue une "relation fusionnelle" à ma mère ("personnalité fragile" sans aucun doute liée au fait qu'elle a en elle-même été orpheline dès l'âge de 2 ans), avec une vraie difficulté a prendre ma place de fille... Si en tant que jeune enfant, "tout le monde témoignait sur un plan familial" que j'étais une enfant sage et particulièrement mature... mon adolescence révoltée et "chaotique" témoigna aussi de cette relation compliquée, car comme le souligne Sofia, en tant que fille on peut en arriver a devenir réellement désagréable... et tout autant exprimer au travers de positionnements autodestructeurs... J'ai d'ailleurs moi aussi mis à plusieurs reprises des distances radicales... Je n'avais plus que cette solution pour me "protéger"... Ce qui complique réellement la vie, dans cette inversion de schémas, c'est que l'on dépense véritablement beaucoup d'énergie à "combattre", et que cette énergie n'est bien évidemment plus disponible pour développer "sa vie d'adulte en devenir"... Qui plus est, cela n'aide pas non plus la mère en tant que telle... C'est un véritable cercle vicieux qui peut devenir réellement destructeur en soi...

Personnellement c'est avec un solide travail analytique que je me suis autorisée à remettre à leurs justes places "ordre et loi" autrement dit aussi mes parents, car dans mon histoire c'était "vital"... Aujourd'hui, je pense être parvenue à une relation plus saine avec ma mère... D'une certaine façon, j'ai accepté aussi ce qu'elle est, y compris par le fait même que je suis à même de reconnaître qu'elle m'a aussi donné beaucoup d'amour... et qu'elle a fait ce qu'elle pouvait aussi... Je ne pense pas que j'aurai pu êtrre véritablement "mère" à mon tour sans cela... Cependant, le fait d'être mère n'a pu se mettre en place qu'avec des garçons... Sans doute, à titre personnel, une autre façon de me protéger en quelque sorte...

Cependant, ce que j'ai "appris" d'essentiel avec l'analyse, c'est que "charité bien ordonnée commence par soi-même", en ce sens que nous ne sommes "le sauveur" de personne, qu'il est pur fantasme d'imaginer que l'on peut changer "l'autre" quel qu'il soit... La seule possibilité que nous ayons à disposition en tant qu'être humain, c'est de "modifier" nos propres schémas éronnés... Sans prétention aucune de ma part, je crois que c'est un peu aussi la meilleure solution que j'ai trouvé pour être "une mère acceptable", un peu "mieux à sa place"... Et je pense également, que c'est aussi grâce à mes enfants justement, que j'ai trouvé cette énergie en moi...

Laissez donc votre fille développer sa vie en tant que votre fille... Vous en avez sans aucun doute les possibilités, sinon vous ne viendriez pas parler ici...

Portrait de Nathalie-196

Je ne peux pas dire le contraire de ce que vous m'indiquez: j'ai toujours peur que ma fille n'aille pas bien, qu'elle fasse des bêtises, je la scrute dès que je peux. Pourtant je sais que ça ne sert à rien, qu'elle a sa destinée et donc son chemin à faire. Quand je me rends compte que je me mêle un peu trop de sa vie, je me dit que je pourrai ne plus être là et qu'il faudrait bien qu'elle se débrouille sans moi... Vous m'avez bien fait voir pourquoi elle me fuit par moment et j'avais besoin de le lire... De toute façon, vu que c'est moi la mère, c'est à moi de changer de comportement...

Portrait de cricri

Nous n'avons certainement pas des enfants par hasard et ce sont leurs traits psychologiques qui nous font bouger effectivement, comme le souligne Nathalie-196. Ils nous obligent à quitter nos certitudes. Ils nous font entrer dans le superbe monde de l'humilité, du non-jugement, des remises en question, de l'acceptation... Personnellement, si je n'avais pas été " choisie " pour être mère de famille, je me demande quels obstacles ou quelles épreuves auraient pu autant me faire avancer, même si je sais que je suis loin encore pour atteindre l'Acceptation avec un grand A... Il n'y a pas un jour sans que je pense à la Vierge Marie qui nous a laissé un enseignement inégalable. J'ai beau le travailler, je vois bien les difficultés que j'ai toujours à faire pleinement confiance aux ingrédients qui composent mon quotidien...

Portrait de Orlan

J'aime bien ce rappel que nous fait Cricri avec ce manque de confiance en soi, ou en Dieu pour certains, qui nous fait ainsi entrer dans le monde de la parano... J'ai trop tendance à oublier personnellement que " Charité bien ordonnée commence par soi-même " et qu'avant d'aller juger les autres, je ferais mieux de travailler davantage encore ma foi... Tous ces posts m'y invitent et c'est une aide précieuse...

Portrait de Igor.P

Je suis bien d'accord avec vous sur le fait que nos enfants nous poussent à dépasser nos limites limitatives... pour exemple, pas plus tard que cette nuit, mon fils s'est réveillé à minuit trente pour cause des dents qui poussent. Impossible de le calmer et de le recoucher. Là dessus ma compagne a craqué nerveusement, me disant qu'il fallait absolument qu'elle dorme qu'il arrête de pleurer. Sentant la colère monter en moi puisque j'avais aussi besoin de dormir et du travail qui m'attendait le lendemain matin, j'ai repensé à certains des posts de ce forum sur l'acceptation. L'idée m'est alors venu d'aller faire un tour en voiture pour essayer de bercer le petit et calmer un peu les choses avec madame. J'ai roulé jusqu'au petit matin. Vous allez dire que je suis maso, mais en fait cela m'a permis de repenser à des projets du boulot en cours de réalisation et de trouver des solutions techniques auquelles je n'avais pas pensé dans la journée occupé dans mon atelier de menuiserie. Et puis je me suis apperçu aujourd'hui, que j'étais capable d'assurer ma journée en ayant dormi une heure... je ne sais pas où, mais j'ai trouvé l'énergie et une certaine assurance quand à mes capacités.
Alors merci à mon fils d'avoir été sans s'en rendre compte un révélateur de ressources insoupsonnées...

Portrait de Gilbert

Votre question, Sylvie, et les réponses qui vous ont été faites, m'ont renvoyé à ma propre relation (Oedipe négatif, comme le dit Gilbert Psy) avec mon propre fils. Il se trouve qu'il a quitté ses études et passe ses journées à regarder la télé. Le marché de l'emploi étant saturé, il n'a pas encore trouvé de travail malgré ses démarches. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de travail (je travaille à la maison) et je n'arrive pas à avancer. Il s'est levé à 11 heures du matin avec une douleur à la tête et le moral dans les chaussettes. Du coup, j'ai compris avec vos posts que mon père ayant été lui-même dépressif, il faut que je prenne garde de ne pas me vautrer dans cet Oedipe négatif et que je m'occupe de faire ce que j'ai à faire... Ce qui sera la seule manière de l'aider, s'il en a le désir...

Portrait de Igor.P

Votre commentaire, Gilbert, me parle bien... vu ce que j'ai écrit plus haut!!! je n'avais pas vu les choses sous cet angle. Vous me permettez de mettre en place une vigilance à ce niveau. Je me rend compte que je m'occupe peut-être un peu trop de mon fils ( par oedipe négatif , si j'ai bien compris) et que je ferais mieux de laisser sa mère s'en occuper même si elle rale un peu. Et vaquer d'avantage à mes occupations. Tout ça devait bien m'arranger quelque part j'imagine...

Portrait de Mireille-cogolin

Je n'ai pas d'enfant parce que Le Seigneur en a décidé ainsi mais j'ai envie de partager avec vous un merveilleux message d'espoir qui se trouve dans le Psaume 125 :

... Qui sème dans les larmes
Moissonne dans la joie.

Chaque foromer peut l'interpréter comme il veut en fonction de son histoire mais, en ce qui me concerne, je me dis que si Dieu nous éprouve, souvent jusqu'à la détresse et jusqu'aux larmes, c'est bien entendu pour que nous progressions et quand Il considère que nous avons suffisamment progressé, Il nous délivre : nous séchons alors nos larmes et, soulagés, nous rions...